Lettre contre l’intervention militaire étrangère en Haïti

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1887
A bas l'occupation américaine !

Faisant suite au tweet de l’Ambassadeur Dmitry Polyanskiy (Représentant permanent de la Russie auprès des Nations Unies) sur la question cruciale de l’intervention militaire de l’ONU en Haïti, le citoyen haïtien Jimy Mertune s’est adressé à l’ambassadeur et pour l’édification de nos lecteurs Haïti Liberté se fait le plaisir de reproduire quelques extraits de sa lettre.

 

Port-au-Prince, le 08 Août 2023

Son Excellence, Monsieur Dmitry Polyanskiy,  Représentant de la Fédération de Russie auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies

Monsieur l’Ambassadeur,

Nous, Organisations et Personnalités signataires de cette lettre, voulons tout d’abord vous féliciter et vous remercier d’avoir pensé à consulter les acteurs haïtiens sur le terrain afin de recueillir leurs opinions en ce qui concerne la question de l’envoi d’une force armée d’occupation qui, comme annoncé, aurait pour mission, entre autres, de combattre les gangs armés et rétablir un climat de sécurité en Haïti. Nous apprécions à sa juste valeur cette démarche remarquable visant une meilleure compréhension de la réalité sur le terrain évitant ainsi de se laisser broyer par cette machine géante de propagande politique.

Votre position partagée par d’autres pays comme la Chine reflète le désir des haïtiens qui rejettent la vieille politique de pansement d’intervention militaire en Haïti qui n’a apporté aucun changement ou stabilité réel, significatif et durable en Haïti.

Nous profitons aussi de cette occasion pour vous remercier de votre engagement indéfectible et de votre intérêt investi à aider à résoudre la crise actuelle qui perdure depuis trop longtemps en Haïti. Nous sommes très reconnaissants pour les relations historiques qui existaient autrefois entre nos nations, en particulier lorsqu’Alexandre Ier de Russie a fait de votre pays le premier à reconnaître l’indépendance d’Haïti au péril de son prestige et de sa dignité avec une décision aussi hasardeuse impliquant le pays noir libre. Le peuple haïtien est encore plus reconnaissant de la position cohérente et correcte de votre pays contre l’intervention militaire en Haïti lors des différentes réunions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Votre position partagée par d’autres pays comme la Chine reflète le désir des haïtiens qui rejettent la vieille politique de pansement d’intervention militaire en Haïti qui n’a apporté aucun changement ou stabilité réel, significatif et durable en Haïti. Nous vous exhortons, vous et votre pays, à continuer de voter contre tout déploiement immédiat d’une force armée militaire en Haïti pour occuper un pays déjà marginalisé, exploité, enseveli dans le chaos total, le désespoir et la misère. En ce sens, il nous paraît opportun de relever les points suivants :

Nous tenons à vous informer que la demande illégale d’une intervention militaire qui sert de prétexte au Secrétaire général de l’ONU, M António Guterres et à l’administration Biden a été formulée par un gouvernement haïtien de facto et décrié ; ce gouvernement est prêt à tout pour assurer son maintien au pouvoir et continuer ainsi à opprimer le peuple haïtien au profit de ses supporteurs internationaux. Une telle sollicitation est de nature à pénaliser encore plus le peuple haïtien et à entraver la jouissance de son droit légitime à l’autodétermination reconnu par la charte même de l’ONU. Mr. Ariel Henry est illégal, illégitime et largement impopulaire. Sa réputation est entachée par les rumeurs répétées de son association avec les gangs. Les crises qui se chevauchent ont suscité des protestations de colère continues contre le gouvernement impopulaire. Le peuple a appelé  à travers de multiples manifestations et protestations au départ de Me. Ariel Henry qui usurpe au poste de premier ministre. La population demande la fin d’un régime qui s’est livré à une corruption endémique, a collaboré avec des gangs et a été impliqué dans l’assassinat de l’ancien président selon un rapport du New York Times publié le 14 septembre 2021. L’insécurité constitue son instrument politique pour affermir son pouvoir.

