Le retour des bâtons. Les tenants de la déstabilisation politique d’Haïti, depuis des décennies, commencent à comprendre qu’ils ne peuvent être éternellement intouchables, par conséquent continuer à détruire toute une nation. La nouvelle Administration américaine paraît, elle aussi, se faire une raison. Washington s’emploie à se débarrasser de ses amis gênants qui ne servent plus à grand-chose aux intérêts américains en Haïti. Alors, Ti pa Ti pa « petit à petit », elle commence à s’intéresser à ces puissants qui empêchent le pays de se stabiliser politiquement et économiquement. Compte tenu des informations circulant dans des officines bien informées et quelques coups de filets déjà entrepris par le Service de l’immigration des Etats-Unis ces jours-ci, on est en droit de s’interroger et de s’intéresser sur les réelles intentions et motivations de Washington vis-à-vis de ses anciens amis et employés.
Il faut l’avouer, comme tout le monde, on a été surpris et interloqué de l’arrestation de l’un des hommes les plus riches et plus puissants d’Haïti, Dr Réginald Boulos, que certains, par crainte peut-être ou pour faire diversion sans doute, continuent d’appeler Pierre Réginald Boulos comme s’il s’agissait d’un autre personnage. D’un autre citoyen haïtien que Réginald Boulos, l’homme d’affaires bien connu, PDG de la chaîne de Supermarchés Délimart et Megamart, concessionnaire de l’Auto Plaza S. A et propriétaire de NH Haïti El Rancho hôtel que tout le monde appelle en Haïti « Boulos ». Rien que cette diversité d’activités dans le domaine entrepreneurial signifie que ce citoyen pour un pays comme Haïti n’est pas un citoyen comme les autres. En Haïti, Réginald Boulos, médecin de profession, est un faiseur de « rois ». Depuis des années, lui et ses collègues de la bourgeoisie du Secteur d’affaires et de l’économie font et défont les femmes et les hommes politiques de ce pays.
Comme dans toute société, cette minorité forme ce qu’on appelle une oligarchie. Sauf qu’en Haïti, elle est surtout très corrompue et quasiment antipatriote. Elle ne s’occupe que de ses intérêts en s’employant à contrôler tous les rouages de l’administration publique à travers des hommes « nains » qu’elle réussit à mettre en place par des élections frauduleuses. La classe politique, pour cette oligarchie, n’est qu’un « machin », une association qu’elle utilise à sa guise. Du plus petit des élus au Président de la République, pour les oligarques haïtiens, ce ne sont que des pions placés au sommet de l’État pour surveiller au développement de leurs business, de leurs affaires par des pots-de-vin, le filon favori pour entretenir la corruption et la faillite de l’État. Personne en Haïti n’osera dire le contraire. Dr Réginald Boulos, est l’un de ces oligarques qui, en dépit des grands investissements opérés dans le pays, est l’un de ces fossoyeurs du système politique haïtien en contribuant et favorisant l’instabilité politique depuis ces quarante dernières années.
Naturellement, il n’est pas le seul et ils sont même nombreux dans cette situation. Mais, pour le moment, c’est lui qui fait l’actualité. C’est lui qui est, depuis le 17 juillet 2025, sous les verrous dans une prison fédérale américaine dans l’Etat de la Floride en attendant d’être extradé ou pas vers son pays, Haïti. Contrairement aux autres oligarques locaux, Boulos est un cas particulier et c’est peut-être là son erreur. Une erreur donnant aux autorités américaines qui n’ont plus besoin de ses services l’opportunité de commencer à opérer leur nouvelle politique envers Haïti. Cette erreur, c’est d’avoir pensé un temps devenir Président d’Haïti à force de manipuler les politiciens haïtiens. A force de forger des « rois », Boulos pensait qu’avec sa fortune il pourrait devenir lui aussi « roi », sans doute avec la bénédiction de ses protecteurs étrangers, notamment les américains. De fait, l’idée lui est venue de fonder un parti politique, un tremplin. Ce sera le Mouvement pour la Transformation et la Valorisation d’Haïti dit Mouvement Troisième Voie Haïti (MTV-Haïti). Cette initiative n’est pas nouvelle pour le Secteur des affaires en Haïti.
