Comme nous l’avons annoncé la semaine dernière, l’Organisation des États américains (OEA) avait bien envoyé une délégation de 5 membres en République dominicaine et en Haïti, conduite par le Secrétaire aux questions juridiques des Affaires Politiques de l’OEA, le mexicain Francisco Guerrero ; Frédéric Bolduc, Représentant de l’OEA en Haïti ; Gabriel Bidagain, Conseiller du Secrétaire Général ; Steven Giner, Spécialiste principal et Rebeca Omana, Spécialiste au Secrétariat des Affaires Politiques, pour recueillir des informations sur la situation des migrants haïtiens.
Depuis les méfaits de l’arrêt criminel TC 168/13, le 23 septembre 2013 de la Cour Constitutionnelle dominicaine stipulant que tous les dominicains nés de migrants partir de 1929 perdent leurs nationalités, une controverse persiste autour de cette disposition engendrant une crise grave. Une telle crise qui faisait la une des différentes salles de nouvelles nationales et internationales. Pourtant, c’est maintenant que cette organisation s’est mobilisée et s’est décidée à se renseigner sur l’ensemble des acteurs concernés dans le processus de régulation migratoire mis en place par la République Dominicaine, en vue de rétablir un rapport sur la situation entre les deux Nations. Comment cela ?
En effet, arrivée en République dominicaine le vendredi 10 juillet 2015, la délégation de l’OEA a bien rencontré des autorités de l’ile voisine en l’occurrence le Ministre des Affaires étrangères, Andrés Navarro, les autorités du Ministère de l’Intérieur et de l’immigration, ainsi que des représentants de la société civile et des organisations internationales présentes dans le pays.
La mission n’a pas seulement écouté les autorités gouvernementales, mais également des représentants des organisations de droits humains particulièrement des immigrés sans papiers et leurs enfants nés en République dominicaine.
Sans faire de commentaires, la délégation a analysé la mise en œuvre du Plan National de Régularisation des Étrangers (PNRE), et observé la mise en œuvre de la loi n°169-14, visant les personnes nées en République Dominicaine de parents étrangers, qui manquaient de documentation. Juste après avoir rencontré les protagonistes de la République dominicaine, la mission avant de rentrer en Haïti, pour faire l’équilibre et la part des choses a eu l’amabilité de se réunir avec l’Ambassadeur d’Haïti en République dominicaine, Daniel Supplice. Soulignons également que la délégation n’a pas épargné les patrons dans les secteurs de la construction et de l’agriculture, dont leurs employés sont en majorité des haïtiens.
La visite de l’OEA en République Dominicaine a pris fin dimanche 12 juillet 2015, juste après une visite des installations frontalières de Jimani destinées accueillir les migrants haïtiens en situation jugée irrégulière par les autorités dominicaines.
La mission dirigée par le Secrétaire aux questions juridiques de l’OEA, le mexicain Francisco Guerrero, a débuté ses travaux à Santo Domingo vendredi et va les conclure en Haïti. Arrivée sur le territoire Dessalinien, la mission de l’OEA bien avant de se réunir avec les autorités haïtiennes, a de préférence rencontré, plusieurs organisations de la Société civile : Le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), la Fondation Zile représentée par l’ex Consul d’Haïti en République Dominicaine, Edwin Paraison, la Commission épiscopale Justice et Paix (CE-JILAP), le Collectif 4 décembre et le Forum économique, de ces organisations. La mission de l’OEA a recueilli des données claires et nettes qui risquent selon-eux, de déboucher en Haïti sur une crise humanitaire vu l’état déplorable et fragile du pays.
Le lundi 13 Juillet, ce fut au tour des dirigeants politiques haïtiens de rencontrer la délégation. La première séance eut lieu avec Michel Martelly qui après la rencontre s’est exprimé en ces termes à la presse : « J’ai rencontré la Commission de l’OEA pour réitérer mes préoccupations exprimées le 3 juillet à la Barbade lors du Sommet de la CARICOM où j’ai sollicité la ferme intervention de la Communauté internationale pour porter la République Dominicaine à négocier les modalités des rapatriements. J’en ai profité pour rappeler l’engagement d’Haïti pour la résolution pacifique des différends dans les relations haïtiano-dominicaines »
La mission s’est également entretenue avec le Premier Ministre, Evans Paul, le Ministre des Affaires Étrangères, Lener Renauld, qui a indiqué : « J’ai d’abord présenté un état des lieux en partant de la genèse de la crise. Une fois de plus, nous avons affirmé que nous n’allons pas recevoir en Haïti des Dominicains déchus de leur nationalité […] Nous avons remis des documents, des chiffres, des photos et des vidéos concernant des apatrides envoyés en Haïti »
Les délégués de l’OEA ont quitté Haïti ce mardi 14 juillet, mais indiquant bien avant leur départ, qu’ils visiteront un site à Anse-à-Pitres, où sont reçus des haïtiens de retour de la République voisine, qui vivent là dans des conditions difficiles.
Le Secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro a indiqué que « l’évaluation de la situation avait été positive » et le dialogue avec les autorités concernées « très civilisé ». On attend la réaction de l’Organisation des États américains (OEA) dans ce dossier brûlant.
Pourvu qu’il n’y ait pas de douloureuses surprises…