Pour honorer la mémoire de : Alexandre « Sansann » Étienne

Ayibobo pou yon mapou ki tonbe! (P-au-P, 9 Oct. 1946- NY, 20 Sept. 2020)

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1909
Alexandre Etienne « Sansann »

Par ce lundi matin qui commence inexorablement sous le tempo d’un ‘‘Monday morning blues’’, mais plutôt coiffé de vivacité et de soleil, un coup de fil inattendu de Wes Dorsainvil me sort de mes réflexions. Sa k ap fèt bro ? Edwidge, la femme de Sansann vient juste de m’appeler. Les news ne sont pas bonnes. Sansann a rendu l’âme paisiblement hier soir ; après s’être rendu au lit. Evidemment qu’on le savait fragilisé par des complications dues à une santé précaire. Mais les derniers contacts téléphoniques qu’on a eus ne présageaient pas un tournant aussi brusque. Ainsi nous a quittés Sansann. Celui dont le parcours est lié à toute l’histoire d’une diaspora en gestation et dont il s’est constitué la cheville ouvrière ; l’un de ses piliers incontournables. Spécialement celui d’outrecuidance new-yorkaise auréolée d’ascendance ‘‘brooklynite’’.

C’est de la zone du Bas-Peu-de Chose qu’Alexandre Etienne est issu. Produit d’une classe constituée de ‘‘self-made men’’ où les valeurs sont encore cultivées et les faveurs sont peu attendues. Dans une Port-au-Prince qui garde encore son allure de village, avec Pétion-Ville et Carrefour pour de paisibles banlieues, alors que Delmas est encore une savane. Quant à Carrefour Feuilles et les hauteurs de Croix des Prés ; ce sont des oasis de paix. Nos ’’madan Sara’’ venant des mornes de Kenscoff et de Laboule constituaient les distractions des citadins :  figures paysannes pour compléter le panorama d’une ville qui respire ; suite aux retombées positives des politiques urbaines d’Estimé, puis de Magloire. Entretemps, Sansann continue d’évoluer sa vie d’adolescent. Entre ses études à Saint-Louis de Gonzague et l’environnement urbain, il est aussi très actif comme tous les jeunes de son âge. Prenant part à toutes les activités culturelles, jouant au football, pratiquant la musique avec Elvis pour idole.

Il est investi de tous les contacts nécessaires tels les radios communautaires de Medgar Evers et tant d’autres disciplines qu’il réserve aux débutants.

Puis, les années 1960 qui s’annoncent avec amertume. Avec le ‘‘papadoquisme’’ qui étend ses tentacules meurtrières. Et le pays qui attrape ‘‘un caillou de sang dans la gorge’’. Puis, les cercles d’étudiants, les foyers culturels, les familiarités et les amitiés qui sont menacés par un fascisme tropical. Ce qui va éveiller le militantisme de plus d’un. Et Sansann est l’étape de ses premières actions d’activiste de changement. Regardant sa ville en proie aux hordes des ‘’22 Mai ‘’ et ‘’22 Septembre’’ qui vont prendre d’assaut les espaces libres de Port-au-Prince. En plus des enlèvements des citoyens par des cagoulards au volant des DKW et des exécutions sommaires ; en plus des ‘’black- out’’ continuels associés aux couvre-feux. Pendant que le chaos s’installe, le drapeau aborde déjà son linceul noir d’amertume et sa pintade de malédiction qui endeuillent la nation. Evidemment, on est en plein cœur de l’exode des cerveaux et, Alexandre tout comme la plupart des jeunes éclairés du pays dans le collimateur du régime, est mis à couvert par les parents concernés.

Le milieu des ‘’sixties’’ le retrouve en Europe, parcourant l’Espagne, la Hollande et d’autres pays du vieux continent. Et complétant des études universitaires en Allemagne et en France. A Paris les évènements de Mai 68 le confortent dans ses convictions. Mais encore, il doit faire ses valises pour New-York juste au début des années 1970. S’attelant à des études supérieures, galvanisant la communauté tout en continuant à cultiver la guitare sous la direction de Tit Pascal qui lui ressemble un peu. Entre multiples initiatives, il réactive les ardeurs culturelles, encourage les soirées patriotiques à travers lesquelles il fait la rencontre de celle qui va devenir sa compagne de près d’un demi-siècle, l’élégante Edwige Ménard. C’est l’époque du militantisme tous azimuts où des jeunes, dont bon nombre sont des rejetons du régime, venus pour étudier et assoiffés d’activisme, se sont mis de la partie.

