En guise de conclusions — Les acteurs
Etats-Unis
1) La crise entre les Etats-Unis et la Chine est durable car stratégique, et elle ne se résoudra que quand la Chine assumera définitivement la première place. Pour calmer les marchés et surtout éviter d’en supporter le blâme, Trump a annoncé à quelques reprises, et notamment lors du sommet de l’OTAN à Londres le 3 décembre dernier, qu’on devra probablement attendre après les élections étatsuniennes de novembre 2020 avant d’arriver à un accord final. Dans le même but, on a appris le lendemain que son gendre, Jared Kushner, s’occuperait également de ces négotiations, reportant ainsi le blâme de ce chaos commercial mondial à plus tard et sur une autre personne.
Quelques jours auparavant, Henry Kissinger avait dit lors d’une session du New Economy Forum que, “Si on laisse le conflit se dérouler sans contrainte, le résultat pourrait être encore pire qu’en Europe. La Première Guerre mondiale a éclaté parce qu’une crise relativement mineure n’a pas pu être maîtrisée».
(Au vu de la pandémie du coronavirus et de l’élection présidentielle étatsunienne de novembre 2020, nous réservons une analyse de la relation Chine-Etats-Unis à l’automne.)
Europe
2) L’Europe brille par son absence, continuant à être un géant économique mais un nain politique, essentiellement dû à la médiocrité de ses dirigeants actuels. Plus spéficiquement leur manque de vision. Quelques exemples. Le 19 septembre dernier, presque tous les partis au parlement autrichien ont voté contre l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur qui comprend l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay, et qui avait déjà nécessité 20 ans (!) de négotiations. Selon les règles de l’Union Européenne, il faut l’accord de tous les pays pour signer des contrats. Le Français Emmanuel Macron avait déjà bloqué l’accord suite à sa prise de bec avec son homologue brésilien, Jair Bolsonaro, au grand dam des Allemands et des Anglais. La Chine, déjà très active économiquement en Amérique latine, prendra certainement leur place.
Sans statuer sur le mérite, cet accord aurait épargné chaque année 4 milliards d’Euros en droits de douane aux compagnies européennes. Cela s’appelle se tirer une flèche (ou une balle) dans le pied.
Ce même Macron a mis son véto en octobre dernier à l’accession de la Macédoine du nord et de l’Albanie à l’Union Européenne, tandis que la Hollande s’opposait à l’Albanie, ce qui a été critiqué par la future présidente de l’UE, Ursula von der Leyen qui a dit que si l’UE ne s’attache pas les Balkans, “d’autres le feront”.
Au même moment, la Serbie, un autre pays des Balkans maintenu depuis longtemps hors de l’UE, a signé un accord avec la Eurasian Economic Union créée en 2015 par Vladimir Putin et reprenant la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kyrgyzstan, soit un marché de 180 millions de personnes. “L’UE n’a plus de plan viable pour stabiliser les Balkans, ce qui signifie que d’autres doivent résoudre les problèmes laissés en suspens par les Européens”, a dit Timothy Less du Centre for Geopolitics and Grand Strategy de Londres
Parmi ces “autres”, outre la Russie il y a la Chine qui, dès 2012, a signé un accord de coopération avec 16 pays d’Europe centrale et orientale, y compris les pays susmentionnés des Balkans mais également 11 pays de l’UE auxquels la pauvre Grèce vient de se joindre comme 17ème membre. Critiqué par l’UE, le premier ministre hongrois Viktor Orban a répliqué que “On devrait réaliser de nombreux investissements pour lesquels il n’y a pas assez de capitaux dans l’économie hongroise ou dans l’Union Européenne”.
