Les tentatives de l’empire pour tuer Fidel Castro

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Fidel Castro s’adresse aux membres du Mouvement des pays non alignés à l’ONU, le 12 octobre 1979

            L’empire du mal et du crime n’a jamais hésité, à travers sa tentaculaire et monstrueuse CIA, à prendre tous les moyens nécessaires, les plus scandaleux, les plus odieux, les plus crapuleux, les plus ignominieux, pour se débarrasser de personnages politiques qui ont eu la témérité, le courage, la force morale de se mettre en travers de leurs criminels intérêts au service d’oligarchies fascinées par leur puissance, couchées à plat ventre pour exécuter leurs ordres. De Patrice Lumumba à Muammar Gaddafi, les exemples abondent.

Il faut toujours se rappeler que l’hydre de Washington tient toujours ouverte ses multiples gueules qui exhalent un dangereux poison homicide, prêt à tuer ou à neutraliser ceux et celles qu’elle considère dangereux pour ses intérêts de domination des peuples. Le grand révolutionnaire Fidel Castro en a fait l’expérience de si nombreuses fois, plus de six cent fois, qu’en décembre 2011,  le Guiness des records décidait de l’inscrire dans son édition, au titre de l’homme qu’on « a le plus souvent tenté d’assassiner».

Déjà dans la Sierra Maestra, la soldatesque de Batista – et sans doute les “conseillers” de la CIA – avait fait des tentatives d’éliminer Fidel. Le cas le mieux connu est celui de Eutimio Guerra, paysan de la Sierra Maestra intégré à la guérilla, ainsi que le rapporte Ignacio Ramonet. En échange de généreuses offres matérielles, il s’était laissé retourner par les agents de la dictature – et de l’empire – pour assassiner Fidel. “Par deux fois, il avait été sur le point d’y parvenir. Sa trahison découverte, il fut capturé, jugé et exécuté, le 17 février 1957, le jour même de l’interview accordée par Fidel Castro au journaliste nord-américain Herbert Matthews”.

Certains, par naïveté, méconnaissance ou mauvaise foi pensent que les tentatives d’assassiner le leader de la Révolution cubaine tiennent, au mieux, de mythes alimentés par des “subversifs” pro-castristes, au pire, de paranoïa dans les milieux dirigeants cubains. Or, le rapport de la Commision Church dirigés par le sénateur Frank Church, en 1975, a retenu comme avérés huit plans d’assassinat contre Fidel Castro entre 1960 et 1965, avec des moyens et la participation directe de la CIA.

Quant à Fabian Escalante, général de division deux étoiles à la retraite, ex-chef du renseignement et du contre-espionnage cubain, lhomme qui a eu la périlleuse tâche, pendant une quarantaine d’années, de tenir Fidel Castro en vie, pas moins de 638 tentatives de meurtre, plus ou moins abouties, ont été fomentées contre le Lider Maximo. Nombreux sont les documentaires et ouvrages qui les ont rapportées, à commencer par le livre d’Escalante lui-même, justement intitulé « 638 façons de tuer Castro».

Quand on parle d’attentats contre la personne de Fidel Castro et contre la Révolution cubaine, il vient à la mémoire les noms de deux sinistres et sanguinaires  tueurs aux ordres des services spéciaux des États-Unis: Posada Cariles et son complice Orlando Bosch. Les deux ont participé à la destruction par bombe, en plein vol, le 6 octobre 1976, de l’avion de la compagnie Cubana de Aviación ayant à bord soixante-treize passagers,  dont 24 membres de l’équipe cubaine d’escrime, tous des jeunes.

De ce Cariles, Fidel Castro raconte: « Toutes les actions terroristes de Posada Cariles, y compris les bombes posées dans des hôtels de tourisme chez nous et les projets d’attentat conte moi, ont été financées par les gouvernements successifs des États-Unis à travers la tristement célèbre Fondation nationale cubano-américaine, depuis sa création par Ronald Reagan et George H. Bush, en 1981. Tout cela a été financé par les États-Unis.»

Les agents de la CIA et des exilés cubains avaient la feuille de route suivante aux allures de carte blanche : tuer  Fidel Castro en employant tous les moyens nécessaires, et le faire sans limite aucune. Selon Le Figaro, le quotidien britannique The Guardian a rapporté que ayant eu vent de la passion de Fidel Castro pour la plongée sous-marine, les services secrets américains avaient eu l’idée de bourrer un grand nombre de mollusques caribéens d’explosifs. Les agents auraient même envisagé de les colorer pour attirer davantage l’attention de leur cible. Un plan pour le moins loufoque qui n’a toutefois jamais quitté l’état de projet. Au jour de l’assassinat du président américain John Kennedy, le 22 novembre 1963, un responsable de la CIA a confié un stylo empoisonné à un «espion» cubain pour qu’il l’utilise contre Fidel Castro. Mais, au même moment, un émissaire de Kennedy rencontre le leader cubain [note de l’auteur: Jean Daniel, de Le Monde] pour tenter d’améliorer les relations entre les deux pays, ce qui a mis un terme à l’entreprise.

Peu de temps après son arrivée au pouvoir, Fidel Castro avait déclaré dans une interview à une télévision américaine que sa barbe «signifiait beaucoup de choses pour Cuba». Ainsi la CIA avait décidé de s’attaquer à cette barbe afin de faire perdre son prestige à ce symbole national. Lors d’un voyage à l’étranger, Fidel devait descendre dans un hôtel que les agents de la CIA avaient identifié. Ils pensaient que Fidel Castro mettrait ses chaussures dans le couloir pour les faire cirer, comme il avait coutume de le faire. A ce moment-là, des agents [note de l’auteur: des services secrets américains] devaient les saupoudrer d’un produit chimique dépilatoire. Ils avaient même mené des tests sur des animaux au préalable, mais la visite avait été annulée au dernier moment.