Il n’y a eu aucun sentiment d’urgence et aucune intention explicite du gouvernement d’éradiquer ou de contrôler les gangs dans le pays. La situation ne fait qu’empirer au cours des deux dernières années du gouvernement de facto d’Ariel Henry. Indifférent et déconcerté par la situation dans le pays depuis son usurpation du pouvoir, suite au meurtre de Jovenel Moïse, les gangs ont gagné en puissance, l’impunité règne et la situation ne cesse de se dégrader.

Des milliers de personnes ont été chassés et persécutés par les gangs accompagnés de leurs enfants, laissant leur maison pour se réfugier dans les rues. Le gouvernement n’a prévu aucune assistance sociale à ces victimes. […]  La demande de Me. Ariel d’une intervention militaire internationale en Haïti est une autre tentative de conserver le pouvoir en utilisant la communauté internationale comme son pont aux dépens du peuple haïtien. La force internationale munie d’immunité, sous son commandement, ne fera que remplacer les gangs qui sont devenus trop encombrants pour son régime.

Le non-respect par les Etats-Unis d’Amérique de la Résolution 2653 (2022) adoptée depuis octobre 2022 par le Conseil de Sécurité relative au trafic d’armes vers Haïti.

Une enquête de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) atteste que les armes et munitions utilisées par les gangs à des fins terroristes contre la population proviennent surtout des Etats-Unis d’Amérique. Il suffit d’obtenir l’arrêt immédiat de l’approvisionnement en armes et munitions des gangs qui sèment la terreur en toute impunité et en toute quiétude  pour  parvenir  rapidement  à  bloquer  leurs  actions  criminelles.  Si  le  gouvernement  américain  accepte  enfin d’appliquer effectivement au niveau de ses ports et aéroports les mesures de contrôle nécessaires et particulièrement la Résolution 2653 (2022) adoptée par le Conseil de Sécurité le 21 octobre 2022 interdisant le trafic d’armes des Etats-membres de l’ONU vers Haïti, les gangs seront inopérants. Une fois coupées leurs principales sources d’approvisionnement en armes et munitions et leurs financeurs-euses paralysés, les gangs seront certes incapables de continuer à semer la terreur, de bloquer les routes, de kidnapper, massacrer la population, maintenir et renforcer l’insécurité.

« La priorité absolue pour résoudre la crise en Haïti est de stabiliser la situation sécuritaire. L’afflux massif d’armes et de munitions en Haïti en provenance de l’étranger est un facteur important qui alimente la violence endémique des gangs. S’il n’est pas arrêté, aucun montant de soutien à la police haïtienne ne fera de différence. À la demande et à l’insistance répétées de la Chine, la résolution qui vient d’être adoptée exhorte vivement tous les pays à cesser immédiatement de fournir des armes et des munitions aux gangs haïtiens et à leurs partisans et à prendre toutes les mesures pour freiner le trafic et la contrebande d’armes » (Geng Shuang – chinois :    ; pinyin : Gěng Shuang ; Représentant permanent adjoint de la Chine auprès des Nations Unies.).

[…]

Rejet de l’ingérence étrangère et respect de son droit à l’autodétermination

L’intervention militaire injustement sollicitée et à laquelle s’accrochent le secrétaire général et les USA ne saurait en aucune manière garantir la paix et la sécurité ou combattre les gangs armés en mission. Haïti a connu déjà diverses expériences douloureuses d’intervention militaire qui n’ont fait qu’empirer sa situation. Des dizaines de milliers de familles haïtiennes gardent encore le goût amer du lourd tribut laissé par les diverses missions onusiennes d’occupation, particulièrement celle dénommée MINUSTAH qui a introduit le fléau meurtrier du choléra en 2010. De plus, cette intervention armée s’inscrit dans un projet impérialiste de consolidation du pouvoir en place rejeté par le peuple.

Tout effort international pour rétablir l’ordre en Haïti doit s’accompagner d’un changement d’administration et ne pas soutenir l’actuel gouvernement illégitime d’ Ariel Henry.