Si l’Europe de l’Est et la Grèce se convertissent en cheval de Troie pour la Chine, celle-ci ne se limite pas à eux. De 2008 à 2016, les investissements chinois en Europe se sont multipliés par 50 (!), passant de 840 millions à 42 milliards de dollars étatsuniens, et ce dans les “industries de pointe et des secteurs (énergie, transports, services publics, infrastructures) qui ne sont pas ouverts aux investissements étrangers en Chine”, rapporte Jean-Pierre Raffarin – notez que les chiffres concernant l’Europe ne sont pas libellés en Euros mais en dollars étatsuniens…
“La solidarité européenne n’existe pas. C’était un conte de fées sur papier”
Autre exemple de manque de vision, l’embargo contre la Russie depuis l’annexion de la Crimée, l’Europe suivant, comme toujours, les injonctions des Etats-Unis (voir ma longue série sur l’Ukraine dans Haïti-Liberté à partir du 22 août 2018, https://haitiliberte.com/ukraine-grenier-et-laboratoire-politique-du-monde-2/). Depuis 2014 les rapports sont dans une impasse qui a littéralement jeté Putin dans les bras de Xi Jinping, en une complicité dont Raffarin témoigne de près. La Russie, pourtant alliée naturelle de l’Europe a ainsi dû se tourner vers l’Est pour briser son isolement.
Sur le front méditerranéen, la politique européenne pousse pareillement les pays d’Afrique dans les bras de la Chine, notamment avec l’égoïsme et l’inaction qu’elle montre dans le cas des migrants, chaque pays concerné rejetant la responsabilité sur un autre. L’Europe n’est plus crédible.
Et incroyablement, cette attitude se répète avec le coronavirus: les Chinois viennent en aide aux pays européens que leur propre Union Européenne abandonne; même la Russie envoit du matériel et des experts en épidémiologie pour aider l’Italie.
Finie l’hypocrisie de la solidarité européenne – l’Allemagne a arrêté les envois de masques à l’Autriche et la Suisse, ses voisins ! Pareil refus à l’Italie, «Lorsqu’elle a tenté pour la première fois d’invoquer un mécanisme de l’UE pour partager les fournitures médicales, aucun État membre n’a aidé. Ironiquement, seule la Chine a envoyé du matériel». Pas étonnant alors que l’Union Européenne refuse du matériel à un pays non-UE comme la Serbie: “Ces produits médicaux [équipements de protection] ne peuvent être exportés vers des pays tiers qu’avec l’autorisation explicite des gouvernements de l’UE”, a dit Ursula von der Leyden, la présidente de la Commission Européenne, sur Twitter. “C’est la chose correcte à faire, car nous avons besoin de cet équipement pour nos systèmes de santé”.
“La solidarité européenne n’existe pas. C’était un conte de fées sur papier”, a conclu le président serbe Aleksandar Vucic qui a alors demandé l’aide de la Chine.
Xi Pining a dit que cette «Route de la soie de la santé» était une extension de sa Belt and Road trade-and-infrastructure initiative. Cet effort est évidemment critiqué par les Occidentaux. “En fournissant [de l’aide], la Chine exerce consciemment son soft power”, a dit Lucrezia Poggetti, une analyste au Mercator Institute for China Studies à Berlin qui l’a qualifiée de “coup de propagande majeur” de la part de la Chine, tandis que les journalistes de Bloomberg (New York) parlaient de “dépendance vis-à-vis de la Chine”. Si l’aide à l’Europe venait des Etats-Unis il n’y aurait pas cette méfiance, comme par exemple avec le plan Marshall au lendemain de la 2ème guerre mondiale, pour lequel les Européens sont toujours reconnaissants.
Pour Gao Zhikai, ancien diplomate chinois et traducteur de feu Deng Xiaoping, l’aide de la Chine à l’Europe est une question de coopération internationale vitale, car “dans la lutte contre Covid-19, l’humanité est dans le même bateau”. “L’Europe n’a pas besoin d’être charmée”, a-t-il déclaré lors d’un entretien. “De nombreux pays européens ont besoin d’aide et de solidarité. Pour la Chine, aider l’Italie et d’autres pays européens en ces temps difficiles est la bonne chose à faire”.