Pour bien faire comprendre qu’il n’est pas là pour faire de la figuration dans le microcosme politique haïtien, Boulos proclame haut et fort, sachant que le ridicule ne tue pas, qu’il veut être le « Fidel Castro haïtien », rien de moins. Curieusement, certains de la classe politique l’applaudissent, le rejoignent et le suivent même dans cette aventure sans lendemain jusqu’à ce que, comme c’était prévisible, l’affaire prenne l’eau. Mais, bien avant, Boulos et quelques rares militants et sympathisants du MTV-Haïti ont eu le temps de contribuer grandement, avec d’autres acolytes, eux professionnels de la déstabilisation, à mettre le pays à feu et à sang sous la présidence de Jovenel Moïse. Celui-là même dont, quelques années plus tôt, Réginald Boulos et une bonne partie de la classe économique avaient contribué à l’élection à la présidence de la République pensant qu’il allait rester, comme il en a toujours été avec tous ses prédécesseurs, leur chose. Un pantin manipulable à souhait et que leur investissement dans la campagne présidentielle de Nèg bannan nan n’aurait été qu’une bonne affaire pour leurs entreprises, bien entendu sur le plan strictement de la corruption d’État.
Sauf que, très vite, Jovenel Moïse se rebiffe. Il va se retourner contre eux. En quelques mois, il dénonce la main mise de ce Secteur sur l’appareil de l’État. Il suspend ou demande de revoir tous les contrats de l’Etat. Il revient sur les accords passés entre les différentes firmes privées et les Pouvoirs publics. Bref, il veut que les contribuables aient pour leur argent. Une attitude qui va mettre le chef de l’État à dos avec toute cette bourgeoisie financière et affairiste qui l’a hissé sur les perrons du Palais national grâce à leurs argents dont une bonne partie vient, justement, des deniers publics par le biais de contrats surfacturés et frauduleux passés avec l’État pour des services que la population et le pays n’ont jamais vus ou du moins qui n’ont jamais été honorés. Si les autres membres du Secteur d’affaires, faute d’avoir leurs propres mouvances politiques, financent les oppositions pour déstabiliser le pouvoir, Réginald Boulos, lui à travers son parti politique, va prendre part directement à la lutte contre son vieux protégé. Il va être sur tous les fronts : médiatique, social et politique.

D’une part, il finance certains médias proches de la bourgeoise pour porter des attaques contre le gouvernement si ce n’est pas lui qui intervient directement sur leurs antennes en tant que leader politique d’opposition. D’autre part, son Mouvement pour la Transformation et la Valorisation d’Haïti participe dans la campagne de mobilisation contre le pouvoir en appelant, avec toutes les autres formations politiques d’opposition, la population à se soulever, voire à paralyser le pays d’où différents épisodes : pays lock. Parfois, cela arrive que l’arroseur soit lui-même arrosé. Car, ne l’oublions pas, Réginald Boulos et beaucoup d’autres entrepreneurs qui finançaient les manifestations contre les régimes qu’ils renversent au gré des conjonctures politiques sont parfois victimes de ces manifestants en colère dont, malheureusement, bon nombre d’entre eux, payés ou pas, ne savent même pas pourquoi ils manifestent.
