Quoi après l’accord de Marriott ?

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Dans nos colonnes, nous n’avions pas manqué de questionner cette structure dénommée «  Passerelle » ? Est-ce un instrument créé à dessein par les tenants du statu quo et les laquais du Core Group?

A dire vrai, le jeu de la Passerelle en vaut la chandelle. Cette entité qui avait organisé la conférence de Marriott et donné naissance à une dénommée « Entente Politique Nationale » a, par-dessus le marché, pris complètement le contrôle du processus de transition truffé de perfidies et de sous-entendus pour le remplacement du président Jovenel Moise.

Sur cette base-là, cette structure de l’oligarchie pro-impérialiste a roulé tout le beau monde de l’opposition opportuniste dans la farine « made in USA ».  Elle a dévié jusqu’à la récupération des  projets de ses pairs, ces réformistes de l’Alternative visant à remplacer Jovenel Moise par un juge de la Cour de Cassation pour la sauvegarde et la défense des intérêts capitalistes.

Dans ces manœuvres, les Etats-Unis semblent préférer le leadership de la Passerelle à celui de l’Alternative pour mieux brouiller les  cartes. Ainsi, les tenants du nouvel ordre mondial anachronique vont prochainement passer leurs instructions de solution à la crise et sans aucun doute les dirigeants et politiciens haïtiens vont scrupuleusement appliquer à la lettre les diktats des puissances tutrices.

Il ne serait point étonnant,  dans ces conditions, que la chorégraphie en passe d’être imposée soit bien fixée par les stratèges au Département d’état américain et c’est le moins que l’on puisse dire l’opposition traditionnelle entrera résolument par la voie capitaliste optée, à savoir la négociation.

Comme nous l’avions toujours indiqué, l’opposition et le pouvoir en place sont deux protégés de l’aigle étoilé. Ils s’allaitent à la mamelle du statu quo capitaliste et sont tous deux des complices conscients contre les aspirations des masses populaires. En fait, ils travaillent tous deux pour le même patron et s’engagent à saboter systématiquement le bouleversement populaire qui s’en est ensuivi. Voilà pourquoi la mobilisation pour la commémoration de Vertières n’a pas fait les recettes escomptés.

Pour se prémunir contre la révolte populaire en cours, les frères siamois de l’Opposition et du Pouvoir ont vite fait de se mettre sous la protection des puissances impérialistes dont leur  politique dans le pays ne vise qu’à enrichir les nantis, et consolider le groupe des privilégiés.

Cet exercice nous permettrait de comprendre les raisons pour lesquelles Jovenel Moise a vilipendé un pays frère comme le Venezuela pour plaire à l’administration Trump. L’opposition, pour sa part,  n’a jamais elle-même pris une position de principe en solidarité avec le gouvernement légitime du Venezuela.

Même constatation au sujet du coup d’Etat contre le président Evo Morales, l’opposition haïtienne reste muette, sans piper le moindre mot de soutien au président bolivien voire condamner l’agression impérialiste américaine contre les masses paysannes boliviennes à dessein cynique de laisser ce pays sombrer dans le chaos.

Voilà, en fait, la contradiction principale des luttes de classe et qui se précise convenablement dans la conjoncture actuelle, entre d’une part l’impérialisme et ses laquais de l’opposition et du pouvoir capitaliste ; et  d’autre part les masses opprimées du pays (ouvriers, chômeurs, paysans, étudiants) et les organisations pour le socialisme.

Qu’on le veuille on non, les solutions que les puissances impérialistes tendent à imposer ne seront qu’un autre moyen de légaliser et légitimer l’exploitation et la répression de façon à réprimer davantage  les travailleurs, les paysans, les étudiants. Bref, à priver les masses de toute possibilité d’accéder à une vie meilleure et faire obstacle à toute perspective d’avenir.

Dans ce climat de répression, les militants populaires sont la cible principale des menées du régime et c’est sur cette contradiction de classe que les masses défavorisées soutenues par des forces progressistes doivent conjuguer leurs efforts d’organisation pour la construction d’un avenir meilleur et d’un pays nouveau.

A ce propos, quel pourrait être et quel devrait être l’objectif immédiat des forces populaires ?

L’avenir est dans la résistance et le combat actif contre les acteurs de la bourgeoisie pro-impérialiste, metteurs en scène de l’accord-complot de Marriott, car le changement n’y sera  ni avec ni sans Jovenel Moise.

Le moins que l’on puisse dire, n’importe où les peuples opprimés luttent pour la libération nationale, réelle contre les impérialistes et leurs valets sur place,  les masses exploitées n’ont qu’un choix : lutter sans désemparer pour un véritable et fondamental chamboulement national.

Quoi après l’accord de Marriott ? Ce doit être une détermination des forces progressistes conduites par une avant-garde résolue, nationaliste, aux visées socialistes,  de travailler à l’organisation des masses populaires en un puissant levier de renversement du rapport des forces en présence, « pacifiquement si c’est possible, par la violence si nécessaire », pour paraphraser le regretté Paul Laraque.

 

 

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