Ukraine: grenier et laboratoire politique du monde

La réalité à l’envers. Les Etats-Unis sont le véritable agresseur

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Le sénateur John McCain et Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, les deux Républicains les plus en vue du Congrès étatsunien, recevaient à Washington Andriy Parubiy, le fondateur du parti néo-fasciste Svoboda, devenu en 2016 président du parlement ukrainien.

(5ème partie)

QUI SE RESSEMBLE S’ASSEMBLE

En s’adressant à la foule à Kiev, McCain avait à ses côtés Oleh Tyahnybok, le dirigeant du parti néo-fasciste All-Ukrainian Union Svoboda (Liberté). A sa fondation en 1991, il s’appelait le Parti social-national d’Ukraine comme le parti d’Hitler et avec le Wolfsangel (Le crampon du loup) comme logo, le même arboré par les divisions SS  pendant la guerre. A la cérémonie d’ouverture il s’est présenté comme le “dernier espoir de la race blanche, de l’humanité en tant que telle”. Le parti est proche du Front national français de Le Pen et célèbre chaque année la naissance de Stepan Bandera, le dirigeant de l’Organisation des nationalistes ukrainiens qui s’était allié au début avec Hitler et avait massacré plus de 6.000 juifs, notamment lors des pogroms de Lviv, la ville où le parti Svoboda a été fondé. Leur slogan était: “Vive l’Ukraine sans Juifs, Polonais et Allemands, les Polonais derrière le fleuve San, les Allemands à Berlin et les Juifs à la potence”. Celui de Svoboda est: “L’Ukraine par-dessus tout”, copie carbone du Deutschland Uber Alles nazi…

Tyahnybok lui-même a incité les Ukrainiens à se battre contre la «mafia moscovite-juive» et imprimer leur ethnicité sur leur passeport. Trois participants au premier gouvernement post-coup étaient membres de ce parti Svoboda: Oleksandr Sych, vice-premier ministre, Ihor Oleksandrovych Shvaika, ministre de la Politique agraire et de l’alimentation et Andriy Mokhnyk, ministre de l’Environment et des Ressources naturelles.

Le Wolfsangel (Le crampon du loup) est le logo du parti Svoboda net du bataillon Azov, le même que celui arboré par les divisions SS nazies pendant la 2ème guerre mondiale.

Victor Yushchenko, président pro-étatsunien avant Yanukovych, avait décerné à Bandera le titre de “Héro d’Ukraine” qui lui a valu une réprimande du parlement européen. Un autre compère, Andriy Parubiy, co-fondateur de Svoboda avec Tyahnybok, leur a demandé de réviser leur décision. En 1998–2004 il avait chapeauté l’organisation paramilitaire de son parti, les Patriotes de l’Ukraine, avant de s’impliquer dans la Révolution orange de 2004 qui a amené Yushchenko au pouvoir. Dans le nouveau régime, il a été nommé secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, supervisant l’opération “anti-terroriste” contre les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine. C’est Parubiy qui a dirigé le mouvement de protestation de l’EuroMaidan.

En 2016, Parubiy est devenu le président de la Verkhovna Rada, le parlement ukrainien. L’année suivante, le même sénateur John McCain et Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, les deux Républicains les plus en vue du Congrès étatsunien, recevaient Parubiy à Washington. Dixit Ryan: “Je suis fier de me joindre au Président Parubiy pour renouveler nos liens interparlementaires avec la Rada. Ce programme mutuellement avantageux favorise des relations politiques, économiques et de sécurité plus étroites entre nos législatures”.

Lorsqu’on lui a demandé en 2015 s’il avait réformé sa politique extrémiste, Parubiy a insisté sur le fait que ses valeurs restaient inchangées. “Je ne pense pas qu’il ait changé d’avis”, a expliqué l’historien polono-allemand Grzegorz Rossolinski-Liebe. “C’est plutôt qu’il vient de les ajuster à ses positions actuelles”. Rossolinski-Liebe avait interviewé Parubiy en 2006 pour son livre de référence sur Stepan Bandera. Quand on l’avait invité à Kiev en 2012, donc avant le coup d’état, suite à des manifestations de rue et menaces du parti Svoboda, Rossolinski-Liebe n’a pu donner ses conférences que dans l’ambassade allemande, sous la protection de la police.

