Une journée de protestation à Port-au-Prince !

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Toutes les activités ont été quasiment paralysées Port-au-Prince le lundi 9 novembre 2015. Répondant au mot d’ordre de grève du secteur syndical, les gens des quartiers populeux, les étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti ont manifesté leurs mécontentements face aux crimes économiques que le pouvoir tètkale, de facto Martelly-Paul veut commettre sur la population. Les parents ont gardé leurs enfants chez eux, malgré que certains établissements scolaires aient ouvert leurs portes. La circulation des véhicules a fonctionné au ralenti. Il n’y a pas eu d’affluence de gens dans les rues comme à l’ordinaire. Au centre-ville, les petits commerçants se sont plaints du fait que les acheteurs ne venaient pas s’approvisionner en grand nombre. Donc, on peut dire que le mot d’ordre de grève a été respecté 80% en général et au niveau des écoles à 90%.

L’objectif principal de ce mot d’ordre de grève était de forcer le gouvernement de facto Martelly-Paul à faire le retrait d’un décret portant sur l’augmentation des différents taxes et l’Arrêté présidentiel accordant une retraite dorée aux ministres, secrétaires d’Etat, secrétaires à la Présidence, à la Primature et au Conseil des ministres.

Une situation de tension a régné durant toute la journée du lundi 9 novembre 2015 dans des quartiers populeux où le corps de bandits légaux dénommé BOID et d’autres unités de la PNH notamment: CIMO, UDMO ont procédé à des dizaines d’arrestations illégales et arbitraires de paisibles citoyens qui défendent leurs droits. Certains d’entre eux ont été maltraités, torturés comme ce fut au temps des’’ tonton makout.’’C’était la même situation devant les locaux de plusieurs facultés de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH). Les étudiants protestaient contre les décisions illégales et arbitraires du gouvernement. Ils condamnaient ce qu’ils appellent un projet du gouvernement visant à augmenter la misère de la population. Ils exigeaient la publication d’un nouveau décret confirmant le retrait des mesures d’augmentation de taxes. Se disant solidaires des deux journées de grève lancées par les syndicats de transports pour les lundi 9 et mardi 10 novembre 2015, les étudiants des facultés d’Ethnologie, de Droit et des Sciences Economiques ont dressé des barricades de pneus enflammés devant leurs facultés respectives.1

En réaction, les agents du Corps d’Intervention et de Maintien d’Ordre (CIMO) ont dispersé violemment les manifestants avec des tirs nourris en direction de la faculté et des canons à eau, rapporte le responsable de communication du Collectif des étudiants de l’UEH, Jeanty Manis. Trois étudiants ont été arrêtés par des patrouilles de CIMO, placées à l’entrée de la faculté d’Ethnologie et de l’Ecole Normale Supérieure (ENS).

Dans différents quartiers populeux de la capitale, les gens ont apporté leur solidarité à la journée de grève. La police a procédé à des arrestations. La journée s’est terminée par une grande manifestation qui a démarré au niveau de Bel Air, sillonnant plusieurs rues avant de prendre fin à Delmas 2 où l’on a buté sur une camionnette transportant des boites de bulletin et des procès-verbaux à une destination inconnue. Ce véhicule de marque MAZDA B 2000, immatriculé AA90333, était piloté par un certain Boniface retenu par la foule. Le chauffeur a déclaré qu’il n’était pas seul à transporter ce genre de matériels. On a fait appel à un juge de paix pour dresser un procès-verbal de constat.

Dans un communiqué en daté du 6 novembre, le Premier ministre de facto, Evans Paul a annoncé le retrait des mesures concernant l’augmentation du droit de timbre sur les passeports, la taxe supplémentaire sur le permis de conduire et sur la matricule fiscale, ainsi que les privilèges ou primes d’indemnisation de séparation de service, en faveur des membres du gouvernement. Qualifiant ce communiqué de « tract », les étudiants affirment qu’ils ne feront pas marche arrière dans leur mouvement tant que le gouvernement ne fera pas le retrait formel de sa décision. À l’occasion de la journée de grève de ce lundi 9 novembre 2015, le transport en commun, les activités commerciales et scolaires ont connu un ralentissement considérable dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Le Collectif des syndicats qui a lancé ce mot d’ordre de grève, a annoncé ce 9 novembre la levée de la grève. Il dit attendre la décision du gouvernement de publier un autre décret qui rentre le premier.

Les syndicalistes avaient dénoncé les nouvelles dispositions consacrées dans le document de budget de l’exercice fiscal 2015-2016. Le gouvernement a fait passer le droit du permis de conduire de type A de 1,000.00 à 3,000.00 gourdes, de type B de 1,000.00 gourdes à 4,500.00 gourdes, le droit du permis de conduire pour les motocyclettes de 500.00 à 1,000.00 gourdes ; le droit de timbre de passeport de 1600.00 à 3000.00 gourdes ; de la matricule fiscale de 50.00 à 1000.00 gourdes, pour ne citer que cela.

Face aux protestations de la population dans son ensemble, le gouvernement n’a eu d’autre choix que de faire le retrait de ces décisions illégales et arbitraires. La lutte doit se poursuivre pour le contraindre à respecter le droit de vote du peuple haïtien. C’est par la mobilisation générale que le peuple va remporter la victoire sur les forces réactionnaires d’ici et d’ailleurs, comme ce fut le cas pour la violation des droits économiques.

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