Le Coronavirus: résurgence de la haine de l’état haïtien contre les masses populaires

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régime « Phtkiste» de Jovenel Moise (à droite) et de Jouthe Joseph (à gauche).

Le régime PHTK, figure de proue de l’État actuel, le jeudi 19 mars 2020, a pris la décision de confiner le peuple haïtien, non pour leur protection mais indubitablement dans le but d’assurer le rêve de l’impérialisme, repenser la population mondiale. Après les massacres d’État dans les quartiers populaires[1], financement des gangs armés pour assassiner et terroriser les citoyens haïtiens notamment ceux de la zone sud de la capitale[2], le kidnapping accompagné souvent de viol qui éteindra le souffle de l’individu d’une mort lente, le covid-19 semble être l’occasion par excellence pour l’État par le biais de l’administration Jovenel Moise de tuer[3] le peuple haïtien dont la situation alimentaire est déjà mal en point.

Le covid-19 est bel et bien réel. Il a déjà fait d’innombrables victimes dans le monde de janvier à mars 2020 (OMS, 2020: Pandémie). Cependant, quant à son origine et ses raisons d’être, il a suscité de nombreux débats et fait couler beaucoup d’encre dans le monde. Des révélations et témoignages tournants en boucle sur les réseaux sociaux, certains plus étonnants que d’autres créent une psychose chez l’espèce humaine notamment chez l’être haïtien.

l’État en Haïti a continué de se positionner du côté de la classe dominante.

Eu égard à ces constatations, l’État en Haïti dans le cadre de sa mission de veiller aux intérêts du capital, profite de cette panique mondiale, sur la base d’enrayer la propagation du virus covid-19 sur le territoire national dont le nombre de cas est passé à 15 testés positifs le samedi 28 mars  à 18 le jeudi 2 avril 2020, pour forcer les Haïtiens à s’enfermer chez eux au quotidien, entre autres sans eau, sans nourriture, sans espoir de soins hospitaliers, sans électricité pour s’informer, sans support sanitaire, sans assistance, sans soutien aux personnes déficientes[4]. Toutefois, ce comportement désobligeant de l’État à l’égard de la masse ne doit  plus étonner. Car, il se fait l’adversaire des défavorisés, depuis la constitution de 1801 sous Toussaint Louverture, en fait une des marques de fabrique de cet État en Haïti.

Depuis que l’État avait opté pour l’économie de la grande plantation après l’indépendance de 1804, il avait fait choix de se mettre en opposition à la réalisation du rêve de la masse populaire: liberté totale du bien-être et l’économie paysanne fondée sur des places à vivres[5]. Comme le veut l’idéologie dominante, l’État en Haïti dès sa naissance, et après la mort de l’empereur Jacques 1er, a donc continué de se positionner du côté de l’élite, de la classe dominante. Il garantit ainsi l’application de toutes les règles implicites et explicites de cette classe au détriment de l’existence agréable du plus grand nombre (la masse).

Étant le produit de la classe possédante, sous le régime de Jean Pierre Boyer, l’État manifeste avec la plus grande hostilité sa haine contre le peuple haïtien [6], en fait, lorsqu’il (Etat) met en œuvre le code rural de 1826 qui établit le distinguo entre les ayants droit du système inégalitaire, fanatisme de la grande plantation, et les gens de la paysannerie haïtienne symbolisés le grand peuple. Ce code, une décision qui profite grandement à la classe qui non seulement avait accaparé les richesses de l’après-guerre de l’indépendance, mais ayant en leur possession les moyens de production pour exploiter honteusement les gens pauvres, formant la majorité de la population haïtienne (Hector, 2009).

Nous avons donc constaté à travers les lignes de certains auteurs comme François Manigat, Thomas Madiou, Georges Eddy Lucien, relatif au règne de l’occupation américaine, etc., que face au comportement téméraire de l’État plusieurs révoltes ont fait irruption afin d’obtenir la subversion de ce dernier, qui cherche par tous les moyens à imposer le modèle de vie dominant aux habitants du pays plutôt que de tenir compte de la participation de ces gens-là dans le développement du pays.

