Le CEP est-il isolé ?

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bottom_front_pictureBien que le conseiller électoral Jaccéus Joseph, représentant du secteur des droits humains ait déclaré à la presse que « les résultats publiés par le CEP ne correspondent pas à la réalité des urnes, puisqu’il y a eu des fraudes dans le processus électoral», le Cep n’avait pas tout à fait perdu la face. En dépit de tout, on s’attendait à une certaine correction qui malheureusement n’est jamais arrivée et qui a même forcé Jaccéus à se désolidariser de ses collègues, quand il a reconnu que « le CEP fonctionne actuellement avec un déficit de crédibilité, et que la volonté des électeurs n’a pas été respectée» ; le Cep n’avait pas tout à fait le dos au mur.

Ce n’est que le 30 novembre 2015 qu’un nouveau tournant est né dans la crise électorale sinon dans la politique du pays, grâce à une pluie de réactions, de positions et de déclarations de divers secteurs qui s’est abattue sur le CEP et en a fait la une de toute l’actualité.

La réaction tant attendue était celle du groupe des 8 candidats. On voulait savoir leur position officielle sur la conjoncture. C’est ainsi, que ce lundi le groupe a formellement pris une position dans un communiqué en posant ses conditions pour le second tour de la présidentielle. (Voir article ci-dessous).

Cependant à part du G8, les Évêques Catholiques de l’Église d’Haïti de la Commission Épiscopale « Justice et Paix » ont également publié un communiqué afin disent-ils « de sauver le processus électoral pour sauvegarder le bien suprême de la Nation »

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Ainsi, la Conférence Episcopale suggère :

Que le Conseil Électoral Provisoire (CEP) fasse la vérité sur ce qui s’est réellement passé et qui a, discrédité les résultats ;

Qu’il y ait plus de transparence dans la machine électorale en général, et plus spécialement au niveau du Centre de Tabulation ;

Que le CEP applique la loi électorale de manière impartiale, afin de crédibiliser le processus ;

Que des balises sûres soient posées pour éviter que les mêmes erreurs ne se reproduisent ;

Que le Gouvernement garde la neutralité qui lui revient et dont dépendent sa responsabilité vis-à-vis de la Nation, son honneur dans le présent et l’avenir ;

Que la Police Nationale d’Haïti (PNH) s’en tienne à son caractère apolitique et agisse conformément aux principes éthiques et citoyens qui lui ont été inculqués ;

Que les Candidats en lice et les Chefs de partis politiques soient capables de dépassement, de sursaut national et de grandeur d’âme pouvant les conduire à un savoir-faire fédératif et à une vision coopérative ;

Que les élus, avant d’entrer officiellement en fonction, puissent se retrouver autour d’une même table pour établir, d’un commun accord, un pacte de gouvernabilité avec des facilitateurs hautement qualifiés.

La Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH) pour sa part dans une note indique que « L’Exécutif haïtien flanqué des membres du Conseil Electoral fait feu de tout bois pour imposer un inconnu à la tête du pays à travers d’élections taillées sur mesure, en collaboration avec la Communauté internationale réunie sous le label tristement célèbre « Core Group ». La COPAH prend acte de ce que le CEP et le pouvoir en place s’appuient sur le Core group pour précipiter le pays dans une crise électorale sans précédent et dans l’instabilité politique et sociale dont les conséquences peuvent se révéler à la fois catastrophiques et incalculables pour les différents secteurs. Ces trois entités s’associent pour entraîner le pays dans le chaos général afin que, dans la confusion totale qu’elles créeront, elles puissent mieux s’accaparer de ce qui reste des maigres ressources du pays »

Ce même lundi 30 novembre, le Conseil électoral provisoire par la voix de son président Pierre Louis Opont dans une conférence de presse avait annoncé les couleurs en faisant savoir qu’il met le cap sur le second tour de la présidentielle fixé pour le dimanche 27 décembre 2015. Cette conférence semble être en réponse aux positions du G8, vu que pour le président du CEP « la démarche du G8, qui exige le départ du Conseil Électoral Provisoire (CEP), constitue une stratégie politique. En aucune façon, le CEP ne pourra entrer dans cette logique » Il qualifie les membres du G8 de ” groupe des perdants”. Pour les conseillers électoraux les candidats à la présidence de l’Opposition ne sont que des mauvais perdants.

Opont a réitéré ensuite que la commission d’enquête indépendante sollicitée par les candidats du groupe 8 n’est pas prévue par la loi. Et que « les élections de 2015 sont un voyage dans la tempête »

A part celui du gouvernement de Martelly-Paul et du Core Group, Le Cep a reçu l’appui inconditionnel du secteur privé des affaires qui dans une note a fait savoir que « Le Forum demande au CEP, de s’assurer de concert avec les deux candidats qualifiés pour le deuxième tour des élections présidentielles, que toutes les garanties requises soient aménagées pour que le processus électoral aboutisse à un résultat crédible, ne souffrant d’aucun déficit de légitimité ».

Ces alliés du CEP ne peuvent pas empêcher son isolement politique qui pourrait le forcer à entendre raison. Les réactions n’ont pas cessé ainsi, c’est la plateforme des organisations haïtiennes des droits de l’homme qui entre dans la danse pour déclarer catégoriquement que « Ce CEP a perdu toute crédibilité puisqu’il s’est montré incapable de réaliser des élections libres et démocratiques. Persister dans cette dynamique ne pourrait contribuer qu’à conduire le pays tout droit vers un pouvoir répressif totalitaire et arbitraire qui fragilisera beaucoup plus la situation des droits humains en Haïti ».

En dernière instance, L’Observatoire Citoyen pour l’Institutionnalisation de la Démocratie (OCID) déplore cette politique de l’autruche du CEP qui aura fragilisé beaucoup plus le processus électoral en mal de crédibilité et entraîné des réactions qui laissent les observateurs et l’opinion publique fort perplexes. L’OCID tient à rappeler aux Conseillers Électoraux leur obligation constitutionnelle d’organiser des élections libres, honnêtes, inclusives, impartiales et démocratiques. Il convie tous les protagonistes de la crise électorale à mettre au centre de leurs priorités l’intérêt de la grande majorité qui vit dans des conditions socioéconomiques abjectes.

Alors là, Opont et sa clique ne sont pris qu’à leur propre piège !

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