Financement ou division des partis politiques !

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Le Dr Frantz Perpignan, vient de porter un coup dans le dos à Moise Jean-Charles en récupérant un chèque d’un montant de 4.2 millions de gourdes auprès de COSFIPP au nom de Pitit Dessalines

L’application effective de la loi du 16 janvier 2014 relative au financement des partis politiques par le Président Jovenel Moïse a déjà créé cassures et mésententes au sein des formations politiques. On en veut pour preuve les réactions de Jerry Tardieu, Eric Jean-Baptiste, Antonio Chéramy, Charles Henri Baker, Frantz Perpignan. Et la liste devrait sans nul doute s’allonger dans les mois à venir. Il fallait s’y attendre. Et si c’était le but recherché par le pouvoir en place? En relançant un processus en cours depuis huit ans, bloqué justement par des conflits internes au sein des organisations politiques, le Palais national savait que cette initiative ne pourrait que lui être favorable. L’ex-Président Michel Martelly y avait pensé afin de trouver un répit avec son opposition. Peine perdue ! Il s’était butté sur le refus catégorique de l’ensemble des leaders politiques et chefs de parti. On pensait même que cette loi était morte et enterrée. Son successeur, lui, semble penser le contraire. Plus malin, il n’a point attendu qu’il soit à mi-mandat pour rouvrir le dossier.

Sachant que de toutes manières, c’est un sujet qui ne fait pas l’unanimité parmi les myriades de partis et Plates-formes politiques haïtiens. On peut aussi s’interroger sur le fondement même de cette loi sur le financement des partis politiques en Haïti. N’est-ce pas le but recherché par le législateur ? Provoquer une implosion politique, histoire de porter une sorte de clarification idéologique entre des dizaines de formations politiques. Et si le but était de forcer le regroupement tant réclamé et souhaité par la population en général et les pouvoirs publics en particulier ? Tout le monde le sait. Si le pluralisme politique est nécessaire et salutaire à la démocratie, il comporte aussi des règles auxquelles tout le monde doit se soumettre. Ces règles sont immuables. Elles sont indissociables de la bonne marche d’une société certes, divisée en camps opposés, mais consolidée par la stabilité politique et institutionnelle. Or, la source de l’instabilité politique et institutionnelle en Haïti demeure incontestablement la fragmentation, la balkanisation de la classe politique.

Trop d’antagonisme de façade, d’opposition de circonstance entre les chefs politiques qui ne  reposent sur rien. Très souvent, les dirigeants de certaines formations politiques partagent les mêmes principes, la même philosophie, la même idéologie que leurs collègues. Mais pour de basses raisons pécuniaires et pour avoir le titre de chef de parti, ils préfèrent se chamailler en ayant recours à des décisions inutiles, juste pour satisfaire leur ego et pour avoir le contrôle des comptes bancaires d’un petit parti. Dans le cas d’Haïti, la loi sur le financement des partis entre dans le cadre d’une sorte de régulation et d’harmonisation de ces multiples formations très souvent de simples groupuscules à la recherche non pas vraiment de visibilité, mais juste de quoi faire vivre leurs propriétaires. Il fallait trouver un moyen pouvant porter ces partis à se regrouper selon leur appartenance idéologique et politique.

Très souvent, les dirigeants de certaines formations politiques partagent les mêmes principes, la même philosophie, la même idéologie que leurs collègues. Mais pour de basses raisons pécuniaires et pour avoir le titre de chef de parti, ils préfèrent se chamailler en ayant recours à des décisions inutiles, juste pour satisfaire leur ego et pour avoir le contrôle des comptes bancaires d’un petit parti.

Or, si nous sommes dans une démocratie certes tatillonne, en fait, qui se cherche, il serait inconcevable et inacceptable que ce soit une loi qui oblige les partis, tout au moins, des femmes et des hommes à cohabiter. Alors qu’ils ne partagent point les mêmes conceptions philosophiques, idéologiques, et principes du fonctionnement d’un parti politique dans une société démocratique. La liberté de choisir demeure le socle et le fondement même de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. D’ailleurs, rares sont les Etats démocratiques obligeant leurs citoyens à se regrouper sous la bannière des organisations où ils n’ont pas envie de militer. Pourtant, avec des décisions administratives et institutionnelles, les pouvoirs publics arrivent à canaliser, à faciliter le regroupement des partis suivant leurs appartenances et tendances idéologiques sans avoir eu recours à des lois anti-démocratiques et liberticides. La loi sur le financement des partis politiques est l’un des ces moyens trouvés par certains Etats démocratiques pour consolider leur système démocratique et le pluralisme politique.