Elle entre, en particulier dans un plan stratégique et machiavélique de renforcement de la tutelle imposée par les puissances impérialistes en vue de parvenir à un contrôle politique systématique d’Haïti.

Solutions – Le cri du peuple Haïtien : le Départ du Premier Ministre de facto Ariel Henry

Tout effort international pour rétablir l’ordre en Haïti doit s’accompagner d’un changement d’administration et ne pas soutenir l’actuel gouvernement illégitime d’ Ariel Henry. Par conséquent, le peuple haïtien en souffrance mais en lutte exige le départ sans condition de cette équipe gouvernementale corrompue, criminelle, discréditée et une Haïti souveraine, libérée de l’ingérence des puissances impérialistes. Il ne veut plus de Monsieur Ariel Henry qu’il a déjà rejeté à cause de son incapacité, de son insensibilité, de son inhumanité, de sa trahison et de la servilité avec laquelle il exécute, au détriment des intérêts nationaux, les diktats funestes du Core Group qui l’a flanqué, contre la volonté populaire, à la tête de notre pays.

Un Gouvernement de Transition et de consensus pour résoudre la crise politique. Solution Constitutionnelle.

Haïti n’a pas de problème de sécurité. Haïti a un problème de leadership. Il est nécessaire de rechercher des solutions constitutionnelles, institutionnelles et démocratiques pour faire face à l’instabilité socio-politique que traverse le peuple haïtien pour garantir le respect de la démocratie et de l’État de droit. La solution à cette crise politique en cours se trouve dans l’application de la constitution haïtienne de 1987 jamais amendée et un consensus national pour former un gouvernement de transition. L’application de la Constitution de 1987 s’inscrit dans une démarche visant à garantir une solution constitutionnelle susceptible d’asseoir la confiance et l’adhésion de la population dans cette sortie, conditions indispensables et obligatoires afin de réaliser des élections légales, crédibles, juste impartiales, inclusives et légitimes.

Le corpus juridique et la constitution haïtienne exigent un gouvernement bilatéral. La Constitution de 1987, article 149, prévoyait un mécanisme de remplacement du Président de la République selon lequel : « En cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que ce soit, le Président de la Cour de cassation de la République ou, en son absence, le vice-président de cette Cour ou en son absence, le doyen des magistrats et ainsi de suite par ordre d’ancienneté, est investi provisoirement de la fonction de président de la République […] » ; La Cour de cassation est la plus haute instance du pouvoir judiciaire de la République d’Haïti, la seule institution démocratique subsistante aujourd’hui. Le pays a eu des précédents et des expériences positives avec la Cour de Cassation dans le passé, notamment à travers la Présidente Ertha Pascal Trouillot en 1990 et le Président Boniface Alexandre en 2004 qui ont organisé des élections dans le pays qui confrontaient des crises politiques semblables. Aucune solution n’est possible à travers des accords et consensus qui ne sont pas inclusifs, légaux ou constitutionnels.

Support adéquat aux forces de sécurité – Police National d’Haïti – PNH

Les problèmes de sécurité du pays ne peuvent être résolus qu’avec un engagement fort du leadership de la Police Nationale d’Haïti supporté par un gouvernement légitimement digne de confiance. Les forces de sécurité du pays ont besoin de financement, d’équipement et un armement adéquat. De plus, une réforme de la police s’impose pour purger l’institution des agents corrompus qui ont des connivences avec les gangs. La PNH a également un besoin urgent de formation bilatérale, d’augmentation du personnel, de rétablissement de confiance, une forte augmentation de policiers, d’assistance technique et logistique pour aider à éradiquer les gangs et maintenir la paix et la sécurité dans le pays. Des policiers ont vécu des mois sans salaire tandis que le gouvernement se soit prêt à recevoir une force d’intervention qui coûtera $200 à $400 Millions US.

[…]

Vous remerciant à l’avance de l’attention que vous porterez à la présente, nous signataires, vous prions d’agréer, Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de notre haute considération.


Pour lire la lettre ou contacter Jimy Mertune, cliquez ici

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