C’est dans cette atmosphère faite de suspicion et de paranoïa entretenue par des mouchards qu’il a rallié le mouvement ‘‘En Avant’’ d’obédience gauchiste-maoïste. Éventuellement, il prendra ses distances par rapport au groupe; retenant malgré tout cette posture de ‘‘libre penseur’’ qui a caractérisé ses démarches. Dans ce même moule, il a fait partie du groupe musical engagé « Atis Endepandan », avec sa femme Edwige Ménard comme chanteuse, Boucard, Max Antoine parmi d’autres ; formant ce duo impeccable de guitaristes entre lui et Tit Pascal dans des arpèges solennels qui ont illuminé l’œuvre sensationnelle :’’Ki sa pou n fè ?’’, dont les paroles sont toujours d’actualité. Une étape de sa longue et fructueuse trajectoire, puisque son appétence de pédagogue dans l’âme va prendre le dessus pour donner la priorité à ses élèves. Mais, toujours avec sa guitare en bandoulière, qu’il a su délivrer d’un doigté exclusif au gré d’une marque éclectique imprégnée de classicisme. Façonnée à partir d’une fusion de ses randonnées avec Tit. Et ensuite avec le légendaire Frantz Casséus dont il est devenu le confident.

J’ai retrouvé Sansann au début de l’année 1979. Pendant que mon beau-frère Alain et moi visitions la New Muse School of Music dans le but d’acquérir des compétences musicales et culturelles en général. C’est alors que surgit Alexandre Etienne un géant d’homme avec l’allure de l’aigle de la montagne et ressemblant au sosie physique de Guy Durosier ; à la différence de son teint foncé. Impeccablement vêtu de sa tenue trois pièces, gilet obligé, et de sa barbe et béret à la Che Guevarra. Aussi clairvoyant avec sa mémoire d’éléphant pour se rappeler un môme de son quartier dont j’étais, avant de laisser définitivement son pays. M’appelant encore et jusqu’à la fin « Nènè », le surnom affectueux que m’avaient donné mes parents lorsque j’étais gosse. Après d’amples introductions, il nous a fait visiter l’établissement tout en nous invitant à ses cours de ‘‘creativity’’ et d’ateliers musicaux. À cette époque, il est déjà une pièce maitresse de la communauté et couvre les multiples préoccupations de ses compatriotes immigrés ou exilés.

Pour ma part, c’est le début d’une vraie fraternité et une opportunité inouïe de côtoyer des célébrités comme : Roger Colas, Herman Nau, Louis Célestin, Jacky Lévesque, Féfé Etienne, Edwige Ménard, Elie, Yves Auguste (le hougan) et tant d’autres qui faisaient partie de ce chantier d’explorations. Et l’avantage de me familiariser avec le jazz et de ses dérivés grâce aux cliniques de divers jazz men états-uniens. C’était toujours une aubaine de bénéficier de sa grande culture d’érudit. Que ce soit en histoire, littérature, économie et finance, les arts et autres, Sansann n’était jamais à court d’information ou d’idées. De lui, j’ai hérité d’un guide précieux qui m’a évité bien des déboires : ses conseils salutaires, toujours de manière désintéressée. Ce qui m’a aidé à me débarrasser des complexes, vanités et scories de petit-bourgeois, graduellement jusqu’à ma désévangélisation. Toujours d’attaque, il est le serviteur viable des nouveaux venus, égarés dans les broussailles new-yorkaises. Spécialement les ‘‘boat people’’ auxquels il a inculqué les mœurs du pays d’accueil. Pourvoyant des classes de créole et d’anglais ; allant même jusqu’à leur apprendre à tirer la chasse d’eau du lavabo. Se constituant l’un des premiers défenseurs avec Jean Juste et Joe Etienne de la cause des réfugiés.

