In Memoriam: Antoine « Charles Dessalines » Charles

20 janvier 1932-26 mai 2019

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Cette semaine, à la place de la rubrique « Pleins Feux Sur », nous rendons plutôt hommage à un légendaire musicien qui vient de décéder, Charles Dessalines, lui, a connu l’époque d’or de la musique haïtienne et, comme étant l’un des derniers survivants de cette épopée musicale. C’est après une maladie longuement supportée qu’il ait rendu l’âme le 26 mai dernier.

Une messe funéraire a été organisée pour célébrer sa vie le vendredi 7 juin écoulé de 3:00 PM – 8:00 PM au Coney Island Memorial Chapel. Charles Dessalines  a été incinéré à Rosehill Crematory.

En cette  circonstance, nous reproduisons notre profile Pleins Feux sur : Charles Dessalines (1932, Petite Rivière de l’Artibonite) « Un Dr. en musique », publié dans nos colonnes, Vol. 11 #26 du 3 au 9 janvier 2018.

Paix à son âme !

Un autre as des anches, le Dr Charles Dessalines, a traversé de multiples tendances de la musique haïtienne et s’est implanté en adepte éclairé de l’art universel. Grace aux soins d’un éducateur scrupuleux, Emmanuel Jumelle ; lui ayant permis dès l’adolescence de s’initier à la musique ; tout en expérimentant la basse et le sax. Arrivé à Port-au-Prince en 1951, il était déjà de poids pour se voir offrir une place au sein du fameux orchestre

« Citadelle », après une brève escale avec le « Conjunto Panamerican ». Pour y faire montre de son savoir-faire, de son flair et de sa résonance distinguée, instillée d’esthétisme. C’est ainsi qu’il continua de taper dans l’œil, et fit en ce sens son entrée dans l’ « Orchestre Atomique » de Nemours. Avant de s’allier à l’ « Orchestre Riviera », au sein duquel régnaient un trio de maestros : Ed Guignard, Guy Durosier et Michel Desgrottes.

A cette étape, Charles est au firmament de sa carrière ; entre le succès et les interminables tournées internationales. Ensuite, Il se vit appeler par Issa pour venir colmater les brèches d’un groupe qui s’était désintégré après la révolte collective menée par Raoul Guillaume. Après la complète dissolution de la bande à Sahieh qu’il dirigea jusqu’ en 1961, Charles Dessalines fit un bref stint avec le Casino International dans lequel un duel musical le mit en mauvaise posture face au grandiloquent Wébert Sicot. Ensuite, il rallia « Raoul Guillaume et Son groupe », avant de laisser définitivement le pays dans la première partie des sixties, comme c’était la vogue de l’heure de prendre la poudre d’escampette face à la situation politico-sociale qui se dégradait déjà. Installé en terre étrangère Charles continue de s’imprégner de musique et fut repéré au Canada où il intégrait le trio «  Combo Express » en compagnie de Kesnel Hall et Joe Trouillot. Devenant, ensuite une tête d’affiche des spectacles communautaires à N.Y

Mais, C.D n’en restait pas là, en prenant son art à un palier supérieur ; trouvant le temps de se perfectionner dans l’obtention d’une maitrise en musique. Un exploit pour lui que de s’appliquer ainsi à la ‘’Juliard School’’ de New-York pour des études majeures. Musicien, compositeur, et saxophoniste au jeu fluide et aisé, Dessalines reste l’une des figures légendaires de la musique haïtienne, pour avoir traversé toutes les ébullitions des six dernières décades. On parle à son sujet d’expertise et de sobriété. Le style de Dessalines est tout à fait mélodique et exprime dans sa fluidité, des nappes sonores, au gré d’un lyrisme étoffé. Ce qui est reflété dans son album :’’Charles Dessalines et Son saxophone ténor’’, dans des morceaux compositions tels : L’Artibonite, Nuit de Port-au-Prince, Yvrose, Rose, Anna, Syta, Mis amores Adeline etc ; dans le moule de la chanson populaire.

Cependant, malgré sa vaste connaissance musicale, on regrette qu’il ne soit tributaire d’aucun legs musical même comme théoricien. Aujourd’hui en retrait au genre d’activité qui fut la sienne durant toute sa vie, que celle des projecteurs et des sonorités diverses, Charles qui d’après des proches est un peu alité, reste parmi les derniers d’une génération en voie d’extinction. Et c’est avec autant d’affection qu’on souhaite qu’il se porte mieux. Et pourquoi pas bien encore en possession de ses moyens pour que ce pédagogue qualifié puisse nous édifier des multiples facettes de la musique haïtienne.

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