Très souvent, même les Supermarchés Délimart du groupe Boulos ou sa Concession d’automobiles Auto Plaza ont été la proie des flammes que les gouvernements dédommagent à chaque fois. Bref, avec MTV-Haïti, Boulos passe de statut d’homme d’affaires au statut d’homme politique suivant ses besoins et ses intérêts immédiats. Une double casquette qu’il va porter pendant longtemps, en fait, jusqu’à l’assassinat du Président Jovenel Moïse en juillet 2021. Piégé lui-même et dépassé par les événements qu’il a en grande partie occasionnés, même si son nom n’a jamais officiellement ni directement été cité comme les Samir Handal et Rodolph Jaar dans l’assassinat du Président, Boulos, flaire quand même le danger et les risques qu’il encourait s’il restait dans un pays devenu une quasi prison à ciel ouvert, surtout que des chefs de gangs ne se gênent point pour dire qu’ils ont reçu de l’argent de sa part pour protéger ses entreprises, avait préféré se mettre à couvert dans un pays qu’il connaît bien, les Etats-Unis d’Amérique. Né en 1956, en effet, à New-York USA, donc ayant la nationalité américaine depuis sa naissance, il avait gardé cette nationalité étrangère toute sa vie en cas de coup dur en Haïti, pays instable politiquement.
Mais, avec sa surprenante ambition de devenir Président d’Haïti, soudainement, il avait décidé, comme çà, il y a deux ou trois ans, de renoncer à sa nationalité américaine puisque la Constitution haïtienne de 1987 ne reconnaît pas la double nationalité. Alors en 2021, tout juste après le meurtre de Jovenel Moïse, Réginald Boulos et quelques autres oligarques en conflit avec la victime, comme Dimitri Forbe avant lui, se sont installés en Floride. L’originalité ou l’ironie de cette affaire, Boulos, devenu simple immigré haïtien installé aux USA, s’est vu obligé, comme tout étranger, de faire une demande de résidence permanente au Service de l’immigration et de naturalisation américaine comme c’est la règle. Bien sûr, il n’a eu aucune difficulté à obtenir ce précieux sésame pour vivre tranquillement au pays de l’Oncle Sam. Ne manquant de rien dans sa belle villa floridienne et ne se souciant de quoi que ce soit puisque en Haïti, malgré l’insécurité et l’instabilité politique dont il n’est pas forcément étranger ni non plus à cent pour cent responsable, ses diverses entreprises continuent à rentrer de l’argent. Moins qu’il aurait souhaité, mais compte de tenu de la conjoncture sociopolitique, aucune n’est en faillite.
Bon gré mal gré, elles continuent de lui rapporter de l’argent, beaucoup d’argents de quoi lui permettre, même en Floride, de garder son statut d’homme d’affaires privilégié et son rang dans la bourgeoisie haïtienne de part et d’autre de la mer des Caraïbes. Le seul problème, un gros problème même, il y a la nouvelle administration de Donald Trump qui a mis en place une politique répressive contre les immigrés, tous les immigrés quels qu’ils soient, même s’ils s’appellent Pierre Réginald Boulos. Ce d’autant plus que cet immigré-là est bien connu des Services spéciaux des Etats-Unis pour avoir été comme pour la plupart de ses amis longtemps un des yeux et des oreilles des autorités américaines en Haïti. Comme d’habitude, les dirigeants américains ou les Services spéciaux de ce pays, comme les autres puissances occidentales d’ailleurs, vous protègent et ont de la considération pour vous, le temps qu’ils ont besoin de vous. Le temps qu’ils ont besoin de vos services pour déstabiliser votre pays et servir leurs intérêts. Une fois la mission accomplie et que vous êtes devenu inutile, ils vous jettent comme une vieille chaussette.
C’est ce qui s’est passé et est en passe d’arriver à plusieurs de ces collabos, antinationaux qui ont contribué à ramener Haïti dans la dernière roue du carrosse. Alors, Réginald Boulos, en dépit de sa fortune et des services rendus, a perdu sa protection auprès de son Oncle américain et, comme ce pays ne fait rien comme tout le monde, c’est sous l’œil des caméras du monde entier que l’Immigration et la Sécurité intérieure des Etats-Unis l’ont tiré de son lit soi-disant pour violation de la loi sur l’immigration et la nationalité. Selon les dires des autorités, et paraît-il, c’est l’un des crimes de Boulos. L’homme d’affaires a omis de déclarer qu’il était l’un des « Fondateurs » d’un parti politique en Haïti lors de sa déclaration de demande de résidence permanente aux USA. « Le 17 juillet, les enquêteurs de la Sécurité intérieure (Homeland Security Investigations) de l’US. Immigration and Customs Enforcement (ICE) ont arrêté Pierre Réginald Boulos, résident permanent légal des États-Unis et citoyen haïtien, pour avoir violé la loi sur l’immigration et la nationalité (Immigration and Nationality Act) en contribuant à la déstabilisation d’Haïti.
