Toute la structure du système financier mondial – où chaque jour, des billions de dollars, d’euros et de yuans passent d’une banque à l’autre, des particuliers aux entreprises, à toutes sortes d’institutions – reflète la domination du dollar américain.
Plus de 50 % des titres obligataires et prêts bancaires internationaux sont émis dans cette devise. La part des échanges en dollars est quatre fois supérieure à la part des Etats-Unis dans le commerce mondial. 60 % des pays, représentant 70 % de l’activité mondiale, fixent aujourd’hui la valeur de leur monnaie par rapport au dollar.
Autrement dit, la majeure partie du commerce mondial se fait en dollars américains, même entre des entités situées à l’extérieur des États-Unis.
En 2018, les envois de fonds vers Haïti représentaient un peu plus de 30 % du PIB.
Les 32 régimes sanctionnés activement appliqués par les États-Unis, qui comprennent non seulement les pays et les organisations sanctionnés tels que les « organisations criminelles transnationales », mais aussi les pays qui font affaire avec ces entités sanctionnées, changent fréquemment. Certains, comme les sanctions contre Cuba, restent en vigueur depuis des décennies. D’autres, telles que les sanctions contre le Mali, un pays africain pauvre et enclavé de 20 millions d’habitants, ont été imposées en 2019.
D’autres pays ayant un nombre important de néocolonies, comme la France, ont leur propre politique de sanctions.
L’Allemagne, dont l’économie est beaucoup plus productive par travailleur que l’économie américaine, a dû accepter les sanctions strictes contre l’Iran imposées par les États-Unis. Les banques, les marchés boursiers et les sociétés commerciales allemands ont besoin d’avoir accès aux capitaux qui sont bloqués derrière le dollar américain.
Ce n’était pas la première fois que l’impérialisme allemand ressentait la puissance du dollar américain et des sanctions. Après l’armistice de novembre 1918 qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale, il fallut huit mois avant que le traité de paix ne soit signé en juin 1919. Les Alliés ont maintenu leurs sanctions et leur blocus sur les ports allemands pendant ces huit mois, tandis que 100 000 Allemands sont morts de faim et de maladies évitables.
Les sanctions laissent les USA cacher leur cruauté
Les chars, les bombes, les explosifs, les balles et le napalm laissent une trace claire. Les enfants auxquels il manque des membres parce qu’ils ont joué avec les mines et les bombes que le Pentagone a larguées en grande quantité peuvent être photographiés et interrogés. Lorsque les forces armées américaines tirent sur des gens et occupent un pays, les gens ripostent souvent.
Cette résistance populaire peut susciter l’opposition aux États-Unis à l’appui de telles mesures militaires.
D’autre part, si des enfants meurent par manque de vaccins ou si leurs parents meurent par manque d’argent pour les médicaments contre l’hypertension, l’impact politique est moindre. Et les gouvernements des pays sanctionnés peuvent être blâmés, au lieu du pays qui impose les sanctions. Un exemple est la couverture médiatique du Zimbabwe où le gouvernement zimbabwéen, plutôt que les sanctions, est inculpé pour ses difficultés économiques.
Les pays utilisent des relations en réseau étroit pour faire des transactions, et de nombreuses transactions sont surveillées par des serveurs informatiques situés à New York. Il est donc difficile pour les pays faisant l’objet de sanctions de cacher leurs transactions.
Remises des fonds
Il existe en France une importante communauté malienne qui a gardé des liens avec son pays d’origine. Les sanctions imposées par les États-Unis et la France empêchent ces migrants de simplement remettre de l’argent à leur pays d’origine. Selon une étude de la Banque mondiale datant de 2015, la plupart des Maliens en France envoient de l’argent chez eux par courrier – quelqu’un met l’argent dans une ceinture et prend ensuite un avion.
Les sanctions ne sont pas la seule arme financière dont dispose Washington dans son arsenal.
Plus d’un Haïtien sur trois est dans une situation d’insécurité alimentaire et a besoin d’une aide urgente.
Pour cinq pays – le Kirghizstan et le Tadjikistan en Asie centrale, Haïti, le Libéria et le Népal – les envois de fonds de l’étranger équivalent à un quart ou plus de la production économique de chaque pays, qui est traditionnellement mesurée par le produit intérieur brut (PIB).
En 2018, les envois de fonds vers Haïti représentaient un peu plus de 30 % du PIB. En 2016 et 2017, le pourcentage des envois de fonds était également très proche de 30 %. En termes absolus, cela représente environ 60 millions de dollars par semaine, soit environ 3 milliards de dollars par an. Les envois de fonds en provenance de pays autres que les États-Unis, tels que les Bahamas, passent toujours par les banques américaines.
Au cours des trois dernières années, des centaines de milliers d’Haïtiens sont descendus dans la rue pour exiger des changements significatifs dans les politiques gouvernementales : baisse du prix du carburant, augmentation du salaire minimum, soutien aux agriculteurs.
Plus d’un Haïtien sur trois est dans une situation d’insécurité alimentaire et a besoin d’une aide urgente. Malgré son riche potentiel agricole, Haïti importe aujourd’hui plus de la moitié de sa nourriture et 83% du riz consommé dans le pays. Si le gouvernement haïtien essayait d’apporter des changements politiques ou économiques auxquels Washington s’oppose, les États-Unis pourraient ralentir le flux d’argent ou même arrêter les envois de fonds. Cette punition signifierait un dommage immédiat et substantiel à l’économie haïtienne et augmenterait la faim de son peuple.
L’administration Trump a essayé de mettre fin au Statut de Protection Temporaire (TPS) pour 50.000 Haïtiens qui vivent et travaillent actuellement aux Etats-Unis. Mettre fin au TPS serait non seulement un désastre pour les individus qu’il protège, mais aussi un coup majeur pour l’économie haïtienne.
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Les Journées internationales d’action contre les sanctions et la guerre économique se tiendront du 13 au 15 mars. Les organisateurs disent : “Les sanctions tuent ! Les sanctions sont une guerre ! Mettez fin aux sanctions maintenant !” Pour plus d’informations : sanctionskill.org.