Pour Yves Valbrun devenu Steeve Khé à travers les aléas de la vie et du show-biz. Tout en se souvenant d’une enfance dans la normalité ; sous la bienveillante autorité de parents et voisins attentifs. Ayant eu à faire preuve de ses aptitudes artistiques dès l’âge des culottes courtes. Notamment, à l’école publique de renommée Darius Denis où son univers est déjà infatué de poésie, d’écriture, de chant et de musique. Tout en étant coiffé d’un souffle pittoresque qui le campe en prodige de l’entourage. Et, incidemment dans le collimateur des adultes avides de spectacles. Qui l’obligent à s’exhiber dans des spectacles de chants et de danse improvisés. Auxquels le petit doué y prend goût ; réalisant à cette étape qu’il est l’objet de tant d’attention. Et, qui l’a incité à participer de plus en plus dans des activités culturelles à l’école et à l’église.
Ces deux parages qui ont constitué son point de départ. Où il s’est mis en évidence dans des concours de chants et de poésie. Ainsi que dans la musique conformiste au sein de la ‘’Chorale Voix Divine’’ de sa paroisse. Remportant à cette phase la deuxième place dans un concours de chant. Tout en continuant à se générer un cachet dans diverses prépondérances vocales : Johnny Halliday, Marvin Gaye, Steve Wonder, Michael Jackson, Francis Cabrel, D.T Taylor (Kool & the Gang), Bob Marley et Patrick St. Eloi composent ce bouquet de voix exceptionnelles qui l’inspire. D’où l’orientation de son timbre à la fois expressif et éclectique. Et autant sous l’emprise des sonorités environnantes de :Timanno, « Tabou », « Skah-Shah, « Magnum » « Zeklè », les groupes rasin et d’autres. En plus des paramètres exotiques constituant de : r&b, soul, pop, reggaie, gospel etc ; qui font aussi partie des vibrations quotidiennes.
Un véritable grenier de modules multiples auxquels S.K s’adonne à cœur joie. Avec autant de modèles à explorer ; cherchant son inventivité dans l’interprétation de tous les airs en vogue, dans l’imposition de son timbre imagé et sensoriel. A l’entame, il intègre un petit ensemble d’aspirants-saltimbanques qui joue en bénévolat au restaurant ‘Chez Ary’s’’ à Pétion-Ville. Où il lui est permis de performer de petits numéros au cours d’un programme dominical. Et le cas échéant, se faire remarquer et l’opportunité de monnayer son talent. Ce qui est pour lui, une autre source de motivation ; allumant sa soif de vedettariat. Mais surtout, sa détermination de faire la différence artistique. Insistant dans des approches rénovatrices et des ‘’jam’s sessions’’ qui l’autorisent à se peaufiner.
Et éventuellement, dans des errements qui le propulsent à l’avant-poste du groupe « So Cute », qui a étonnement pris la scène ambiante au cours des ‘’nineties’’, au gré d’une sonorité auréolée de fusion de rythmes urbains et traditionnels ; agrémentés de cross over. Emmené par un gosier qui commence à faire de l’impact, à dessein d’une tessiture universelle. Notamment dans deux œuvres qui leur ont permis de sortir des sentiers battus avec des tubes tels : fille de classe, lavi a rèd, tilinèt elat. Et dont la deuxième est le récipiendaire de l’album de l’année de : ‘’Thropée de la gloire ‘’. Des distinctions qui ont éventuellement catapulté Steeve et compagnie sur les routes du monde. A commencer par le ‘’Jazz Festival de Montréal’’ ; oú il s’est fait découvrir dans des performances ardues qui l’ont fait repérer par des agents de l’industrie musicale canadienne. Lesquels l’ont invité et le groupe aux ‘’Francofolies de Montréal’’ auxquelles ils se sont aussi imposés.
Subséquemment, c’est le processus de la reconnaissance qui continue pour Steeve et la bande. Lesquels sont partie prenante des festivals : Rasin en Floride, du Festival du Québec, le Tumbuku Festival, les Festivals d’été de NY entre autres qui les autorisent à exposer leur brin de musique à une large audience. Pendant que SK pour sa part s’évertue comme compositeur, parolier, arrangeur et interprète à épater le public. Tout paré d’un registre planétaire qui l’imprègne de techniques et caractéristiques propres aux bardes authentiques. Sur cette lancée, il sort son premier cd en solo :’’ Urbanistik’’ qui est une exhalaison de son orientation syncrétique, synthétique et en plus synchronique. Manquant à ce point de justesse le premier prix de :’Meilleur Talent’’, alors parrainé par le ministère de la culture et l’ambassade de France. En s’adjugeant tout de même la seconde place.
Grâce au timbre charmant du nouveau boss vocal, qui a fini par rallier celles qui ont du sentiment, mais pas pour le fric.
Entre temps, « So Cute » s’est dissous. Ce qui donne l’occasion à Steeve de se focaliser sur une carrière solitaire. C’est donc le Canada qu’il a choisi comme port de décollage. Oú il a redoublé d’effort pour s’imposer en tête d’affiche. Parvenant tout de même à s’infiltrer dans les couloirs de quelques programmes de radios et TV’s ’’mainstream’’. Mais, dans la belle province où les standards de la compétition sont élevés. Et que se faire visible relève parfois et surtout d’un ‘’trust’’ qui s’intéresse à un profil particulier. Pourtant, malgré trois opus ‘en solo’, Steeve n’est pas arrivé à se trouver les connections appropriées. L’ayant obligé à s’adonner dans des boulots inadaptés et, aussi dans des prestations de back-up vocaliste. Jusqu’aux jours des galères qui l’ont motivé à prêter attention aux sirènes des bacchanales du terroir.
