La mission de l’OEA : indésirable !

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Dimanche dernier 31 Janvier 2016, une Mission spéciale de l’Organisation des États Américains (OEA) pour Haïti, est arrivée à Port-au-Prince, suite à une sollicitation de Martelly afin de l’aider à faire face à la crise électorale. Cette mission est dirigée par le Président du Conseil permanent, l’Ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda, Monsieur Ronald Sanders. Les autres membres de la délégation sont le Conseiller spécial du Secrétaire général, M. Gabriel Bidegain, et l’ancienne Ambassadeur de Sainte-Lucie, Mme Sonia Johnny.

La Mission de cette délégation n’est jusqu’à présent pas claire pour le peuple haïtien. Selon Sanders, sa mission « est en Haïti pour parler au plus grand nombre possible d’acteurs afin d’évaluer la situation ».

La mission a déjà rencontré le Président de la République, Michel Martelly, et des membres du Gouvernement, le Président du Sénat, Jocelerme Privert, des Sénateurs issus de divers partis politiques, ainsi que le Président de la Chambre Basse, Cholzer Chancy de AAA. Au cours de la rencontre avec les sénateurs, certains n’ont pas vu d’un bon œil la visite de cette délégation au sénat. Ainsi le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé n’a pas caché ses frustrations en déclarant à la presse que « Le Sénat et la Chambre des députés sont de bonne foi. Nous n’avons pas besoin d’une quelconque intervention de l’OEA pour résoudre ce problème. Nous ne savons pas si cette visite rentre dans le même jeu qu’a fait l’OEA en 2010 lorsqu’elle avait nommé Michel Martelly président du pays. Peut-être, elle est venue pour favoriser la prolongation du mandat de ce dernier. Car l’OEA symbolise la magouille ».

Voyant avec quelle attitude les sénateurs les ont accueillis, ils ont été obligés de clarifier leur présence en ces termes comme le présente le sénateur Bien-Aimé du Nord est « Heureusement, ils disent qu’ils ne sont pas venus pour interférer dans la gestion du pays. Ils affirment que l’OEA est venue tout simplement pour recueillir de tous les acteurs des informations sur la crise ». Propos confirmés par l’Ambassadeur Sanders quand il s’est ainsi exprimé : « cette mission d’établissement des faits n’est pas en Haïti pour s’immiscer, se mêler ou encore faire de la médiation dans les affaires haïtiennes ».La mission de L’oea

2Par ailleurs, le G8 n’a pas apprécié l’intervention de l’OEA dans la crise haïtienne et a refusé de rencontrer les émissaires de l’OEA. Fanmi Lavalas rejette également toute possibilité de dialogue avec les membres de la mission de l’OEA. Et même Jacques Sampeur, porte parole du G 30 est monté au créneau en disant : qu’il nous faut trouver une solution haïtienne sans l’intervention des représentants de la communauté internationale.

Après l’OEA, ce fut le tour des membres de la communauté des états latino-américains et des caraïbes (CELAC) de s’entretenir avec le président du sénat le 2 février. L’ambassadeur de France en Haïti a rencontré le numéro un de la chambre basse le même jour. Drôle de coïncidence. Tous les acteurs étrangers ont fait part de leur grande préoccupation. Cependant pour l’Ambassadeur Sanders « les conversations que la Mission a eues jusqu’à ce jour ont été très constructives, particulièrement puisqu’il en ressort qu’une solution à la présente situation est en train de se dessiner entre les parties prenantes nationales ». Quel dessin ?

Or le président du sénat de la République Jocelerme Privert dément qu’une entente ait déjà été trouvée entre le Parlement et l’Exécutif en vue de trouver une issue à la crise. Selon lui, le corps législatif ne dispose d’aucune liste de noms de personnalités aptes à devenir Premier ministre.

Dans une conférence de presse donnée le mardi 2 février, le candidat à la présidence de la plateforme Pitit Dessalines, Jean-Charles Moïse a fustigé la mission de l’OEA. Il a également expliqué les raisons pour lesquelles il a décliné l’invitation de l’OEA à le rencontrer : « Ce n’est pas normal de répondre favorablement à l’invitation de l’OEA dont les différentes missions se sont soldées par des échecs. Le destin du pays doit être assuré par le peuple haïtien »
Au cours de toutes les manifestations, l’OEA a été déclarée totalement indésirable par les masses populaires. Il nous faut signaler que de nouvelles manifs sont programmées pour les 2,6 et 7 février prochains à Port-au-Prince, pour continuer d’exiger le départ du président Joseph Michel Martelly ainsi que celui des forces occupantes de la Minustah.

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