Frais scolaires : Crime planifié

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Les élèves ont été peu nombreux à fréquenter les classes sauf ceux du nouveau secondaire IV.

Pou jan lekòl pè, mè, frè ak pastè vin chè
Yon jou se sèlman kidnapè, dilè, gwo vòlè
K ap ka gen mwayen met pitit yo ladan yo
Previzyon m te fè depi 2004

 

Réouverture des classes

Commençons notre analyse socioéducative par des prévisions pessimistes de ce qui attend notre Haïti jadis chérie si l’éducation reste l’otage résigné de cette clique de mafias institutionnelles multiséculaires motivées uniquement par l’appât du gain facile, ce depuis le funeste concordat de 1860. À l’instar des années précédentes, la réouverture des classes prévue initialement pour le lundi 9 novembre sur toute l’étendue du territoire, s’est cognée à cette réalité socioéconomique qui frise la catastrophe.

Point n’est besoin de rapporter que rares ont été les élèves qui ont eu l’ultime privilège de fréquenter les salles de classes après avoir affronté des rues infestées de kidnappeurs toujours à l’affût de proies faciles. Comme à leur accoutumée, les plus hautes autorités du Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle ont annoncé en grande pompe la réouverture des classes pour l’année académique 2020-2021, le lundi 9 novembre.

Haïti reste le pays ou des paradoxes incommensurables cohabitent paisiblement avec d’autres paradoxes invraisemblables

Mais, les concernés étaient beaucoup plus intéressés à descendre dans les rues rouges de colères fulgurantes pour réclamer justice pour Eveline Sincère, leur camarade séquestrée et ensuite assassinée par des individus tandis qu’elle venait tout juste de subir les examens de fin de cycle secondaire. La violence homicide, les souffrances atroces, la mort cruelle, le désespoir, c’est tout ce que peut offrir ce régime manfouben à une jeunesse désespérée, sans aucun autre repère que l’atroce irresponsabilité des dirigeants, la corruption à tous les échelons administratifs, une classe politique en décomposition et une société civile moralement  inexistante.

Jean Gérald Fils Cherilus, l’un des plus hauts responsables du Lycée Marie-Jeanne, a fait l’amer constat que les élèves ont été peu nombreux à fréquenter les classes sauf ceux du nouveau secondaire IV. Des parents se plaignent du fait que des contraintes économiques ne leur per-mettent même pas de faire l’acquisition des fournitures scolaires.

« Menm inifòm mwen poko ka met nan kouti alevwa pou m ta gen tan achte liv ak kaye. Pou jan tout bagay monte tèt nèg la a pèsonn poko wè kouman y ap fè voye pitit yo lekòl ane sa a », s’est plainte une mère de deux enfants dont l’un d’entre eux va faire la classe de Rétho tandis que son mari est mort victime du virus COVID-19.

Pour René quant à lui, hanté par des prévisions apocalyptiques, il ne doute nullement que sa fille de 11 ans qui va faire la septième année, sera renvoyée dès Janvier prochain pour non-paiement. À la base de cette situation malencontreuse, il a perdu son travail depuis la pandémie, il n’a pas de moyens économiques pour s’acquitter de ces frais scolaires exorbitants, en sus des fournitures inabordables à cause de leurs coûts.

Qui ne se souvient des moult vicissitudes qui ont jalonné l’année académique 2019-2020 en raison de nombreuses commotions sociopolitiques et de complications sanitaires subséquemment à l’apparition du choléra.

Quid de la loi sur les frais scolaires ?

« La majeure partie des carnets scolaires sont encore à la direction. Comment peut-on être aussi naïf au point d’espérer que la nouvelle année scolaire soit une réussite. Nous sommes très conscients de la situation socio-économique désastreuse que traversent les ménages haïtiens confrontés à de multiples contraintes parfois même insolubles ». C’est en ces termes teintés de pessimisme amer que s’est lamenté Georges Jaques, un directeur d’école qui intervenait sur les ondes d’une station de la capitale.

Comme nous le signalons d’habitude, Haïti reste le pays ou des paradoxes incommensurables cohabitent paisiblement avec d’autres paradoxes invraisemblables. Et, parlant de paradoxes, ne soyez nullement étonnés d’apprendre que prêtres, pasteurs, religieux et religieuses directeur/rice-s d’école irrémédiablement infectés par le virus du gain disproportionné ne se gênent même pas pour doubler voire même tripler les frais pour cette nouvelle année académique.

Et pourtant, dans leur vie vouée au Très Haut, aucun d’entre eux ne se rend à l’évidence de cette situation d’inflation galopante qui dramatise encore un quotidien déjà chaotique. Paradoxe des paradoxes, la loi sur les frais scolaires votée depuis 2009 a été ignorée magistralement pendant longtemps pour les besoins de la cause par les gouvernements successifs hautement réactionnaires de Préval/Bellerive, Miki/Bellerive, Miki/Conille, Miki/Lamothe, Miki/Kplim, Privert/Kplim.

En dépit du fait qu’elle a été enfin publiée, elle fut par la suite purement et simplement ignorée des directeurs et directrices Lwijanboje de ces « brikabrak » scolaires. Encore un paradoxe, cette loi s’est vue essuyer les méprisable crachats de ceux et celles dont la mission primordiale consiste à enseigner à nos progénitures à respecter les lois de la République.

Et, qui pis est, aucun parent n’a encore le courage de dénoncer le fait que les écoles continuent comme si de rien à augmenter, à doubler ou tripler les frais scolaire, on dirait un rasoir effilé menaçant les petites bourses de les faire saigner sans appel. L’ex sénateur Kelly Klédor Bastien, n’a jamais eu suffisamment de couilles pour défendre cette dite loi dont il porte la paternité pendant qu’il officiait aux côtés du président Privert dont il fut un conseiller.

Et, face à cette réalité sécuritaire que connaissent tous les départements géographiques, il convient de rappeler que Miki profitait de ses talents de fins manipulateurs pour prétendre faire de l’éducation l’un des axes majeurs de sa politique en 5 E. Nonobstant, pendant tout son quinquennat, il n’a même pas pensé à construire un jardin d’enfants. La société entière est unanime à lui imputer, et ce à raison, les milliers victimes d’assassinats et d’enlèvements contre rançons.

cette situation de laisser-aller fait bien l’affaire des nantis des échoppes scolaires

Comme prévu cette situation de laisser-aller fait bien l’affaire des nantis des échoppes scolaires dont leurs plans regorgent de stratégies exécrables pour extorquer du pognon de ces pauvres parents qu’ils ne se gênent pas de saigner à blanc avec le couperet impitoyable des « frais scolaires » sous le cou, leur attitude s’apparentant à celle de bandits de grand chemin.

Personne honnête ne saurait établir de différence entre celui qui prend le risque de pratiquer le kidnapping, et ces directeurs et directrices de boutiques scolaires congréganistes ou privées qui se sont rabattus sur une forme de zenglendisme acceptable. Personne ne s’est encore rendu à l’évidence qu’en tout dernier lieu les gardiens du système nous contraignent à nous accommoder du kidnapping, de la violence, de la vie chère, de la violence de l’ignorance, de la violence de la souffrance, de la violence de la misère, de la violence de la violence en soi. Car selon eux seule la violence fait sens quand ils veulent garder les masses populaires à perpétuité dans cette situation de mentalité d’esclave mental.

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