En partenariat avec le père Adrien et autres, il complète à droite comme à gauche les différents secteurs ; et au milieu, du bon Wilson Désir, comme dauphin discret. Il est aussi investi de tous les contacts nécessaires tels les radios communautaires de Medgar Evers et tant d’autres disciplines qu’il réserve aux débutants. Le début des années 1980 est tout aussi bouleversant. Avec l’intensification des ‘’boat people’’ et la propagande du Sida qui nous est tombée dessus comme une malédiction. En plus des nouvelles du pays où la répression bat son plein, avec la misère et la détérioration de l’environnement qui s’accélèrent. Dans la foulée du ‘‘vendredi noir’’ qui nous a donné les exilés politiques comme Richard Brisson, Jean Dominique, Michèle Montas, Clitandre Pierre, Jean R. Hérard, Grégoire Eugène, Konpè Filo, Victor et Jessie Ewald Benoit et autres ; pour lesquels, certains du moins, son appartement à Carroll Street est devenu un passage obligé. À ce carrefour et pour preuve d’indépendance, j’ai alors décidé de me joindre au ‘‘ Comité contre la répression en Haïti’’, ainsi qu’au ‘‘ KAPAIDS’’ en vue de contrecarrer les propagandes des médias périphériques. Avec Ben Dupuy, Wilson Désir, Antoine Brutus, George Honorat, Julien Jumelle, Jacques Magloire etc. Ainsi que Lyonel et Jessie Legros, Johnny et Gigi Dupuy Mc. Calla qui ont désisté très tôt. Pendant que Sansann, lui, se démenait pour organiser et trouver des demeures pour les exilés fraichement débarqués.

Prenant le large par rapport au courant de la pensée libre, pour m’incruster davantage dans la lutte pour le changement, j’ai fauché compagnie à mon guide pour rejoindre l’opposition. Bien que les rapports soient maintenus, et qu’à chacune de ses visites chez moi, c’était toujours sur fond de longs débats théoriques ; au cours desquels j’ai eu l’opportunité de l’introduire auprès de mes amis d’adolescence Jean Lucien Borges et Martial Ewald avec qui il va devenir très proche. Prenant à l’occasion du plaisir à pourfendre l’égérie suprême Karl Marx, avec pour argument les hypothèses de Rosa Luxembourg. Laissant Martial alors le radical et moi très frustrés ; pendant que Borges n’y comprenait rien, préférant se vanter de n’avoir pas de couleur idéologique comme son idole Marcus Garcia. La première moitié des années 1980 a été très mouvementé pour Sansann et la diaspora en général. Au sein d’un noyau constitué de père Antoine Adrien, Jean Dominique, Konpè Filo, Martial Ewald, Johnny Mc. Calla, parfois Manno et autres, Sansann était celui qui pondait les idées en plus d’aider à l’activation du plan, au vu de ses connaissances des mécanismes sociaux et bureaucratiques de cet environnement.

Pendant que je milite au sein de l’hebdomadaire en ce temps révolutionnaire, Haïti Progrès, les communications ont un peu ralenti avec chacun ayant sa part de choses à accomplir. Et lui, toujours au four et au moulin, à ses multiples occupations, encore pour le bien-être des autres. Et lorsqu’arriva le temps antes et post ‘’Dechoukaj’’, il est encore en première ligne pour s’occuper de l’essentiel. On n’a qu’à se référer à cette vidéo ‘’You-Tube’’ (diffusée lors des récentes funérailles de Konpè Filo), dans laquelle on entend Jean Dominique alors de retour en Haïti, lancer un appel à toute la diaspora afin de lui trouver Sansann ; pour qu’elle puisse lui faire retrouver celui-ci. Juste pour donner une idée de son ascendance lorsqu’il lui est donné l’opportunité de performer. L’insurrection du ‘’Dechoukay’’ de 1986 qui a mis fin à la dictature sanguinaire des Duvalier a été un moment pivotal pour la diaspora. Pendant que les uns se bousculaient pour aller se faire voir au pays, Alexandre, lui, restait de marbre. Pressentant l’impact de l’envolée de Master DJ :’’ Ayiti libere, men l poko delivre’’, les retrouvailles avec le terroir lui importaient peu. Seul le changement systématique comptait.

