Comme il était facilement prévisible, le Conseil électoral Provisoire de Martelly-Paul que préside Pierre-Louis Opont n’a accouché que d’une sélection avec des individus venant en majorité du PHTK et du Bouclier, les deux partis représentant le pouvoir.
Ce résultat en quelque sorte, satisfait les convoitises de l’impérialisme et de ses agents locaux ; mais pas tous les candidats surtout ceux qui n’ont pas été sélectionnés. Ces victimes essaient de mettre le pays en ébullition et engendrer par-ci par-là, une atmosphère de mobilisation réclamant l’annulation totale des législatives du 9 août, la démission des membres du CEP particulièrement son président, et la formation d’un gouvernement de transition.
Un mois après, les données n’ont pas changé face à la misère croissante des masses populaires. Quant à la bourgeoisie, hautaine et conquérante, alliée des forces occupantes, elle ne désarme pas. Malgré la création du Front des candidats pour la lutte démocratique avec la participation timide de certains partis politiques –notamment Fanmi Lavalas, Fusion, Renmen Ayiti, APLA, etc.
Si le discours des partis est novateur pour la forme, il ne l’est sur le fond. Il demeure en tout cas à l’opposé d’une situation qui n’arrête pas de s’aggraver et dont la honte la plus visible est représentée par les partis qui vont légitimer la mascarade du 9 août et laisser leurs coreligionnaires candidats sur le pavé. Pour l’heure la situation qui devrait prédominer serait celle d’un front uni qui regrouperait les différents partis politiques ; mais la réalité est autre. Ce sont plutôt des candidats qui se sont mis ensemble pour combattre la mascarade électorale.
Les manifestants exigent que les membres du CEP et le président Martelly tirent leur révérence. Ils qualifient catégoriquement la prestation du 9 août comme une « Mascarade électorale », un « Coup d’État électoral ».
Edmonde Supplice Beauzile, René Civil, André Michel, Arnel Bélizaire, Maryse Narcisse sont tous dans les rues, pourtant ils ne se sont pas désistés comme candidats à la présidence. Certains, au moment où ils dénoncent le CEP, n’en distribuent pas moins leurs posters de candidats.
Le candidat à la présidence de la Plate forme Jistis André Michel a souligné que : « C’est un CEP servile qui est incapable de sanctionner les membres de Bouclier, impliqués dans les violences électorales dans la Grand’Anse, et qui met le cap sur le 25 octobre. Nous resterons mobilisés jusqu’au bout afin de combattre ce coup d’État électoral. Il faut créer des conditions pour organiser de bonnes élections, et ce, pour éviter au pays de se précipiter dans le chaos ».
L’ex-député Arnel Bélizaire que le CEP avait exclus pour violences au cours des sélections du 9 août a pour sa part, déclaré que l’organisme électoral a organisé « une sélection », en lieu et place des élections auxquelles on avait invité les partis à prendre part. « On ne veut pas que le peuple élise ses représentants. Nous voulons leur dire que cela ne passera pas ».
Au sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé d’ajouter « C’est un CEP commandité qui travaille pour une fraction de la communauté internationale et une partie de la bourgeoisie haïtienne »
Alors que les manifestants réclament sa démission, Pierre Louis Opont , le président du Conseil électoral provisoire, lui, déclare : Je ne démissionnerai pas !
