Qui peut comprendre Haïti !

0
452
Le Premier ministre Dr Ariel Henry dont le nom est officiellement associé à un présumé assassin recherché par la justice

Haïti est sans doute le seul pays au monde où un Premier ministre en fonction dont le nom est officiellement associé à un présumé assassin recherché par la justice pour le meurtre d’un Président de la République continue de conduire les affaires de l’Etat comme si de rien n’était. Pas de démission pour laver son honneur, se défendre ou se mettre à la disposition de la justice. Ni même se mettre en congé le temps que l’instruction conclut à un non-lieu ou une mise en examen (inculpé). Mieux, c’est le moment choisi par certains chefs politiques de l’opposition pour se précipiter à sa résidence officielle pour signer un « Accord » politique et de partage de responsabilité gouvernementale. Le pire, cela ne semble choquer personne. En tout cas, ni le concerné ni les élites politiques et intellectuelles. Et pour cause. La société haïtienne, particulièrement ses élites, contribue à cet état de fait. Sans gêne. Sans principe. Sans éthique. Sans vergogne. Et l’on parle de changement de société, de nouvelle donne politique et de nouveau paradigme !

En vérité, comprendre Haïti sur le plan politique relève de la mission impossible. Les sociologues d’hier ont beau mené des études récurrentes, des recherches et autres écrits avec l’espoir de comprendre le fonctionnement et l’évolution de ce pays, le résultat s’est révélé vain malgré les conclusions plus ou moins approximatives. Leurs collègues d’aujourd’hui, en dépit de nouvelles connaissances, de thèses et d’énormes études en matière de sociologie et des données nouvelles cumulées depuis de nombreuses années dans le domaine politique, ne sont pas moins à la traîne en ce qui concerne une approche réaliste et convaincante sur ce pays impossible à comprendre. Rien, absolument rien ne se fait comme ailleurs. La complexité de la société haïtienne et surtout l’illisibilité de la classe politique y compris de la Société civile de ce pays rendent quasi nulle toute analyse qu’on pourrait qualifier de sérieuse voire scientifique dans la mesure où les élites haïtiennes n’ont aucune vision de ce qu’elles veulent pour leur pays.

De fait, toute tentative pour trouver une explication rationnelle à leur comportement et leur raisonnement bute sur une montagne infranchissable. D’où les difficultés qui s’imposent à toute personne, groupe ou Communauté scientifique cherchant à comprendre les causes de l’échec d’Haïti depuis sa création en tant qu’Etat souverain. Tout ce qui paraît simple, ouvert, abordable, réaliste, bref, compréhensible pour n’importe quel pays du monde, en Haïti cela se traduit par une cascade de difficultés rendant tout insurmontable, irréalisable, irréaliste, en un mot impossible. En Haïti, le mot paradoxe prend tout son sens, puisque les élites s’accordent sur un point : faire échec à toute avancée politique et socioéconomique du pays et ce, par tous les moyens. Depuis le 19e siècle, cette politique du pire s’était déjà manifestée lorsque la classe politique et économique avait mis en place une sorte de politique d’apartheid global excluant la quasi-totalité de la population des richesses du nouvel Etat ou de la Nation en gestation.

Le Secteur Démocratique Populaire

Prenant le pas et influençant dès le départ la politique à conduire, la société haïtienne évolue malgré elle sous l’emprise de cette politique exclusiviste dont aujourd’hui encore toute la République en paie le prix. L’influence de cette classe de nantis minoritaires sur l’ensemble des élites politiques et sociales fait que le pays se résoud à vivre dans un système qui l’empêche de sortir du sous-développement endémique dans lequel il a pris naissance quoique riche du temps de la colonisation française. Tout est anormal en Haïti par le fait que le système mis en place au lendemain de l’indépendance, plus exactement après 1806 suite à l’assassinat du Père Fondateur  par cette minorité, demeure la pierre angulaire, la clé de voute du fonctionnement de la classe politique. Jamais les politiques n’ont pu se défaire de l’emprise des oligarques économiques qui, finalement, même en faisant semblant de s’écarter de la gestion effective du pouvoir, demeurent les vrais décideurs de la politique du pays.

Le vrai paradoxe est que malgré que le secteur économique ou des affaires- en Haïti ils se confondent- ait l’ascendance sur les politiques, ce secteur refuse ou est incapable de définir une vraie politique économique capable de faire décoller l’économie haïtienne à l’instar de ses voisins de l’Amérique latine et des Caraïbes où ce sont les capitaux privés ou mixtes menés par des oligarques locaux qui enrichissent ou développent ces pays. Le pire en Haïti, non seulement cette minorité garde jalousement le monopole des richesses du pays entre leurs mains, mais elle n’entend point laisser la classe politique, en particulier, les acteurs politiques avoir les mains libres ou s’émanciper quitte à rester dans leur domaine qu’est l’action politique ou la gestion des affaires publiques. Le comportement de cette caste sociale minoritaire tout au cours du 20e siècle et au début du 21e siècle haïtien est la preuve d’un sentiment antinational dont le seul but semble de réduire le peuple haïtien en une sorte d’esclavage moderne où seuls les coups de fouets ont disparu et encore.

