Un Haïtien pendu en République Dominicaine

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Au lever du jour, le mercredi 11 février dernier, des résidents de Santiago, ont fait une macabre découverte dans le parc Ercilia Pepín, situé sur la rue Sabana Larga, à environ 50 mètres de l’Hôpital régional Universitaire José María Cabral y Báe en République Dominicaine, où un jeune garçon d’origine haïtienne, pieds et poings liés était pendu à un arbre. Le corps de la victime, a été décroché par les autorités compétentes et envoyé à l’Institut national de médecine légale (INACIF), pour fins d’autopsie. Le Colonel Damián Arias Matos, Porte-parole de la police, a déclaré que les membres du Département des Homicides, avec le représentant du Ministère public avaient ouvert une enquête.

Relativement à cette affaire, deux dominicains ont été interrogés ainsi que trois autres personnes d’origine haïtienne, habituées à fréquenter cette zone. La police a déclaré que ces interrogatoires visaient à recueillir des informations pouvant conduire à l’arrestation de l’auteur ou des auteurs de ce crime ; mais que cela ne signifiait pas que les personnes interrogées, avaient un lien quelconque avec la victime.

Jean Claude Jean Harry, la victime âgée d’environ 23 ans, était connu sous le nom de « Tulile », selon l’identification faite pas ses compatriotes. Il travaillait comme cireur de chaussures près de l’hôpital « Cabral y Báez » et faisait également des courses pour des prêteurs pour aller chercher de l’argent.

D’autant plus, qu’un autre évènement survenu cette semaine pourrait laisser supposer l’hypothèse d’un crime raciste (hypothèse non évoquée par la Police dominicaine). Rappelons que ce même jour, les résidents de la communauté du secteur de Los Ciruelitos (Santigo) ont brûlé le drapeau de la République d’Haïti, dans ce qu’ils disaient être un geste de rébellion contre le laisser-faire du Gouvernement dominicain « face à l’invasion d’immigrants d’Haïtiens sans papiers » et ils ont lancé : « Les Haïtiens dehors, s’ils veulent la guerre, nous sommes prêts à la faire. »

Notez qu’à Santiago, à Santo-Domingo et d’autres villes de la République Dominicaine, il existe des Comités ou des groupes anti-Haïtiens, qui s’opposent à des tentatives d’un présumé complot visant à fusionner les deux Nations de l’Ile. Ils se présentent comme des patriotes, ardents défenseurs de la Nation dominicaine.

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Refugiés (GARR), dit apprendre avec consternation cet assassinat de trop. Selon Marino Zopete, un journaliste dominicain très influent, ce crime est un message clair et le fruit de la campagne anti-haïtienne menée par des secteurs bien connus. « Ni le gouvernement dominicain, ni la police ne nous feront avaler cette salade », dénonce-t-il. Cette ignominie a été commise dans un contexte où les autorités haïtiennes et dominicaines tentent de régulariser les immigrants haïtiens en République Dominicaine à travers leur programme PIDIH/PNRE.

La pendaison de ce jeune homme d’origine haïtienne vient allonger la liste de ressortissants haïtiens, victimes de la barbarie de manière répétée en République Dominicaine.

Parmi les cas de violence les plus récents enregistrés contre les Haïtiens en territoire voisin, on peut citer ledit cambriolage de la résidence de l’ambassadeur d’Haïti ou encore le piétinement suivi de la mise en feu du drapeau haïtien par un groupe de civils dominicains qui se disent contre la présence d’immigrants haïtiens dans leur pays. Cet assassinat de trop s’ajoute aussi à l’humiliation constante et à la déportation massive dont est l’objet des migrants haïtiens en République Dominicaine, notamment depuis le fameux arrêt TC 168-13.

Le Collectif du 4 décembre, dans une note de presse datée du samedi 14 février 2015 et signée par son coordonnateur général, Jean-Robert Argant, s’insurge contre “l’ignominie de l’acte barbare commis contre un paisible citoyen haïtien vivant en République Dominicaine et l’incendie du drapeau haïtien”. En voici donc la teneur.

LE COLLECTIF DU 4 DECEMBRE 2013, membre de la Société civile haïtienne se révolte devant l’ignominie de l’acte barbare commis contre un paisible citoyen haïtien vivant en république dominicaine et l’incendie du drapeau haïtien. En effet, la torture et la pendaison de ce citoyen dans un parc public de Santiago, suivies de la souillure de notre drapeau devraient interpeler toute la société haïtienne et particulièrement le gouvernement haïtien.

Aussi, LE COLLECTIF DU 4 DECEMBRE 2013 recommande aux responsables de l’Etat, que soit pris ce train de mesures :

Le rappel de l’ambassadeur d’Haïti La fermeture de la frontière entre nos 2 Etats : l’Etat Xénophobe dominicain et l’Etat d’Haïti pendant au moins un jour pour signifier notre réprobation.Les excuses du gouvernement dominicain au peuple haïtienL’arrestation, le jugement et la condamnation par la justice dominicaine des coupables de ces crimes. Il ne devrait y avoir aucune difficulté à appréhender notamment les individus bien identifiés sur les photos qui circulent sur la toile L’annulation des contrats adjugés aux compagnies dominicaines pour les constructions chez nous, et procéder au transfert desdits contrats à des sociétés haïtiennes.Par ailleurs, LE COLLECTIF DU 4 DECEMBRE demande aux importateurs de produits dominicains de repenser leur source d’approvisionnement et d’envisager les commandes à partir des autres pays de l’hémisphère.

Aux consommateurs locaux, de rendre justice à notre drapeau souillé et à nos frères humiliés, lâchement assassinés en République Dominicaine, en rejetant purement et simplement tout produit en provenance de ce pays xénophobe. Ce sera justice qui leur sera rendue, la moindre des choses à faire et à la portée de tous.

Il est plus que temps de s’assumer comme NATION !!!! Reprenons notre pays en main ! Resserrons nos liens ! Travaillons pour garder nos compatriotes chez nous ! Encourageons notre Production Nationale !

Entre temps, on a appris que les autorités policières et judiciaires ont traqué sans perdre de temps, ceux qui avaient brûlé le drapeau haïtien, mercredi dernier dans le secteur populaire de Santiago « Le Ciruelitos ». Le parquet de Santiago a ordonné l’arrestation de 6 individus, qui ont comparu devant l’autorité judiciaire, accusés d’avoir participé à mettre le feu au drapeau haïtien et d’avoir proféré des menaces en brandissant des machettes, pour attaquer les citoyens haïtiens, qui résident dans la région.

Alors que cet acte ignoble a soulevé la colère des Haïtiens authentiques d’ici et d’ailleurs, le gouvernement de facto Martelly-Paul n’a fait qu’émettre un communiqué laconique sur ce crime odieux. Il n’a pas condamné avec rigueur cet acte raciste et xénophobe, ni annoncé des dispositions qu’il allait prendre face à cet affront. Le peuple haïtien a pris acte.

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