Voilà, pour sa part, à propos des quelques déclarations de Fidel Castro lui-même dans un très long entretien avec Ignacio Ramonet et qui a d’ailleurs fait l’objet du livre “Fidel Castro, Biographie à deux voix”:

“ Le hasard, dont il ne faut pas sous-sous-estimer l’importance, a parfois joué contre eux. Un de leurs agents a eu en sa possession une pilule de cyanure qu’il s’était chargé de glisser dans un milk-shake au chocolat dans un établissement que je fréquentais, la cafétéria de l’hôtel Habana Libre. Heureusement, quand il a voulu prendre la pilule dans le congélateur où il la gardait, il s’est aperçu qu’elle était totalement collée à la glace. Il n’a pas réussi à la décoller….

“…Pour un autre attentat contre moi, ils avaient décidé d’utiliser un agent chimique dont les effets sont comparables à ceux du LSD et comptaient disperser cette substance, comme avec un aérosol, dans l’atmosphère d’un studio de télévision où je devais faire une allocution.” Selon Fabian Escalante [5], il s’agissait d’avoir Fidel pris de fou rire pendant l’intervention télévisée, ce qui eût été extrêmement humiliant pour Fidel Castro.

“Une autre fois, quelqu’un a versé un poison mortel dans une de mes boîtes de cigares. Quand je suis allé au Chili, en 1971, quelques-uns de leurs sbires m’ont eu dans la mire d’un fusil caché dans une caméra de télévision. Mais ils n’étaient sûrement pas disposés à à mourir sur place s’ils venaient à tirer. Quand ils ont compris que leur vie se trouverait en danger, ils ont renoncé à presser la détente.

“Le dernier grand attentat a été celui de la réunion de Panama. Luis Posada Cariles, auteur de l’attentat contre l’avion de ligne cubain en 1976 […] était sur place; il dirigeait personnellement le commando”. Une charge explosive de 90 kg avait été placée sous la tribune sur laquelle Fidel devait prononcer son discours, à l’occasion du sommet ibéro-américain de 2000. Fabian Escalante a rapporté que: « Une fois encore, ses services de sécurité sont parvenus à empêcher l’attentat». Selon Ramonet, Posada était assisté de: «trois autres cubains: Pedro Ramón, Guillermo Novo et Gaspar Jiménez [qui] ont été arrêtés, jugés, condamnés et emprisonnés au Panama. Mme Mireyes Moscoso [présidente du Panama à l’époque] a gracié les quatre terroristes dont trois sont immédiatement partis aux États-Unis où ils ont été accueillis avec bienveillance par les autorités.” On doute que les agents de l’empire n’aient joué de leur puissante influence pour cette libération.

Dans les “bijoux de famille”, comme sont appelés les quelque 700 rapports qui ont été déclassifiés en 2007, la CIA décrit ses efforts pour se débarrasser de Castro en se servant d’un intermédiaire chargé de convaincre deux gangsters, Salvatore Giancana et Santos Trafficant, chef  d’opérations de la mafia, afin qu’ils assassinent Castro. Giancana avait suggéré de l’empoisonner. Six pilules d’un poison foudroyant avaient été fournies en 1961 à Juan Orta, un responsable cubain qui avait accès à Castro, mais Orta, au bout du compte, s’était dégonflé. Selon Escalante qui a évoqué dans les détails ce projet d’empoisonnement dans son livre La guerre secrète paru en 2005, la CIA, en déclassifiant des dossiers, a cherché à se “purifier”, mais, dit-il, elle continue aujourd’hui encore ses combines douteuses et ses mauvaises actions.

Sauf à être convaincu, dans la croyance haïtienne, du mythique effet protecteur de la “coiffe”, à la naissance, il faut croire plutôt, comme l’a dit Fidel, au « hasard, dont il ne faut pas sous-sous-estimer l’importance», tout en applaudissant la superbe performance des services de sécurité cubains. Finalement, Fidel Castro a défié onze présidents américains et a échappé aux sinistres et monstrueuses tentatives d’assassinat de leurs exécuteurs de basses œuvres. Il est parti rejoindre les mânes des Pères de la patrie cubaine: José Martí, Antonio Maceo, Manuel de Céspedes, Máximo Gómez, ainsi que tous les guérilleros de la Sierra Maestra morts au combat ou après la victoire de la Révolution.

Le peuple cubain et les peuples frères du monde entier n’oublieront jamais l’œuvre libératrice et internationaliste, gigantesque, de Fidel Castro. L’empire aura échoué dans ses criminelles tentatives d’assassinat. La mémoire de Fidel est et restera vivante dans les cœurs des progressistes et des  révolutionnaires à travers le monde.

 

Sources d’information:

Ignacio Ramonet, Fidel Castro: Biographie à deux voix. Fayard/Galilée, 2007

Le Point, La CIA a failli réussir à empoisonner Castro en 1963, 6 juillet 2007

Fabian Escalante, 638 façons de tuer Castro (cité dans Le Point)

Les Échos, 634 façons (loupées) de tuer Fidel Castro, 28 novembre 2016

Church Commission. Alleged Assassination Plots Involving Foreign Leaders, 1975              Le Figaro. Fidel Castro, un miraculé, 15 août 2007

 

 

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