Pierre Espérance: «Un massacre a été perpétré à la prison civile de la Croix-des-bouquets»

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De gauche à droite l’ambassadeur des États-Unis en Haïti, Michele J. Sison et Pierre Espérance du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH)

Le responsable du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) Pierre Espérance dénonce, lors d’une conférence de presse tenue dans les locaux du Bureau des Avocats Internationaux (BAI) à Port-au-Prince, ce qu’il appelle « un massacre » commis par les autorités à la prison civile de la Croix-des-bouquets au cours de la mutinerie du 25 février 2021. « Un massacre a été commis à la prison de la Croix-des-bouquets. Et nous savons que la peine de mort n’existe pas en Haïti. Des enquêtes sont en cours et un rapport sera publié. Ce jour-là, les détenus de la prison ont connu une situation extrêmement difficile. Il y a eu beaucoup de morts à l’intérieur et à l’extérieur de la prison », fait savoir M. Esperance.

Selon des chiffres partiels avancés par les autorités, pas moins de 25 personnes auraient été tuées lors de la mutinerie suivie d’évasion. Parmi les victimes figurent le responsable du centre carcéral, 6 prisonniers et des riverains attaqués par les fugitifs. Pas moins de 400 prisonniers se sont retrouvés dans la nature. « Les autorités le savaient, Arnel Joseph avait averti de son intention de sortir. A partir de juillet 2020, il a produit trois vidéos dans lesquelles il a déclaré [entre autres] s’être déjà évadé de prison en 2010. Il a récidivé en 2017 et annoncé son intention de faire de même [bientôt] par n’importe quel moyen », rappelle le responsable du RNDDH, une organisation de promotion et de défense des droits humains.

Le RNDHH autant que d’autres organismes de défense de droits humains avaient instruit les autorités sur la situation au niveau de la prison. Car, Arnel avait en sa possession plusieurs téléphones et produit plusieurs vidéos, informe M. Esperance. « Il faisait ce qu’il voulait. Sans compter qu’il communiquait avec l’extérieur sans aucune difficulté », dit-il, recommandant à tous et toutes d’aller lire le rapport de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) envoyé au Commissaire du Gouvernement de l’époque le 4 décembre 2019 – dans l’idée de comprendre pourquoi le pouvoir en place ne voudrait pas qu’Arnel Joseph soit gardé en prison. « C’est un rapport accablant qui cite les noms de nombreux hauts responsables au niveau du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) et leur relation avec Arnel Joseph lorsqu’il opérait dans le département de l’Artibonite et l’Ouest », avance-t-il.   

Il appelle à réfuter d’un revers de main le bilan avancé par les autorités. « C’est un mensonge. Cela n’a rien à voir avec la vérité. La vérité sera connue sous peu », annonce M. Espérance, qualifiant l’évasion spectaculaire de théâtre produit par le pouvoir PHTK, alors qu’il n’avait pas besoin de détention pour faire sortir Arnel Joseph. « Donc, ce qui s’est passé à la prison de la Croix-des-bouquets a été organisé par le pouvoir en place au plus haut niveau de l’Etat afin de pouvoir libérer Arnel Joseph », conclut-t-il.

Une mutinerie suivie d’évasion spectaculaire a eu lieu le 25 février 2021 à la prison civile de la Croix-des-bouquets en milieu de journée. Ce jour-là, une situation de panique générale a régné non seulement à l’intérieur de la prison, mais aussi dans la commune de la Croix-des-bouquets.

Selon Gary Desrosiers, porte-parole de la Police Nationale d’Haïti (PNH), le plus puissant chef de gang du pays Arnel Joseph a eu le temps de s’évader parmi plusieurs autres détenus. Le lendemain, alors qu’il essayait de rejoindre son groupe armé dans l’Artibonite, Arnel Joseph a été tué à l’Estère par une patrouille policière qu’il a préalablement attaquée.

Pour une fois, le nom de Jimmy Chérizier alias Barbecue n’a pas été cité dans ce massacre!

 

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