Ainsi plusieurs sénateurs et députés se réunissant autour d’une nouvelle coalition baptisée L’Initiative Populaire pour Sauver la Démocratie (IPSO-démocratie) : les sénateurs Jean Baptiste Bien-Aimé, Wesner Policarpe, Francois Anik Jospeh ; les candidats au Sénat, Pierre Fracnky Exius (Lavalas), Chena Pierre Martial (lavalas), Jean Tholbert Alexis (PONT), John Joël Joseph (MOPAM), Kelly C. Bastien (Kontra Pep la) ; le candidat à la présidence Dieuseul Simon Desras (Palmiste), ont dans une note conjointe, qu’ils ont signée, exigé la démission des 9 membres du CEP et le départ du président Martelly. « Le peuple haïtien ne doit pas permettre à ce que les élections en Haïti se transforment en une guerre où les armes et l’argent remplacent le vote du peuple », ont-t-ils indiqué dans une note de presse. Pour ajouter : «Le peuple haïtien ne va pas accepter que le pays se transforme en un narco-Etat où le Parlement servira de repaire d’assassins et de trafiquants de drogues. Le 25 octobre ne va pas consacrer la mort de la démocratie, des élections libres, crédibles et de la souveraineté », ont-ils écrit dans la note.
Signalons que jusqu’à nos jours la publication des résultats définitifs du premier tour des sélections législatives du 9 août reste inconnue et le parti politique Kontrapèp la demande au Conseil électoral provisoire de ne pas publier ces résultats parce que celles-ci ont été entachées de violences et d’irrégularités.
Le vendredi 11 septembre, à l’hotel El Rancho le Conseil électoral provisoire (CEP), a rencontré environ 30 candidats à la présidence sur 54. « Je suis très heureux de rencontrer le prochain président d’Haïti ici aujourd’hui », pour les ridiculiser et stimuler leur ego. Parmi eux on peut citer : Jovenel Moïse, Sauveur Pierre Etienne, Steeve Khawly, Erick Jean-Baptiste Steeven Benoit, Mathias Pierre, Fresnel Larosiliere, Mario Andrésol, Chavannes Jeune et Aviol Fleurant. Pendant plus de 5 heures, les candidats à la présidence et les membres du CEP ont discuté et bouffé ensemble. Aux frais du contribuable ?
A l’instar des Etats-Unis, l’Organisation des États Américains (OEA) annonce dans un communiqué qu’il appuie la tenue du premier tour des élections présidentielles en Haïti à la date prévue du 25 octobre. Il est un fait certain que tous les candidats à la présidence vont se présenter devant Opont et Martelly pour non seulement légitimer la mascarade du 9 août, mais récidiver le 25 Octobre prochain.
C’est à un assaut sur Haïti que se livrent les institutions internationales à la traîne des puissances impérialistes. Ainsi, dans un communiqué rendu public par la mission onusienne , Sandra Honoré cheffe civile de l’occupation et représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies ainsi que les membres de la communauté internationale en Haïti représentés au sein du «Core Group» (les Ambassadeurs du Brésil, du Canada, de l’Union Européenne, de la France, de l’Espagne, des Etats-Unis d’Amérique, et le Représentant spécial de l’Organisation des Etats Américains) réitèrent leur engagement résolu en faveur du renforcement et du renouvellement démocratique des institutions politiques haïtiennes à travers un processus électoral transparent, inclusif et équitable.
Soulignant le rôle essentiel des élections de 2015 pour le rétablissement de l’équilibre institutionnel et la désignation à tous les niveaux de représentants élus et redevables aux électeurs, les membres du «Core Group» exhortent tous les acteurs à ne ménager aucun effort pour assurer l’accomplissement du cycle électoral de 2015 qui permettra l’installation d’un nouveau Parlement le 11 janvier et d’un nouveau Président le 7 février 2016, conformément à la Constitution, ainsi que l’installation de représentants locaux.
Dans ce contexte, les membres du «Core Group» appellent tous les acteurs : le CEP, le gouvernement, les partis politiques et les candidats ainsi que les électeurs, se présenter aux élections pour que de nouveaux bourreaux, assassins, trafiquants de drogue, kidnappeurs prennent les rênes du pays. Le Blanc a parlé et claqué son fouet! Vous allez bien voir, les mecs aux «échines pliées » vont tous obéir à ses diktats en cette année du centenaire de la domination impériale sur Haïti. Dessalines, Péralte, Batraville réveillez-vous ?