Cette affaire a été menée conjointement avec le Service de sécurité diplomatique du Département d’État américain et la Direction de détection de la fraude et de sécurité nationale du Service de la citoyenneté et de l’immigration des Etats-Unis. Le Département d’État a déterminé que la présence ou les activités de M. Boulos aux États-Unis pourraient avoir de graves conséquences négatives en matière de politique étrangère pour les États-Unis, justifiant ainsi son expulsion. Les autorités ont en effet conclu qu’il avait mené une campagne de violence et de soutien aux gangs ayant contribué à la déstabilisation d’Haïti. De plus, dans sa demande de résidence permanente légale, il n’a pas révélé son implication dans la création d’un parti politique en Haïti, le Mouvement pour la Transformation et la Valorisation d’Haïti (MTV).

Ni le fait qu’il avait été renvoyé devant la justice par l’Unité de Lutte Contre la Corruption du gouvernement haïtien pour usage abusif de prêts – ce qui constitue un autre motif d’expulsion fondé sur la fraude. Il est actuellement détenu par les services de l’ICE chargés de l’application des expulsions ». Une vraie blague cette histoire de parti politique non déclaré lors de sa demande de résidence. En réalité, l’administration Trump veut envoyer un message, en tout cas, on l’espère pour Haïti, qu’il n’y aura plus de sanctuaire pour ces soi-disant leaders politiques haïtiens et oligarques qui, après avoir tout détruit dans le pays et constaté qu’ils ne peuvent plus vivre dans cet environnement malsain et dangereux, décident d’aller se prélasser où ils considèrent comme un pays normal. Ce qui vient d’arriver à Réginald Boulos qui attend son expulsion vers Haïti après un premier passage devant un juge fédéral mi-juillet n’est que le début du processus. Un premier pas en somme ! La justice américaine, en attendant le réveil d’autres instances judiciaires des pays alliés américain, finira par arriver sur les complices et les autres agents de la déstabilisation d’Haïti.
« Lè bab kanmarad ou pran dife, met pa w alatranp ». Aujourd’hui, Boulos et déjà Me André Michel, « ex-Avoka pèp la » qui ne peut plus se rendre aux Etats-Unis après la révocation de son visa américain. Depuis plusieurs semaines, ce dernier est en Europe. Après un petit tour quasi-clandestin en Italie, il est planqué quelque part en région parisienne, en France. D’ailleurs, il paraît que les Haïtiens de Paris le recherchent comme des chiens fous avec l’espoir de le trouver pour lui demander des comptes sur ces décennies passées à renverser tous les régimes en Haïti, c’est-à-dire, d’Aristide en 2004 à Jovenel Moïse en 2021. Alors que sa vie et son avenir se construisent à l’extérieur, très loin d’Haïti. Tandis que la misère et l’instabilité politique dont il a fait sa spécialité se poursuivent en Haïti.
Le jour où ces gangs en col blanc comprendront qu’il n’y aura plus de refuge pour eux à l’étranger, certainement, ils réfléchiront par deux fois avant de se lancer dans des opérations de sabotages et complots qui réduiront à néant tous les efforts entrepris par de vrais patriotes afin de sauver le pays de la destruction. Enfin, comme disait Joverlein Moïse qu’on appelle désormais « Ti pa Ti pa » sur les réseaux sociaux, on finira par neutraliser ces individus qui empêchent le pays de trouver sa voie et les Haïtiens de vivre comme tout le monde alors que, eux, ils se croient intouchables et indispensables avec toujours en arrière-plan les Etats-Unis, la France ou le Canada comme base de repli.
C.C