Pour ce feu follet, la musique a toujours été un sacerdoce. Puisqu’ayant pris naissance dans un cercle familial composé d’amateurs musicaux. Notamment son frère ainé qui est le meneur d’un groupe pédestre de Jacmel. Et qui l’y a introduit en pleine enfance. En plus d’être exposé à divers genres de musique. Ce qui a permis à ‘’baby fe’’de se façonner très tôt un flair de mélomane et, éventuellement s’inspirer d’une carrière de musicien. Menant alternativement ses excursions écolières au centre congréganiste Alcibiade Pomeyrac de Jacmel. Ainsi qu’artistiques, en restant très proche du milieu ambiant, grâce au contact de son frère qui en est un notable. Avec l’opportunité de se faire visible et d’être encouragé à cultiver son talent. Dont il s’est appliqué à mettre en évidence dans les petits groupes de débutants : « Soukous », « Fresh Band » ; propulsant un tempo aérien qui attire promptement.
De ce déclic, JEJB rallie le « Karess » plus adapté à ses ambitions d’aspirant artiste. Avec lequel il donne un aperçu avec le tube :’’chante lanmou’’. Mais, pour performer cette formation de bas étage doit se servir des instruments des groupes établis tels : « Jouvenceaux » et « Invincibles » de Jacmel. Et Frérot qui lui tient à se manifester amplement. Une situation qui l’a obligé à rejoindre « Les Jouvenceaux », alors qu’il est encore en classe secondaire. Pourtant, son association avec ces derniers n’a a duré que juste le temps pour lui d’aller s’établir à Port-au-Prince ; en vue des études à l’Ecole Normale Supérieure. Mais, cette voix palpitante ne peut se faire inaperçue. De ce fait, il est vite engagé par « Image Konpa » du Bel Air. Une association qui a vite fait d’aller en besogne. Puisqu’à partir de là, Frérot est devenu la nouvelle idole de la ville ; permettant en même temps à cet ensemble d’être sous les feux de la rampe.
C’est une nouvelle étape pour Jean Edouard qui trouve son élan de saute-ruisseau, s’imposant au gré d’un tempo vertigineux, d’un phrasé haut perché en plus mélodieux. Confirmant son ascension à chaque prestation avec « Image Konpa ». Tout en attirant l’attention des instances concernées qui voient en lui un dauphin de Gracia Delva. Une comparaison qu’il a rejeté d’un revers de main. Reconnaissant tout de même qu’à part la physionomie physique, lui et Gratia partagent rarement la même gamme. En prenant le soin de se positionner dans la catégorie ‘’high pitch’’ à la Pipo. En tout cas, c’est à dessein de ces ramifications qu’il fut l’un des élus pour le remplacement de ‘’Tiblada’’ Delva au sein du « Zenglen » de Miami. Lequel en a fait une soudaine révélation. Lorsque associé à une autre découverte, Réginald Cangé ; il s’intronise en abonné de l’auditoire dans l’œuvre : ‘’ 5 Etwal/Nou ka jere ti sa a’’.
Une réalisation qui a redoré le blason du groupe, après la période en dents de scie post-Tiblada. Dans laquelle Frérot démontre de quoi il est capable dans : 5 etwal, twòp kou, Zenglen for ever etc. fort de sa sonorité élastique. Et gagnant du même coup l’affection ainsi que l’attention du grand public. A ce stade, il est une consécration qui s’arroge déjà le droit de pondre son premier album en solo : ‘’Frérot sou konpa’’, dans le cadre des 50 ans du konpa et en pleine ascension avec le « Zenglen » qui entretemps a reconquis sa médaille de champion. Dans 12 titres : sou konpa, double lanmou, golddigger, my dream, game over, everlasting, Haiti SOS, cheating on me, t’aimer, obsession, sabor tropical, I’m still in love; exhibant son don de compositeur et sa marque créative. Sur cette lancée, il attise l’intérêt du « Tabou Combo » qui rêve d’en faire un remplaçant de Shoubou atteint de sénilité.
Les manipulations d’un manager qui lui conseille qu’il peut faire mieux lui font avoir la grosse tête
C’est ainsi qu’il a constitué une marque vocale du groupe dans cinq morceaux : kyrie eleison, Juanita, Francesca, rough rider, Esmeralda de l’album :’’Taboulogy’’, mettant un peu de sourdine à Shoubou. Subséquemment, le « Tabou » a voulu faire main basse dessus pour une présentation au Zénith de Paris, suivi d’une tournée. Mais sans passer par les procédures ; à savoir contacter son entourage. Ce qui a mis la direction du « Zenglen » en opposition et, Frero a payé les frais. En tout cas, se joindre au « Tabou » pour lequel il a le pitch mesuré aurait été salutaire pour la carrière de ‘’baby fe’’. Et pour le « Tabou », une opportunité de se réinventer comme le font les « Septent », « Tropic » etc ; et le cas échéant à ne pas sombrer dans le gérontisme. Spécialement, à une époque où le groupe avait dans son rang d’autres talentueux musiciens tels : Yves Abel, Josama, Danny Lebeau etc, pour perpétuer un règne qui est maintenant en fin de cycle.