En Haïti, du temps de la dictature, les partis politiques étaient purement et simplement interdits. Leur existence, selon les prédateurs de la démocratie, menace leur pouvoir personnel, voire héréditaire. Cette période étant révolue, le pays est passé brutalement d’un vide de partis politiques à un trop plein de partis mettant en danger l’existence même de la démocratie naissante. La preuve, plus de trente ans après la chute de la pire dictature qu’on ait connue en Haïti, le pays peine à sortir d’une transition devenue au fil des années la norme institutionnelle. Avec plus de 130 à 150 partis politiques, le paysage politique haïtien est pollué et saturé par cette panoplie de groupuscules qui, au lieu de rendre service à la nation, lui apporte de préférence honte et désolation. Si la loi sur le financement des partis politiques était bien appliquée, cela devrait apporter un certain éclaircissement dans le brouillard qui enveloppe la vie politique du pays. Moins de formations politiques ne feraient de mal ni à la République ni à la population encore moins au pluralisme dans la mesure où ce n’est pas la quantité qui fait la différence mais la qualité.

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D’ailleurs, le pays a expérimenté la quantité. On a vu le résultat. Cette loi, étant appliquée sans aucune arrière pensée ni coup fourré de la part du pouvoir, devrait apporter en toute logique plus de stabilité au sein même des formations politiques une fois les regroupements effectués sur la base de volontariat et d’affinité idéologique. Le processus de décantation est déjà entamé. A peine les premières tranches d’allocation versées, certains partis commencent à faire le ménage. Plus concrètement, certains dirigeants de partis commencent à prendre position et découvrent que leurs places ne sont pas là où ils le pensaient. Tout au début du processus de la mise en œuvre de la loi du 16 janvier 2014, c’est-à-dire la mise en place d’une structure ayant à sa tête Mathias Pierre, un ancien candidat à la présidence puis devenu soutien actif de Jean-Charles Moïse de Pitit Dessalines, les grandes manœuvres avaient commencé. Pour deux formations politiques, dès le départ, il était hors de question d’accepter les sommes prévues suivant leur représentation à l’Assemblée Nationale (Sénat et Chambre des députés). Par rapport à leur positionnement politique face au Président de la République, Jovenel Moïse, cela peut se comprendre, puisqu’elles ne reconnaissent pas la légitimité de celui-ci comme chef de l’Etat.

Fanmi Lavalas et Pitit Dessalines sont dans une posture qui ne ressort pas de principe institutionnelle, mais purement de politique partisane. Car, en démocratie, l’on peut être un farouche opposant à un gouvernement, mais s’agissant du respect et d’application de la loi, l’on s’y plie en bon démocrate. Pour Maryse Narcisse et Jean-Charles Moïse, leur refus d’accepter les fonds du Trésor public pour leurs partis respectifs n’est pas une opposition à ladite loi. Ils veulent tout juste marquer leur opposition à la présence de Jovenel Moïse au Palais national. Il faut que la population soit bien imbue de cette décision éminemment politique. Il n’y a pas d’autres explications. L’un ou l’autre aurait été Président de la République à la place de leur opposant, Fanmi Lavalas et Pitit Dessalines accepteraient sans discussion ce financement s’agissant d’une loi votée par la représentation nationale antérieure à la présente Administration.

Si tous les partis politiques dans le monde devaient refuser le financement public parce qu’ils sont dans l’opposition contre un gouvernement démocratique et légitime, il n’y aurait jamais eu de démocratie représentative dans les Congrès ou dans les Assemblées Nationales. L’attitude de ces deux partis politiques dans ce dossier confirme aussi qu’il y a une certaine cohérence parmi ceux qui sont à leur tête. Si ailleurs il y a du rififi au sein de la plupart des partis politiques, chez ces deux formations plus haut mentionnées on n’avait observé, jusqu’à la publication récente d’un premier Rapport de remise de chèques publié par le Comité de Suivi pour le Financement et l’Institutionnalisation des Partis Politiques (COSFIPP), aucune démission ni voix discordante. Sauf qu’entretemps, la machine s’est emballée et Pitit Dessalines est dans la tourmente. Jean-Charles Moïse, en effet, qui ne cesse de faire le ménage autour de lui n’en finit pas avec les opportunistes.

La veille d’une conférence de presse pour annoncer la reprise des manifestations contre le pouvoir Tèt Kale, le leader de Pitit Dessalines apprend par voie de presse que l’un de ses lieutenants, le Dr Frantz Perpignan, vient de lui  porter un coup dans le dos en récupérant un chèque d’un montant de 4.2 millions de gourdes auprès de COSFIPP au nom de Pitit Dessalines à titre de financement des partis politiques. Moïse a beau dire que personne n’est autorisé à prendre l’argent au nom de la Plate-forme, et que « ce chèque ne peut être ni déposé sur le compte du parti ni changé » n’empêche que l’ancien sénateur fait face à un mur. Puisque non seulement Frantz Perpignan a bel et bien récupéré le chèque, il  a même dit ce qu’il compte faire de ces 4 millions de gourdes. Celui qui se présente comme le Coordonnateur de Pitit Dessalines estime qu’une partie de cet argent va servir à éponger les dettes électorales de sa formation et l’autre contribuer à son développement. Bref, Jean-Charles Moïse ne sert plus à grand-chose à la tête de Pitit Dessalines.

