La guerre aux pauvres !

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A qui a profité, la semaine dernière, l’incendie des marchés à Port-au-Prince, se demandent plus d’un?  A la solde de qui travaillent-t-ils ces groupes de mercenaires qui continuent sans relâche à agresser les masses populaires, en mettant le feu dans les principaux marchés de la capitale? Alors que des hommes et des femmes de la classe laborieuse ne peuvent pas se payer le loisir voire le luxe de se trouver un boulot, et s’échinent à la besogne pour essayer de joindre les deux bouts, si jamais ils y arrivent.

Cette situation d’injustice économique ne cesse de se reproduire ; et régulièrement on ne voit,  à l’horizon, le moindre signe de justice ou d’éclaircissement de sorte qu’on finisse par mettre un terme à ces actes relevant de la plus odieuse criminalité. Avec raison, il faut que la lumière soit faite pleinement sur ces incendies allumés par des saboteurs professionnels, ce sur la base de preuves irréfutables. Il faut établir toutes les responsabilités dans cette dernière et ignoble agression qui vient d’endeuiller ces victimes condamnées maintenant à traîner leur vie ; d’autant que ces entrepreneurs-eures travaillaient sans aucune sorte d’assurance.

L’Etat haïtien en fermant les yeux sur ces actes d’incendie passés et récents n’assassine-t-il pas en un sens le peuple lui aussi? L’impunité qui sévit autour de ces crimes alimente et encourage non seulement la mauvaise foi, mais surtout la volonté évidente de nuire aux autres jusqu’à nouvel ordre puisque rien n’est fait et ne sera jamais fait pour faire échec à ces  délits de trop qui se répètent trop souvent. Bref,  en ce sens, on est forcé de se poser une grave question à savoir : L’état haïtien fait-il partie de cette guerre ouverte d’une classe au détriment de l’autre, c’est-à-dire réprimer les travailleurs qui revendiquent un salaire raisonnable qui n’en est pas un les mettant à la limite du seuil de pauvreté.

En vérité, le facteur décisif qui a rendu inéluctable  la cruelle réalité de ces incendies tient au fait que  le système capitaliste ne génère en tout temps que pauvreté et détresse sociale pour les classes laborieuses ; alors qu’il garantit stabilité pour le patronnât et les potentats de la bourgeoisie. Il est clair que l’impasse actuelle dans laquelle vivent les victimes d’un marché à l’autre  ne sert que leurs compétiteurs du secteur privé.  Est-ce le seul moyen de régler leurs comptes avec leurs concurrents du secteur informel que de les réduire au néant économique et de plonger le pays dans le chaos ?

Toutefois on ne saurait cacher qu’une profonde inquiétude agite aujourd’hui l’opinion haïtienne puisqu’on constate avec constance qu’une sorte d’insécurité mentale enveloppe à tous les niveaux les couches exploitées de la société, particulièrement nos jeunes cadres. Et ce n’est pas sans raison que les prisons du pays regorgent de jeunes gens non jugés, non condamnés, en majorité des chômeurs, bandes de désespérés que la faim oblige à se livrer à n’importe quelles actions répréhensibles. La surpopulation carcérale et le départ massif de nos jeunes ne font-ils pas également partie d’une certaine répression liée à la lutte de classe ?

Comment peut-on, sans procéder à une estimation rigoureuse des énormes pertes des victimes, leur tendre 20.000 gourdes à titre de faveur? Est-ce pour passer l’éponge sur le crime ? Personne n’ignore que le néolibéralisme réduit toujours les droits des citoyens pauvres à de simples faveurs de charité du pouvoir. Sur quels critères le gouvernement Moise/Lafontant a-t-il distribué les montants d’argent ? Alors que beaucoup de marchandes présentement n’ont encore rien reçu ou du moins ne recevront rien !

Jamais dans l’histoire du pays, on n’a entendu qu’une banque, sinon une entreprise privée ait été tout bonnement livrée aux flammes même par accident. Non, les accidents ne frappent pas les propriétés des riches ! Il convient de noter les déclarations insouciantes qui ont fait savoir que le feu qui a ravagé le marché Hyppolite déclaré « patrimoine historique » était dû à des immondices qu’on brûlait. Même son de cloche pour le marché du Port. Selon Berson Soljour, le directeur départemental de l’Ouest  de la Police nationale d’Haïti, on devrait se contenter de savoir que« des étincelles provenant d’un appareil de soudure seraient à l’origine de l’incendie. »  Parlant en connaissance de cause, puisque bien placé, l’ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti Mario Andresol, n’a-t-il pas affirmé que l’« incendie de tout marché public en Haïti est rarement accidentel ?».

Même quand le gouvernement aurait en sa possession les preuves et les témoignages concrets et irrécusables pouvant attester de la culpabilité des personnes et des criminels impliqués, il ferait le mort sur des données aussi claires et des preuves aussi tangibles, accusatrices de « la filière criminelle ». N’est-ce pas dans cette optique que le maire de Carrefour, Jude Édouard Pierre s’indignait en déclarant : « On compte 17 incendies de marchés et aucune enquête n’a jamais abouti pour déterminer l’origine de ces feux et pour déterminer les responsables ». Qui peut prouver qu’il ne dit pas vrai ?

Au lieu de combattre la pauvreté, on fait la guerre aux pauvres ! Tel est la vraie réalité de notre pays. Il s’agit en effet d’une partition bien écrite, mais mal orchestrée et lamentablement jouée par ceux-là qui s’enrichissent insolemment face aux aspirations profondes de l’immense majorité déshéritée !

 

 

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