Le fasciste le plus en vue de l’actuel gouvernement ukrainien est Arsen Avakov qui “contrôle aujourd’hui l’un des plus puissants ministères de l’intérieur depuis l’indépendance ukrainienne”, dit le député Serhiy Leshchenko, partisan du président Poroshenko mais désormais critique. Il accuse le ministre de l’intérieur de s’entourer de milices tel que le bataillon Azov, une unité paramilitaire de volontaires créée lors des événements de 2014, portant l’insigne Wolfsangel, un des originaux des Nazis allemands. Son premier commandant était le nationaliste d’extrême-droite Andriy Biletsky, également dirigeant de l’Assemblée social-nationale néo-nazie, un ramassis de partis et groupes d’extrême-droite qui veut “lutter pour la libération de toute la race blanche de la domination du capital spéculatif international” et dont la mission est de “mener les Races Blanches du monde dans une croisade finale pour leur survie … contre les sous-hommes (Untermenschen) dirigés par les sémites”. Je reviendrai sur lui.

“Depuis le début de 2018, C14 et d’autres groupes d’extrême droite, tels que la Milice nationale, le Secteur droite, Karpatska Sich, affilié à Azov, et d’autres organisations ont attaqué plusieurs fois des groupes roms, des manifestations antifascistes, des réunions du conseil municipal, un événement organisé par Amnesty International, des expositions d’art, des manifestations de gay et lesbiennes et des activistes de l’environnement. Le 8 mars, des groupes violents ont lancé des attaques contre les manifestants de la Journée internationale de la femme dans des villes à travers l’Ukraine. Dans quelques cas seulement, la police a fait quelque chose pour empêcher les attaques et, dans certains cas, elle a même arrêté des manifestants pacifiques plutôt que les véritables auteurs”.

Le bataillon Azov recrute également en Europe par l’intermédiaire du français Gaston Besson, un mercenaire auteur de crimes de guerre dans les guerres yougoslaves, ayant même servi au Laos et Myanmar, et qui “Apparemment aime se jeter comme un fou furieux dans la bataille et être ‘excessivement cruel’”. Il dit recevoir chaque jour, des dizaines de courriels de demande d’incorporation dans le bataillon.

Un officier militaire étatsunien serrant la main d’un officier du bataillon néo-fasciste Azov. Rien de nouveau. Déjà au lendemain de la 2ème guerre mondiale, “la CIA a réhabilité d’anciens nazis, y compris des criminels de guerre et les a employés pour contrer la propagation du communisme en Europe”.

Ce sont surtout des jeunes de France, Allemagne, Scandinavie. Le plus en vue, et un des rares à ne pas se couvrir le visage d’une cagoule noire, est le tireur d’élite suédois Mikael Skillt. “Ce sont les vainqueurs qui ont écrit l’histoire après la Seconde Guerre mondiale. Ils ont décidé que c’était toujours mal de dire ‘Je suis blanc et fier’”. Il a dit à la BBC “que les races ne doivent pas être mélangées. Il ne considère pas les Juifs comme des blancs et ils ne devraient donc pas être mélangés avec les Blancs”. Un autre, Alex, a admis à un reporter étatsunien “qu’il est nazi et a dit en riant que pas plus de la moitié de ses camarades sont des camarades nazis. Il a déclaré qu’il soutenait un leadership fort pour l’Ukraine, comme l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale”.

Francesco F., lui, est Italien. Il était en Ukraine lors des émeutes de l’EuroMaidan. Cela lui a rappelé sa jeunesse, dit-il, quand il était dans la Avanguardia Nazionale, dans les années 70, un groupe néo-nazi dont le drapeau est très proche des Nazis hitlériens.

Des recrues anglaises sont également sollicitées via le National Action, un parti anglais décrit par l’ex-chef de la police britannique contre le terrorisme, Mark Rowley: “Pour la première fois, nous avons un groupe local terroriste néo-nazi, suprémaciste blanc, interdit, qui cherche à planifier des attaques et à mettre sur pied des réseaux internationaux”.

De l’étranger, le bataillon Azov a reçu non seulement des volontaires (généralement non-rémunérés) mais également de l’aide militaire et sûrement financière. En octobre 2016, la société AirTronic, basée au Texas, a annoncé un contrat pour livrer 5,5 millions de dollars de lance-grenades propulsées par roquette PSRL-1 à un client militaire européen allié. En juin 2017, des photos ont été publiées sur le site internet d’Azov montrant ses combattants testant des lance-grenades PSRL-1 sur le terrain. Le journaliste étatsunien Max Blumenthal rapporte: “En décembre 2017, lors d’une interview avec Voice of America, le directeur général d’AirTronic, Richard Vandiver a souligné que la vente de lance-grenades était autorisée ‘par une coordination très étroite avec l’ambassade étatsunienne, le Pentagone et le gouvernement ukrainien’”

Sur une photo, on peut voir un officier militaire américain serrant la main d’un officier d’Azov dont l’uniforme était orné de l’emblème du Wolfsangel nazi. Rien de nouveau. Comme révélé dans le livre “Blowback” de 1988 par le journaliste-enquêteur Christopher Simpson, “la CIA a réhabilité d’anciens nazis, y compris des criminels de guerre et les a employés pour contrer la propagation du communisme en Europe”.