Pour lui qui n’avait pas quitté pour un rien plus de vingt années déjà, il n’était pas question de retourner pour un rien. Puisque la montagne du changement n’avait accouché que d’une camarilla d’assassins, bras armé du régime. Il continue donc de s’adonner au service de la communauté à travers le centre Charlemagne Péralte, aide à lancer le groupe « Kajou » de la nouvelle génération. Ainsi qu’à la réalisation des levées de fonds pour la réouverture de Radio Haïti Inter et la reconstruction des écoles ; parmi bien d’autres résolutions. Subséquemment, c’est l’épopée du mouvement Lavalas qui a permis un consensus de diverses tendances. Juste le temps d’un cillement, car l’on sait ce qu’il en est advenu. La lutte continue…et qui le retrouve encore dans les couloirs de Washington, dans l’entourage de Titid pour le retour à la démocratie.

… Et éventuellement à cet objectif qui l’a reconduit dans ses multiples préoccupations pour les petites gens à l’écoute desquelles il a toujours été. En plus d’être le conseiller attentif des ambitieux et opportunistes qui font de sa maison un carrefour incontournable pour ses suggestions salutaires. Ce qui en fait est resté son talon d’Achilles, de vouloir être à la rescousse de tout le monde, pour avoir eu l’amitié en boulimie. Et qui l’a d’ailleurs mis dans des positions équivoques comme lors du mouvement ‘’Grenn Nan Bouda’’ où certains proches de droite et de gauche l’avaient introduit dans des eaux troubles. Cependant, cet homme libre et fier qui ne devait rien à personne savait toujours se ressaisir. En fait, c’était au milieu d’une décade où l’on a peu communiqué. Mais, dès la première décennie du nouveau millénaire, notre relation était encore fructueuse, et, nos conversations téléphoniques plus fréquentes.

Et lorsque je le recevais chez moi avec son alter ego, Edwige Ménard, pour des BBQ d’été dans mon arrière- cour, il était toujours d’humeur humble et, satisfait de mes ouvrages. Le fait que je ne l’ai jamais sollicité pour leurs rédactions ne lui faisait ni chaud, ni froid. Je l’ai bien compris, d’autant que si je devais atteindre son haut degré de perfectionnisme, il m’aurait pris une décennie plutôt qu’un lustre pour la sortie de mes livres. Je me souviens encore que lors de nos premières rencontres, je lui demandais assidument, pourquoi n’écrivait-il pas, ne laissait-il pas quelque œuvre à la postérité, compte tenu de ses vastes connaissances ? Il me répondait simplement : Mes œuvres sont mes élèves ! Touché M. Sensei. Car, les instructions et formations reçues de ton expertise ont joué un rôle important dans mon cheminement. Encore qu’il était mon lecteur le plus attentif dans les colonnes d’Haïti Liberté. M’appelant après chaque édition soit pour me complimenter, me conseiller ou pour rectifier une erreur visible.

Pourtant, ces trois et quatre dernières années n’ont pas été tendres avec Sansann, qui recevait le contre coup de ces jours trop actifs, à arpenter monts et vallées pour le bonheur commun. Lorsque nos corps trop fragiles deviennent la cible des maladies qui ne pardonnent pas. Juste moins de deux années déjà, il m’avait appelé pour m’informer qu’il allait subir une chirurgie oculaire et s’inquiétait que ça pourrait être la dernière fois qu’il lise un journal. Pour le rassurer, je lui ai fait comprendre que je connais de vieilles gens plus vulnérables que lui et qui s’en sont bien sortis de ces opérations devenues moins compliquées grâce aux techniques par laser. Tout récemment, on avait pris le temps de répertorier les figures des multiples luttes nationales. Mais, ce pourfendeur de Louverture, dessalinien de souche et adulateur de Charlemagne Péralte n’avait pas trouvé trop de héros locaux.

Il éprouvait de l’affection pour Anténor Firmin et du respect à l’endroit de Jean Price Mars. Par ailleurs, et de façon bizarre, il avait d’étranges points de vue pour certaines de nos plus belles figures intellectuelles, politique et militantes. Ainsi, il manifestait peu d’amour pour Jacques Roumain, et encore beaucoup plus étrangement rien du tout pour Jacques Alexis. Quant aux contemporains, pas de pitié pour… les frères Laraque, de rares exemples de probité intellectuelle et politique. Jean Dominique lui répugnait. Étonnamment, Benjamin Dupuy a mérité son adhésion. Celui qu’il a appelé le seul homme intègre de sa génération. Lutteur conséquent et auréolé d’assez de principes pour refuser un juteux salaire de diplomate.

