Pleins Feux Sur : Joseph «Tijoe» Zenny Jr.

« Une âme de saltimbanque »|(Jacmel – 1977)

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« Tijoe » Zenny de Kreyòl la

Une silhouette de dandy et une exubérance bon enfant font partie des traits dominants de cet artiste dans l’âme qui a tout essayé avant de se trouver un souffle de trouvère. Et comme ceux de sa lignée, ‘’Tijoe’’ s’est manifesté dans l’arène musicale à une époque charnière de la musique urbaine du terroir. Entre les modules natifs ; s’entrecroisant aux sonorités world beat. Il se trouve d’intérêt pour les claviers dont il explore les dessous. Parcourant les ‘’jam-sessions’’ improvisés en accompagnateur ‘’bouche trou’’ dans l’espoir de se caser dans un ensemble quelconque. L’opportunité s’est offerte, lorsqu’il a pris part au ralliement de quelques aspirants musiciens tels : le guitariste Lhoman Jean, le bassiste Stanley Hérissé et le précoce claviériste maestro David Dupoux en compagnie desquels Joseph Jr a décidé de jeter les bases du nouveau-né « Konpa kreyòl ». 

Un nom accaparé d’un obscur groupe de troubadours qui affichaient leur talent sur les plages du Nord et du Sud dans la deuxième demie des 1990. Et qui a dû se renommer « Kod », après la main mise. Cependant au sein de la récente version se posait le dilemme d’un lead-vocal. Et providentiellement ‘’Tijoe’’ qui ne tenait aucune chance de jouer au keyboard avec la présence de Dupoux fut alors proposé à l’avant-poste par intérim. Étant celui qui parmi les quatre à avoir plus de présence scénique et de flair vocal pour le faire. De plus, le mec sait se servir des mots et d’autres traits qui l’habilitent à devenir chanteur en titre malgré, lui-même. Pour le reste, il leur faillait un parrain pour arrondir les angles. D’où l’inévitable ‘’diasporyen’’, notre défunt Joubert Charles pour l’essentiel. Et subséquemment, c’est la sortie à la porte de ce millénaire de leur album préliminaire : ‘’Si w vle m’’.

Lequel comporte les titres : ki mele m, malere k ap trip, sad story, viens chez moi, kite m jwe konpa, titanik, ou poko pare, tèt anplas ; propulsant un équilibriste au phrasé délicat comme la tige d’une plante émergeante. Mais l’audace cache son immaturité et le courant est passé entre le public. Pendant que le groupe continue son parcours de reconnaissance pour sortir de la pénombre. Jusqu‘à l’œuvre suivantee : ‘’Sak te gen tan gen la a ?’’, comprenant : kout ba, rêve érotique, m ap blayi, manmi papi, an silans, blokis, tou piti, et li pa vini qui a constitué leur premier hit ; donnant à T.J le momentum de se mouvoir. D’ailleurs, il a le profil et le teint du milieu qui lui donnent le privilège d’être visible et considéré. En plus de son allure d’esthète, lui accordant aussi les facilités pour s’infiltrer simultanément dans l’arène musicale. Ainsi que dans les circuits cinématographiques locaux qui ont explosé au début de ce millénaire. 

C’est ainsi qu’il a fait ses débuts d’acteur dans le film acclamé : ‘’I love you Anne’’, jouant la crapule, à l’opposé de Don Kato qui en est le protagoniste principal. Alors que Tonton Bicha représente le papa bouffon. Et ‘’Tijoe’’ s’est bien débrouillé dans ce rôle qui a la mesure de sa visibilité. En quête de reconnaissance, cela lui a valu de glaner deux publics distincts. Malgré tout, ses pairs au bercail ont tardé à l’admettre et ne l’ont même pas invité au projet collectif ’’Ayiti Twoubadou’’. Mais, Joubert s’est montré avec sa propre version Twoubakonpa’ qui a accordé à J.Z la possibilité de s’extérioriser dans ‘’Lèlène chérie’’ en tandem avec Mamina Jacquet. A l’entame, c’est l’intégration du bassiste de NY, Théo Jadotte ; correspondant avec la parution du cd :’’Gen gen geng…’’, avec : dèyè lakay, desten, telegram, tounouvo toubon, out, pou kisa ?pa e ma, sansasyon lanmou, sesame, sove mwen elat ; qui marque une nouvelle étape dans laquelle Joe et compagnie semblent atteindre leur vitesse de croisière, butinant un groove kreyòl au gré d’un synthé orchestral et d’une guitare rustique.

Donnant donc l’occasion au félon’’ Sonson Lafamilia’’ d’agresser la sœur du maestro David Dupoux durant une tournée en Floride.

Pendant que le timbre jovial de Zenny commence à coller dans la peau. Faisant preuve d’insolence et de showmanship qui pallient sa vulnérabilité vocale. Entre temps, c’est la montée du mouvement ‘’grenn nan bouda’’, et dans ce vacarme ‘’Tijoe’’ a fini par se faire admettre par le consortium, pour être dans le secret des dieux. En nous avertissant :’’Pwal gen yon kouri wi !!! Et le « Konpa Kreyòl » a bien divulgué cette image apocalyptique de ‘’bad boys’’ à venir, des : Rambo, commandos, mafiosi et leurs dérivées. C’est la reconnaissance pour la bande à Dupoux et de Zenny qui est désormais acceptée parmi les grosses pointures du showbiz local. Et qui est présente à tous les festivals de la diaspora et autres festivités mondaines, avec Joseph Zenny en porte-étendard diffusant son gosier drolatique à une assistance qui lui est dorénavant acquise. 

