Magouilles d’État ou Forum d’État ?

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Par Marie Laurette Numa

1Le vendredi 10 avril dernier a eu lieu à l’hôtel Royal Oasis, à Pétion-Ville une réunion à la demande du gouvernement de facto Martelly-Evans Paul, des dirigeants politiques engagés dans le processus de la mascarade électorale et des membres de la société civile pour essayer selon les ordres de la Communauté internationale de trouver une stratégie pour réduire le nombre de partis politiques inscrits au CEP. Il faut rappeler que 192 partis étaient inscrits au CEP. Après vérification des dossiers, le CEP en a agréé 166. Malgré tout, la communauté internationale refuse de financer les élections avec tous ces partis politiques.

Il était 11 heures du matin quand plus de 500 personnes représentant les partis politiques et les regroupements politiques ont participé à ce forum en présence des représentants des medias et de la société civile sous la direction du Premier-ministre de facto Evans Paul, flanqué de certains ministres entre autres le ministre Wilson LALEAU de l’Economie et des Finances ; Pierre Richard CASIMIR Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique et celui chargé des questions électorales Jean Fritz JEAN-LOUIS ; et en présence du vice-président du Conseil électoral provisoire Pierre Manigat Jr, qui a également pris la parole juste après Evans Paul

Le journal Haïti Liberté et la Coordination Dessalines s’étaient déjà rendus compte de l’incapacité de ce CEP, et avaient déclaré « pas d’élections possibles avec Martelly et la Minustah » ; d’autant que les derniers évènements viennent nous donner raison. En effet, c’est après avoir donné à chaque groupement un numéro que le CEP leur demande de se regrouper, de faire des alliances. Cet acte est la preuve par quatre que les forces occupantes et le CEP de Martelly Paul ne sont pas habilités à accomplir cette tâche.

Cela veut dire qu’on demande aux partis de «marier» leurs numéros pour mieux gagner. Pour les amateurs de la borlette voici quelques exemples de mariage qu’il faut suivre : Vérité –Inite 69X86. Mopod –Pitit Desalin : 83X28 ou Fanmi Lavalas-Pitit Desalin 54 X 28.

Il ne faut pas rater de «jouer ce mariage» également Inite-ou Verite Pitit Desalin 69X28 ou 86X28.

Quand l’OPL et Pitit Dessalines n’avaient pas été présents au forum d’Etat est ce que cela signifie qu’il nous faut également surveiller un «mariage» 33 X 28. On ne sait jamais !

Fanmi Lavalas, INITE et Renmen Ayiti étaient présents mais sont partis avant la tenue des ateliers de travail. Quand vous jouez à la borlette, il vous faut miser sur toutes les possibilités. Rien n’est impossible, par exemple un «mariage» Fanmi lavalas –Inite 54 X 86 ou encore Fanmi Lavalas-Renmen Ayiti 54 X 20

Il semblerait que les colons occidentaux ont d’autres objectifs que les élections et le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé a fait savoir tout bonnement. « Bien que le Conseil électoral ait fait des efforts pour démarrer le processus, il y a cependant des indices prouvant que la tenue des élections cette année n’est pas une ferme garantie ». Le sénateur de l’Ouest, Steven Benoit pour sa part a fait savoir que « Depuis dix ans le pays est sous tutelle. Si les élections n’ont pas lieu cette année, l’Organisation des Nations unies et l’Organisation des Etats américains auront échoué sur le terrain haïtien »

Et la note de réflexion de la candidate Mirlande Manigat Secrétaire Générale du RDNP a presque tout dévoilé, même les complots de Gouvernement de Transition de Thomas Shannon et de Thomas Adams : «La population demeure jusqu’ici plutôt amorphe devant les échéances électorales annoncées, malgré l’inscription, inattendue et ahurissante, de près de 200 partis et regroupements politiques. Il ne s’agit pas d’un signe de vitalité et d’intérêt pour les consultations annoncées dans un chronogramme serré et irréalisable, et le cas demeure pour moi une source de préoccupation pour la gestion de cet enthousiasme mathématique.

Les conditions semblent réunies pour que ces élections n’aient pas lieu. Je ne me sens pas autorisée à affirmer que les élections n’auront pas lieu. Je ne dispose pas d’une boule de cristal révélatrice de vérités, et je ne suis pas dans le secret des décideurs en la matière, Haïtiens et Etrangers. Ce que je déduis de tous les paramètres actuellement disponibles et révélés comme des probabilités, c’est que l’aventure électorale est mal partie, et si elle se déploie, elle n’apportera aucune solution à nos problèmes. Il suffit d’effectuer un retour en arrière pour réaliser que les consultations passées depuis 1987, au lieu de résoudre les difficultés du moment, n’ont fait qu’enfoncer un peu plus le pays dans des crises inédites avec des effets cumulatifs.

Seul un Gouvernement Provisoire dont l’intérêt est souvent évoqué dans des commentaires publics ou privés serait en mesure d’entreprendre la convocation de cette Assemblée constituante. Pour ce faire, il n’est point nécessaire de rassembler plus d’une trentaine de citoyens issus de secteurs variables, dotés de bon sens, réceptifs aux suggestions de la population. Mais pour mettre le texte en forme juridiquement inattaquable, il conviendrait d’en confier la rédaction à des spécialistes du Droit capables d’en respecter la lettre.

Un Gouvernement Provisoire formé sur une base consensuelle, en collaboration avec les forces vives du pays (partis politiques, syndicats, associations de jeunes et de femmes, société civile), installé pour un temps défini, pourrait s’atteler à effectuer des tâches urgentes et aussi organiser calmement des élections avec un nouveau Conseil.

Pour donner confiance à la population, je préconise que les citoyens qui intégreraient ce Gouvernement Provisoire, s’engagent à ne pas participer aux élections qu’ils organiseraient. Cette abstention proclamée et respectée me parait indispensable pour dissiper tout soupçon quant à l’utilisation des avantages du pouvoir pour se faire élire.

…Je continue de croire qu’il vaut mieux qu’il ne termine pas son mandat afin de libérer cet espace-temps qui reste jusqu’au 7 février 2016. Mais je fais appel à son patriotisme afin qu’il cesse d’être une partie du problème national et pour qu’il s’associe plutôt à la solution.»

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