Dans une tournure des plus ironiques ce bataillon néo-nazis reçoit de l’aide militaire d’Israël, le partenaire des Etats-Unis. “L’Ukraine s’intéresse à développer un partenariat mutuellement bénéfique avec Israël dans le secteur militaro-technique”, a dit le premier ministre ukrainien, Volodymyr Groysman, lors d’une rencontre à Jérusalem avec le ministre de la défense israélien Avigdor Lieberman.

TRUMP: MOINS HYPOCRITE QU’OBAMA

Sans doute pour répondre aux accusations que Trump est trop mou avec les Russes, le département d’Etat a approuvé, pour la première fois, le 1er mars dernier, l’envoi d’armes à l’armée ukrainienne, en l’occurrence 210 missiles Javelin anti-tank. En effet la sénatrice de l’Iowa, Joni Ernst, présidente de la suavement nommée sous-commission sénatoriale de l’armée Aux menaces et capacités émergentes (Senate Armed Services Subcommittee on Emerging Threats and Capabilities), a déclaré à cette occasion: “Fournir une aide meurtrière à l’Ukraine montre que les Etats-Unis sont sérieux en disant qu’ils veulent protéger les intérêts de notre nation et de nos alliés”.

Premier envoi d’armés meurtrières… On suppose que comme les lance-roquettes PSRL-1 susmentionnés étaient livrés par un privé, cela n’est pas repris dans la liste. De toute façon, de telles “petites” armes ne risquent pas de “change[r] l’équilibre fondamental des forces sur le terrain”, ni, donc d’enrager Putin avec qui Trump a manifestement des atomes crochus.

Jusqu’alors, Obama n’avait envoyé que du matériel de soutien et des conseillers militaires, sous le prétexte d’éviter une escalade de la violence. Mais au même moment, en septembre 2016, il approuvait $38 milliards d’assistance militaire à Israël, “la plus grande aide de ce genre dans l’histoire des États-Unis”.

“Le Premier ministre Netanyahu et moi-même sommes convaincus que le nouveau protocole d’accord apportera une contribution significative à la sécurité d’Israël dans ce qui reste une région dangereuse [sic]”, avait dit Obama.

Toujours cette recherche des soi-disant intérêts nationaux, dans le cas de l’Ukraine utiliser ce pays pour diffamer la Russie sans plus l’aider à s’en sortir. Dans le cas d’Obama, cette aide à Israël répondait aux accusations que, lui, était trop mou avec l’Iran, ayant signé ce fameux traité tellemement attaqué sous l’administration Trump. En plus Obama avait cette particularité de soigner avant tout son image personnelle en tant que premier président noir, donc à la fois le traité nucléaire avec l’Iran et l’aide militaire à Israël devaient tous deux servir d’“éléments importants de son héritage”.

Même hypocrisie chez ses officiels. “Dans des conversations privées, les responsables de l’administration Obama ‘disent des choses absolument horribles à propos de l’Ukraine’ mais sont prêts à fermer les yeux sur les problèmes de corruption, alors que sous Trump, les fonctionnaires seraient plus francs”. Propos de Mikheil Saakashvili, l’ancien président géorgien qui a été fait citoyen ukrainien en 2016 et nommé gouverneur de la région d’Odessa par le président Petro Poroshenko.

(Il y a plusieurs Géorgiens dans les échelons du pouvoir ukrainien, les deux pays étant similairement positionnés dans des régions stratégiques pour la Russie, et ayant similaire histoire de changements).

Saakashvili a accueilli Trump plusieurs fois en Géorgie et a longuement conversé avec lui. “Je n’ai jamais détecté d’adulation ou de respect particulier pour la Russie […]. Cependant, il disait des choses sur Putin parce qu’il pense que Putin a du succès. […] Trump est attiré par le succès et il déteste les perdants, et il l’exprime […] il aime l’image de macho de Putin plus que les objectifs stratégiques de la Russie en Ukraine.

Le scandale actuel aux Etats-Unis – la paranoïa plutôt – sur le rôle de la Russie dans les dernières élections présidentielles a un rapport direct avec l’Ukraine.

