Chine: la stabilité à tout prix (3)

(Troisième partie)

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Moines bouddhistes du monastère de Labrang en méditation. Xi Jinping a dit que le gouvernement doit fournir une orientation active aux religions afin qu'elles puissent s'adapter à la société socialiste. Photo par Alexandra Panaguli.

Depuis qu’il y a eu de graves émeutes de la part des Ouïghours protestant contre leur statut de citoyen de second ordre en 2009, faisant 197 morts, le gouvernement tente de siniser ses 20 millions de musulmans. À un restaurateur halal de Beijing, “Ils ont dit que c’était une culture étrangère et qu’il devait faire montre de plus de culture chinoise”. Une autre directive amusante est de remplacer les dômes de style moyen-oriental des mosquées par des pagodes à la chinoise.

En allant du lac Kanas à Nanjing nous avons fait une halte à Lanzhou, après 2000 km en train, en plein centre du pays, comme d’habitude une immense ville pourtant la moitié de la taille de Nanjing. De là, nous avons pris un bus pour Xiahe, encore 200 km à travers des vallées, et en chemin nous avons croisé des dizaines de mosquées, avec des dômes métalliques dorés, verts. C’était en 2017, deux ans plus tard cela changeait aussi dans cette région: «Dans le nord-ouest de la Chine, le gouvernement dépouille les expressions les plus manifestes de la foi islamique d’une vallée pittoresque où la plupart des résidents sont de fervents musulmans. Les autorités ont détruit des dômes et des minarets dans des mosquées, dont un dans un petit village près de Linxia, une ville connue sous le nom de “Petite Mecque”. La répression sévère contre les musulmans qui a commencé avec les Ouïghours au Xinjiang se propage à davantage de régions et de groupes. Elle est motivée par la crainte du parti que l’adhésion à la religion musulmane ne se transforme en extrémisme religieux et défie ouvertement son gouvernement. Ces mesures reflètent la politique dure du dirigeant chinois, Xi Jinping, qui a cherché à réaffirmer la primauté du Parti communiste et son idéologie dans tous les domaines de la vie».

Et bien, en Suisse, en 2009 ils ont interdit la construction de minarets, et en Grèce, les mosquées ont toujours été bannies depuis la longue occupation ottomane qui a pris fin au 19ème siècle, et le déplacement des minorités musulmanes du nord du pays étaient jusque récemment très contrôlé. Chaque pays a son histoire propre et ses justifications.

À la fin de cette vallée musulmane se trouve la bourgade de Xiahe, qui abrite le grand monastère tibétain de Labrang, le plus grand à l’extérieur du Tibet, une ville entière, avec ses propres règles et prières, et des pélerins et visiteurs qui entrent librement.

Nous sommes tombés sur la prière du matin avec des moines affluant de partout et s’engouffrant dans le temple principal. L’un d’entre eux soufflait la corne au sommet d’un temple. Des femmes âgées se prosternaient sur le chemin au-dessus du monastère, allongées, se déplaçant sur leurs genoux et leurs mains. Un moine avec un bon sens d’humour nous a emmenés faire un tour. “Si ça ne vous intéresse pas, je ne parlerai pas beaucoup, et ne me prenez pas en photo, je suis moche!” Nous ne pouvions pas non plus photographier l’intérieur des temples, et ils étaient stricts.

En fin d’après-midi, quelque 200 moines ont commencé à se rassembler près d’un stand en pierre en plein air, tous dans leurs robes rouge bordeaux, ils jouaient, criaient, sautaient, battaient des mains, souriaient tout en se mettant lentement en place, les jambes croisées, dans un demi-cercle à plusieurs anneaux face à un aîné. Un autre était assis à l’arrière, seul, dans un trône en pierre. Ils avaient enlevé leurs bonnets gelug rouges, exposant leurs têtes rasées, le silence est tombé.

D’une colline voisine on avait une vue étendue sur toute la ville tibétaine, et toujours pas de visiteurs étrangers, la petite pension était vide, le café Tara n’avait que des habitants et des moines mangeant tout en jouant avec leurs téléphones portables – de super momos, des champignons sauvages, une soupe de boulette et de la bière Tsingtao.

Tout semblait paisible dans la vallée depuis cette colline. Jusqu’à présent, les bouddhistes peuvent toujours suivre leur religion, mais comme l’a dit Cui Haoxin, un poète musulman hui dont le pseudonyme est An Ran: “Un jour, ce modèle ne visera pas seulement les musulmans. Tout le monde en souffrira”.

