Sommet des Amériques ou Sommet des Etats-Unis d’Amérique ?

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Les Amériques finiront-elles par s’incliner docilement face au diktat de la doctrine de Monroe : « l’Amérique aux Américains » ? C’est ce que veut Washington : une aberrante prétention de Washington d’imposer sa domination sur le continent américain et de le transformer en son « arrière-cour ». Il s’agit d’une manœuvre de la diplomatie étrangère de Washington pour atteindre son but d’agression et de recolonisation, purement et simplement.

Si la politique étrangère de tout pays se fonde sur ses propres intérêts, cette théorie « l’Amérique aux américains » n’a aucune ambigüité, ce n’est pas une fiction. En pratique, elle signifie tout bonnement que le continent américain appartient aux Etats-Unis.

Et c’est cette position qui a fini par prévaloir comme en témoignent ces dernières semaines : il est annoncé que les États-Unis de Joe Biden accueilleront le IX Sommet des Amériques du 6 au 10 juin 2022 prochain à Los Angeles sous le thème de «Construire un avenir durable, résilient et équitable» pour notre continent.

Selon la Maison Blanche, « Les intérêts nationaux vitaux des États-Unis sont inextricablement liés à la réussite de nos plus proches voisins des Amériques. Ainsi, la capacité de nos démocraties à combler le fossé entre ce que nous promettons et ce que nous accomplissons dépend en grande partie de ce que nous faisons, ensemble, pour la renforcer. »

Certains pays ont riposté et ont même menacé de ne pas participer.

Cette déclaration solennelle n’a aucune signification pratique puisque tous les 35 États des Amériques, en l’occurrence : l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud et les Caraïbes ne seront pas représentés. N’est-ce pas un Sommet des peuples et Etats du continent américain qui devrait être préparé par tous les dirigeants à l’unisson et dans le respect de la souveraineté de chacun. Comment se fait-il que ce soit les Etats-Unis, en tant que pays hôte, qui aient désigné eux-mêmes et seuls ses distingués invités ?

De quel droit, de quelle autorité, le président des Etats-Unis a-t-il pu exclure certains gouvernements et surtout ceux qui ne sont pas des marionnettes des Etats-Unis tels que Cuba, le Venezuela et le Nicaragua ? A entendre l’ancien diplomate américain, Eric Farnsworth, « Ce forum particulier est expressément réservé aux dirigeants démocratiquement élus et c’est ce avec quoi l’administration Biden est aux prises. » Dans ce sens, ce n’est pas réellement un Sommet des Etats des Amériques mais bien celui des États des États-Unis d’Amérique ce qui est différent de ce qu’on voudrait vendre aux peuples des Amériques.  Comme l’a si bien signalé Xiomara Castro, la présidente du Honduras « Si nous ne sommes pas toutes des nations, ce n’est pas le Sommet des Amériques. L’étude la plus digne d’un Américain est l’Amérique. » Washington entend être le Gendarme et le voleur à la fois, c’est intolérable !

Certains pays ont riposté et ont même menacé de ne pas participer. C’est la position de la Bolivie, du Honduras, du Mexique ; et même la Caricom se montre offusquée par l’arrogance des Etats-Unis d’exclure certains Etats de la rencontre continentale. Le Groupe de Puebla et la Communauté des nations d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ont condamné la décision américaine d’exclure des Etats frères du Neuvième Sommet des Amériques.

Pourtant Haïti, un pays dominé, exploité, humilié, réduit à un Etat paria par l’Occident est invité. Pour jouer quel rôle ?  Invité pour faire et dire quoi se demande plus d’un ? L’ironie est tout à fait mordante. En effet, « Ce forum particulier est expressément réservé aux dirigeants démocratiquement élus», a eu à déclarer Eric Farnsworth. Pourtant le Président-PM fantoche d’Haïti y a été invité. Mais alors, comprenez bien : Ariel Henry a été ‘‘élu’’ par le Core group, ergo, c’est un « dirigeant démocratiquement élu ». Qui ose contester ? Evidemment, le Premier ministre de facto haïtien, en tant qu’indigène de service s’est senti superbement honoré par l’invitation de son « boss ».

A défaut d’avoir des visionnaires, des révolutionnaires et des dirigeants valables légitimés par leur peuple, les Etats-Unis ont de préférence fait choix pour leur Sommet de dirigeants fantoches à l’instar du Premier ministre a.i haïtien qui, sans aucun doute ne leur fera pas d’ombre.

Ce n’est un secret pour personne, Ariel Henry ne saurait dénoncer les Etats-Unis qui ont déclenché une crise politique dans le pays dont l’issue est incertaine et qui a déjà causé des dégâts d’ores et déjà considérables pour la population.

Dans le cadre des préparatifs de ce Sommet, une rencontre virtuelle a été organisée par la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris. A la suite de cette rencontre, Ariel Henry a rapporté dans un tweet « J’ai insisté sur la nécessité de renforcer le partenariat entre la CARICOM, les États-Unis d’Amérique et les pays de l’Hémisphère, en vue de répondre, de manière cohérente, aux défis liés à la sécurité. » Il n’a rien d’autres à dire et à proposer car, justement, il n’est pas mandaté par le peuple haïtien. Il ne représentera pas le peuple haïtien au Sommet des Etats-Unis mais bien, le porte-parole des intérêts d’une puissance impérialiste en désarroi, ennemi des peuples opprimés luttant pour leur liberté totale.

Le peuple haïtien continuera à renforcer le camp des peuples et des pays engagés dans une lutte anti-impérialiste pour arracher leur droit à l’autodétermination de sorte que le continent américain ne soit plus la chasse gardée d’un seul État, en l’occurrence les États-Unis d’Amérique, fût-il même le plus puissant. Ainsi, nous apportons tous nos soutiens aux syndicalistes, militants politiques, organisations populaires et progressistes des Amériques qui ont appelé à un Sommet des peuples les 8, 9 et 10 juin prochain pour contrer le 9e Sommet des Amériques qui se tiendra à Los Angeles, en Californie. Les peuples du continent vaincront !

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