En finançant de manière délibérée et à dessein deux catégories distinctes : les gangs armés et les politiciens incompétents et véreux afin de rendre le pays d’une part invivable et d’autre part ingouvernable, le secteur économique et des affaires ne fait que poursuivre sa politique destructrice vis-à-vis du pays. Il n’est un secret pour personne qu’une grande partie des chefs de gangs et de bandes armées en Haïti sont financés ou rémunérés par certains grands groupes d’affaires pour deux raisons principales. D’abord, pour protéger leurs affaires (entreprises) et ceci dans le but d’être toujours les seuls maitres de ces secteurs ou à occuper la place en retirant tout espoir à autrui de venir tenter sa chance dans le domaine économique.  Demeurant leur chasse-gardée, le commerce, la banque, les petites et moyennes industries leur permettent de tenir le système dans l’état juste pour pouvoir rester au sommet de la hiérarchie sociale en Haïti. Ensuite, ce sont ces mêmes oligarques antinationaux, antipatriotes, à travers leurs propres banques ou leurs propres sociétés économiques, qui financent la campagne électorale des politiciens en Haïti.

Au moment des élections, ils ne font aucune distinction entre majorité et minorité. Grands et petits candidats. Bons et mauvais candidats. L’essentiel, il faut qu’ils aient le contrôle de ces futurs élus. De tous les temps et à chaque période, c’est le secteur économique et des affaires qui parraine économiquement parlant les candidats. Ils vont tout faire pour les avoir aux commandes de l’Etat et à tous les échelons des institutions publiques. Même l’élection du Dr François Duvalier eut à bénéficier du financement de la bourgeoisie économique haïtienne en 1957. Bien qu’après, Papa Doc a dû se débarrasser de quelques-uns, les plus gourmands afin d’asseoir son pouvoir autocratique et dictatorial tout en tolérant tout de même ceux qui étaient les plus généreux lors de ces joutes électorales. Avant et après Duvalier, les choses n’ont guère évolué. Et l’on dirait même que cette dépendance du monde politique au secteur économique et des affaires en Haïti le devient davantage au tournant des années 90.

Craignant l’arrivée massive des riches de la diaspora qui auraient bien pu se passer de leur argent (Shango) comme le millionnaire Dumarsais Siméus, ces oligarques ont vite fait de verrouiller le terrain en semant des obstacles insurmontables et des pièges insoupçonnés pour les gens de la diaspora ne connaissant avec qui ils ont affaire. Dumarsais Siméus qui a fait fortune au Texas, aux USA en est le parfait exemple. Le conglomérat d’affaires et économique de Port-au-Prince a vite fait de le dégoûter et le décourager. Cet enfant du pays, millionnaire originaire de l’Artibonite, aurait pu laisser sa vie s’il voulait persister à vouloir devenir Président d’Haïti avec la conviction de changer les choses. En finançant la campagne de tous les Présidents d’Haïti, des élus au Parlement, et même en favorisant l’arrivée de leurs partisans à la tête des institutions clés de la République, la justice par exemple, les oligarques savent comment verrouiller le système qu’ils ont mis des décennies, voire plus de deux siècles, à façonner afin d’assouvir leur domination. Malheur à ceux : sénateurs, députés, chef d’Etat, grands avocats ou grands magistrats qui pensent s’en échapper. Cinq chefs de l’Etat l’ont payé de leur vie. Le dernier en date, Jovenel Moïse.

Celui-ci pensait qu’il était plus malin que ses prédécesseurs. Il voulait même s’identifier à un modèle : François Duvalier. Avec son discours de Port-de-Paix quelques semaines avant son assassinat en disant qu’il devient une épine dans la gorge des oligarques. En effet, bénéficiant comme tous les autres prétendants à la magistrature suprême du pays du financement de ce secteur, le Président imaginait qu’avec seulement le soutien d’une partie de la population il pourrait au moins terminer son quinquennat à défaut de se proclamer Président à vie de la République et instaurer une vraie dictature à l’image de ses prédécesseurs qui ont su déjouer les visées subversives de ses créanciers. Il s’est lourdement trompé. Et ce meurtre politique a mis à jour ce paradoxe haïtien dont nous parlons souvent. Fomentateurs de crises politiques et institutionnelles dans le pays, ils savent aussi, avec leur  argent, les résoudre au moment opportun.

