Une injustice hautement criminelle a eu lieu à Pèlerin 5, à proximité de la résidence du Président de la République Jovenel Moïse, lorsque dix (10) maisons, au tout début du mois de juillet, ont été arbitrairement, illégalement, brutalement démolies par les autorités, sans aucun avis judiciaire préalable. Ce viol du droit de propriété, cet acte d’une sauvagerie inouïe ne doit pas rester impuni.
En effet, les victimes de cette répression gouvernementale sont en train de s’organiser pour que justice leur soit rendue. Ainsi, le mercredi 18 juillet dernier, le Bureau des avocats internationaux (BAI) dans une conférence de presse, de concert avec le Collectif des victimes de Pèlerin 5 a annoncé qu’il a officiellement saisi le dossier des propriétaires victimes à Pèlerin 5.
Au cours de cette conférence, l’avocat Me Mario Joseph a dénoncé la « violation des droits des propriétaires de la dite zone qui ont été non seulement expulsés de force sur leur propriété, mais aussi cela s’est passé en dehors des procédures judiciaires ». Il a signalé que, outre les voies de recours internes, il compte saisir la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) dans le cadre de ce dossier.
Marie Madrenette Joseph, Responsable du Collectif des propriétaires victimes à Pèlerin 5 a pour sa part exigé justice et réparation au profit des victimes.
Par ailleurs une organisation dénommée Konbit Ayisyen pou Lojman Altènatif «KAYLA» a également pris des positions contre le violent déguerpissement, manu militari, de paisibles familles. Selon le Secrétaire exécutif de cette organisation, Reyneld Sanon : « Cet acte est arbitraire, illégal et criminel. Il viole l’article 22 de la constitution haïtienne garantissant le droit au logement décent ». Pour ajouter ensuite que le « déguerpissement n’est pas conforme à l’article 5 de la convention contre l’élimination de toute forme de discrimination, l’article 25 de la convention internationale sur les droits de l’homme et l’article 11 du pacte international des droits économiques sociaux et culturels ». Il a aussi encouragé les victimes à déposer une plainte contre l’État haïtien.
Le candidat à la présidence Jean Charles Moise a lui aussi réagi sur cet acte en faisant savoir que : « c’est le président de la République Jovenel Moise lui-même qui a ordonné le déguerpissement des pauvres gens qui ont passé des années à construire leur maison ». Aussi, il a invité les victimes à la résistance et à la mobilisation et annonce la tenue prochaine d’une manifestation devant les locaux de la résidence du Président Moise pour le contraindre à accorder réparation aux victimes. Par ailleurs, le mardi 24 juillet, des organisations populaires, lors d’un sit-in devant le Ministère de la Justice, réclamaient justice et réparation en faveur des familles dont les maisons ont été détruites à Pèlerin sur ordre du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Clamé Ocnam Daméus.
L’ignominieux de cette affaire est la position cynique prise par le directeur général de la DGI, Miradin Morlan. Ce serviteur trop zélé du pouvoir, dans une note de presse, a indiqué que «la DGI a tenu à préciser pour le public en général et les prétendus propriétaires en particulier que son intervention à Pèlerin 5 rentre dans le cadre normal de ses attributions, notamment celle d’identifier les terrains de l’Etat aux fins de les intégrer dans le patrimoine des biens du domaine privé de l’État». Cet individu vil et lâche au service de la maffia Phtkiste veut simplement nous montrer qu’il y a une classe sociale qui peut jouir des biens du pays et une autre qui en est exclue.
Même quand les résidents de cette zone seraient des propriétaires illégaux, ils sont avant tout des haïtiens, fils et filles authentiques du pays ; en aucun cas, et quelles qu’aient pu être les raisons, ils ne méritaient pas cette grave humiliation d’être jetés sur le pavé avec leurs enfants sans aucune attention, sans aucune alternative.
La façon d’agir du régime contre ces malheureux est inacceptable, tendancieuse, et laisse à comprendre qu’une certaine discrimination de classe, sinon une discrimination certaine, est à l’œuvre.
Mais pourquoi Miradin Morlan dans l’objectivité de son travail comme directeur de la Direction Générale des Impôts (DGI) ne fait-il pas de même pour différentes personnes qui se sont appropriées terres ou maisons, alors qu’elles n’en avaient pas les titres de propriété? Vous avez la parole, directeur Morlan!