Ce type d’État prédateur aux mains des grands commerçants haïtiens va se durcir avec l’arrivée des conquérants américains, traînant derrière eux le fameux slogan de James Monroe “l’Amérique aux Américains”. L’autorité étatique s’est réduite à un seul espace : Port-au-Prince, refusant en conséquence de desservir les masses habitant l’arrière-pays. Forçant aussi les paysans à s’exiler en République Dominicaine, Cuba, Jamaïque, etc., pour aller vendre leur force de travail dans des champs de canne à sucre. Toutes ces actions témoignent avec abjection le plus horrible terrorisme d’État contre la masse populaire haïtienne.

Une fois de plus, l’État a été revêtu le costume du maître. Et, cette fois de l’étranger qui envisage à tout prix d’hypertrophier le système néolibéral déjà en gestation sur l’île. L’État en ce moment continue de demeurer l’ennemi du peuple haïtien. Ainsi, les dirigeants qui ne font que se succéder à la tête de cette superstructure (État), 1915-1934, se sont vus obligés de se courber soit aux caprices des profiteurs de la révolution haïtienne, soit aux gardiens et exécuteurs de la politique américaine à l’encontre des intérêts de la masse opprimée.

Sous la dictature des Duvalier, l’État ne cessera de prendre la même voie divergente aux cris du premier peuple noir qui a renversé le joug de l’esclavage. Issu de la lutte confuse de l’idéologie noiriste, de différentes révoltes et crises qui essayent de mettre l’État à genoux, du totalitarisme légué par les marines américains, du jeu de la politique de doublure dont les dirigeants noirs ont été victimes… les haïtiens vont devoir affronter la montée imminente du régime de terreur duvaliériste, le vrai visage despotique de l’État [7]. Le régime terrorise tout ce qui oserait lui faire opposition. Il méprise la voix du peuple au profit des gens riches (bourgeois revendeurs duvaliéristes, TTM) et de son patron américain qui le finance dans ses malversations sur la personne haïtienne. Tout ce qui importe c’est l’intérêt de l’impérialisme, combattre le communisme qui vient d’enregistrer une victoire avec la révolution cubaine. Ensuite, assurer la survie de la politique néolibérale, rester attaché au pouvoir, et ouvrir le marché du pays à la mondialisation[8]. L’État bourgeois à cette époque pour affirmer sa rancœur pour la masse, le gouvernement d’alors, en 1981, a détruit les cochons créoles des paysans. Selon Josh Dewind et David Kinley III, rapporte Jean Anil Louis juste dans son livre “ONG ki gouvènman ou ye?, page 31”, les paysans ont perdu environ 12 à 15 millions de dollars dans ce massacre. Les spectateurs de l’époque étaient ainsi en train de vivre et d’être témoins de l’enchaînement et de l’intensification des crimes d’État sur la force vive de la nation, la paysannerie.

1990, retour à l’ère soi-disant démocratique. Le peuple haïtien pense que sa situation exécrable va s’améliorer. Ce n’était que coup d’épée dans l’eau, le peuple poursuit son chemin droit dans le mur dressé par les vils politiciens de l’époque. L’État de son côté n’en démord pas. Les mêmes structures totalitaires et partisanneries du système étatique en Haïti en faveur des bourgeois locaux et internationaux se maintiennent.

en 2020, l’État en Haïti estime que le moment est de nouveau propice pour livrer la masse à l’abattoir.

Faisons un bond en arrière dans le temps. De Toussaint Louverture à Jean Bertrand Aristide en passant par Pétion, l’attitude populiste fleurit pour la plus belle[9]. Monsieur Aristide avait-il la volonté? On ne sait pas. Néanmoins, ça n’empêche pas de revoir que René Garcia Préval a eu recours à la privatisation des entreprises publiques, qui pourraient être et étaient avantageuses au peuple haïtien, afin de préserver son pouvoir. On peut citer, la  compagnie  de  télécommunications  (Teleco),  la  Minoterie:  moulins d’Haïti,  farine  et pain, Ciment d’Haïti et consort (Perchellet S., Haïti  sous  ajustement  structurel). Ainsi dire, un autre affront de la part de l’État pour enterrer l’espoir de ce peuple qui rêve d’une vie meilleure, visible depuis les révoltes de Jean Jacques Acaau et de Goman dans la Grand-Anse.

