Quand les Etats-Unis embauchent le Kenya…

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Le scenario pour une solution maquillée de la crise haïtienne est fin prêt. Le suspense est presque débloqué puisque le metteur en scène vient finalement d’embaucher un acteur de seconde zone pour jouer ce théâtre de pantins. Désormais, c’est le Kenya en tant que bouffon qui comblera le vide dans cette vile et indigne besogne pour apporter un complément de sensations, d’érotisme, de plus en plus nécessaires à l’équilibre des puissances politiques des occidentaux.

Après le Brésil, c’est le tour du Kenya d’être embauché par l’oppresseur impérialiste, les Etats-Unis d’Amérique, à prendre le leadership d’une force multinationale non-onusienne en Haïti pour plonger la Nation haïtienne dans un plus profond malheur.

La décision a été présentée comme prise à Nairobi, la capitale du Kenya. Pourtant, les engagements ont été entérinés à la suite d’une réunion entre le ministre des Affaires étrangères du Kenya, Alfred Mutua et le Secrétaire d’État américain Anthony Blinken. C’est justement le résultat d’un partenariat renforcé entre les Etats-Unis en tant que pays colonisateurs employant à son service le Président kenyan William Ruto comme son commandeur.

« Nous sommes déterminés à mettre en place tout ce qui est nécessaire à la création d’une force multinationale, et notamment à trouver un pays chef de file pour ce faire » avait fait savoir Blinken.

Aucune intervention militaire ne saurait résoudre la crise multidimensionnelle qui ronge la société haïtienne.

Dans la même veine, le porte-parole du Département d’Etat, Matthew Miller a pour sa part ajouté : « Nous sommes résolus à trouver les ressources pour soutenir cette force multinationale.»

Les impérialistes sont en train d’instaurer une autre force multinationale de maintien de la paix en Haïti, six ans après l’échec de la tragi-comédie mission onusienne MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti) le 15 octobre 2017 et celle de la MINUJUSTH (Mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti) le 15 octobre 2019 laissant toutes les deux un très mauvais souvenir au peuple haïtien.

N’est-il pas le moment de rappeler que la MINUSTAH a été établie le 1er juin 2004 par la Résolution 1542 du Conseil de sécurité ? Deux ans plus tard, l’ancien Président René Préval, constatant l’inutilité de cette force n’avait-il pas insisté le 14 mai 2006, en disant « Certes, la mission onusienne va continuer à accompagner le peuple haïtien mais cette fois-ci, en lieu et place des blindés, il nous faut des tracteurs, des loaders, des bulldozers et autres engins lourds pour construire des routes et irriguer les plaines» !

Rien n’a été fait en ce sens et les Etats-Unis reviennent aujourd’hui avec le même refrain prétextant de combattre les gangs qui ne sont que la résultante de leur occupation sous l’ombrelle de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) qui ne fait qu’aggraver nos problèmes au lieu de conduire le bateau des institutions haïtiennes au bon port. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que l’occupation est officiellement réclamée par le régime de facto en place.

Ce sera le début d’une nouvelle pièce orchestrée par Washington dont l’épilogue fatal ne pourra être que mettre en péril la Nation de Dessalines. Cela prédit un avenir encore plus sombre et bien plus terrible au pays. Sans l’ombre d’un doute, la mission du Kenya serait de tenter de déstabiliser davantage par de multiples provocations. Et les objectifs de cette réorganisation demeurent identiques à celles qui les ont précédées : déstabiliser et réduire Haïti à néant.

Les puissances impérialistes refusent d’apporter une aide constructive au pays, visant à réhabiliter les logements, restaurer les services publics et créer des emplois. Et pour cause. Elles ont leur propre agenda pour Haïti: Prolonger les souffrances du peuple et conduire le pays à une situation intenable.

Voilà pourquoi, elles préfèrent recourir aux mêmes méthodes d’interventions militaires lourdes et de maintien de la paix qui avaient échoué au cours des années 90 et aux années 2004-2017 et ce jusqu’à nos jours avec le Binuh (Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti) toujours en poste.

Notre pauvreté endémique est le résultat tout d’abord du vol qualifié du payement de la dette dite de l’indépendance à la France et ensuite de notre interminable isolement diplomatique sur la scène internationale. En maintes fois, nous avions essayé de remédier à nos maux, mais les anciennes puissances esclavagistes nous rendent la vie difficile en nous entrainant dans des difficultés majeures, des crises et une instabilité politique et sociale qui ne cesse de s’accentuer. Tout cela, s’accompagnant d’une sévère crise économique qui a aggravé et engendré tout bonnement la corruption et l’insécurité.

Ce n’est pas par hasard que les Etats-Unis ont choisi ce moment précis, du 108e anniversaire de l’occupation américaine d’Haïti, pour annoncer le grand spectacle de la honte allant jusqu’en Afrique pour embaucher le Kenya pour la sale besogne en lui proposant le leadership d’une force multinationale, en Haïti prétextant d’aider la Police nationale haïtienne à rétablir l’ordre.

Aucune intervention militaire ne saurait résoudre la crise multidimensionnelle qui ronge la société haïtienne. Ces nouvelles dispositions répressives alourdiraient beaucoup plus le climat sécuritaire que de l’améliorer. Notre situation ne fait que s’empirer depuis que le pays se retrouve sous domination de l’empire américain. C’est à cette domination plus que centenaire que le peuple doit mettre fin et choisir son destin national pour que le pays connaisse la paix, la sécurité, la prospérité et le développement.

Personne ne doit confier le pays aux puissances impérialistes. Seules les masses populaires organisées pourront arrêter cet engrenage, cette hémorragie dans laquelle la classe politique en accord avec leur patron de la Communauté internationale a enfoncé le pays. Les masses populaires haïtiennes en leur entier doivent dire NON à ce marché de dupes entrepris entre les Etats-Unis et le Président du Kenya William Ruto.

 

 

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