De plus, il n’y a pas que le gouvernement chinois qui aide, mais aussi des entreprises privées chinoises. Le Alibaba Group Holding Ltd et la fondation du milliardaire Jack Ma ont envoyé des avion-cargos à l’Espagne, Italie, Belgique, Ukraine.
Que l’aide chinoise soit bonne ou mauvaise, c’est un fait!
Plusieurs de ces exemples montrent ainsi également le manque d’unité des pays faisant partie de l’Union européenne. Formidablement clair dans le cas du coronavirus où chaque pays européen a fermé ses frontières sans aucune consultation avec ses voisins. On retrouvre ainsi des situations lamentables où un village autrichien – Hohenweiler – met des barrières pour fermer l’accès au village allemand voisin – Sigmarszell. Ou, sur la frontière franco-allemande de la Moselle-Sarre des Allemands griffent ou jettent des oeufs sur les voiture françaises en leur criant: “Français de merde, rentrez dans votre pays de merde plein de virus!” Et le ministre de l’intérieur de la région de Saarland Interior Minister Klaus Bouillon a dit: “La protection des frontières est une protection humaine”, et il a ajouté que chaque Français refoulé à la frontière signifiait un peu plus de sécurité pour le peuple de la région de la Sarre!
“la Chine a davantage intérêt que les Américains au développement de l’Europe”
L’Europe restera un nain. Car elle fait également preuve d’attentisme et de réaction (par opposition à action) par manque d’inventivité et par crainte. Ainsi, il lui a fallu plus de trois ans et beaucoup de pression d’Hanoï – qui veut résister à la Chine – pour signer un accord de libre-échange avec le Vietnam. De l’autre côté, quand l’Italie a été le premier pays de l’UE à signer en mars 2019 un accord dans le cadre du BRI notamment à propos du port de Trieste, comme COSCO l’avait fait dix ans auparavant avec le port grec du Pirée, il y a eu des titres tel que: “Et si la Chine envahissait l’Europe en passant par l’Italie?” Et maintenant, fin novembre, l’Allemagne a annoncé la création d’une «commission gouvernementale qui interviendra rapidement pour protéger les entreprises contre les prises de contrôle étrangères, signe de préoccupation quant à l’acquisition de sa technologie par la Chine et d’autres». Mais, dit le ministre de l’économie, Peter Altmaier, cette “stratégie” «vise également à empêcher l’érosion de la base manufacturière allemande, sur laquelle se construit une grande partie de sa richesse». On parle des fleurons de son économie: Thyssenkrupp, Siemens et même la Deutsche Bank!
Raffarin, lui, parle plus diplomatiquement de contrebalancer le ‘principe de précaution’ par ‘un principe d’initiative’ pour éviter que notre Constitution ne favorise trop l’immobilisme”, avec pour conséquence que, “selon une étude McKinsey publiée en juillet 2019, 46% des Français et 44% des Européens pensent que la situation de leur pays sera dans l’ensemble pire qu’aujourd’hui pour les prochaines générations”…
Mais la réaction européenne est surtout marquée par l’incohérence. Ainsi, d’un côté ils ont peur du BRI mais de l’autre, la plupart des pays de l’UE font partie de la Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) qui n’est rien d’autre que le bras financier de la BRI ! Pareillement, la Commission européenne a “rejeté le projet de fusion entre le français Alstom et l’allemand Siemens qui souhaitaient s’unir pour peser face à la China Railroad Rolling Stock Corporation”, alors que, comme on vient de le voir, l’Allemagne essaie de protéger ces mêmes industries contre la Chine!
Tout comme les Etats-Unis sont obnubilés par le Moyen-Orient – la crise iranienne autocréée y comprise – la dite ingérence de la Russie et le cirque de l’“impeachment”, l’Union européenne était empêtrée dans la crise de l’Euro (depuis 2009 *), l’insolvabilité de la Grèce (depuis 2009), le Brexit (depuis 2016), le populisme (notamment en Europe de l’Est). Ajoutons une bonne dose de dédain vis-à-vis d’une Chine encore sous-développée, et les Européens se réveillent aujourd’hui avec une part de 15% dans le commerce mondial (et 10% prédit-on pour 2030), de 25% qu’elle était dans les années 1990, tandis que la Chine passe de 3 à 13%, “Ce que nous avons perdu, dit Raffarin, les Chinois l’ont gagné”.
