Gazzman de son côté a grandi dans un climat partagé entre la musique et le sport. Spécialement le football, puisque son frère ainé Sonz Pierre était un fer de lance de la ligne médiane du Racing Club Haïtien, en compagnie de Gérald Romulus et Eddie Antoine sous la férule de l’entraineur Lescouflair dans la deuxième moitié des années 1970. Et a aussi fait partie de l’étonnante sélection nationale dirigée par le danois Sepp Piontek ; dans le cadre de la campagne de 1978. Avant qu’une terrible blessure vienne arrêter net sa carrière. On comprend donc pourquoi le football ait tenu une place prépondérante dans la vie de Gazzman. Qui y a joué dans le but de faire un impact comme son grand frère. Mais, entre deux passions, il entretenait aussi le rêve d’être chanteur. Et passait ses loisirs d’adolescent à s’inspirer par une longue liste de vocalistes en vogue.
Lesquels s’alignaient dans diverses catégories, d’époques, d’ici et d’ailleurs comme : Ansy Dérose, Bob Marley, James Brown, Ti Manno, Michael Jackson, Bon Jovi, Cubano, Axel Rose, Ralph Thamar, Jean Luc Guanel, Jean Philippe Martely, King Kino. De ces multiples influences, va éclore plus tard son timbre abondamment bigarré. A la fin des années quatre-vingt, il a émigré aux U.S.A pour retrouver ses parents. Tout en persistant dans sa démarche de devenir star musicale; reléguant à cette étape le football à l’arrière-plan. D’autant plus que sa facture vocale nuancée semble retenir l’attention de plus d’un. Dans cette mouvance, il décide de se lancer dans une initiative en solo. Performant à cet effet en relecture (playback), accompagné de quelques danseuses pour la chaude ambiance. Cette posture de ‘’one man show’’ va le mettre dans le collimateur du milieu du show-biz.
il va définitivement sortir de l’anonymat de par son style flamboyant et sa chevelure teintée qui lui vaudront le surnom de ‘’Couleur’’.
Dans ce dénouement, il a rallié en 1992 une petite formation appelée « Yeah Bah », avec laquelle il a eu le temps de gratifier du laser :’’An nou fè l a de’’. Un passage transitoire pour de plus amples percées, à venir. C’est dans ce cadre qu’il s’est mis en évidence ; pour être convié à adhérer au groupe « Zenglen Plus » de Miami ; dont il a su convaincre les membres de changer le nom en « D’Zine ». A partir de là, il va définitivement sortir de l’anonymat de par son style flamboyant et sa chevelure teintée qui lui vaudront le surnom de ‘’Couleur’’. Prenant d’emblée la scène de la musique ambiante de par son approche chaleureuse et, de surcroit le « D’Zine » qui fit une ascension fulgurante sur les planches du konpa dans la deuxième moitié des années 1990. A commencer par l’opus : ‘’Anba m chaje’’, comprenant : lavi an egzil, italyen, et autres qui l’introduisent comme une voix dominante dans l’arène du konpa.
Sur cette lancée, sont apparu deux autres productions : ‘’Match rèd’’ et ‘’Eksplozyon 2000’’ ; contenant : gad palè, stop the violence, deal w/ it, dayèt la, nou se wa, alèlè, se Dzine, sa m fè yo etc. Qui le confirment dans sa fonction d’artiste boute-en-train ; au gré de délires verbaux et de bonds vocaux. Avec des caractéristiques qui le classent en vedette singulière. Au cours d’un cheminement qui ont culminé les signes de son parcours évolutif. A commencer par le « D’Zine » dont la montée va être perturbé par l’avarice de son maestro d’alors, Arly Larivière. A tel point, que c’est au cours d’un bal que Gazzman va lui enlever le micro de la bouche et le congédier du même coup. Pour signifier la frustration de tout l’ensemble envers un individu qui à ce stade, n’est qu’à ses coups d’essai. Pourtant, malgré ses multiples utilités de maestro, compositeur, arrangeur, claviériste et autres, ses coups bas étaient de trop.
