La déclaration officielle de la 44e réunion ordinaire de la conférence des chefs de gouvernements de la CARICOM avait bien d’un côté rejeté le projet d’intervention militaire en Haïti mais de l’autre côté elle avait reconnu l’adoption de l’accord politique du 21 décembre 2022, baptisé « : Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes ». Et pour le renforcer, pour le rendre selon eux, plus inclusif, ils avaient accepté d’envoyer une délégation en Haïti pour rencontrer les parties prenantes haïtiennes, pour aider à l’élaboration d’un plan de restauration de la sécurité et de l’État de droit.
C’est dans cette perspective de suivi de la déclaration qu’effectivement une délégation de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), dirigée par le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness et composée de représentants des Bahamas, de Trinité-et-Tobago et du secrétariat de la CARICOM est arrivée en Haïti, lundi 27 février 2023.
Cette délégation comprenait entre autres personnalités, la ministre jamaïcaine des affaires étrangères et du commerce extérieur, Kamina Johnson Smith, Le ministre de la Sécurité nationale de Wayne Munroe des Bahamas et de son collègue l’honorable ministre du Travail et de l’immigration de Keith Bell, le haut-commissaire de Trinidad et Tobago au Canada, Son Excellence Dennis Moses, le directeur exécutif des Caricom Impacs, le lieutenant-colonel Michael Jones et le chef de cabinet au bureau du secrétaire général de la CARICOM, Dr Tres-Ann Kremer et l’ambassadeur jamaïcain Rocky Meade.
Il faut souligner que bien avant la rentrée de la délégation en Haïti, le Premier Ministre canadien Justin Trudeau s’est entretenu avec son homologue jamaïcain Andrew Holness le dimanche 26 février 2023 sans doute pour lui dicter les règles du jeu.
En marge de cette rencontre le bureau de Trudeau a indiqué dans un communiqué que « les premiers ministres ont discuté de la crise qui sévit en Haïti, tout en évoquant le rôle important de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) dans la région et en soulignant la nécessité de continuer à soutenir une solution dirigée par Haïti à la crise que le pays affronte ». Pour ajouter ensuite que « Les deux dirigeants ont également discuté de l’importance de la mission de la CARICOM en Haïti, qui aura lieu aujourd’hui sous la supervision du premier ministre Holness. Ils ont discuté de l’importance de mobiliser un large éventail de parties prenantes haïtiennes afin de mieux cerner les besoins du peuple haïtien et de déterminer la meilleure façon de lui venir en aide »
Finalement le communiqué a rappelé que « le premier ministre Trudeau a salué le rôle de la CARICOM dans ses efforts pour faciliter un dialogue politique inclusif et a fait valoir l’importance de renforcer les capacités de la Police nationale d’Haïti pour apporter de la stabilité à ce pays ».
C’est dans ce contexte que, le lundi 27 février, le chef du gouvernement haïtien Ariel Henry va recevoir en sa résidence officielle à Musseau, son homologue jamaïcain Andrew Holness et le reste de la délégation de la Caricom pour débuter ses travaux de médiation.
Le premier ministre de facto haïtien Ariel Henry n’a pas fait un grand étalage de la rencontre. Dans un communiqué la Primature indique tout simplement que la discussion a été fructueuse avec le Premier Ministre Jamaïcain.
Outre les dirigeants de la police nationale d’Haïti, la délégation de la Caricom a également rencontré à l’hôtel Montana tout le gratin de la classe politique moribonde, y compris le bureau de suivi de l’accord de Montana, Fanmi Lavalas, PHTK, Secteur Démocratique Populaire, La Fusion des Socio démocrates, OPL, Inite et le Rassemblement National des Démocrates haïtiens (RNDH) et des membres de la société civile y compris des représentants du Haut Conseil de la transition, et accords politiques. L’esprit de cette rencontre était d’espérer obtenir une plus grande implication de ces acteurs dans l’accord politique du 21 décembre, la crise socio-politique et de l’insécurité.
A l’issue de cette longue journée de rencontres, le Premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness a publié dans la soirée du lundi soir un communiqué dans lequel il a fait ressortir que « La CARICOM est impatiente de jouer un rôle dans la restauration de la stabilité en Haïti ».
« Bien que les discussions soient toujours en cours, un thème commun exprimé par chaque groupe est l’urgence de la sécurité nationale et la nécessité de protéger la population haïtienne des gangs. En filigrane, il y a un appel à la démocratie organique, au renforcement des institutions, à la structure et à l’organisation ».
« Nous voulons voir Haïti concrétiser sa promesse en tant que première nation noire libre et nous nous engageons à travailler avec Haïti pour trouver un chemin vers une résolution ».
Pour ajouter enfin : « Nous exprimons notre solidarité avec nos frères et sœurs haïtiens non seulement en paroles, mais aussi en actes ».
Par ailleurs le journaliste Kevin Evans de Nassau Guardian a rapporté dans un article titré : La CARICOM ne peut pas résoudre le problème des gangs en Jamaïque, alors comment va-t-elle résoudre celui d’Haïti ?
Il ajoute ensuite : « l’annonce faite par le Premier ministre Philip ‘Brave’ Davis que la CARICOM l’a nommé avec le Premier ministre de la Barbade, Mia Mottley, et le Premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, pour s’occuper du problème des gangs en Haïti me donne l’impression que la troïka a été envoyée pour une course folle » !
[…] Mission Caricom : une course folle ! Haiti Liberte […]