En 2018, Xi Jinping a émis une directive intitulée «Renforcer et améliorer le travail de l’islam dans la nouvelle situation», laquelle ordonnait aux responsables locaux de limiter l’influence de l’islam, Cette directive n’a pas été rendue publique mais classée confidentielle pendant 20 ans. Trois ans auparavant, il avait ordonné la «sinisation de l’islam»: toutes les confessions devaient être subordonnées à la culture chinoise et au Parti communiste.

* * *

Je pense que le phénomène va au-delà de l’islam, de la religion, du communisme. Les Chinois ne comprennent pas les choses étrangères, donc ils s’en méfient automatiquement. Ils ont eu de grandes expériences malheureuses avec les puissances occidentales depuis le 17ème siècle. Le compagnon chinois de Kazantzakis pendant sa visite en 1935 racontait comment «les Blancs sucent le sang de la Chine». C’est au point que les Chinois ne se soucient même pas du tourisme étranger. Il n’y a aucun signe en caractères anglais ou latins nulle part – rues, gares, restaurants, même souvent dans des sites touristiques. Pour obtenir un visa, il faut être en groupe ou bien organisé, avec des réservations d’avion et d’hôtel, etc., ou être invité par un Chinois, qui déclare qu’il accueillera l’étranger dans sa maison, comme dans notre cas.

Ils ont eu de grandes expériences malheureuses avec les puissances occidentales depuis le 17ème siècle

Mais ce n’est pas encore cela. Oublions l’islam, oublions les «terroristes», oublions l’islamophobie, oublions les étrangers. Les dirigeants chinois craignent tout ce qui pourrait troubler la tranquillité et l’harmonie du pays, depuis les foules dans les gares jusqu’aux émeutes ouïghoures au Xinjiang.

Ceci n’est rien de nouveau, la stabilité est la pierre angulaire de la Chine, «Rome (*) est finie, dit-on, mais la Chine a survécu pendant des millénaires parce qu’elle a toujours recherché la stabilité avant tout”.

(*) j’ajouterai que c’est pareil avec la Grèce, l’Egypte, l’Angleterre, la France, les Pays-Bas, l’Espagne et le Portugal.

C’est dans leurs moeurs. Quand Kazantzakis a dit qu’il venait de Grèce un vendeur de pistaches a éclaté de rire. “Pourquoi riez-vous?”, a rétoqué Kazantzakis agacé. “Hé, là-bas vous vous massacrez! », une référence aux conflits gréco-turcs dans l’entre-deux-guerres.

“Les graines de pastèque jouent un rôle majeur dans la vie des Chinois”, a expliqué un philosophe à Kazantzakis au cours d’un dîner, “Ils lui apprennent à être patient, à faire le même mouvement pendant des heures et à calmer ses nerfs. C’est pourquoi quand la récolte est bonne, nos paysans offrent les pastèques à condition de récupérer les graines. Sans les graines de pastèques, qui sait, nous aurions plus de révolutions, et l’histoire de la Chine serait sûrement différente».

Sérénité, patience, éternité, répétition, stabilité.

Cela vient également de leur philosophie. Le confucianisme met un accent particulier sur l’importance de l’harmonie familiale et sociale, c’est-à-dire le respect et l’obéissance. «Ne bougez pas, ne prononcez pas un mot contraire à la tradition”, a dit Confucius. “Le moindre fourvoiement peut provoquer une catastrophe irréparable – non seulement pour vous mais pour toute la famille, visible ou invisible », a déclaré à Kazantzakis un professeur allemand à l’université de Beijing.

“En Chine, tout appel à une transformation des moeurs qui semble inspiré par le modèle occidental est considéré comme apocalyptique parce que bouleversant les traditions qui avaient installé la Chine pendant trois millénaires dans un ordre ‘bourgeois’”, notait l’écrivain et ancien ministre de la culture français André Malraux déjà en 1932, avant le communisme, et bien avant la question de l’islam.

