Pendant que le chômage, la misère extrême et abjecte, l’insalubrité, l’insécurité alimentaire et autres fléaux rongent quotidiennement la vie des habitants des quartiers populeux ; l’insécurité, la violence et la criminalité organisées font rage et troublent le sommeil des gens des quartiers populeux et de la paysannerie. A Cité Soleil, les soldats des forces d’occupation de l’ONU au sein de la MINUSTAH terrorisent la population du plus grand bidonville du pays, sous de fallacieux prétextes, alors que les adversaires font la paix entre eux. Les forces réactionnaires au pouvoir utilisent la violence pour préserver leurs privilèges. Elles se servent de la MINUSTAH, de la Police Nationale d’Haïti, des bandits légaux pour semer le deuil dans les familles haïtiennes les plus pauvres.
C’est dans ce contexte que, depuis deux semaines, les habitants des quartiers populeux tels : Simon-Pele, Delmas 2, Saint-Martin, Solino, Bel-Air, For-National ont vu leur sommeil troublé. Dans la nuit du samedi du 27 au 28 Juin dernier, à Simon-Pele, un quartier populeux situé entre Cité Soleil et la route de l’Aéroport, une dizaine de personnes a été tuée par des bandits légaux dont 4 ont été identifiées sous les noms de : Joseph Guerbuisson, Jourdain Lener, Eugène Dadou et Eximond Dors.
A Delmas 2, zone carrefour 3, dans la nuit du 29 au 30 Juin, des bandits armés ont tué plusieurs habitants de la zone, répondant aux noms de Josué Pierre, Domon, Solution, Zomò ainsi connu, William Célestin. Les habitants de Delmas 2 pointent du doigt des chefs de gangs, travaillant pour un candidat à la présidence qui finance la base 117 pour semer la panique dans la zone après le passage du Dr. Maryse Narcisse, candidate à la présidence pour l’Organisation politique Fanmi Lavalas, le samedi 27 Juin 2015, à l’occasion de la fête patronale du Perpétuel Secours.
A Solino, dans la nuit du 30 juin au 1e juillet, des bandits légaux ont assassiné 3 membres d’une seule famille à la rue Caravelle. Walnas Joseph, propriétaire d’une banque de borlette de la zone et un homme de bienfaisance, son fils, Johnson Joseph et son neveu, Frantz Joseph. Ces derniers subissaient les examens de fin d’étude secondaire. Ces jeunes n’arrivent même pas terminer les examens. Les bandits légaux ont lâchement mis fin à leur vie.
Il faut rappeler que le mardi 24 juin dernier dans la commune des Côtes-de-fer, sise dans le département du Sud ’Est du pays, 4 bandits lourdement armés ont pénétré par effraction chez un commerçant, connu sous le nom de Henry. Ils ont volé et tué ce dernier ; mais ils n’ont pas eu la vie sauve. Les paysans se sont fait justice eux-mêmes.
A Pétion-Ville, le samedi 4 juillet 2015, le citoyen, Claude Delatour a été assassiné au plein cœur de cette ville et au grand jour par des bandits armés. L’un de ses frères a exprimé son indignation par rapport à cette vague d’insécurité qui frappe à la porte des familles haïtiennes. « Je me demande combien de Claude devons-nous mettre en terre avant que la colère, l’indignation nous envahissent et nous contraignent nous mobiliser contre ces bandits qui ne se cachent plus pour accomplir leur basse besogne ?»
«Pour tous ceux qui l’ont connu, Claude était un homme, que dis-je, demeure un homme sans méchanceté. Il exerçait sa profession en toute intégrité et vivait au milieu des siens simplement. Mais, dans notre pays livré aux bandits de tous poils, vivre en homme libre en toute simplicité n’est pas un gage de longévité. Ainsi, Claude repose quelque part dans un tiroir glacé, le corps sans vie. Nous ne pourrons plus rire aux éclats après une blague de Dominique, sa sœur chérie. Nous ne pourrons plus rire de voir Domi contrarié par nos attitudes enfantines.»
«Comment peut-on continuer à vivre dans cette merde ? Tankou Beetova ta di : ‘’si nou viv nou pa moun’’. ‘’La vie est une fête en larmes’’, nous dit Jean d’Ormesson. On vit et on pleure tout à la fois. Ou plutôt, certains rient pendant que d’autres ne savent comment noyer leur chagrin. Combien vaut une vie ? Un million, un milliard de dollars. Dans ce cas, Steve Jobs serait encore envie. La vie n’a pas de prix ! Il faut la protéger envers et contre tout. Comment comprendre notre nonchalance devant les actes de barbarie répétés d’assassins sans vergogne ? Comment accepter sans un geste que des lâches tuent sous nos yeux et s’en vont à bord d’une moto ou d’un véhicule, priant Dieu qu’ils ne nous aperçoivent pas, qu’ils nous laissent la vie sauve ? La solidarité a-t-elle disparu chez nous ? Ou serait-elle devenue un vain mot ?» «Je sais que je vais recouvrer le sommeil. Je sais aussi que je continuerai à vivre en pensant à mon frère Claude. Mais, je voudrais qu’il n’y en ait plus d’autres Claude. Je suis fatigué. Fatigué de compter mes amis assassinés. Fatigué de lire dans les journaux que des inconnus armés viennent de commettre un forfait et sont repartis cahin-caha.
«Certaines sociétés célèbrent la vie, alors même qu’elles doivent faire face au terrorisme. Nous, nous célébrons la banalité de la vie en tuant à crédit, pour acheter une bagnole ou pour se débarrasser d’un concurrent. Allons-nous tous périr comme des lâches sous les balles ou réaliser un grand coumbite pour enrayer ce fléau ? »
Donc, voilà le cri d’indignation et de révolte d’un citoyen, victime, et qui observe ce qui se passe dans le pays à longueur de journée. Comme on peut remarquer, l’insécurité fait partie d’un ensemble de fléaux qui rongent quotidiennement la société haïtienne sous les yeux des détenteurs du pouvoir qui s’occupent de tout, sauf des affaires du peuple haïtien.
Par ailleurs, Wilkenson Bazile, employé technique du Conseil électoral provisoire (CEP) a été tué par balles, le dimanche 5 juillet 2015, à Delmas ; alors qu’il se rendait à un supermarché à Delmas 32 en compagnie de deux enfants vers 7h 30 du soir. Bazile, s’occupait des activités techniques et logistiques au cabinet de son cousin, le conseiller électoral, Jaccéus Joseph. A ce sujet, le porte-parole de l’institution électorale, Frantz Bernadin, a fait savoir que : « Nous n’avons aucune interprétation sur ce qui s’est passé. Nous laissons à la justice et à la police le soin de faire leur travail ; et nous attendons les premiers éléments de l’enquête pour avoir de plus amples informations ». Jaccéus pour sa part a fait une autre lecture de la situation. Pour lui « l’assassinat de Wilkenson s’apparente à une exécution puisque les bandits n’ont pas cherché à le dépouiller » De plus il ajouta « Tenant compte des menaces dont je fais l’objet et des tentatives d’assassinat que je subisse pendant ma présence au CEP ; je ne prends pas cet acte à la légère.
Voilà dans quelle ambiance de violence et de menaces le pouvoir corrompu de Martelly-Paul en accord avec les puissances tutrices s’apprêtent à conduire les masses populaires à l’abattoir.