Durant toute la présidence de Jovenel Moïse, l’on se souvient, certaines formations politiques, pour la plupart financées par ces oligarques, ne souhaitaient pour rien au monde s’asseoir ni avec le chef de l’Etat ni même avec ses représentants. Si certains modérés, quelques indépendants, voulaient sauver les meubles en manifestant leur désir de trouver un accord avec le pouvoir, ils étaient vite traités de collabos à la solde de la Communauté internationale. Aucun compromis n’était possible avec le régime PHTK voire même accepter d’être le Premier ministre de Jovenel Moïse encore moins devenir ministre du régime. A part de  rares, très rares leaders des oppositions comme Simon Dieuseul Desras ou encore Evalière Beauplan, personne ne reconnaissait être en pourparlers avec le Président de la République. Aucun des chefs de gouvernement nommé par le chef de l’Etat n’avait légitimité constitutionnelle ou de qualité pour être accepté ou reconnu par les radicaux. La consigne c’était : le pouvoir, tout le pouvoir dans la mesure où Jovenel Moïse n’était plus, selon eux, qu’un Président de facto. Puisque, disaient-ils, son mandat avait pris fin depuis le 7 février 2021.

Un « Président » de Transition avait même été désigné de manière rocambolesque en février 2021 par le SDP (Secteur Démocratique et Populaire) de Me. André Michel, Nènèl Cassy et Marjorie Michel, l’organisation politique, fer de lance de l’opposition plurielle. Dans l’ambiance politique tendue entre le pouvoir et les oppositions dans la soi-disant recherche de solution à la crise, chacun annonçait « avoir trouvé un accord » et apportait sa solution. Dans la foulée et dans un ultime sursaut politique, le Président Jovenel Moïse nomme une semaine avant son assassinat, Dr Ariel Henry, Premier ministre dans le cadre, disait-il, d’un accord qu’il aurait trouvé avec une frange de l’opposition en vue de la formation d’un gouvernement d’ouverture et inclusif. Sitôt la nouvelle connue, presque tous les partis politiques, le SDP en tête, montaient au créneau pour dénoncer cette énième tentative du Président de facto de créer la diversion selon certains. Personne n’entendait collaborer ou travailler avec Ariel Henry qui serait un Premier ministre de facto nommé par un ancien Président de la République, disait surtout Me André Michel, aujourd’hui quasiment le porte-parole d’Ariel Henry.

Le Secteur Démocratique et Populaire et quelques autres considéraient Ariel Henry comme un Premier ministre PHTK et membre du parti politique INITE proche, selon eux, du régime en place. Bref, Ariel Henry n’était pas le bienvenu pour une grande partie de l’opposition plurielle. Sauf que, trois jours avant l’installation officielle du Premier ministre de facto, Jovenel Moïse a été criblé de balles sur son lit dans sa résidence à Pèlerin 5 dans la nuit du 6 juillet 2021. Cet assassinat va apporter un éclairage nouveau sur le comportement, la conviction et l’éthique politique de ces politiciens manipulés jusqu’à l’os par l’oligarchie socioéconomique quand certains d’entre eux ne sont pas des acteurs politiques à part entière. Comme on l’a vu avec l’activisme de Réginald Boulos avec son parti MTVAYITI auprès du Premier ministre Ariel Henry. Dr Emile Herald Charles qui représente cet homme d’affaires et chef du parti dans les différentes rencontres avec Ariel Henry confirme le soutien de Réginald Boulos aux démarches du Premier ministre nommé par Jovenel Moïse dont le nom est lié à l’un des présumés assassins recherché par la justice.

« Après plus de deux ans d’efforts à la recherche de cette solution pacifique à cette crise qui a déjà trop duré, à ce carrefour important de notre histoire, il est indispensable d’éviter les erreurs du passé, notamment celles des trois dernières années. Fort de ces expériences, le MTVAyiti croit fermement que la démarche unitaire est celle qui se révèle le plus pragmatique et qui soit capable de nous conduire à la conclusion d’un véritable accord historique. Il est nécessaire de trouver aujourd’hui entre les propositions soumises par les uns et les autres un consensus large et inclusif qui jouit du soutien de la population à l’échelle nationale » avance Emile Herald Charles parlant au nom de MTVAyiti. Dans la guerre des chefs et des égos pour assurer la succession du Président de la République, l’opposition a tout le mal du monde à trouver un consensus afin de s’entendre sur un Accord politique en vue de remplacer Jovenel Moïse.

