L’opposition et le pouvoir : deux ailes d’un même oiseau méchant!

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L’opposition haïtienne de droite symbolisée par le « Secteur démocratique et populaire de l’opposition » semble avoir désormais renoncé au rêve fumeux de chasser Jovenel Moise du pouvoir comme l’avait annoncé l’ancien président du sénat, le caméléon Dieuseul Simon Desras, le jeudi 12 juillet 2018, avec grand fracas, lors d’une conférence de presse. Il était flanqué de Moise Jean Charles de Pitit Dessalines, et de Schiller Louidor de Fanmi Lavalas : « Nous nous donnons un maximum de 21 jours pour installer un nouveau gouvernement à la tête du pays », avait-il annoncé.

Quelques semaines plus tard, soit le 2 août, juste quelques jours avant la désignation de Jean-Henry Céant comme Premier ministre, Marjorie Michel entre autres, à l’hôtel le Plaza, avait présenté une mascarade d’alternative de la dite opposition à la crise, à savoir : « Le président de la cour de cassation, en tant que Président de la république et  la formation d’un gouvernement inclusif avec un Premier ministre issu du secteur démocratique pour une durée de 36 mois et la dissolution du Parlement ».

Michel avait également souligné « qu’un budget pouvant mettre le pays sur les rails du développement va être élaboré ainsi que l’adoption des mesures en vue de redynamiser l’économie. Ce, afin de rétablir la confiance auprès de la population ». Bluff, scénario de comédienne, vaines rodomontades, clownesque déclaration ne reflétant aucun changement réel, voire un programme visant à éradiquer les racines de notre mal.

L’opposition ne saurait avoir de solution à la crise du pays puisqu’elle se confond avec le pouvoir. Ils sont sœur et frère siamois s’allaitant à la même mamelle des puissances impérialistes.

Depuis cette fuite en avant pour tromper les masses avec des promesses farfelues jamais tenues et toujours renouvelées par ce beau monde de collabos opportunistes, il s’est fait un silence de mort, comme une manœuvre destinée à déplacer le centre de gravité de la crise. Tout l’indique : cette position de grand silence est loin d’être le fait du hasard ou d’une démarche isolée, elle fait partie intégrante d’un projet plus vaste, visant tout bonnement à ne pas barrer la route à leur collègue de classe Jean-Henry Céant nommé le 5 août par Jovenel Moise de façon à introniser un nouveau fantoche  de gouvernement. Dès lors, l’opposition pourrait reprendre du service en attendant les prochaines élections.

Vu sous cet angle, on pourrait dire,  ce qui est profondément juste, que cette opposition ne s’appuie que sur des principes réactionnaires futiles pour s’enraciner davantage dans une perspective fondamentale de continuité du statu quo, puisque dans cette société marquée du sceau de la féodalité, la frontière entre le réel et l’imaginaire politique est de plus en plus floue, pour ne pas dire  scandaleusement inexistante.

Cette opposition se démasque ; elle représente un des instruments de dissuasion les plus importants qu’utilisent les forces capitalistes pour décourager ou empêcher toute dynamique tendant vers un changement fondamental de classe.

Cette opposition fantoche et le régime en place symbolisent les deux ailes blessées d’un même oiseau méchant que les évènements populaires, percutants, insurrectionnels sinon même révolutionnaires du mois de juillet dernier, joints à la dernière poussée fulgurante en date du slogan PetroCaribe challenge, ont carrément cassées.

Ainsi, le départ de Jovenel Moïse n’est plus une solution puisque les forces politiques de l’opposition et celles des valets au pouvoir ne sont que deux ailes du système pourri et corrompu en place. Elles sont paniquées pour le moment pour avoir été spectaculairement surprises par une composante qui s’est projetée dans le jeu politique avec une force inouïe, formant une vague puissante qu’elles n’attendaient pas  et qu’elles ne peuvent pas facilement contrôler ni désorienter, parce que, à la fois élément catalyseur et reflet, semble-t-il, d’une prise de conscience des masses.

L’opposition ne saurait avoir de solution à la crise du pays puisqu’elle se confond avec le pouvoir. Ils sont sœur et frère siamois s’allaitant à la même mamelle des puissances impérialistes. C’est dans cette perspective qu’il nous faut comprendre la foule qui, vendredi dernier, a crié haro sur l’ancien député controversé Anel Bélizaire et le tout nouvel homme fort du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes, Eric Jean-Baptiste : « Nous n’avons pas besoin de leaders».

Certes, le peuple est le principal leader de son mouvement! Alors, quelles sont les perspectives de sortie de cette impasse ? Il faut d’abord que le peuple s’organise davantage suite à cette lancée des 6, 7 et 8 juillet, jusqu’à dépasser le stade de la dénonciation pour donner un contenu plus concret à ses revendications et qui soit conforme aux réalités objectives de classe répondant aux profondes aspirations nationales des masses populaires haïtiennes.

En ce sens, l’avenir du régime aussi bien que celui de l’opposition semble menacé.  Toutefois, leur seule consolation tient du fait qu’il n’existe pas encore d’importantes organisations de classe, de parti d’avant-garde de masse capable, à l’heure actuelle, de canaliser une telle percée insurrectionnelle populaire pour la conduire jusqu’à la concrétisation des revendications des masses.

Voilà en substance le visage opportuniste de l’opposition haïtienne prêtant main forte au pouvoir, les deux étant les ailes d’un même oiseau sauvage dressé et domestiqué par l’impérialisme.

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