(*) Alors que Londres et Washington trompétaient la fin de l’Euro, les Chinois achetaient la devise européenne pour la soutenir – comme le note Raffarin, “la Chine a davantage intérêt que les Américains au développement de l’Europe”.
Finalement, le boulet qui entraîne l’Europe au fond de l’océan est d’être devenue le vassal des Etats-Unis qui ne poursuivent jamais que leurs propres intérêts, de plus en plus divergents d’avec le vieux continent. Comme avec le chantage de Trump qui menaçait «d’imposer des tarifs de 25% sur les voitures pour pousser les Européens à engager des poursuites contre l’Iran pour violation de l’accord sur le nucléaire» (après avoir renégé à cet accord, mené une guerre économique contre le pays et assassiné leur chef militaire!), ce qui a été confirmé par la ministre allemande des affaires étrangères, Annegret Kramp-Karrenbauer. Pareillement un accord de 26 milliards de dollars pour la fusion de l’unité T-Mobile de Deutsche Telekom avec Sprint aux Etats-Unis est en suspens depuis décembre dernier si le géant allemand continue à collaborer avec le géant chinois Huawei. Une source chez un concurrent a déclaré: “Cela ressemble à une stratégie d’apaisement envers le gouvernement étatsunien sur l’accord de Sprint”.
Puisque l’Europe suit les Etats-Unis, elle coulera avec eux.
Ces passivité et manque d’ambition datent de bien avant le défi chinois. Déjà en 1967, le journaliste et ensuite député français Jean-Jacques Servan-Schreiber essayait de secouer l’Europe face au Défi américain, le titre de son fameux livre par lequel il avertissait l’Europe d’une prise de contrôle imminente par les Etats-Unis dans tous les aspects de la vie: économique, culturel et politique. JJSS faisait valoir que les sociétés européennes ossifiées deviendraient un satellite de la machine étatsunienne.
Difficile de secouer cet engouement pour les Etats-Unis d’Amérique. On y trouve ses racines idéologiques dans le plan Marshall. Treize ans plus tard, en 1980, c’est contre le développement technologique du Japon que JJSS mettait en garde dans son deuxième bestseller, Le Défi mondial.
Il faut rejeter le mythe d’une Chine barbare prête à déferler sur l’Europe pour y anéantir la civilisation
S’y ajoute un manque de dynamisme, une recherche de confort – au paroxysme en Belgique où l’indisponibilité (absences, congés, vacances, heures limitées de travail) des services tant publics que privés est notoire – et de temps libre – au paroxysme en Grèce où un Coréen de passage disait n’avoir vu nulle part ailleurs tant de jeunes dans les cafés – qui contraste de façon impressionnante avec la forte éthique de travail dominant en Chine. Déjà dans les années 1930, Kazantzakis était impressionné par cette “fourmilière” hyper-active et infatigable. Plus récemment, Raffarin notait également l’“énergie incroyable” dans le port d’Aberdeen de Hong Kong malgré la pauvreté, ce encore en 1970. Dans les laboratoires médicaux aux Etats-Unis on trouve en grande partie des Chinois: de longues heures de travail et de bas salaires. Les Européens ont inventé l’ordinateur et la batterie électrique, mais c’est ailleurs qu’ils sont développés.