Quant à Ariel Henry qui a écarté Claude Joseph de la tête du gouvernement a.i, il ouvre un cycle de négociation (hôtel Kinam) avec une autre frange des oppositions et certains partis du Protocole d’Entente Nationale afin, dit-il, de trouver un Accord politique dans le but de former un nouveau cabinet ministériel pour conduire la Transition jusqu’aux prochaines élections. En somme, rien de nouveau dans le vocabulaire du pouvoir. Sauf que le Premier ministre parle lui aussi d’assurer la transition post-Jovenel. Mais, il existe une différence de taille entre les deux, trois, voire les quatre entités dans ce marché des dupes dans la mesure où il y a la Société civile dénommée Nap mache pou lavi « Accord de Montana » qui travaille elle aussi de son côté sur un autre projet d’Accord politique concurrent dénommé : Conseil National de Transition (CNT) qu’elle veut soumettre aux deux autres : Ariel Henry et les partisans de Joseph Lambert avec ce qu’ils appellent : Protocole d’Entente Nationale (PEN).  La différence en question est que Ariel Henry tient comme la prunelle de ses yeux à garder la main sur l’ensemble de l’appareil d’Etat, c’est-à-dire, qu’il veut rester le seul chef du pouvoir exécutif.

Or, tous les autres projets optent et s’accrochent à un pouvoir exécutif bicéphale. C’est de bonne guerre. Mais, là où l’affaire devient bizarre, curieuse et même soupçonnée c’est quand on voit les dirigeants dudit Secteur Démocratique et Populaire (SDP) de Me. André Michel se faire l’avocat du Premier ministre Ariel Henry sur cette position d’exécutif monocéphale en disant que la conjoncture n’est pas propice à la désignation ou à la nomination d’un Président provisoire de la République. « Nous sommes en pourparlers avec le Dr Ariel Henry. Il a proposé un accord. Nous avons remarqué que l’ensemble des revendications de la population est inscrit dans ce document. Le Dr Ariel Henry était toujours en pourparlers avec nous. Il nous avait déjà invités à participer à son gouvernement avant l’assassinat de Jovenel Moïse. Nous lui avions dit non parce que Jovenel Moïse avait franchi la ligne rouge. Aujourd’hui, il n’y a aucune provision constitutionnelle permettant de sortir de la crise. Seul un accord politique peut le faire » a déclaré l’ancien sénateur Nènèl Cassy au nom du SDP.

Le Paradoxe c’est que non seulement le SDP disposait déjà d’un soi-disant « Président » de la Transition en la personne du Me. Joseph Mécène Jean-Louis, mais ce groupe qualifié par plus d’un de radical était, en tout cas en public, l’un des plus farouches opposants à la nomination du Dr Ariel Henry comme Premier ministre par Jovenel Moïse. En plus, Me André Michel et ses compagnons étaient les plus grands défenseurs d’un exécutif bicéphale. Le vent tourne, certains leaders politiques haïtiens aussi, suite à la disparition de Jovenel Moïse. Les mêmes qui soutenaient corps et âme au sein du PEN le Président du Sénat, Joseph Lambert, pour être le successeur provisoire du Président défunt sont les premiers aujourd’hui à apporter leur soutien au plan de Ariel Henry. A la Résidence du Premier ministre, le samedi 11 septembre 2011, le pays tout entier a constaté que c’est Me. André Michel, omniprésent, qui coordonnait presque la séance de signature dudit Accord avec les autres partis et le chef de la Primature.

Sauf que personne ne saurait dire si oui ou non Ariel Henry qui fait office de dauphin provisoire mais contesté par certains de ses ministres, entre autres, Rockfeller Vincent de la justice ; Rénald Lubérice Secrétaire général du Conseil des ministres ; le Commissaire du gouvernement Me. Bed-Ford Claude, sans oublier des institutions comme OPC (Office de Protection des Citoyens) pourra continuer jusqu’au bout. Tout dépendra surtout de ce qui sortira de l’enquête du juge d’instruction, Garry Orélien, sur l’assassinat du Président de la République compte tenu des relations du Premier ministre avec son ami Joseph Félix Badio, l’un des auteurs intellectuels présumés de ce meurtre politique. En tout cas, à en croire les informations fournies par le Parquet de Port-au-Prince, les coïncidences sont étranges et troublantes. « Le Parquet de Port-au-Prince a reçu de la Digicel les relevés d’appels entre le Dr Ariel Henry et Joseph Félix Badio.

Le Parquet a constaté que le Premier ministre avait eu une conversation pendant trois minutes avec Joseph Félix Badio à 4h03 du matin le 7 juillet. À ce moment-là, le PM était à l’hôtel Montana et Badio se trouvait à Pèlerin 5 pendant l’assassinat du Président. A 4h20 du matin, toujours le 7 juillet, le Parquet a constaté que le Dr Ariel Henry et Joseph Félix Badio ont eu une autre conversation qui a duré 4 minutes » rapporte le quotidien Le Nouvelliste dans son édition datée du 10 septembre 2021. Des informations qui suscitent légitimement dans tout le pays et dans la diaspora beaucoup d’interrogations et de commentaires sur la fidélité politique du neurologue et Premier ministre a.i Ariel Henry envers le chef de l’Etat assassiné. Mais qui peut comprendre ce pays ?

 

C.C

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here