Alors que le Conseil électoral Provisoire amputé de 4 membres, dont Vijonet Déméro, Représentant de la Fédération Protestante d’Haïti (FPH) et également Secrétaire général du Conseil Électoral Provisoire (CEP) ; Yolette Mingual, Ricardo Augustin et un autre en la personne de Jaccéus Joseph qui reste en poste, mais déclare son indisponibilité, pour ne pas dire son refus de participer à la mascarade du 24 janvier 2016, Martelly et ses tuteurs roulent à grande vitesse afin de mettre un nouveau président au palais le 7 février 2016 afin d’assurer la continuité du régime et sauvegarder les intérêts des grandes puissances
Dans une conférence de presse, le lundi 18 janvier, Jovenel Moïse, le candidat à la présidence du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) a renouvelé son engagement participer aux élections prévues pour le 24 janvier par le Conseil électoral provisoire (CEP). Tandis que son rival Jude Célestin a déclaré dans un communiqué que « participer au second tour de la présidentielle, le 24 janvier, avec ce Conseil électoral est une faute grave » pour ajouter ensuite « Ils seront seuls dans leur mascarade électorale. Quiconque prend part aux élections prévues par le CEP sera considéré comme un traitre à la nation »
Pour Martelly « Les élections se tiendront irrémédiablement le 24 janvier », c’est ce qu’il a déclaré à la cérémonie de lancement à Karibe Hôtel de la 21e Réunion ordinaire du Conseil des ministres de l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC).
Alors qu’est-ce qui va arriver ? Quand bien avant Célestin, le peuple à travers les rues avait dit Non aux élections-sélections en exigeant un arrêt total du processus électoral. Il continue encore à le dire travers deux manifestations massives de plusieurs milliers d’opposants les 18 et 19 janvier 2016. Les manifestants ont lancé des slogans hostiles au pouvoir particulièrement au président Martelly, Evans Paul, Opont, président du Conseil Electoral Provisoire (CEP) et aux diplomates de la communauté internationale regroupés au sein du CORE Group. Le peuple les accuse de vouloir perpétrer « un coup d’Etat électoral par la mascarade du 24 janvier 2016. »
Pour remédier à cette situation, le sénat a pris position. Ainsi, sous la direction des sénateurs Ricar Pierre (Pitit Desalin) et Francisco De Lacruz (OPL), un groupe de sénateurs a préparé une résolution pour demander au Conseil électoral provisoire (CEP) de stopper immédiatement le processus électoral qui risque de déboucher sur un bain de sang dans le pays. En une proposition de résolution de trois articles, les parlementaires enjoignent le Conseil électoral provisoire (CEP) à suspendre toute continuation du processus électoral pour cause de violation des articles 30 à 33 et 138.1 du décret électoral et à renoncer toutes affaires cessantes à la programmation des élections présidentielles et législatives prévues pour le 24 janvier 2016. Les sénateurs ont décidé également de mettre en place une commission sénatoriale d’enquête sur les différentes allégations d’irrégularités graves, de fraudes ainsi que les dénonciations de corruption au niveau des instances contentieuses du CEP.
Ce projet du sénat ne va pas t-il ouvrir un bras de fer entre les sénateurs et l’exécutif ; vu que les parlementaires demandent que leur résolution soit publiée dans le Moniteur ! Verra-t-on Martelly et l’ambassade américaine se plier à cette décision du Senat ?
Par ailleurs, une autre proposition de sortir de crise a été envoyée au Parlement et à l’Exécutif demandant également le report des élections au 6 mars et l’installation du président au 29 mars, jour anniversaire de la Constitution. Cette proposition selon des rumeurs émanerait de l’Eglise Catholique, plus particulièrement du Cardinal Langlois. Nous la publions dans son intégralité :
Proposition pour une Sortie de Crise :
Le Président de la république SEM Michel J. Martelly signe un accord avec le Sénat et la Chambre des Députés. Cet accord prévoit :
Le report du 2e tour des Présidentielles prévues pour le 24 janvier 2016
Le choix d’un Premier Ministre de consensus en accord avec le Sénat et la Chambre des Députés et la NON OBJECTION des candidats à la Présidence Jude Célestin et Jovenel Moise. Le Premier Ministre offre un profil de rassembleur et doit être une personnalité pouvant planer au dessus de la mêlée et mettre ses talents de rassembleur au service de la nation pour une période de temps limitée.
L’organisation du 2e tour des élections au dimanche 6 Mars 2016
La prestation de serment du nouveau Président élu le 29 Mars 2016
Dans le cadre de cet accord, Le Président de la République s’engage à jouer le rôle que lui attribue la Constitution en donnant les coudées franches au Premier Ministre qui bénéficiera ainsi de la latitude de gouverner en toute liberté.
Le Président de la République s’engage à ne pas participer à la campagne Présidentielle et garde une posture neutre lui permettant d’être le Président de tous les Haïtiens.
Le replâtrage du Conseil Electoral Provisoire. Les différents secteurs s’engagent à envoyer leurs représentants pour compléter le CEP dont la mission est d’implémenter les recommandations de la Commission Electorale Indépendante relative au changement de la structure de l’appareil du CEP.
Le Président du Sénat Jocelerme Privert et le Président de la Chambre des Députés Cholzer Chancy signeront pour le Sénat et la Chambre des Députés. Toutefois, afin de garantir une légitimité Parlementaire totale à l’accord, puisque l’Assemblée Nationale n’a pas encore eu lieu [1] et que les blocs Parlementaires en formation ne sont pas encore inscrits, les leaders des deux GROUPES ayant récemment participé aux élections pour la formation des bureaux au Sénat et à la Chambre basse parapheront le document soit le Sénateur Youri Latortue et le Député Jerry Tardieu. Cette formule offre l’assurance d’un accord inclusif en ce sens qu’il tient ainsi compte de la configuration générale du Parlement toutes tendances confondues.
L’accord sera également paraphé par M. Jovenel Moise et M. Jude Célestin en qualité de candidats à la présidence qualifiés pour le second tour.
NB : Le maintien des législatives le 24 Janvier 2016 doit faire l’objet d’une analyse de faisabilité politique et économique
Port-au-Prince, le 18 janvier 2016.
Note
[1] Si l’assemblée nationale a lieu, les présidents des blocs constitués au niveau des deux chambres signeront l’accord afin de lui octroyer une légitimité encore plus grande.