Kazantzakis rapporte une «histoire d’horreur» racontée par son ami chinois Lian-Ke alors que leur bateau européen atteignait les côtes chinoises. Lorsque Lian-Ke était jeune et fraîchement revenu de ses études à Paris – qui était la principale destination dans les années 1930, plus que les pays anglo-saxons – son père l’a envoyé à un dîner de mandarins très traditionnel et magnifique. Ils ont mangé et parlé toute la soirée, et tout à la fin, l’invité d’honneur a été décapité par un autre invité. Tout avait été organisé par son hôte et meilleur ami. «Le vieux mandarin avait décidé d’être tué. Par sa mort il voulait protester contre la chute de sa patrie. Pour les jeunes qui revenaient de l’étranger et apportaient de nouveaux dieux blancs »

Toute transformation est à craindre, pas seulement celles d’inspiration occidentale. Ainsi ils se sont approprié le capitalisme, en l’appellant délibérément «socialisme aux caractéristiques chinoises» pour lui donner l’apparence d’être conforme à la fois à leur idéologie d’origine et à leur identité nationale. Le fait est que les responsables chinois ont peur d’une rébellion, ils ont donc besoin de tout contrôler, et donc ils infantilisent leurs citoyens, au point que partout, on a des avertissements tels que: “méfiez-vous du sol mouillé, ne grimpez pas, ne tombez pas dans l’eau, ne pas nager, méfiez-vous des chutes de pierres”.

Et ils risquent de devenir des zombies. À la petite gare routière de Lijiang, j’ai demandé à une femme en uniforme où acheter des billets pour la bourgade de Shaxi. Chaque guichet avait des noms de villes en chinois. Elle a tripoté pendant cinq minutes son téléphone portable, puis a trouvé une phrase en anglais qu’elle m’a montré: “S’il vous plait faites la queue”, et elle a montré la file juste devant nous. Elle aurait simplement pu pointer du doigt la ligne dès le départ, mais ils ne semblent pas comprendre le langage des signes.

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Pour revenir au Xinjiang, la région est de plus un cas très sensible qui nécessite un traitement spécial et une sécurité supplémentaire. D’une part, elle a été le site d’essais nucléaires, entre 1964 et 1996 (date de l’interdiction des essais par l’ONU). La Chine a explosé 45 bombes nucléaires – 23 atmosphériques et 22 souterraines – toutes sur le site de Lop Nor, un lac dans le désert de Taklamakan à 265 kilomètres au sud-est de la capitale Urumqi.

À titre de comparaison, les États-Unis d’Amérique ont effectué 1054 essais nucléaires (chiffre officiel) entre 1945 et 1992, dont 216 essais atmosphériques, sous-marins et spatiaux, et l’Union soviétique, 715 essais nucléaires (chiffre officiel) entre 1949 et 1990, y compris 219 tests atmosphériques, sous-marins et spatiaux.

Deux Ouïghours au marché de Kashgar, une des principales villes du Xinjiang. Accolée à l’Asie centrale, cette grande province de tradition musulmane est importante pour la Chine, se situant sur l’ancienne route commerciale de la Soie qui la relie toujours à l’Europe. Photo par Alexandra Panaguli.

Finalement, le Xinjiang est avant tout le principal point de passage de la fameuse Belt and Road Initiative (BRI), par où les camions et trains internationaux quittent la Chine avec des marchandises pour l’Asie centrale et l’Europe, et les pipelines entrent avec du gaz en provenance d’Asie centrale – l’historique Route de la Soie du nord traversait cette région.

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Pas de touristes au monastère de Labrang signifie pas d’agences de voyages. Nous sommes retournés à Lanzhou et comme d’habitude la gare regorgeait de voyageurs. Habituellement il faut réserver des places de train quelques jours à l’avance, nous étions quelques minutes avant le prochain train pour Nanjing. La guichetière parlait quelques mots d’anglais. Il restait une couchette et une place debout, pas de problème ce n’était que 1800 km! Nous avons dû foncer à travers la foule et le contrôle de sécurité pour arriver à temps dans le train. Mais les trains chinois et les fonctionnaires chinois sont toujours formidables, le chef du train m’a trouvé instantanément une couchette dans le même wagon que ma compagne. Elle avait déjà entamé une conversation avec une jeune femme, Zhe Tao, qui parlait très bien l’anglais pour avoir étudié les relations internationales trois ans en Suède («Je devenais déprimée, le soleil se lève à 10h et se couche à 16h ”), puis quatre à Malte. Maintenant, elle travaillait dans une agence de voyage à Shanghai spécialisée dans … les circuits dans l’Arctique. En 2012, sept touristes chinois s’y étaient rendus, cinq années plus tard ils étaient 5000 … et une douzaine d’agences se spécialisaient dans cette destination. Suivi typique de la mode et imitation, un phénomène universel je dois dire.

