La pluie torrentielle qui s’est abattue sur la région grand-Nord du pays durant plus de 5 jours, a fait des pertes en vie humaine et des dégâts matériels considérables. Le bilan de cette inondation est catastrophique : une dizaine de morts, plus de 6000 personnes sont sinistrées, des jardins complètement détruits et des têtes de bétail emportées par les eaux en furie. Les communes les plus frappées dans le département du Nord sont : Limbé, Limonade, Dondon, Borgnes, Saint-Raphaël. Dans la ville du Cap-Haïtien, les quartiers les plus touchés sont : Sainte Suzane, Cité du peuple, Chada. L’aéroport du Cap-Haïtien fraichement rénové n’était pas épargné. La piste a été également inondée, les avions ne pouvaient pas y atterrir durant plusieurs jours.
La véritable cause de cette inondation selon les autorités et les citoyens avisés se situe dans le manque total de nettoyage des canaux et égouts et des ponts inachevés. De plus environ 3 ans, les espaces de passage des eaux ne sont pas entretenus ; alors qu’on voulait faire de la région Nord un pôle de développement industriel et touristique. On disait souvent que des centaines de millions de dollars US ont été investis dans la région. La dégradation de l’environnement par la coupe des arbres pour faire du charbon constitue l’autre cause des inondations. L’eau débordant des mornes et n’ayant pas trouvé le passage pour se jeter dans la mer, elle a envahi la ville du Cap-Haïtien.
Le pire, c’est que durant plusieurs jours, les victimes sont livrées à elles-mêmes. Les autorités locales se plaignent du fait qu’elles n’ont pas de moyens à leurs dispositions pour les interventions rapides et urgentes. Les autorités centrales du pouvoir tètkale ne s’empressent pas de courir au secours des victimes qui n’ont pas de nourriture, de l’eau potable, d’habits de rechange, de lits et de couvre-lits, du lait pour leurs enfants entre autres. Tous les effets des victimes ont été emportés par l’eau qui monte jusqu’à 2 ou 3 mètres de hauteur. « Tous nos effets sont sous les eaux. Nous n’arrivons à rien sauver. Nos pièces importantes, les uniformes de nos enfants sont submergés sous les eaux. Personne ne nous apporte du support ». Tels sont les cris de désespoir des victimes de l’inondation.
Le mercredi 5 novembre dernier, dans le quartier populeux de Samari, un enfant de 9 ans a succombé dans un centre d’hébergement à cause de la faim. Ce qui pousse des citoyens à déclarer : « L’Etat n’existe plus au Cap-Haïtien, deuxième ville du pays durant la période de l’inondation, du vendredi 31 Octobre au mardi 4 novembre. C’est pour la première fois que la population de la deuxième ville du pays a été méprisée et négligée de cette manière par les autorités du pays ».
Il nous faut souligner que le Sénateur Moise Jean-Charles, quoique préparant les funérailles de sa mère à Milot avait sur le champ apporté sa solidarité à ses compatriotes.
Pourtant, ce n’est qu’après les inondations que les autorités centrales sont arrivées sur les lieux. Au cours d’une réunion interministérielle, le Premier ministre, Laurent Lamothe avait annoncé le décaissement de 34 millions de gourdes en faveur des victimes de l’inondation des dernières pluies diluviennes. Mais cet argent a pris du temps pour arriver au secours des victimes. « Tout se concentre à Port-au-Prince. Tout sort de Port-au-Prince, il n’y a pas de nourriture pour les sinistrés dans les centres d’hébergement », déclare le chargé de mission du pouvoir tètkale-kaletèt, Martin Pierre.
Selon les citoyens qui accompagnent les victimes, l’occupant du Palais national, en la personne de monsieur Martelly attend la fin de l’inondation pour visiter la ville du Cap dans une ambiance de campagne électorale pour son parti dénommé : Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK). Sur des petits sachets de riz de 5 livres au plus sont apposées des étiquettes PHTK. Des banderoles PHTK sont suspendues dans les endroits où les distributions paraissent effectives. Les victimes dénoncent le comportement du président Michel Martelly qui profite du malheur de la nature sur la population délaissée pour faire de la propagande. « Nous avons besoin d’habits, de lits, de couvre-lits dans le centre d’hébergement. Nous avons besoin qu’on aille désinfecter nos maisons pour que nous puissions retourner chez nous et pour ne pas attraper des maladies infectieuses », a déclaré l’un des victimes.
Il faisait référence à l’épidémie Choléra-MINUSTAH qui fait rage au moment où il pleut sur Haïti. Dans les différents départements du pays, notamment au Plateau central, l’Ouest, Grand ’Anse, des dizaines de morts de l’épidémie de choléra ont été enregistrés par les responsables de santé.
Donc, une fois de plus, le pouvoir tètkale Martelly-Lamothe fait preuve de mépris, de négligence et d’irresponsabilité à l’endroit de la population la plus vulnérable. On dit souvent, c’est un pouvoir des riches qui ne tient pas compte des pauvres. Il ne jette que des miettes aux pauvres et aux victimes de l’inondation du Nord du pays. La fierté christophienne est foulée au pied, comme on piaffe et danse sur le tombeau du père fondateur de la Nation haïtienne, le Grand Jean Jacques Dessalines.