Il y a tant de faits historiques odieux à raconter qui nécessiteraient plus qu’une page, et qui traduisent l’aversion de l’État pour la couche sociale majoritaire en nombre de la population haïtienne : les pauvres dépossédés de l’héritage de la victoire du combat d’indépendance de la République d’Haïti. Donc, aujourd’hui en 2020, l’État en Haïti par le canal mortel du covid-19, le nouveau Coronavirus, estime que le moment est de nouveau propice pour livrer la masse à l’abattoir.

Alors le régime “Phtkiste” de Jovenel Moise et de Jouthe Joseph, un enfant gâté, a fait preuve non seulement de son incompétence dans la gestion de contrecarrer la propagation du virus dans le pays, mais aussi affiché une fois de plus le côté inhumain de l’État en Haïti. Qui pis est, les dirigeants ont attendu que le pays enregistre 15 cas positifs pour passer des commandes de matériels hospitaliers importants dans la perspective que le peuple se protège contre une éventuelle contamination généralisée du virus[10].

Donc, tenant compte du fait que le capital (le profit) est l’unique motivation de l’État moderne et des capitalistes, les dirigeants en place s’empressent d’effectuer des requêtes auprès de FMI qui promet 2,2 millions dollars à l’État en Haïti (Alphonse, 2020). Selon certains observateurs cela va faire, sans doute, l’affaire de la classe possédante haïtienne [11], non celle des gens les plus vulnérables et pauvres du pays qui n’ont jamais eu ô combien d’importance pour l’État.

Référence

1- _MINUJUSTH Rapport sur les allégations de violations et abus des droits de l’homme du 13 et 14 novembre 2018 dans le quartier de la Saline, Port-au-Prince, juillet 2019_

2- _La Gazette Haïti, Fritz Jean Louis, émissaire du Palais, blessé par balles lors de négociations avec « Ti Lapli », 14 novembre 2019_

3- _Tuer ici doit être compris de façon sociale, économique, politique et culturel, et aussi physique (mort biologique)_

4- _Samuel Alexandre, Comment protéger les personnes déficientes en Haïti contre la propagation du COVID-19?, Port-au-Prince, 23 mars 2020_

5- _Michel Hector et Laennec Hurbon, Genese de l’état haitien (1804-1859): Problèmes du passage à la société postesclavagiste et postcoloniale (1791-1793/1820-1826), Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2009_

6- _Le mot peuple est une compréhension de l’emploi du mot dans le langage commun. C’est aussi un choix politique. Peuple Haïtien pour nous renvoie à la grande majorité,_ _écarte du coup la minorité qui possède le “99%” des richesses du pays. Cependant, on peut les regrouper tous sous l’appellation “population”_

7- _Michel Rolf Trouillot, Les racines historiques de l’Etat duvalierien, Editions DESCHAMPS, Port-au-Prince, Hayti, 1986, p.253_

8- _Gerard Pierre Charles, Radiographie d’une dictature: Haïti et Duvalier, Les Éditions Nouvelle Optique, Montréal, p. 205_

9- _Jean Alix Rene, La séduction populiste : Notes sur l’histoire de l’émergence du populisme lavalassien, revue con texte de la faculté des Sciences humaines, Université d’état d’Haïti, Port-au-Prince, Haiti, juillet 1999_

10- _Roberson Alphonse, L’Etat haïtien place une première commande de 18 millions de dollars_de matériels hospitaliers auprès de la Chine, Le Nouvelliste, 20 mars 2020_

11- _Jacques Duval, MD, 18 millions dollars de matériels commandés en Chine : un cas de corruption à dénoncer., mars 2020

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