Salaire minimum : La CATH en campagne dans le Nord Est

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Rencontre de la Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens (CATH) avec les employés de la Compagnie de développement industriel (Codevi)

Men Leta byen plase
Pou l kraze brize lè l vle
Enterè pi pitiiiiiiiii
Pou l fè laboujwazi plezi

Manno Chalmay

 

Dans notre pays où ce système capitaliste dirigé par les sous-fifres inapprivoisables des occidentaux fait rage, les patrons aux instincts réfractaires de l’industrie de sous-traitance comptent beaucoup sur la surexploitation à outrance pour faire fortune. La cuisante problématique liée à la question du salaire minimum qui défraie la chronique depuis belle lurette n’en est qu’une illustration la plus vivante. Cependant, depuis 2009, avec le vote de la loi sur le salaire minimum, cette rude bataille des travailleurs a pris une nouvelle tournure.

Des accusations pourtant fondées fusent de toutes parts contre des dirigeants de syndicats jaunes, entièrement acquis à la cause des patrons exploiteurs. D’une façon toute particulière, elles visent aussi les autorités étatiques, qui, par instinct de couardise refusent catégoriquement d’assumer pleinement leurs responsabilités. C’est ce qui justifie que depuis quelques temps les ouvriers et ouvrières du textile des zones franches notamment de la Sonapi (Rte de l’Aéroport) gagnent quotidiennement les rues de la capitale. Pancartes en mains tout en bravant la sauvagerie incommensurable des différentes unités de la police nationale programmées à cette fin, ils revendiquent à tue-tête une augmentation de salaire allant jusqu’à 800.00 gourdes pour une journée de dur labeur.

La situation s’est enchevêtrée dans la mesure où le Conseil Supérieur des Salaires (CSS), instance habilitée légalement à produire les rapports qui doivent fixer le salaire minimum qui dépend du taux de l’inflation est caduc depuis tantôt deux ans. Et cette bataille est d’autant plus rude quand les ouvriers ont comme antagonistes ces patrons volontairement infectés par le virus exécrable de l’exploitation à outrance. Et, qui pis est, ces irréductibles ne sont que des émanations légitimes des colons agioteurs. Avec l’arme pernicieuse de la corruption à grande échelle, ils se rallient facilement les traitres des syndicats jaunes et les intervertis du CSS.

Face à la ferme détermination des syndicats proches des ouvriers par contre, l’on peut dire que tout n’est pas perdu pour autant. Car, au matin du vendredi 30 juin dernier, plusieurs dirigeants d’organisations syndicales ont tenu conjointement une conférence au Bois-Verna, centre-ville de Port-au-Prince pour fixer clairement leur position sur le dossier du salaire minimum. Objectif: exhorter les autorités injustes de l’Etat ainsi que les patrons récalcitrants de cette oligarchie de la sous-traitance à assumer pleinement leurs responsabilités en accordant un salaire décent aux ouvriers. C’est la condition sine qua non si l’on veut voir leurs conditions de vie s’améliorer

La Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens (CATH), la Jeunesse Ouvrière Chrétienne d’Haïti (JOCH), le Mouvement Socioculturel des Travailleurs Haïtiens (MOSCTAH) sont formels. « Nous référant au Code du Travail, le salaire peut être en espèce ou en nature. Pour parvenir au montant une partie dont 500 gourdes doit être versée en argent comptant tandis que la différence peut être reçue sous forme d’accompagnements sociaux. Nous pouvons citer en exemple le transport, la nourriture la subvention de l’écolage pour leurs progénitures, la carte d’assurance santé ainsi qu’un crédit logement ». C’est ce qu’ont soutenu ces dirigeants syndicaux.

Cap vers le Nord’Est

Au terme de cet entretien avec la presse, le camarade Fignolé St-Cyr a mis le cap sur le Nord’Est où d’importantes réunions de travail ont été programmées avec les responsables des syndicats de Caracol et de la Codevi. En outre, des entretiens doivent avoir lieu avec les patrons de ces usines pour faire le point sur la question de l’augmentation du salaire minimum et des avantages sociaux à accorder aux ouvrier /res. Après une nuit calme entrecoupée des cris perçants des paons, passée à l’hôtel Lakou Basen Kay Imam, où nous a reçu chaleureusement notre camarade de combat Elonge Othélot, le samedi 1er juillet, nous sommes repartis pour la ville frontalière de Ouanaminthe.

Une première rencontre avec les membres du syndicat Sofezo a eu lieu à Canari Plaza Hôtel   pour qu’ils parviennent faire des propositions relatives à l’amendement des conventions collectives de travail souscrit en date du 3 octobre 2008 et accords signés précédemment. L’augmentation du salaire minimum peut et doit aussi de concrétiser à travers des accompagnements sociaux tels que : Logements, transport, carte d’assurance santé, crèches pour les enfants des travailleurs/euses, l’écolage pour leurs progénitures y compris de la nourriture. Voilà entre autres le grand combat que mène la CATH à travers tout le pays.

Plusieurs autres réunions de travail traitant de l’augmentation du Salaire Minimum, des avantages sociaux et du strict respect des clauses des accords et autres conventions signées ont eu lieu entre le Secrétaire Général de la CATH, et les membres des syndicats affiliés à cette dite centrale. Le lundi 3 juillet en cours, à 9 heures, une importante réunion s’est tenue entre les principaux responsables de l’usine S&H Global au Parc de Caracol. Le président de la compagnie a déclaré sans ambages être disposé à appliquer le tarif salarial proposé par le Conseil Supérieur des Salaires.