Faisant ainsi dans cette optique, son retour au bercail, afin de refocaliser sa carrière. Et édifiant ses diverses capacités artistiques. Comme dans ce reggaie, avec sa posture de samba dans ‘’pou yo’’, s’incruste au traditionnel dans ‘’pitit granmèt la’’, improvise autour du rapper Lilson dans ‘’remò’’. Donnant la réplique à Fredelin dans ‘’mwen sonje’w ‘’, s’exulte dans ‘’hello’’ une ballade rythmée, qu’il a délivrée avec la justesse du tempo, une diction et authenticité linguistique qui ont évité des assauts à la langue de Shakespeare. Et prouve son ingéniosité dans ‘’i don’t know much’’, démontrant son habilité à tacler le falsetto le plus distinctif de la place. Dans sa réadaptation lumineuse du hit de Aaron Neville (ce frère de la Nouvelle Orléans du groupe « The Neville brothers », qui imbu de ses origines a dédié son morceau ‘’my blood/mon sang’’ à Haïti). Et dont S.K a su se faire l’interprète avec brio.
Nonobstant que la musique peut renfermer d’étranges combinaisons pour faire triompher des normes inusitées.
Dans un ensemble qui sombrait pourtant dans le recyclage, Khé est venu insuffler de la couleur dans l’œuvre ‘’Lòd nan dezòd’’, avec : libre d’aimer, lafwa, mwen mouri, apwouve m etc. Bien entendu, les clignoteurs ont vite resplendi pour ‘’dyaz peyi a’’ qui s’est finalement doté d’une audience féminine. Grâce au timbre charmant du nouveau boss vocal, qui a fini par rallier celles qui ont du sentiment, mais pas pour le fric. Pourtant, cette collaboration ne va pas être sans heurts. Car tout de suite la jalousie et l’envie vont se manifester à l’égard de ce nouveau qui a juste volé la vedette aux autres. Ceux qui ont constitué ce repaire de requins, habitués à tous les coups. Pas question de donner suite aux revendications de ce petit suffisant qui ne demande que le respect de son contrat. Consistant en primes et frais, une chambre et de la nourriture décentes durant les tournées. Et d’être au courant des décisions prises à son endroit.Une prestation admirable qui surprend ceux qui ne l’ont après tout découvert que dans les couloirs du konpa. Puis, entre les collaborations passagères, il essaie de travailler avec Gracia Delva qui lui a administré un coup de cochon. En faisant mise sur ses compositions dont il fut surpris d’entendre sur les ondes ; chantées par la voix de Tiblada. Laquelle avait remplacée celle de Khé, enregistrée préalablement. Et que le Delva avait lui-même effacée. Une situation qui l’a forcé à confronter ‘’Yes Aya’’ qui a montré en la circonstance plus de fierté que d’embarras. Finalement Steeve a fini par donner suite aux démarches des ‘’bad boys’’ du « Djakout #1 », qui ont longtemps cherché à s’offrir ses vocalises. En s’installant majestueusement entre la facture déferlante de Pouchon et le vitriol de Shabba. Au milieu desquels, Il vient injecter de la souplesse, de l’équilibre, de l’émotion et de la musicalité.
Et, pour un groupe qui s’est toujours vanté de pouvoir jeter et même brûler de l’argent. Comment se fait-il qu’il soit un affront pour un membre de revendiquer ? Mais pour cela, on le mit en disponibilité. Ce qui a fait rager ses fans qui ont exigé sa réintégration. Ayant connu les creux de la vague en son absence. Le groupe a essayé d’y suppléer par l’incorporation de Polo infus de la même orientation féline, sans effet. Conséquemment, on l’a rappelé le temps d’un nouvel opus :’’Mwen pap dòmi deyò’’, à travers lequel il a su à nouveau infiltrer sa brillance et son panache dans : habitude, un méga –hit, lavi sa dwòl, le gardien et, spécialement salè mizerab qui sous l’entrain simultané d’un bamboula/koupe, demeure une superbe plaidoirie en faveur de la classe ouvrière haïtienne et, de surcroit, du monde. Un texte profond et touchant qu’imbibe le soul épinglé de Steeve. Avec autant de respect pour celui qui l’a rédigé.
Malgré tout, les abus n’ont pas cessé et notre artiste avec le genre de caractère vertical qu’on lui connaît, n’a pas cédé aux supplices et s’est finalement esquivé cette fois-ci pour de bon. Ironiquement, avec cette fois-ci pour alliés Shabba et TiRégi (qui est retourné sur sa décision). Avec lequel il est allé former le groupe « Ekip Mizik ». Encore aussi ambigu qu’il soit en mesure de compter avec Shabba, qui n’est pas honorable dans ses fréquentations. Nonobstant que la musique peut renfermer d’étranges combinaisons pour faire triompher des normes inusitées. En tout cas, du moment qu’il soit en mesure de se défendre, qu’il se mette en branle pour contribuer ses propres percées épiques. Avec sa vision et son potentiel artistiques, les parois ne devraient pas être inaccessibles. Encore, qu’un aperçu du morceau bingo avec son « Ekip » prouve que la créativité peut-être au rendez-vous. Allez Khé !