Vadim Novinsky, milliardaire ukrainien et député de l’opposition qui était un proche associé de Yanukovych a confirmé le style Obama: “Ils fermaient les yeux sur tout et regardaient à travers des lunettes teintées de rose”.

Néanmoins, sous les deux administrations, les contacts à haut niveau allaient bon train dans l’Ukraine pré-coup. Le scandale actuel aux Etats-Unis – la paranoïa plutôt – sur le rôle de la Russie dans les dernières élections présidentielles a un rapport direct avec l’Ukraine. On y voit comment les Etats-Unis manipulent les pays étrangers. Paul Manafort, actuellement en prison et en procès depuis ce 31 juillet, était le directeur de la campagne électorale de Trump. Auparavant il avait été lobbyiste pour le dictateur phillipin Ferdinand Marcos et le dirigeant angolais Jonas Savimbi, fondateur de l’UNITA anti-communiste et pro-étatsunienne, avant de se mêler à la politique ukrainienne.

Il a commencé par critiquer Yanukovych en juin 2005 dans un mémo de 35 pages destiné au milliardaire Rinat Akhmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine qui l’avait introduit à cette cabale, estimant que “Viktor Yanukovych doit être remplacé”, alors que le Parti des Régions de ce dernier se préparait pour les élections parlementaires qu’il allait remporter l’année suivante.

Manafort a alors inversé la marche et commencé à promouvoir Yanukovych recrutant notamment le Hapsburg Group, composé de plusieurs officiels européens, dont Alfred Gusenbauer, chancellier autrichien de 2007 à 2008, et Aleksander Kwasniewski, président polonais de 1995 à 2005, pour donner une opinion soi-disant indépendante du gouvernement ukrainien, alors que, rien qu’entre 2012 et 2013, Manafort a “utilisé au moins quatre comptes bancaires offshore pour acheminer plus de 2 millions d’euros (environ 2,5 millions de dollars) au groupe, selon l’acte d’accusation”, ainsi que rapporté par le Washington Post.

LA MONTEE DU FASCISME SOUS TRUMP

Quatre ans après le coup d’état, les scènes politique ukrainienne et étatsunienne convergent sous Trump. Arthur Jones, candidat républicain de l’Illinois: “L’Holocauste est le plus grand et le plus noir mensonge de l’histoire”. Une de ses publicités dans les journaux avait une grande croix gammée. John Fitzgerald, candidat républicain de Californie en novembre prochain, ayant déjà récolté 23% des voix dans le 11e district du Congrès, a dit que Adolf Hitler était “la meilleure chose qui soit arrivée à la civilisation occidentale”, et que l’Holocauste est “l’un des mensonges les plus scandaleux. jamais perpétré”. Rick Tyler, un partisan de Trump, candidat au Congrès dans le Tennessee, a le slogan suivant: “Make America White Again”

Russel Walker, candidat à la présidence de la Caroline du Nord: “Qu’y a-t-il de mal à être un suprématiste blanc? Dieu est un raciste et un suprématiste blanc. Quelqu’un ou un groupe doit être suprême et ce groupe sont les blancs de ce monde … Il n’y a pas d’égalité, quelqu’un ou quelque chose doit être supérieur et quelqu’un et quelque chose doit être inférieur”. Quant aux Juifs, ils sont des «descendants de Satan». Le pire est que Walker a battu son adversaire John Imaratto aux primaires, amassant près des deux tiers des voix…

Encore un autre nationaliste blanc et anti-sémite, Paul Nehlen, n’hésite pas à se mesurer contre Paul Ryan – malgré les affinités de celui-ci avec les fascistes ukrainiens – dans l’Etat du Wisconsin, et on dit qu’il a de bonnes chances. En février dernier, il a participé à l’émission de David Duke, ancien chef du Ku Klux Klan, en racontant son rêve du mur entre les Etats-Unis et le Mexique: «Des tourelles de mitrailleuses armées tous les 300 mètres. Et vous pouvez les automatiser. Quiconque s’approche de cette barrière sera traité comme un combattant ennemi. Qu’il soit homme, femme ou enfant”.

Les dirigeants fascistes sont nommés ou élus à des postes de responsabilité.