« Nous demandons aux employés de garder leur calme car nous avons pour devoir de respecter les décisions des autorités étatiques. En passant, nous pouvons nous venter d’avoir révolutionné l’industrie de la sous-traitance en Haïti en considérant la somme d’avantages sociaux dont bénéficient les ouvriers. Le transport, les cotisations à l’Ona et à l’Ofatma, l’écolage pour leurs enfants des cliniques etc. sont autant de privilèges auxquels ils ont droit. Les usines ne sauraient fonctionner sans les ouvriers, d’autant que ces derniers ont tout aussi bien besoin des usines ».

Ainsi s’est exprimé Monsieur Cho qui nous a invités à visiter leurs modèles d’école. En guise de conclusion le secrétaire général de la CATH a admis que les usines peuvent bien continuer à fonctionner pendant que parallèlement à l’extérieur les syndicats doivent tenir bien haut le flambeau de la mobilisation s’ils veulent obtenir gain de cause. Nous avons ensuite continué à longer la route nationale qui nous a conduits à Ouanaminthe.

Mobilisation et réunion à Codevi

Vers 4 heures, sur le pont en béton qui mène à Codevi, un système de son monté à bord d’un pick-up a aidé le camarade Fignolé. Tandis que les milliers d’ouvriers/ères viennent de s’éreinter pour une pitance, les membres du Sofezo les entretenaient dans un langage non équivoque sur les mesures à adopter pour pouvoir arracher de la luette des membres du CSS les 800.00 gourdes comme salaire de base.

« En fonction du tôt élevé de l’inflation avec ses incidences négatives sur le coup élevé de la vie vous ne devez pas rester les bras croisés. Face à cette réalité insupportable, la CATH vous incite fortement à vous mobiliser pour réclamer de l’Etat et des patrons les droits auxquels vous avez grandement droit ainsi qu’un salaire décent pour un travail. Les 800.00 gourdes sont le strict minimum pour 8 heures de travail dans les conditions insupportables que nous connaissons tous et toutes. Selon des informations fiables, Coréens, Dominicains seraient d’accord pour obtempérer à la juste revendication des ouvriers  concernant un salaire minimum de 800.00 gourdes ».

Ainsi a dénoncé Fignolé St-Cyr au nom de la CATH, qui en a profité pour indexer les mafias locales du secteur textile qui s’y opposent catégoriquement. Cette prise de position a suscité bien de questions pertinentes. Le lendemain, soit le mardi 4 juillet une rencontre était prévue avec les hauts dirigeants de la Codevi dans l’enceinte même du parc. La 9ème heure venait à peine de sonner quand la délégation de la CATH était reçue par Victor Izmer Thomas. Monsieur Thomas nous informait  des nombreuses contraintes auxquelles ils font face en attendant l’arrivée du Dominicain Limber Cruz.

Monsieur Cruz, représentant directe de Capellan a fait savoir que le parc Codevi compte déjà une quinzaine d’usines où travaillent plusieurs nations notamment des Italiens, des Dominicains. « Nous sommes toujours disposés à raffermir nos liens avec les responsables des  syndicats pour poser les problèmes et anticiper les éventuelles crises qui pourraient paralyser les usines. Nous sommes disposés à obtempérer à n’importe quelle décision relative au salaire minimum qu’auraient adopté les membres du CSS », a soutenu Monsieur Cruz qui a promis que d’ici 5 mois plus de six mille nouveaux emplois seront créés à condition qu’une paix propice à la maximisation règne dans se secteur.

Contre toute attente, une décision adoptée par les membres du CSS et qualifiée à raison de KRIMINÈL est tombée au cours de la semaine et qui a crée une levée de boucliers à travers tout le pays. Aujourd’hui 11 juin, pour la 2ème journée consécutive les ouvriers du textile ont encore gagné les rues de la capitale haïtienne et ce dans une logique de lutte acharnée pour l’obtention d’un salaire décent. Après près de trois ans sans d’ajustement, seulement l’insignifiante pitance de 35 petites gourdes a été décidée par les mesquins du CSS probablement soudoyés par ces patrons récalcitrants. Toujours est-il, des membres du CSS se sont publiquement prononcés contre toute augmentation du salaire minimum.

Note de la CATH et de la JOCH

La Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens (CATH) et la Jeunesse Ouvrière Chrétienne d’Haïti (JOC-H) s’empressent de condamner avec la plus grande énergie le rapport KRIMINÈL et Inhumain du Conseil Supérieur des Salaires (CSS) fixant le Salaire Minimum à trois cent trente-cinq  (335.00) gourdes soit une augmentation de 11.7% pour un taux d’inflation de 15.5%. En tenant compte de la situation socioéconomique en général subséquemment à l’augmentation exorbitante des prix du carburant à la pompe entrainant l’aggravation des conditions de vie déjà désastreuses des ouvriers et ouvrières haïtiens/nes, l’augmentation du prix du transport à 50%, du loyer, du panier ménager, de l’écolage, pour tout ce que nous venons de mentionner, la CATH et la JOC-H exigent fermement du Président Jovenel Moise :

1)     Une assise de toute urgence de tous les partenaires sociaux concernés pour trouver une solution définitive à la crise qui secoue le secteur textile depuis environ trois mois. (Ajustement salarial, accompagnements sociaux : Transport, Assurance Santé, Logement, Scolarisation des enfants des ouvriers.

2)     Définir une politique d’emploi en faveur des jeunes et des Universitaires.

3)     Rémunérer les milliers d’enseignants et régulariser la situation des professeurs.

En guise de conclusion, la CATH et la JOC-H sous les signatures de Fignolé S-CYR  et d’Adner ESTELOT au titre de Secrétaire Général et de Coordonnateur National souhaitent vivement que les nobles revendications des Travailleurs/euses soient prises en considération.

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