Raffarin a fait un long exposé, très clair et détaillé et… passionné, cherchant à réveiller ses compatriotes et le reste de l’UE mais, je pense, que c’est sans espoir. Une observation intéressante qu’il fait – bien illustrée par le cas précité du géant allemand Siemens – est que la philosophie chinoise ne choisit pas entre deux solutions mais essaie de les combiner. “Leur approche est moins frontale que la nôtre” dit Raffarin. Le yin et le yang, obscur-clair et négatif-positif, se côtoient et se frottent l’un l’autre en une remise en cause perpétuelle. Alors que l’Occident dit, l’Un ou l’Autre, la Chine dit: l’Un et l’Autre. “Des forces apparemment opposées ou contraires peuvent en fait être complémentaires, interconnectées et interdépendantes dans le monde naturel, et peuvent se faire croître l’une l’autre par leur interaction”.
Prenons le cas de l’Australie. Après 28 années d’échanges commerciaux avec la Chine voisine, fin de l’année dernière un vent de folie d’“espionnite” a soufflé sur le pays, faisant dire à un ancien officier des services de renseignements et professeur de stratégie à la Australian National University, Hugh White, “Nous avons sous-estimé la rapidité avec laquelle la puissance de la Chine a grandi et son ambition de l’utiliser”, une bonne occasion pour les Etats-unis de monter le pays contre son propre rival. Mais, le premier ministre Scott Morrison insiste que «L’Australie n’a pas besoin de choisir entre la Chine et les États-Unis».
Gao Zhikai, l’ex-diplomate chinois précédemment mentionné, a déclaré que «peu de pays pouvaient prétendre à l’innocence en matière d’espionnage. […] Chacun doit être vigilant et chaque pays doit autant que possible protéger ses propres secrets. Mais accuser un autre pays d’espionnage comme s’il était lui-même un ange est une illusion à laquelle personne ne devrait croire “. Il suffit de rappeler comment les Etats-Unis ont mis sous écoute le cellphone de leur “alliée” Angela Merkel.
En conclusion sur l’Europe, il ne faut s’attendre à rien de dirigeants médiocres, manquant d’ingéniosité, et auto-centrés qui ne motivent nullement leur public. Par manque d’ambition l’Europe devra “se soumettre […] aux choix des autres”.
Face à l’agression étatsunienne et l’inertie européenne, les Chinois développent des plateformes régionales sans participation ou prédominance occidentale, comme par exemple le Belt and Road Forum (BRF) où aucun chef d’Etat des dites grandes puissances n’a participé ni au premier en 2017 ni au deuxième en 2019 (pour l’Europe: Suisse, Autriche, Italie, Portugal, Chypre, et les 17 d’Europe centrale et orientale), ou le Boao Forum for Asia (BFA), équivalent du fameux World Economic Forum held annually in Davos, initié en 1998 par les Philippines, l’Australie et le Japon, mais fondé en Chine en 2001 par 26 pays asiatiques.
Mentionnons l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) créée elle aussi en 2001 comme une alliance économique et de sécurité entre les Chine, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Russie, Tajikistan, Uzbekistan, Inde et Pakistan, les Etats-Unis s’étant vus refusé le statut d’observateur. C’est la plus grande organisation régionale au monde reprenant les trois cinquièmes du continent eurasien et près de la moitié de la population humaine.
Alors que les Occidentaux se bagarraient entre eux, notamment l’unilatéraliste et protectionniste Trump contre le premier ministre canadien Justin Trudeau, au Québec lors du sommet du G7 le 10 juin 2018, le même jour les Orientaux de l’OSC se réunissaient de l’autre côté du monde dans la ville portuaire chinoise de Qingdao et planifiaient un avenir de multilatéralisme.
En conclusion les officiels européens et leurs médias perçoivent la Chine comme une menace plutôt que comme une opportunité, une emprise plutôt que de la coopération, et participent au matraquage anti-chinois des Etats-Unis, un peu comme leur attitude fermée vis-à-vis de la Russie et même de la Turquie.
En fait, communisme ou pas, l’Europe a toujours eu cette vue négative que Malraux demandait “à ses lecteurs d’abandonner”, “l’image d’une Chine vouée à l’immobilisme par son ancrage dans des traditions millénaires, ainsi que de rejeter le mythe d’une Chine barbare prête à déferler sur l’Europe pour y anéantir la civilisation”.