Après le coup d’Etat électoral du 9 août 2015, le 25 octobre est la date retenue pour organiser les élections présidentielles, législatives et municipales. Qu’est-ce qui a changé dans la machine électorale, dans le comportement des acteurs, dans la stratégie de la communauté internationale et au sein du peuple haïtien prouvant qu’il y aura réellement des élections libres en Haïti ce 25 octobre ? Quelques jours avant le déroulement du scrutin, les électeurs ne se sentent pas en confiance pour pouvoir aller exercer ce droit politique en toute liberté. Le climat de tension installé par le pouvoir kaletèt à l’Arcahaie, à Cité Soleil par exemple annonce déjà la couleur. En premier lieu, l’appareil électoral qui devrait garder son indépendance est inféodé l’Exécutif tètkale. La machine électorale se trouve sous le contrôle de l’équipe au pouvoir. Ainsi la nomination de Carline Viergelin par le Palais national en remplacement du conseiller démissionnaire, Néhémie Joseph, est une autre preuve irréfutable qui prouve que le PHTK et le Bouclier les deux partis du régime ont la main mise sur la machine électorale.
En second lieu, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) présidé par un corrompu, un soumis en la personne d’Opont Pierre-Louis est également sous la coupe réglée des grandes puissances impérialistes telles : les Etats-Unis, la France, le Canada et les Nations Unies. C’est dans ce sens qu’on devrait inscrire la visite du Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, John Kerry en Haïti, le 13 Octobre dernier, sans oublier les visites du Club de Madrid, du Core Group, de l’OEA etc. Malgré tout, certains partis politiques participent au processus électoral non pas pour donner quorum aux forces réactionnaires, mais pour les démasquer, disent- ils. Mais pour les légitimer devraient-ils dire.
Le 25 octobre sera-t-il une autre occasion pour renforcer la mainmise de l’International sur la première République Nègre du monde ? C’est la question qu’on se pose actuellement,. Le 25 Octobre sera-t-il une réédition du 29 novembre 1987 sous une autre forme, puisque ce sont toujours les mêmes bourreaux de l’ancien régime qui sont au pouvoir ? Le peuple haïtien est-il réellement prêt à réaliser un autre 16 décembre 1990. Qu’est-ce qui va arriver ? Dans cet ordre d’idées, toutes les choses sont possibles ?
En effet, tout le monde y compris le président Sweet-Micky a fini par reconnaître que c’était une mascarade qui était organisée le 9 août dernier ; mais on refuse de les annuler, en dépit des pressions populaires. Si l’élection est un exercice démocratique, souverain et populaire, en Haïti sous les yeux rivés de la communauté internationale, elle est loin d’être libre et souveraine. Le pouvoir avait mis tout en œuvre pour empêcher au peuple haïtien d’exercer son droit souverain, le 9 août dernier : la police, la justice, les faux observateurs, les faux mandataires, des listes électorales et des centres de vote anarchiques sans oublier le centre de Tabulation dénommé, centre de Tribulation, là où on sélectionne les candidats au lieu de tabuler effectivement les votes. A présent, il crée un climat de terreur en utilisant la violence, la peur et l’intimidation pour éviter que les masses populaires ne les contraignent dans leur sale besogne du 25 Octobre 2015.
A moins d’une semaine des élections présidentielle, législatives et municipales les réactions se multiplient soit pour lancer une mise en garde au pouvoir et au CEP soit pour attirer l’attention du peuple haïtien pour qu’il reste toujours vigilant. L’église catholique, qui par son comportement face à la crise politique contribue largement à cette catastrophe que connaît le pays, par le biais de la confédération des évêques d’Haïti (CEH) se dit inquiète. D’abord, à cause de l’amère expérience du 9 août ; enfin plus généralement parce que traditionnellement les élections en Haïti sont le plus souvent caractérisées par la violence. ‘’Nous n’avons jamais su agir comme un Etat moderne lorsqu’il s’agit d’organiser des élections’’, regrette d’entrée de jeu Monseigneur Patrick Aris, porte-parole de la CEH. Pour ce haut dignitaire de l’Eglise, les candidats ne font pas preuve de grande différence dans leur discours.’’Il n’y a pas vraiment de campagne électorale au plan formel et au plan matériel. On ne peut pas dire dans le lot des 54 candidats qu’il y a une différence sensible entre celui-ci et celui-là’’, a déploré Mgr Aris.
Reconnaissant que les élections du 9 août ont été largement marquées par des irrégularités, l’homme d’Eglise a admis que la responsabilité est collective au niveau du pouvoir et du CEP et que tous les conseillers électoraux en portent la charge.
Par ailleurs, « le 25 octobre prochain, les Haïtiens se rendront aux urnes pour élire leur prochain président, leurs parlementaires et leurs maires. La responsabilité de ces élections est entre les mains du peuple haïtien » a-t-on lu dans une déclaration de l’ambassade américaine.
Face au refus du CEP d’annuler la mascarade du 9 août, les opportunistes qui ne voulaient pas laisser le Champ libre aux fossoyeurs et vendeurs de patrie, engageront le combat advienne que pourra, le 25 octobre. Nous souhaitons que le peuple reste chez lui.
Entre temps, la violence installée par le pouvoir à l’Arcahaie et dans le plus grand bidonville du pays, Cité Soleil, a déjà annoncé la couleur. On a entendu répéter à travers les rues ce proverbe haïtien : « Zannana pare pou zepina, zepina pare pou zannana. » Donc le 25 Octobre prochain ce sera un vrai combat entre les forces réactionnaires, anti-changement d’ici et d’ailleurs contre les aspirations des masses populaires pour une Haïti libre et souveraine.