Il est apparu dans la mêlée d’une pléiade de voix coutumières. Etalant de préférence un timbre décontracté et singulier ; à dessein d’une modulation cool. Tel a été l’astérisque de Jude Jean, qui a émergé dans la musique ambiante avec le groupe « K’Dans » au milieu des années quatre- vingt dix. Avec une affinité rappelant, qu’il s’est probablement cultivé dans le moule des chants de variétés ; au lieu de celui des chanteurs animateurs des groupes dansants environnants. D’où sa facture imperméable de crooner de charme ; qui fait qu’à la première audition qu’on se serait demandé : qu’est-ce qu’il était venu faire dans la galère des bacchanales ? Avec ce timbre si doux et inusité qui aurait fait le bonheur d’un auditoire intime, friand de récitals. Néanmoins, cette orientation particulière l’a quand même autorisé à sortir du lot.
Pour faire des débuts remarqués au sein de la nouvelle formation « K’Dans », dans laquelle il a fait partie d’un tandem de vocalistes débutants avec Michael Guirand. Faisant tout de même office de lead-singer de par sa prépondérance personnelle. Ce qu’il a su amplement prouvé dans les deux premiers opus introductifs du groupe : ‘’Nap Chill’’ et ‘’S.O.S’’ ; gratifiant les morceaux : samdi swa, antout franchiz, medizans, revokasyon, san pretansyon, sweet love, s.o.s, gradyasyon, touman, konpa k’dans, kwèm, Valérie, Emmanuelle, kajou, jalou et autres. S’imposant déjà en porte-voix de l’ensemble. Tout en faisant preuve à ce stade initial de sa capacité de compositeur, de lyriciste et d’arrangeur. A cette intersection, le « K’Dans » commence à faire la tour des pistes, avec la résonance de Jude Jean pour auréole.
A la sortie du laser : ‘’Nou pa nòmal’’, il est déjà le seul coq chantant à bord. Michael Guirand et Carlo Vieux (keyboard), de même que Richard Cavé, un contributeur du groupe, avaient pris le cap pour l’extérieur ; en vue de la formation du « CaRiMi ». C’est ainsi qu’il a continué d’octroyer les aubades : bouji, ipokrit, senserite, fanatik, lamitye, m’anvi krye, nous deux, regrè et ki lang ou pale, qui va être le tube fétiche du groupe. En le précipitant sous les phares de la périphérie qui a succombé pour le gosier de J.J . Tout en s’attelant à faire jaillir son souffle succulent dans la broussaille des animateurs buccaux. Conséquemment, c’est le lancement consécutif des œuvres : ‘’Big boss’’, et ‘’Bagay yo chanje’’ avec les morceaux : mwen bouke, je t’en prie, yo pran m, big boss, lanmou ou lamitye, misye Robert, a san pou san, casino, move chwa, intènet, cher papa, give it up, destiny, verite, Caroline etc. qui continuent d’établir Jude et « K’Dans » au rang des chanteurs et groupes élites avec son konpa lov.
A ce stade, il est désormais une confirmation, et fait l’objet d’autres sollicitations ; incluant une collaboration dans le projet collectif :’’ Ayiti Twoubadou’’. Pourtant, c’est en plein envol que son entourage s’est mis à atténuer son ardeur. Par l’entremise du konpa factory qui produisait alors le « Djakout Mizik » et « K’Dans ». En conflit avec le premier avec lequel il s’est séparé. En demandant alors au « K’Dans » d’adopter la facture musicale de « Djakout ». Un style qui ne correspondait nullement aux vibrations artistiques de Jude ; lui le chanteur feeling par excellence. Mais, réalisant que ses partenaires du groupe ont accepté cette imposture sans se soucier de lui, il a décidé de tout plaquer et de s’éloigner de la scène musicale. Mais, c’était sans compter avec la perspicacité de Fabrice Rouzier, qui a eu le mérite de lui donner la pêche. Tout en l’encourageant à retrouver le chemin du studio.
D’où la relance de sa carrière dans une initiative soliste à travers l’œuvre : ‘’Réveil’’, dotée de quelques titres comme : fanm ideyal, konfesyon jodi a, pa fòse, Bonita, nou pap krye, ou mechan, aprann mwen, si nago vini, qui n’ont pas pourtant renversé les données préalables. Puisque l’artiste avait cette fois l’opportunité de mettre en évidence d’autres facettes de son talent. Mais, a fait le choix de rester attaché au radeau de la méduse. C’est dans cette optique que le défunt Joubert Charles est allé le remorquer. En le patronnant à raffermir l’entrain dans la fondation du groupe « Chill », afin de se maintenir à flot dans l’arène du milieu ambiant. Bien que ce n’était pas la même ferveur comme au temps du « K’Dans ». Lequel entre temps languissait péniblement, à part un cd:‘’Easy fit’’ avec Mackendy Talon (futur Harmonik) comme lead-chanteur, autre voix exquise ; qui n’a pas pu quand même leur éviter la décadence.
C’est fort de cette contestation que deux ténors du groupe le guitariste Dickenson ‘’Santana’’ Fontaine et le claviériste Alfred Lataillade ont demandé une audience à Jude Jean pour une possible retrouvaille avec le « K’Dans ». Subséquemment un terrain d’entente fut trouvé. Et après des tentatives d’aménagement au niveau de l’appellation du groupe qui passa de « K’Dans Chill » à « Still K’Dans ». Finalement c’est sous le nom de « K’Dans » qu’apparut l’opus :’’Nou fè sa a déjà’’ cultivant les mêmes données, suivi de ‘’Lanmou mare’m’’ qui se voulait plus innovant ; afin d’être en synchronisation avec l’auditoire courant. Mais, toujours imprégnés du timbre singulier de Jude Jean. Cependant, il semblerait que les temps récents ne l’ont pas trouvé très entreprenant. Attendant sans doute l’ère post-covid pour nous renouer avec cette tessiture entrainante et désinvolte.