Le mercredi 23 février 2022, au cours de la manifestation des ouvriers refusant catégoriquement d’agréer aux 685 gourdes imposés par le gouvernement et réclamant de préférence non seulement un salaire journalier de 1500 gourdes mais aussi une amélioration des conditions de travail et d’autres accompagnements sociaux, des journalistes ont été la proie d’une féroce brutalité policière.
En effet, au cours de cette manifestation sur la route de l’aéroport, aux environs de midi, une patrouille de la police avec des policiers en uniforme à bord d’une voiture blanche arborant des plaques d’immatriculation de la police n’a pas trouvé autre chose à faire que de se frayer un chemin au milieu de la foule qui manifestait pacifiquement leur indignation et leur ras-le-bol de l’incurie du pouvoir.
Comme l’ont rapporté des journalistes de l’Associated Press, de cette voiture des balles ont été tirées à hauteur d’homme en direction de la foule ; au moins deux journalistes Sony Laurore et Yves Moïse ont été blessés et un troisième identifié comme Maxihen Lazzare, 22 ans, a été tué. Il travaillait comme photojournaliste pour le média en ligne « Roi des infos ». Heureusement, aucun des ouvriers n’a été atteint.
Le premier ministre de facto Ariel Henry, pour banaliser l’action comme un fait divers a dans un tweet déclaré : « Je déplore la mort du journaliste Lazzare Maxihen, survenue lors des manifestations des ouvriers, ce mercredi. Je condamne également les violences qui ont causé des blessés. Je présente mes sympathies à la famille du défunt, ainsi qu’aux autres victimes de ces actes brutaux ».
Pour enterrer cet assassinat avant même les funérailles du journaliste, le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Maitre Jacques Lafontant, demande à la direction centrale de la police Judiciaire (DCPJ) de diligenter une enquête sur les circonstances qui ont conduit à la mort du journaliste Maxihen Lazarre sans mentionner que des policiers seraient impliqués.
Ce n’est pas sans raison qu’à la vitesse de l’éclair, sans même attendre l’enquête judiciaire, le doyen du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Bernard Saint-Vil, a rapidement confié l’affaire à un juge d’instruction, le magistrat Etienne pour faire la lumière sur les circonstances entourant ce meurtre, conformément aux dispositions de l’article 97 du décret du 22 août 1995 relatif à l’Organisation judiciaire.
Pour couronner le bluff davantage, le directeur général a.i de la PNH, Frantz Elbé, accompagné de Fritz Saint-Fort, inspecteur général de la PNH, Frédéric Leconte, directeur de la DCPJ, Joanis Canéus, directeur général de la DCPA et Garry Desrosiers, porte-parole de la PNH se sont entretenus, deux jours après le vendredi 25 février 2022, avec des membres de la famille du journaliste assassiné sans doute pour leur promettre monts et merveilles d’une justice qui sera toujours renvoyée aux calendres grecques.