Le 21 août 2018, Me Laurenel Louis, l’un des avocats du Bureau des organisations de défense des droits humains (Boddh) a indiqué dans une conférence de presse au local du restaurant Bar de l’air que le dossier des personnes arrêtées pour leur présumée implication dans les émeutes du vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juillet 2018 dernier a été transféré par devant un cabinet d’instruction.
Rappelons qu’ après les événements du mois de juillet plus d’une soixantaine d’arrestations avaient été effectuées dans la zone métropolitaine, sans aucun mandat et de plus sans évidence de flagrant délit, et que Me Louis avait qualifié d’illégales. Le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me Clamé Ocnam Daméus, avait fait procéder à ces arrestations sous prétexte de vandalisme, de pillage par ces personnes incarcérées. « Nous avions demandé au Commissaire de se ressaisir, de libérer immédiatement ces personnes, malheureusement et jusqu’à présent il ne l’a pas fait ; mais comme le dossier dorénavant sera devant le cabinet d’instruction, le Boddh va prendre toutes ses responsabilités pour accompagner les victimes», d’autant que ce sont des victimes de la répression du PHTK.
Par ailleurs le mardi 24 juillet 2018 dernier, devant le palais de justice, à Port-au-Prince des organisations de droits humains ont manifesté contre les arrestations illégales aux cris de « À bas Ocnam, À bas Fmi, À bas Jovenel Moïse, À bas ce parlement antipatriotique et corrompu ! Libération immédiate et sans condition des pauvres gens arrêtés ! Mille gourdes comme salaire minimum »
Une manifestante en larmes réclamait la libération de son fils, arrêté lors des émeutes, alors qu’il se rendait à une école, où il travaillait. Une autre femme criait « Au Secours ! Au Secours ! Je n’en peux plus. Mon mari a été arrêté injustement, pendant qu’il sortait de travail. C’est lui qui nourrit la famille ». Pour sa part, Me Jacceus Joseph a dénoncé l’illégalité de ces arrestations en indiquant que dans une situation d’émeute, on ne peut pas déterminer les individus qui ont commis les infractions puisque « c’est la population en général qui était en colère ». Même son de cloche de la part de Me Marc-Antoine Maisonneuve : « Nous allons intenter une action en justice pour permettre à ces personnes de retrouver leurs libertés, puisqu’elles ont été arrêtées de manière illégale »
Par ailleurs, l’avocat Mario Joseph, indique à Haïti Liberté que le commissaire du gouvernement n’a jamais rendu publique la liste des détenus victimes sans doute d’une quelconque persécution politique planifiée.