Roro, qui l’eût cru ? Mèmène, qui l’eût dit ?

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Le clown Trump (à droite) et Biden : 1er débat présidentiel aux États-Unis ou le débat de la honte. Visages serrés, crispés, les deux compères n’ont fait qu’échanger des « amabilités », et n’ont débattu de rien. Quelle pitoyable « démocratie » ! Une démocratie en Trump-l’œil.

Simaginer, deviner, considérer, présumer, présager, soupçonner, envisager, supposer, alléguer, conjecturer, assumer, assurer, jurer qu’un tel chaos, une telle débâcle, une telle dégringolade, une telle ignominie, une telle barbarie, un tel désordre, une telle déchéance, une telle disgrâce, un tel drame, un tel mélodrame, un tel galimatias, une telle croix-des-bossalitude de langage, un tel laisser aller des bas penchants de l’être, un tel climat d’immoralitude, un tel débordement de bas relâchement du respect de l’autre, pût exister depuis l’amorce de la campagne électorale présidentielle dans cette « démocratie » états-unienne immaculée, phare avancé de l’Occident « civilisateur, moralisateur » ? Non, jamais. Et pourtant…

Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ? Deux questions pénétrantes, taraudantes, vrillantes, dans la scène IV de l’acte III de Le Cid, que Pierre Corneille avaient mises dans la bouche de Roro, petit nom gâté de Rodrigue-as-tu-du cœur, droit dans ses sandales d’honneur et de Mèmène, petit nom jouet de Chimène-va-laisse-moi-mourir, tremblante dans son malheur d’orpheline.

Qui eût pu jamais appréhender, flairer, envisager, conjecturer, augurer, prophétiser, affirmer, pressentir, soutenir, entretenir, pressentir, prédire, croire, concevoir, entrevoir, prévoir que l’avant-trois-novembre électoral aux États-Unis allait être une pétaudière, un bordel, un foutoir, un galimatias, une débandade, un désordre, une disgrâce, un grand malheur, un désastre, une calamité, une déchéance, un vrai capharnaüm, un chaos dans « la plus grande démocratie » de tous les temps, et que des engendrés veulent garder telle quelle, ti fi, pou tout tan k ap gen tan ?

On a mal au ventre à se rendre compte que par incompétence et irresponsabilité, le président de « la plus grande démocratie » du monde ait accepté que plus de 200 000 personnes décédassent d’une grave maladie dont l’extension aurait pu être largement contrôlée

On a mal au ventre à se rendre compte que par incompétence et irresponsabilité, par absence d’un minimum de leadership et de conscience citoyenne, par attachement obstiné à de vils et mesquins intérêts électoraux, par une totale absence d’humanité, par une caligulesque férocité et néronienne cruauté, par une monstrueuse et persistante attitude à faire fi de ce qu’est une vie humaine, le président de la « la plus grande démocratie » du monde, de la plus grande puissance militaire et économique du monde ait accepté, délibérément, que plus de 200 000 personnes décédassent d’une grave maladie dont l’extension aurait pu être largement contrôlée grâce à des mesures aussi simples que le port d’un masque et la distance de sécurité, ce qu’il a refusé de prôner voire qu’il l’imposerait.

On se pince à observer qu’un président élu constitutionnellement par une majorité de voix des grands électeurs, dans la bonne tradition des mœurs, coutumes et habitudes politiques du pays depuis que Jadis devint caporal, aujourd’hui, crée l’incertitude, voire la panique, annonce le chaos en prêchant à tort et à travers, en alléguant à tout moment la fraude dans le vote par correspondance, en affirmant effrontément, mensongèrement, audacieusement que la seule façon pour lui de perdre les élections, c’est le recours aux fraudes massives par les Démocrates. Roro, qui l’eût cru ? Mèmène, qui l’eût dit ? Que ‘‘l’heure’’ de la vérité démocratique ‘‘fût si proche et sitôt se perdît’’ dans les dédales d’un tumultueux chaos entretenu par un sociopathe ?

Roro, qui l’eût cru ? Mèmène, qui l’eût dit ? Que nous dûmes faire appel à la sibylle de Cumes pour voir clair dans l’obscurité opaque de la pensée tortueuse du président de « la plus grande démocratie » du monde. Malheureusement, bien qu’ayant reçu d’Apollon le don de prophétie, cette femme sortit tant de sibyllinitudes que nous nous résignâmes à prendre une chance avec la Pythie de Delphes. En vérité, 77 fois 7 fois, nous le fîmes.

Après s’être purifiée avec l’eau de la fontaine de Castalie, la fontaine d’eau inspiratrice préférée d’Apollon à Delphes, après avoir mâché des feuilles de laurier, la Pythie saisit un rameau à la main et proféra des delphitudes que nous eûmes un peu de mal à comprendre, mais que finalement nous absorbâmes et comprîmes parce que nous y mîmes toute notre haïtianitude.