le Xinjiang est avant tout le principal point de passage de la fameuse Belt and Road Initiative

Dans d’autres domaines, les Chinois ouvrent la voie, son mari était un intermédiaire dans les denrées alimentaires de haute qualité. Il vendait des huîtres, des crèmes glacées, et même des pommes, sur Internet, avec livraison le lendemain! En fait la Chine innove à fond, ce ne sont pas des détaillants physiques ou des marchands en ligne, mais des «plateformes de commerce électronique où les fabricants, les grands et les petits détaillants , et les particuliers proposent des produits et services aux consommateurs via des vitrines en ligne sur des mégasites analogues à eBay ou Amazon Marketplace », comme l’a déjà signalé en 2013 le McKinsey Global Institute. Un bureau d’études qui a également constaté que la consommation en ligne est incrémentielle et presque le double de ce qui aurait été acheté en magasins hors ligne, et que les clients des petites et moyennes villes, même avec un revenu inférieur, consomment autant en ligne que leurs homologues des grandes villes.

Zhe Tao revenait de Lanzhou où sa mère avait subi une intervention chirurgicale cardiologique pour un problème de valve mitrale congénitale. L’opération avait coûté 150 000 yuans (environ 20 000 dollars US). Ils ne récupéreraient que 33 000 parce que la patiente réside dans une autre province, même si le service n’existait pas dans sa province. Mais si l’opération avait eu lieu dans sa propre province, l”Etat leur remboursait 85%.

Nous avons traversé une petite vallée pleine de vergers et de pommiers, puis une petite rivière avec des eaux boueuses, des villages, certains anciens, d’autres nouveaux, Shi Jia Tan, Yan Jia He. Je ne pouvait les trouver sur la carte. Beaucoup de trains de marchandises voyageaient à côté du nôtre sur deux nouvelles lignes de chemin de fer. Il faisait sombre quand nous sommes passés par Xian, le terminus géant de la Route de la Soie. D’énormes bâtiments, autoroutes, ponts, tous illuminés. Déjà en 2008 la ville avait tellement grandi depuis notre premier passage en 1994

Li Yi Feng, un autre passager du train, a commencé une conversation en nous entendant parler espagnol. Il connaissait un peu l’anglais, nous a appris que El Salvador se prononce Sa Er Wa Duo. Au moins c’est plus facile à retenir que la Grèce: Xi La … Ingénieur de l’Université technique de Nanjing, l’une des nombreuses écoles supérieures de la ville de Rose et Tom, il voyageait avec sa femme et son fils, Mu Yao, Li étant le nom de famille, et c’était la première fois qu’il parlait à un étranger. Même chose pour un jeune homme travaillant dans une entreprise pharmaceutique, mais qui ne pouvait dire que deux mots d’anglais à la fois.

A la gare de Nanjing une contrôleuse surveille l’embarquement. Des milliers de trains sillonnent le pays chaque jour, et sont généralement à l’heure. Photo par Alexandra Panaguli.

Les chemins de fer chinois ont des milliers de trains, chaque gare répertorie de nombreux trains vers la même destination, heure après heure, différents services, express (T), express direct (Z), rapide (K), grande vitesse (G), grande vitesse express (D), ultra grande vitesse express (C) – nous avons presque toujours pris K et jamais D ou C, de toute façon, nous n’étions pas pressés et préférions passer une nuit entière dans une couchette confortable, et surtout, nous n’avions jamais vraiment le choix. Malgré leur nombre énorme, les trains chinois sont pour la plupart pleins si on réserve à la dernière minute. Mais la très grande majorité était pile à l’heure. Par comparaison, la Grèce, un pays européen avec seulement une dizaine de millions de personnes, a une seule et unique ligne principale, entre Thessalonique au nord et Athènes. Eh bien, trop souvent, ils ne sont pas capables d’être à l’heure.