Quant au « Zenglen », les relations commencent à prendre de l’eau et les retombées de l’épisode-Tabou ne sont pas pour arranger les choses. Les manipulations d’un manager qui lui conseille qu’il peut faire mieux lui font avoir la grosse tête. En plus d’un partenaire vocal Régi Cangé en proie au même brouillard. Donc, après s’être désisté du « Zenglen », Frérot s’est retrouvé prestement en Haïti au chevet d’un nouveau groupe en compagnie de Cangé, le manager Hilaire, du nom de « Fasil ». Une folle aventure suite à laquelle, Edouard a laissé bien des plumes. Car n’ayant duré que l’espace d’un cillement dans cet ensemble au sein duquel le torchon a vite brûlé entre lui et Cangé au dire duquel n’en voulait faire qu’à sa tête. Ne lui laissant d’autre choix que d’aller muter ailleurs. Une vraie déconvenue pour celui qui après une fulgurante émergence dans une institution tangible qu’est le « Zenglen » s’est retrouvé en décrottage.
Refaisant les chemins étroits en joignant le « New Vice » de Robert Charlot. Avant de rallier le « Hang-Out » comme remplaçant de Pipo avec lequel il a des similarités. Redonnant un peu d’ardeur à ce groupe dans lequel il eut maille à partir avec le maestro Tinès Vincent. Lui disant un jour son admiration pour le bassiste qu’il est, mais qu’il n’a point l’étoffe d’un conducteur. C’est peut-être la raison pour laquelle lors d’une tournée au pays, il est abandonné sans être rémunéré et sans billet de retour, livré à son sort. Une situation qui lui a donné des idées. Puisqu’il en profite pour rester un peu au bercail, où il s’est lancé dans l’entreprenariat en ouvrant un cyber café à Lalue. Vendant vidéo, parfums, bijoux et autres services. Mais le tremblement de terre du 12 Janvier 2010 a complètement détruit son entreprise. Entre temps, il est sollicité par le député Gracia Delva pour prendre le relais au sein du « Mas Konpa », pendant qu’il chavire le pays en compagnie de Jojo et de Mimi.
aujourd’hui, Frérot est un homme avisé, doublé d’un artiste imbu des conditions politico-sociales du pays.
Ce qui ne va pas faire mouche, puisqu’en fait d’audience le député n’a qu’un cartel qui ne jure que par sa présence et ses vibrations ‘’bonbon sirop’’. Contraint de vider les lieux, Jean Edouard a regagné la Floride, oú il s’empresse de retrouver le chemin de l’école au Broward Community College pour des études en informatique. Tout en se trouvant du boulot dans un centre social de la ville. Priorisant à ce tournant la survie de son jeune foyer. Sans pour autant négliger la musique. En offrant une seconde œuvre en solo :’’Spécial Frérot’’. Dans l’entame, il est sollicité par le « Zenglen » pour un ‘’encore’’. Une décade après l’avoir laissé à l’aube d’une prometteuse percée. Il y revient juste pour remplacer son ancien acolyte Régi Cangé qui venait de brûler son second ‘’stint’’. Et sans Richie, au sujet duquel il dit reste le meilleur maestro qu’il ait côtoyé. Mais trouvant deux concurrents de poids comme le nommé Wid un sacré vocaliste et Klemay un autre bolide pour lui faire ombrage.
En tout cas, c’est sur des chapeaux de roue que Frérot a renoué avec « Zenglen », annonçant la couleur de son verbe déclamatoire et son pitch flambant dans :’’Rezilta pi rèd’’ avec : 60 ans konpa, lajan monte bwa, an nou marye, bon grenn, bird of paradise, Zenglen pran devan. Pourtant, son engagement avec son ‘’state’’ emploi, ne lui permet pas de partir en tournée avec le groupe. Ayant décidé de réévaluer ses options et sécuriser ses ambitions ; notamment avec les responsabilités parentales. Malgré tout, la direction du groupe lui laisse les coudées franches. Et s’attache encore de ses performances au microsillon suivant : ‘’No dead end’’, gratifiant : ponponp, sa n fè yo, mèt kay la, li lè li tan, pòt dèyè etc ; l’autorisant à nouveau à faire montre de sa prépondérance vocale. Bien qu’à ce point, la musique ne pourvoie plus aux besoins du logis ; ayant fait son nid dans les services sociaux.
Conscient des enjeux et mûri par les épreuves, aujourd’hui, Frérot est un homme avisé, doublé d’un artiste imbu des conditions politico-sociales du pays. Exhortant sur les réseaux sociaux ses confrères musiciens à se positionner pour le changement. Avec une vocation de pédagogue ; pouvant s’exprimer philosophiquement de façon articulée. Quant au « Zenglen », n’ayant pu trouver un terrain d’entente avec le maestro Brutus. Du fait que le calendrier démentiel de son emploi l’empêche de performer sur une base régulière avec le groupe. Ce qui l’a contraint à changer à nouveau de quartier. En s’alliant à une nouvelle formation du nom de « Enjoy », qui lui donne le loisir de décanter ses différentes activités. Avec la possibilité de continuer à faire vibrer ce tempo fulgurant d’un oiseau migrateur qui n’en finit pas de voguer.