Et, lorsqu’il alla former le « Nu look », c’est à Gazzman qu’Arly est allé demander de venir constituer l’avant-poste de ce groupe. Il est vrai que le « D’Zine » n’était plus le même sans son expertise. Ce qui a donné plus d’entrain à Couleur, pour aller prendre part à une entreprise dont il était persuadé d’être un élément considéré et respecté. Magnanime, il a donné le bénéfice du doute à Arly ; lequel il pensait avoir appris ses leçons. Et, c’est au quart de tour qu’a démarré la seconde collaboration de Gazzman avec Arly, à travers le cd :’’ Big mistake’’, auquel il a fait vibrer sa marque exubérante et son timbre indélébile dans : bonbon siwo, avèw map mache, ti kle, sajès, reunited. Evidemment cette association va consolider leurs bases d’artistes complémentaires ; l’un avec sa flamboyance et l’autre avec sa sobriété. Mais, tout ça n’était que la face trompeuse du partenariat ; comme deux larrons en foire.
D’où sa décision d’abandonner le « Nu look » et exposer son maestro pour ce qu’il représente.
Conséquemment, l’équilibre semble se maintenir dans le second cd : ‘’Still News’’ avec pèdi chèlbè, Sainte Cécile, gran depansè, yo, young blood, monte moun, le konpa. Il faut dire que le concept est trop fixatif, avec un Gazzman animateur-rigolo et d’un Arly crooner et maestro. Il est vrai que d’autres collaborations avec le « Tropic » dans Adrienne, sur le disque 40eme anniversaire, « Sky Da limit » dans pou yo, et ou ale avec Gabriel Laporte, sexy love au vol. 6 du « Jazz la » de Shedley Abrahams, « Konpa lojik » dans konpa dirèk et rasin entre autres ; montrent qu’il a d’autres facettes. Mais, c’est surtout Richie qui lui a donné ou se dans l’oeuvre ‘’Happy 50 konpa’’ et prouver que Gazzy avait aussi du feeling. En le délivrant avec modulation et émotion ; tout en prouvant qu’il peut être aussi versatile. Et par le temps du 3e microsillon ‘’Abò’’ avec le « Nu look » contenant : sos producteur, konpetisyon, travay, bon match, anti- stress etc. Il prend déjà conscience de sa potentialité pour sortir de sa zone de confort et, composer legacy le tube du laser.
Le moment pour lui de réaliser qu’il se faisait exploiter par un prédateur récidiviste du nom d’Arly Larivière. D’où sa décision d’abandonner le « Nu look » et exposer son maestro pour ce qu’il représente. Bien que Gazzman ait aussi sa part de responsabilité dans sa ferveur d’artiste. En laissant l’autre le façonner à sa manière ; le campant dans une posture d’homme chaleur et excentrique. Parfois faisant même le clown, en nourrissant la mégalomanie de quelqu’un qui tient que son nom soit mis en exergue comme un leitmotiv dans chaque morceau: Lariivyèèèè. En tout cas, la décision pour Couleur de se séparer d’Arly pour former son propre orchestre a été la plus correcte de sa carrière musicale. En fait, c’est pour lui la rédemption avec le « Disip », avec lequel il a su faire montre d’autres facettes d’artiste, compositeur et arrangeur. Laissant le soin au guitariste Gaby Laporte d’être le conducteur. Humilité oblige.
Le cd introductif :’’Mission’’ contenant : bòpè pa papa, kolon’n, koupab, banm gazz, my angel, hold on to your dream, à Dieu, jou pam elat ; a quand même reçu l’adhésion du public. Et, l’a aussi exposé dans un palier supplémentaire. Spécialement dans la mesure où il s’est montré plus au contrôle de sa voix. Mais, c’est surtout à travers les œuvres successives : ‘’Klere yo’’ et ‘’Loreya’’, qu’il a su casser la baraque dans les morceaux : heartbreak & misery, san manti, fot papam, pa poze m kesyon, it doeesnt matter, cette fois-ci, defi, lanmou pi fò, etap, aparans, limena, il est où le bonheur, bèl epòk, map divòse, metem on line, rete fidèl, mwen pap tronpew, eritaj, sim te gen pouvwa lavi, telefòn, relation douteuse, 1804 ; qui ont imposé le « Disip » au rang des grosses cylindrées du konpa. Et à Gazzman, une place de choix dans le music- hall environnant. Fort d’un gosier qui a su finalement maitriser les octaves dans l’alternance des allures diverses ; le plaçant parmi les tenants vocaux de sa génération.