On observe pareille courbe ascendante du fascisme en Ukraine, sur un sol déjà bien fertile. Les nouveaux journalistes comme Pomerantsev et Patrikarakos que j’ai cités en début d’article, disent qu’une minorité a le droit d’être représentée et de toute façon ne reçoit que très peu de votes. “Les partis d’extrême droite n’ont réussi à obtenir qu’un infime pourcentage du vote lors des élections post-EuroMaidan en Ukraine, dit Patrikarakos. Mais comme répond Andreas Zafeiris, un professeur de beaux-arts à Athènes: “Ce n’est pas une question de taille mais de qualité, il y a beaucoup de nazis avec des postes importants au gouvernement”. Ainsi, à quatre ans du EuroMaidan, nous avons un ministre de l’Intérieur protégé par une milice ouvertement néo-nazie. La frange est arrivée au pouvoir, et son idéologie et ses méthodes prévalent.

Les dirigeants fascistes sont nommés ou élus à des postes de responsabilité. Nous avons ce Biletsky qui a été élu au parlement, chef du parti néo-nazi Corps National, anciennement Patriotes d’Ukraine, et Andriy Parubiy, le fondateur du parti néo-nazi Svoboda qui est devenu rien moins que le président de la Verkhovna Rada, le parlement ukrainien!

Serhiy Melnychuk qui était commandant de l’Aidar, un autre bataillon accusé de crimes de guerre, est maintenant lui aussi membre de ce parlement.

Vadym Troyan, ancien colonel du bataillon Azov, a été nommé chef de police de la capitale. Dès novembre 2014, le grand rabbin ukrainien Yaakov Bleich a condamné cette nomination: “A notre avis, ce type ne devrait pas être proche des forces de l’ordre”, en ajoutant: “Si le ministre de l’intérieur [Arsen Avakov] continue à nommer des personnes de réputation douteuse et d’idéologies entachées de fascisme et d’extrémisme de droite, le ministre de l’intérieur devrait être remplacé”.

Le chef du bureau de Simon Wiesenthal à Jérusalem, Efraim Zuroff, a renchéri: “La sélection de Troyan est “très préoccupante” et “envoie le pire message possible concernant les intentions du nouveau gouvernement ukrainien. Si le gouvernement ukrainien veut montrer le genre de leadership qui le mènera à l’adhésion à l’Union européenne et à l’établissement d’une démocratie respectable, ce n’est pas la bonne façon de le faire”.

Le professeur Mearsheimer estimait que “quatre des membres de haut rang qui pourraient légitimement être qualifiés de néofascistes”, sans les nommer.

Les Fédérations internationale et européenne des journalistes ont condamné la violence, verbale et en ligne, croissante contre les journalistes en Ukraine. Le 30 mai dernier, Larisa Sargan, porte-parole du procureur général d’Ukraine, a affiché sur sa page Facebook une liste de 26 soi-disant «traîtres» qui ont critiqué les forces de l’ordre. Deux semaines auparavant, Iryna Gerashchenko, première vice-présidente du parlement ukrainien, a attaqué verbalement le Syndicat national des journalistes d’Ukraine, l’accusant d’être le propagandiste du Kremlin.

Un des journalistes, Igor Guschwa, a dû fuir et fait actuellement une demande d’asile politique en Autriche. “Fin décembre 2017, lors d’un rassemblement sur le Maïdan, j’ai été attaqué par Evgeny Karas, chef de l’organisation ultranationaliste C14. La police a refusé d’engager une procédure pénale. Après être parti pour l’Autriche, Igor Mossijtschuk, un membre du Parti radical, m’a menacé du même sort que celui du journaliste assassiné Oles Buzina”. Buzina était un journaliste pro-russe, ayant fait campagne en 2009 en faveur de lois interdisant les organisations néo-nazies. Il a été assassiné en avril 2015 à Kiev. Peu après, le ministre de l’intérieur Arsen Avakov annonçait l’arrestation de deux présumés assassins, Andrey Medvedko et Denis Polischuk. L’un ayant servi dans le bataillon Kiev-2 de son propre ministère et était activiste de l’organisation C14 qui travaille en étroite collaboration avec la SBU, les services de sécurité de l’Ukraine. L’autre était officier de peloton dans le bataillon de l’UNSO. Tous deux nient la responsabilité du meurtre. A ce jour l’enquête n’a pas abouti.

Sergey Sukhobok est un autre journaliste, dénonçant les oligarches, tué en 2015 à Kiev, et le politicien Oleg Kalashnikov assassiné la veille de Buzina, toujours à Kiev. “Les médias commerciaux occidentaux ne mentionnent pratiquement pas ces cas parce que cela contredit leur récit d’une Ukraine libérale et démocratique attaquée par la Russie”, dit Igor Guschwa, de son refuge en Autriche.

(À suivre)

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