Essentiellement, la diseuse d’aventure électorale a delphité, énoncé quatre scénarios : une victoire massive et décisive de Biden ; une victoire à l’arraché de Biden ; une victoire de Trump au niveau du collège électoral, mais assortie d’une perte significative du vote populaire ; et une victoire décisive de Trump. Ce n’était quand même pas sorcier de sa part, mais nous n’avions plus aucun autre choix. Nous ne prîmes pas la divination, la voyance pour de l’argent comptant, toutefois nous la reçumes, la recueillîmes et l’acceptâmes pour ce qu’elle valait.

Quel que soit le scénario, a-t-elle prédit, il y aura du grabuge, car même en gagnant largement large par une victoire « décisive », le président de « la plus grande démocratie » du monde, imprévisible et bête, comme on le sait, est capable de mobiliser son électorat (sourd, aveugle et bête), de faire du tapage et de porter les résultats du scrutin devant la Cour suprême sous le prétexte facétieux, fumeux, fumiste, fantaisiste que n’eût été de toutes petites et sporadiques fraudes par-ci par-là, encouragées en sous-main par Obama et Hillary (sic), il eût décroché une victoire « plus décisive » (resic) approchant les 100% à la mode de Kim Jong-un en Corée du Nord…

Le débat fut très dispersé, en boule de krepsòl, pour ainsi dire, rebondissant de sujet en sujet

Roro, qui l’eût cru ? Mèmène, qui l’eût dit ? Jefferson, qui l’eût cru ? Lincoln, toi, le « protecteur » d’esclaves, qui l’eût dit ? Qu’un débat présidentiel pût fleurir dans l’incohérence et sombrer dans un honteux chaos ? Vos cendres (s’il en reste encore) doivent rougir d’indignation,  jaunir de colère et bleuir de honte, si jamais la honte pût être bleue.

Ô Pères fondateurs de « la plus grande démocratie » du monde ! Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ? Qu’un débat entre deux prétendants à la présidence pût se transformer en une épreuve de force amère, d’injures nan mache salomon et de lesefrape croix-bossalien ! En un affrontement chaotique ponctué d’attaques coléreuses, violentes et personnelles ! En un insipide ou-fè-ou-voye ban-mwen-kite-m-fè-voye-ba-ou-tou, digne d’une ritournelle musicale de Nemours Jean-Baptiste ! Ô Pères glorieux qui donnèrent à ce melting pot pluriethnique états-unien la plus pérenne Constitution qui fût ! Renaissez de vos cendres éteintes ! La cosa ta malo, dirait un loustic follement épris de la grammaire espagnole.

Ô Européens affamés, pourchassés, persécutés ! Vous qui arrivâtes, premiers de cordée, à bord du Mayflower et qui bâtirent un grand pays de loi et d’ordre, fût-ce même au prix de vies de milliers d’Indiens sacrifiés, de la force de travail de milliers d’Africains amenés comme esclaves sur la terre promise américaine, et de l’exploitation à outrance des richesses de l’Amérique latine aux « veines ouvertes », retournez-vous dans vos tombes, car l’un de vos descendants, le mec aux cheveux roux, le gros roussard patatpouf, a pris le mors aux dents lors d’un débat traditionnellement empreint de civilité et de cordialité citoyenne.

Ce soir-là de débattance, la cosa fut très malo. Le roussard, un antchotcho apparemment endiablé, s’est laissé aller à des emportements intempestifs de la parole de façon quasiment ininterrompue au point où son vis-à-vis, agacé, éberlué, fâché, énervé, excédé, exaspéré a dû se permettre une relachade de sa patience à bout et lui a lancé à brûle-pourpoint : « Vas-tu la fermer, vieux mec ? » Peine perdue, le débattant aux cheveux roux n’y allait pas de main morte, ou de bouche morte, lançant des mensonges à tout casser, au point où son adversaire dut lui décocher un : « Je ne suis pas ici pour dénoncer ses mensonges. Tout le monde sait qu’il est un menteur. Il n’est qu’un menteur ».

Le débat fut très dispersé, en boule de krepsòl, pour ainsi dire, rebondissant de sujet en sujet, Trump refusant à nouveau de reconnaitre la science du changement climatique tandis que Biden l’accusait  de s’éloigner de la promesse américaine d’équité pour tous et de lancer un appel basé sur le racisme : « C’est un président qui a tout utilisé comme un sifflet de chien pour essayer de générer la haine raciste, la division raciste », a déclaré Biden.

