Le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) est en train de montrer ses griffes, en d’autres termes son vrai rôle dans le pays. Depuis l’occupation d’Haïti par la Minustah en 2004 suite au coup d’état kidnapping contre le président Jean-Bertrand Aristide jusqu’à son remplacement par la MINUJUSTH (Mission des Nations unies pour l’appui à la Justice en Haïti) déployée en octobre 2017 et à laquelle a fait suite le Binuh, l’insécurité sous le silence complice des nations unies n’a jamais cessé.
En ce temps de l’occupation de la Minustah, à chaque fois que le mois d’octobre arrivait, mois requis pour le renouvellement du mandat de la Minustah, l’insécurité s’amplifiait pour faciliter le Conseil de sécurité de L’ONU à voter pour la continuité de l’occupation. Ainsi l’insécurité est devenue coutumière tout comme la misère et la pauvreté dans les quartiers populaires.
Quelle a été la faute de Jimmy Chérizier qui a valu que toutes les antennes de l’international veulent l’éliminer?
Il arrive que le Binuh qui existe dans le pays depuis 2019, c’est pour la première fois qu’il découvre le phénomène de l’insécurité, et bizarrement juste après que des chefs de bandes de certains quartiers populaires aient décidé à eux seuls de faire la paix de façon à mettre fin aux affrontements sanglants entr’eux. Le Binuh tout comme l’ambassade américaine vient pour la première fois à la charge pour tacler ces bandits.
Depuis l’existence du Binuh, c’est présentement et miraculeusement qu’il constate le niveau d’insécurité et des violations des droits humains et ordonne à une vitesse éclair à leur régime au pouvoir de passer à l’offensive sur la question des affrontements entre gangs armés dans les quartiers populaires.
N’y a-t-il pas anguille sur roche? Pourquoi ce moment précis? Est-ce du fait que certains secteurs attribuent le G9 à une option du pouvoir pour contrôler les élections? Et comme les élections sont les affaires de prédilection de la Communauté Internationale, elle veut se faire elle-même garante de la stabilité et de la paix.
L’aspect cynique de la note du Binuh c’est qu’il marche sur les traces de certaines organisations de droits humains pro-impérialistes qui se disent contre le banditisme et dont les pratiques ne font pourtant qu’encourager.
C’est une orchestration bien montée puisqu’on a pu même voir la presse de l’oligarchie impérialiste, le Washington Post, se sentir obligé de sortir de ses redites habituelles sur Haïti pour propager à bon escient la campagne de mensonges. Alors qu’on pouvait ou devrait dire: il y a des bandits ou des présumés bandits qui n’ont pas remis leurs armes mais qui ont pris la décision d’éviter entre eux toutes confrontations; par contre, il y en a d’autres qui tiennent mordicus à continuer leurs mauvaises actions. Et pourquoi aucun soupçon, ni aucune accusation ne pèse sur ceux-là qui se désignent sous l’appellation de “G-pèp” et leur chef de file Gabriel?
L’ancien policier Jimmy Chérizier est le seul ciblé, seul son nom est cité dans tous les massacres survenus tous ces temps derniers. De façon bizarre et hautement suspecte on n’a pas indiqué d’autres complices. Il est présumé être impliqué dans les attaques de Grande Ravine, en Novembre 2017; dans les massacres de La Saline en novembre 2018, au Bel Air en novembre 2019, au Pont Rouge et Cité Soleil tout récemment. N’y-a-t-il pas une raison précise et nette à tout cela?
Bien sûr, il y en a une, et Chérizier l’a maintes fois dénoncée mais personne n’y a porté attention, puisque ce n’est pas l’essentiel, alors que les protagonistes de l’État haïtien répètent toujours qu’ils veulent construire un état de droit.
Revenons à la note du Binuh. Le premier ministre Joseph Jouthe, l’irresponsable, l’incapable, l’indigène de service, le commandeur, en réaction à cette note, n’a trouvé que cette ineptie à accoucher: «… nous avons pris note. La PNH et les autorités judiciaires du pays vont continuer à traquer Jimmy Chérizier. C’est un fugitif. Nous sommes contents que le BINUH nous accompagne dans l’établissement d’un État de droit dans le pays »
Aujourd’hui l’ennemi numéro un est Jimmy Chérizier. Quelle a été la faute de Jimmy Chérizier qui a valu que toutes les antennes de l’international veulent l’éliminer comme au temps maudit où l’on vous accusait de communiste, lorsque rien au monde ne pouvait vous sauver?
Ce temps de la justice expéditive, des deux poids et deux mesures doit être révolu. Chérizier a parlé; il faut qu’on prenne en considération ses dénonciations à savoir que son condisciple de classe à l’école primaire Smith Duplessis, Rony Timothée, était venu le voir pour lui parler d’une « mission à accomplir », commanditée par le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humain, Pierre Esperance et visant Marie-Yolaine Gilles de la Fondation Je Klere.
La justice haïtienne, si elle existe encore, doit clarifier ce point d’ombre pour l’édification de la société haïtienne de façon à éviter que des innocents soient victimes pour des raisons personnelles d’individus abusant de leur pouvoir.
Pierre Espérance n’a-t-il justement pas déclaré au Washington Post: « Le gouvernement n’a rien dit sur la montée de Chérisier et la communauté internationale a fermé les yeux. Il n’y a plus d’état de droit. Les gangs sont les nouveaux macoutes. On a l’impression qu’il existe une volonté manifeste d’installer une dictature »? Une connivence bien ficelée n’est-ce pas?
Nous ne devons jamais oublier ce qui s’était justement arrivé après le coup d’Etat de 2004, quand Pierre Espérance, directeur du Réseau national pour la défense des droits humains s’était rendu à Saint-Marc deux jours après le début de tueries; lors, il décrivait avoir vu cinq cadavres mangés par des chiens errants. Puis, il accusa les partisans Lavalas d’implication dans ce massacre dit de La Scierie, perpétré à Saint-Marc, le 11 février 2004, en déclarant «que les forces agissant sous la direction de Yvon Neptune, Jocelerme Privert et Amanus Mayette, un législateur pro-Aristide et chef de milice, ont tué au moins 25 personnes à Saint-Marc». Y en a qui ont le don de se répéter avec une rare désinvolture…
Et à Gérard Latortue le premier ministre de facto d’alors n’avait-il pas pointé du doigt l’ancien Président Aristide, qui se trouvait en Afrique du Sud. Selon lui Aristide «ne sait que détruire» a dit Latortue, soulignant que le feu est «l’arme par excellence» d’Aristide. (Alterpresse 27 juin 2004).
Il nous faut prendre toutes les précautions de façon à éviter que le mensonge prime sur la vérité à l’instar des “armes de destruction massives” de Saddam Hussein dont “l’existence” fut brandie par l’ancien général américaine Colin Powel sur les tribunes des Nations-Unies le 5 février 2003. Dans un discours tristement célèbre, le secrétaire d’Etat américain, de façon éhontée, lançait au monde ses paroles mensongères: «Il ne peut faire aucun doute que Saddam Hussein a des armes biologiques et qu’il a la capacité d’en produire rapidement d’autres en nombre suffisant pour tuer des centaines de milliers de personnes.»
Hier: Powell, Espérance, Latortue. Aujourd’hui: le BINUH. Menm kabrit du mensonge éhonté.