Pourtant à ce carrefour, les évènements ont pris un tournant dramatique. Car le groupe avec son acceptation dans l’arène du spectacle, a fini aussi par devenir un repaire de bandits et vauriens de tout acabit. Donnant donc l’occasion au félon’’ Sonson Lafamilia’’ d’agresser la sœur du maestro David Dupoux durant une tournée en Floride. Une situation inacceptable pour le jeune maestro qui a fit preuve d’honorabilité en abandonnant le groupe en support à sa sœur. Pendant que le reste de l’ensemble et ‘’Tijoe’’ en tête ont préféré, toute honte bue, jouer au Ponce Pilate. Tels sont les faits qui ont marqué le glas du « Konpa Kreyòl ». Le petit maestro ayant été le cerveau des élaborations a laissé J.Z et co dans un vent de panique. Lesquels, ont choisi de se regrouper sous le nom de « Kreyòl la ». En appelant en renfort Ansyto fils, père et Sainte Cécile pour sauver les meubles. 

Mais, les microsillons qui s’en suivent les ont ramenés à la case départ. La production’’ Viktwa’’ semble de cette veine avec : piyay, vagabond for life, viktwa, yo pranm, fanm kreyòl, presantiman, vas-y-joe, kore m etc. qui ne bousculent pas les invariables. Malgré l’addition du batteur Vlad Alexis et Ti Ansyto comme partenaire vocal. Comme quoi, l’effet ‘’Dupoux’’ n’était pas reproductible. Quant à Joe, sa voix s’est empêtrée dans les méandres de l’instabilité, sans repère. Et l’album : ‘’Evolution’’ doté de : m ap boure, avwe, wi ou non, cheri m geri, fwistrasyon, move flannè, up to date, yon ti dans, y ap fè foli, mennaj ou enèvem, plon gaye, Ayiti love s’engouffre dans la stagnation. Même si entre temps, Joe et sa bande font désormais partie des intouchables. Partageant l’entourage restreint des imposteurs-présidents Micky Martelly dont il est un intime puis, de Jomo dont il est très proche. Constituant avec Shabba, Mika Ben, les frères Martino, Shoubou, Kéké, Arly et d’autres les thuriféraires du régime putride phtk. 

D’un autre côté, c’est aussi l’homme image qu’on voit sans cesse dans les spots publicitaires des radios, tv’s et journaux. Profitant des creux de la vague pour poursuivre ses excursions cinématographiques dans ‘’Oasis’’ en 2008 et ‘’We love you Anne’’ en 2013. Avant que les fibres musicales commencent à revenir dans :’’Invictus’’ orné de ; men dyaz la, before and after, triye, turn on, fòk ou kwè, lanmou engra, randevou, Ayiti, cheri m ap file w, tout moun swiv mwen, peyi cho pa pou mwen. Puis ‘’Domination’’ qui a élevé le ton dans quelques hits de choix, avec : tam tam, a temps, on joue byen yon jou mal, byen pase et spécialement mwen pou kò m qui est un joyau de morceau avec ses excentricités ‘’lariviérennes’’, campant un ‘’Tijoe’’ retrouvant ses repères et son souffle dans une musique qui l’a renoué avec ses vibrations originales, sans essoufflement ; lui permettant de délivrer à bon escient.

Parlons d’écoliers fusillés parce qu’ils tenaient un livre de géographie que le macoute imaginait être du matériel communiste.

Mais, après avoir tout croqué. Faisant de « Kreyòl la » sa propriété personnelle, jusqu’à être le seul à avoir sa photo sur la couverture extérieure des trois derniers c.ds du groupe. Blanchi sous le harnais, ‘’Tijoe’’ n’en demeure pas moins un éternel jovial ; tout en étant un équilibriste. Durant un entretien concernant la situation du pays, il a préféré se réfugier dans la fuite, en faisant marche arrière. En se référant à son enfance marquée par le ‘’dechoukaj’’  de 1986 et le coup d’état de Septembre 1991, qui lui ont causé du traumatisme ; obligeant ses parents à lui octroyer des soins thérapeutiques. Touchant ! Mais, on aurait aimé que tout ça lui ait servi de leçon avant de compter avec des psychopathes comme Micky et Jovenel. Ce qui prouve que les efforts de ses parents pour lui faire un réglage mental étaient vains. Alors que de névroses aurait produit ma génération qui a vécu les satrapies de papa et de baby doc ? 

Sans mentionner ceux suspectés de n’importe quoi. Parlons d’écoliers fusillés parce qu’ils tenaient un livre de géographie que le macoute imaginait être du matériel communiste. Et d’autres étudiants obligés d’aller assister l’exécution de quelques opposants ordonnée par le président. C’est ainsi que la tête a commencé à pourrir comme le poisson, pour atteindre le corps entier. Du duvaliérisme au néo-duvaliérisme, il en a pris environ soixante années pour anéantir Haïti. Et puisque pour les avares, c’est en mangeant que vient l’appétit. Pas étonnant qu’on en trouve qui pensent qu’on a le pays qu’on mérite. Et ceux qui doivent tirer leur épingle du jeu pour survivre, en se faisant tirer par tous les pôles d’attraction, aussi fatals qu’il soit. Quant à Joe Zenny, il entend encore faire la part des choses. Ayant été l’un des rares actes du bercail à délivrer une œuvre en pleine crise du covid. Avec le lancement de :’’Emotion’’ qui projette un baladin contenu, qui a fini par imposer sa marque déposée dans le microcosme de la musique ambiante locale. 

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