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Les hommes d’affaires chinois aussi sont nuls. La troisième fois que je suis allé là, en 2012, je logeais chez mon ami Tom. Un jour nous marchions – à Nanjing – et avons mangé quelques brochettes d’agneau dans un étal de rue. Elles étaient badigeonnées d’une sauce rouge qui leur donnait bon goût. Quelques mois plus tard, le ministère de la Sécurité publique a arrêté un réseau de 63 personnes «qui dirigeait une opération à Shanghai et dans la ville côtière de Wuxi consistant à acheter du renard, du vison, du rat et d’autres viandes dont la qualité et la sécurité n’étaient pas été testées, les transformer avec des additifs comme la gélatine et les faire passer pour de l’agneau […] La viande était vendue sur des marchés de producteurs dans la province du Jiangsu et de Shanghai ». Ils ont enquêté sur plus de 380 cas et arrêté 904 suspects … sûrement l’un devait être notre vendeur de brochettes!

Et on se rappelle encore du scandale du lait quatre ans auparavant, en 2008, lorsque 22 entreprises avaient ajouté de la mélamine aux produits laitiers pour donner l’apparence d’une teneur en protéines plus élevée, mais créant d’autres carences, faisant 300 000 victimes, dont 54 000 bébés hospitalisés pour des lésions rénales. Depuis les Chinois se méfient de leurs propres produits.

Une autre lacune majeure des hommes d’affaires est la langue. A l’époque, j’avais organisé une réunion avec de jeunes cadres du département marketing de la chaîne de supermarchés Suguo. Et bien, le seul mot anglais qu’ils connaissaient était “Hello!” Et ceci dans une entreprise possédant des dizaines de grands supermarchés, beaucoup avec un département de luxe vendant du champagne, du chocolat et d’autres produits de luxe étrangers, et fournissant la moitié de la province de Jiangsu où se situe Nanjing. Comme ils ne comprenaient pas le charabia de Tom, nous avons dû retourner avec son assistante chinoise de l’université.

Même topo cinq ans plus tard, dans un hôtel 5 étoiles à Huangshan – le Taidu International Hotel. Le réceptionniste ne parlait pas un mot d’anglais, nous avons dû appeler Rose, à 300 km, pour traduire par téléphone. De plus c’était une typique règle tordue chinoise: Rose avait payé par carte de crédit la chambre pour notre une nuit là-bas, 328 Yuans, nous lui avions donné de l’argent, mais maintenant ils disaient que c’était seulement une garantie, nous devions payer nous-mêmes en espèces, et ils lui rembourseraient la garantie sur sa carte de crédit…

Il est ironique que les Chinois paient de moins en moins avec des billets de banque – et utilisent plutôt leurs smartphones pour leurs achats – alors que depuis 2015, ils impriment du papier-monnaie pour le Népal, la Thaïlande, le Bangladesh, le Sri Lanka, la Malaisie, l’Inde, le Brésil et la Pologne, et peut-être plus. Les billets en yuan représentent “une petite proportion des commandes” selon la société d’État China Banknote Printing and Minting Corporation – dont le siège est dans le district de Xicheng à Beijing. C’est le plus grand imprimeur d’argent au monde avec 18 000 employés et 10 usines d’impression de billets en papier, et pièces de monnaie, Comparé à moins de 2 000 personnes travaillant pour le Bureau étatsunien de gravure et d’impression.

Cette évolution intervient deux ans après le lancement de la Belt and Road Initiative (BRI) et souligne le fait que, comme l’a dit l’ancien Premier ministre et spécialiste chinois Jean-Pierre Raffarin, “l’objectif dépasse la simple ambition économique”. Et l’officiel français donne l’exemple de l’Académie diplomatique tunisienne construite en mai 2019 à Tunis par les Chinois sous le label BRI pour former des diplomates locaux mais aussi d’autres diplomates africains et moyen-orientaux.

Dans les affaires aussi, les Chinois s’améliorent rapidement. En 2015, l’Economist britannique rapportait qu’ils acquéraient une expertise internationale en achetant des sociétés occidentales. En 2013, Wensli, un important producteur chinois de soie, a acheté Marc Rozier, un vieille entreprise française de soie bien établie. Ninebot, une start-up de robotique de transport a acheté Segway des États-Unis. Wanxiang, «autrefois une humble société de province dans le Zhejiang est maintenant l’une des plus grandes entreprises indépendantes de pièces détachées automobiles au monde, avec des ventes de 20 milliards de dollars par an, dont plus de 3 milliards sont fabriqués aux États-Unis où la société vend des composants aux trois grands constructeurs automobiles de Détroit. Elle a également acheté deux douzaines d’entreprises aux États-Unis».

(A suivre)

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