Pourtant, on peut paraphraser Michel Sardou pour dire à son sujet qu’il …’’a aimé tous les Haïtiens, et même ceux qui ne méritaient pas d’être aimés…’’. Il n’avait point de complexe d’infériorité. Et sa simplicité s’est reflétée à travers son mode vie. Pour avoir passé près d’un demi-siècle dans le même appartement avec l’amour de sa vie, Edwige, sur Carroll Street à Crown Heights Brooklyn, l’a amplement prouvé. Aussi, ce petit-fils du tristement célèbre général Charles Oscar Etienne avec lequel il n’a aucun nœud, n’en a jamais fait mention par pudeur ou simplement par égard pour la mémoire collective. Et tout ce qui le motivait, c’était de voir la fin du cauchemar néo duvaliériste qui entrave encore le pays et de pouvoir contribuer à la renaissance de la nation. Bien que pendant plus de cinquante années d’exil, il n’y a jamais mis les pieds ; préférant retenir au cœur les images d’innocence de son enfance. Et son impuissance à aider à quoi que ce soit. Avec son existentialisme à la Camus.

Devenu citoyen du monde dont il se réclamait à la fin de sa vie, il savait, comme disent les états-uniens, que : ’’ you can never go back home !’’(Vous ne pouvez jamais retourner chez vous). Au cours des temps récents, on était constamment en contact via WhatsApp et il était mon premier pourvoyeur de clips des nouvelles importantes en cours. Je l’avais finalement convaincu de pouvoir faire un tour d’horizon sur sa formidable trajectoire de militant. Pourtant dans la soirée du 20 Septembre, il est allé se coucher un peu tôt ; ce devrait être son dernier sommeil. Prenant le premier raccourci, avec la certitude que ses proches et amis le tiendraient au chaud jusqu’à la réunion finale. Ayant toujours eu horreur de l’esbrouffe, et du m’as-tu vu, il avait fait le vœu d’être incinéré. Telle est la volonté des hommes braves. En fait, ce prince de Brooklyn –  puisque Wilson en était le roi –  aurait causé l’émeute en plein milieu de cette pandémie.

Au cours d’un de nos échanges à bâtons rompus, je lui ai demandé un jour comment se faisait-il qu’il ne se soit jamais comporté en riche ; du fait qu’il était celui qui était la courroie de tant de connections bénéfiques pour la communauté. Il me répondit : ‘‘ être riche c’est d’abord pratiquer les valeurs qui nous ont été léguées et nous ont permis d’être ce que nous sommes. De n’avoir jamais à se courber pour des faveurs. Mais si tu parles en termes d’accumulation primitive, là encore, notre but c’était de n’avoir jamais à nous comporter en arriviste. Mais de contribuer à rendre l’environnement dans lequel nous vivons meilleur par notre expertise. C’est ça l’humanisme. Mais jamais avec l’idée de me faire beaucoup d’argent comme vivent les avares’’.

En fin de compte, pour nous tes amis qui t’ont toujours accordé l’estime que tu méritais, que ce soit Martial Ewald, Wes Dorsainvil, Max-Henry Achilles, Erick Gratia, Tony Leroy et d’innombrables adeptes, pour nous tu resteras plus qu’un souvenir. Tu resteras une constante référence propulsée à chaque rencontre ou débat qui feront appel à ta considérable prépondérance, comme pour perpétuer ton indéfectible attachement à l’être humain, à tes compatriotes. Et à toi Edwige nous souhaitons beaucoup de courage, car le vide sera immense. Personne ne pourra le combler. Un destin implacable aura voulu que toi qui fus son partenaire idéal et complémentaire, toi qui remplis sa vie durant un demi-siècle, sois la personne par excellence qui nous aidera le mieux à garder sa mémoire vivante et aimée.

Bon passage, Sensei, et merci. Ça a été un honneur d’avoir croisé tes pas.

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