Pleins Feux Sur : Alix « Lulux » Jacques

« Un as de la basse » | (Cap-Haïtien, 1952)

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Alix Jacques s’est attelé en ‘’free lancer’’, pourvoyant son expertise dans des collaborations plurielles qui parlent autant de sa vaste culture des divers paramètres explorés.

Adhérent anticipé des cordes flopées, Alix Jacques a fait son initiation musicale sous la supervision du guitariste Jacques Roc. Alors, instigateur de ces ateliers d’initiation à la guitare dans la banlieue de Carrefour Feuilles à Port-au-Prince. Où il s’affirme comme talentueux footballeur et aspirant musicien. Puis, entre les petites pédagogies, il fait ses premiers pas de guitariste de groupe au sein du « Nibo Jazz » en compagnie de Pap Cadet, Yvon Louissaint parmi d’autres. Cette ossature va constituer un renfort pour le « Shupa Shupa » l’ensemble officiel du Bas-Peu-de-Chose, alors en remue-ménage. Avec lequel Alix continue de faire étalage de son doigté buissonnier à la fin des années 1960. Tout en suivant minutieusement l’évolution de son idole, le bassiste Léon Millien des « Shleu Shleu»  dans le sérail duquel  il a vécu et qui lui donne des idées.

Eventuellement Alix s’est retrouvé à NY comme un sort collectif attribué à toute une génération ; fuyant l’incertain et le despotisme. Au ‘’state’’, il rebondit avec « Les Aces Noirs », s’attelant à cultiver un toucher de guitariste eurythmique. Pour ensuite rallier « Les Difficiles de Queens » avec lesquels son art prit de la bouteille dans sa trajectoire d’homme des cordes innovantes. En plus d’une velléitaire qui l’autorise à voguer en dehors des classifications réductrices. Autant d’atouts qui le font convoiter par l’ « Original Shleu-Shleu », pour suppléer aux indisponibilités de Léon Millien. Mais après son premier ‘’gig’’ comme bassiste au club Camaraderie, il refuse par la suite de s’atteler à cette tâche par respect pour Léon. Préférant de préférence fomenter le support du guitariste Milot Toussaint qui l’a a bien alimenté en notions de guitares.

Alix Jacques & « The Compas Messengers »

Dont il va être le remplaçant ; devenant de ce fait un régulier pour l’ « O.S.S ». Jusqu’à la venue de Tiyale J. Baptiste de Haïti, alors guitariste de la troisième version des « Shleu-Shleu », et cadet des frères Smith et Franky de la version originale, qui est vite intégré à l’ensemble. (Pendant que la seconde version devenue « Skah-Shah » fait rage). C’est dans cette bousculade de guitaristes qu’Alix a décidé de se rallier aux nouveaux venus Tiyale, le saxophoniste Gérard Daniel, le guitariste J. Robert Jean. Faisant aussi appel au chanteur Pantal parmi d’autres pour la formation du « Djet X ». Mais là encore, avec trois guitaristes à bord, il fallait bien décanter. C’est ainsi que pour être le plus versatile des trois, A.J a consenti de jouer la basse, qu’il n’a point délaissée depuis.

Nul n’ignore la formidable ascension du « Djet X » propulsé  en ‘’la douce qui vient’’ avec son approche intimiste et éthérée qui a donné de la sueur froide au « Tabou » et au « Skah-Shah » ; en conquérant tous les romantiques. Paramètres dont Alix fut l’une des colonnes vertébrales avec Tiyale et Ti Gérard. Mettant à contribution ses qualités de compositeur avec : telefòn, vanite, Mariane O, rosiyòl, Sabrina, jive turkey etc. Et une ascendance de bassiste éloquent au gré d’un jeu pittoresque qui fait jaillir une musicalité abondante. Ce qui va le mettre dans la lignée des novateurs et l’affubler du respect de ses pairs. Entre temps, les clignotants se sont refroidis pour le « Djet X », et, parallèlement ‘’Lulux’’ s’est impliqué dans des projets collectifs avec la « MAS ». Tout en installant son propre groupe le « Cole Cole Band ».

Un projet qui a frappé de plein fouet dans son genre de konpa évolutif à travers lequel il se met à la contrebasse comme pour se positionner en musicien d’élite. D’ailleurs entre des études didactiques qui lui permettent de mieux appréhender l’harmonie et l’arrangement. En plus de l’influence grandissante de Stanley Clark et Andy Gonzales entre autres. Il n’a jamais lésiné pour remettre ses ouvrages à l’heure. Le « Cole Band » a été un tournant pour la carrière musicale de ‘’Lulux’’ qui s’est campé en musicien novateur dans l’incorporation d’un ‘’strings quartet’’ aux structures du konpa, parmi d’autres élaborations. Mais aussi en bassiste avant-coureur, mettant en valeur son flair et son sens d’initiatives.

Par la suite, ‘’Lulux’’ s’est attelé en ‘’free lancer’’, pourvoyant son expertise dans des collaborations plurielles qui parlent autant de sa vaste culture des divers paramètres explorés. Du konpa au jazz en passant par l’afro latin et des rythmes urbains ou traditionnels qu’il a expérimentés au cours d’une trajectoire féconde. Incluant un excitant chapitre avec son groupe « Afro Jazz », agrémentant de ses vibrations colorées à travers des excursions majeures. Et, alternativement sa toute récente entreprise avec l’orchestre « The Compas Messengers », dans une démarche ‘’full band’’ ; infusant une saveur classique au konpa qui à l’occasion s’est revêtu de thèmes dodécaphoniques et emballants pour un auditoire d’esthètes.

Et digne de présentations dans les fameux ‘’Halls’’ de Carnegie et de Avery Fisher. Ce à quoi Alix s’y adonnait, entre deux projets, lorsque le Covid-19 est venu mettre un bémol à tout ça. Pourtant ce musicien passionné n’en démord pas, attendant le bout du tunnel pour pouvoir nous remettre sur des charbons ardents.

 

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