Ô Washington! Ô Madison! Ô Jefferson! Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ? Qu’un débat électoral fût aussi mouvementé, aussi creux, aussi dispersé, aussi bric-à-bracant : votes par correspondance, soins de santé, criminalité, racisme, Antifa, Antifi, Antifo, Antifou, elatriye, sans qu’on n’y vît, sans qu’on n’y remarquât, sans qu’on n’y perçût quelque substance que ce fût ; d’autant que les deux hommes se parlaient fréquemment, le roussardin  interrompant, criant presque, manifestant du mal à lancer des attaques cohérentes, crédibles, plausibles, intelligibles, admissibles contre son adversaire. Celui-ci, d’exaspération lasse, finit par lancer : « Il est difficile de placer un mot avec ce clown. »

Ô William Penn ! Quaker de la pure Société religieuse des Amis, vous que l’université d’Oxford chassa pour des positions protestantes trop radicales ; vous que votre père envoya alors en France « pour apprendre les bonnes manières » ; vous qui vîntes en Amérique du Nord, vous qui vous y plûtes et fondâtes en 1682 la ville de Philadelphie, puis la Province de Pennsylvanie devenue par la suite l’État de Pennsylvanie, permettez que j’interpelle vos mânes.

Ô Bill ! (ne m’en veuillez pas pour cette familiarité un peu osée) Vous qui eûtes l’idée de vous établir au bord de la rivière Delaware pour en faire une voie fluviale à l’usage des navires venant de l’Atlantique ; vous qui pensâtes et voulûtes que cette portion de terre philadelphite fût un havre où les ‘‘Amis’’ pussent y vivre selon leurs principes et convictions religieuses,  ô Penn !  Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ?  Que le débat présidentiel 2020 fût le plus chaotique, le plus cornu, le plus biscornu, le plus tordu, le plus tortu, le plus saugrenu de l’histoire des États-Unis ! Une vraie bouillabaisse, tout un embrouillamini, un tchaka ! Le débat de la honte, en vérité.

Quelle misère ! L’homme aux cheveux roux, aux allures de sa-k-pa-kontan-anbake, a interrompu son adversaire à maintes reprises, lançant des attaques coléreuses, violentes, occasionnellement personnelles, en vérité puériles ou même imbéciles. À maintes reprises, le roussard a tenté de contrôler le débat, interrompant sottement son adversaire, argumentant même, idiotement, à plusieurs reprises avec le modérateur, tout en surfant sur de grossiers mensonges ; en gros, le comportement puéril, infantile, futile d’un gros soulier, d’un parvenu sans décorum,  bouffi d’insignifiance, d’impudence, de sottes effrontances, de basses vanitances, d’une hardie suffisance toutefois assortie d’une atroce insuffisance intellectuelle.

Ô William Penn ! Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ?  Qui l’eût jamais soupçonné que le président de « la plus grande démocratie » du monde, peut-être le président américain le plus riche de l’histoire, ait souvent payé moins d’impôts que ses deux plus récents prédécesseurs. Qui l’eût pensé que le très prestigieux journal de référence états-unien, le New York Times s’enhardirait à le déshabiller en jetant sur la place publique son linge sale fiscal trop longtemps caché au peuple américain, notamment qu’il « n’ait payé que 750 $ par an en impôts fédéraux sur le revenu en 2016 et 2017 et n’ait rien payé au cours de dix des quinze années précédentes, en grande partie parce qu’il aurait eu plus de pertes que de profits. » Le filou ! Quelle filouterie !

Certes l’adage latin dit que « boni bonum publicum curant », les gens de bien se soucient du bien public, mais tel président de « la plus grande démocratie » du monde qui est gens de mal,  n’a même pas cure de la santé de ses concitoyens, tous, sans parti pris, puisque bouffi de vanité, d’infatuité, de vain narcissisme, il a délibérément, cyniquement découragé toute mesure simple, fondamentale, de précaution, de protection contre une pandémie qui répand la terreur. Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ?  Que tel président de « la plus grande démocratie » du monde pût avoir l’âme scélérate d’un Caligula ?

Mais le méchant fait une œuvre qui le trompe. Responsable moral de la mort de plus de 200 000 personnes, voilà qu’aujourd’hui après avoir fait le pitre, après avoir joué à l’homme invincible, invulnérable, biologiquement puissant ; après avoir sottement prétendu être protégé par une sorte d’invisible cuirasse antivirale, tel président de « la plus grande démocratie » du monde, aussi vain qu’ignorant, aussi vide qu’un tonneau, bête comme une cruche, plus bête que ses souliers, est pris au piège de ses inepties chloroquinantes et désinfectantes.  Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ?  Que tel président eût risqué sa peau pour avoir été aussi con qu’une valise sans poignée ?

Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ? Qu’un débat présidentiel pût être un spectacle aussi scabreux aussi rugueux, aussi raboteux, aussi cagneux. Que tel président pût avoir rassemblé autour de lui, autant de cancres, autant de cruches, autant de poteaux, autant d’ânes, autant de tonneaux vides, autant de bouchons, autant de moustiques, autant de trous de serrures, autant de cons, qui aujourd’hui,  comme lui, mettent leur barbe à la trempe, ne sachant quand la Dame Coronate, inspirée par notre inoubliable Koupe Kloure, aurait à leur faire signe: « le suivant, ki lès ki te la avan, rantre… »

Lemèm Latulipe
4 octobre 2020

 

 

 

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