En revanche, le Dr Maryse Narcisse, toujours sous le joug de son mentor Jean-Bertrand Aristide, tient bon. Elle peut s’enorgueillir de diriger un parti politique dont les brebis galeuses étaient déjà parties voire ailleurs. C’est bon pour l’avenir. Il en est de même pour la plateforme politique INITE dirigée par l’ancien Président de la Chambre des députés, Levaillant Louis Jeune. Pour l’heure, RAS (rien à signaler) chez cette formation politique qui avait amené feu le Président René Préval à la présidence d’Haïti en 2006 sous le nom de LESPWA (Espoir). Pour l’ex-député de Desdunes, il n’y a aucune raison pour que son parti se déchire sur la question, voire refuser la dotation de l’Etat. Levaillant Louis Jeune rappelle que le financement des partis politiques est un vieux combat mené depuis des années par l’Assemblée Nationale sous la présidence de Edgard Leblanc Fils, à l’époque sénateur de la République. Selon lui, cela date de la 46e législative pour finalement être voté sous la 49e. C’était un long combat démocratique.

Il n’y a pas de raison que INITE boude sa victoire pour laquelle il a lutté. Il semble que l’unanimité est faite à la Direction de INITE et auprès des militants pour que ce parti accepte ce financement public. Pour corroborer sa position et celle du parti en général, Levaillant Louis Jeune déclare qu’il n’y a pas de démocratie qui ne finance pas les partis politiques. L’ex-parlementaire a raison et surtout il est soutenu dans ses démarches par ses pairs d’accepter ce financement public annuel. Car la démocratie coûte cher. Très cher. En revanche, la tâche est plus ardue et compliquée pour d’autres. Le cas de la Plate-forme VERITE, une autre création de feu Président René Préval, est un premier exemple de la déchirure et des règlements de compte que la loi sur le financement des partis a institués dans le paysage politique haïtien. Pour les dirigeants de VERITE, parmi lesquels Joanas Gué et son frère Jean, il n’y a aucun problème que ce parti accepte cette subvention dans la mesure où il s’agit d’une dot de l’Etat en vertu d’une loi qui n’a rien à voir avec l’actuel pouvoir. Ils estiment que ceux qui y sont contre font fausse route et se trompent de combat.

Ces chefs de partis pointent du doigt leurs collègues René Monplaisir, Paul-Antoine Bien-Aimé, Génard Joseph et Charles Sufra pour qui le Président Jovenel a mieux à faire avec cet argent public. Depuis que le Trésor public a commencé à distribuer les chèques correspondant à chacun des partis selon le prorata de leur représentation dans les deux Chambres, VERITE est alors en ébullition. Car il n’y a pas que les dirigeants qui se déchirent. Des élus du parti prennent aussi position. Parfois plus radicaux et expéditifs que leurs chefs. Deux élus au moins ont déjà rendu leurs tabliers. Il s’agit du sénateur Antonio Chéramy plus connu sous le nom de Don Kato, qui, pour manifester son désaccord avec les frères Gué, a tout simplement remis sa démission et rendu sa carte de membre. Kato qui est un opposant irréductible au pouvoir Tèt Kale qui ne se pose aucune question sur le bien fondé ou pas de cet argent ne veut pas en entendre parler. Il estime que le locataire du Palais national cherche à aliéner les partis en leur octroyant des sommes mirobolantes juste pour les ridiculiser.

Pour le sénateur Chéramy, cette subvention pourrait mieux servir la population dans cette période de vache maigre au lieu de financer des partis dont il émet des doutes sur leur caractère démocratique. Le sénateur de l’Ouest est suivi par le député de Pétion-Ville, Jerry Tardieu. Lui aussi s’oppose à sa direction politique qui a accepté ce financement public. Pour le Président de la Commission pour l’amendement de la Constitution à la Chambre basse, dont la motivation est différente de celle de son camarade Don Kato, c’est la manière de faire du pouvoir qui le pousse à faire marche arrière sur le dossier. Selon ses dires, il a toujours milité pour que les pouvoirs publics prennent leur responsabilité vis-à-vis des partis politiques. Mais, la méthode employée aujourd’hui le laisse à penser que le Président Jovenel Moïse est nourri par d’autres motivations. Donc, il s’oppose à ce que son parti VERITE puisse accepter plus de 14 millions de gourdes du Trésor public alors que l’Etat a du mal à payer ses fonctionnaires. Si les deux élus qui rejoignent une partie de la Direction entre autres, Génard Joseph le Coordonnateur de VERITE, ont donné de vraies raisons et argumenté leur refus, en réalité la vérité est ailleurs.

En fait, depuis quelque temps, il y a une division interne qui déchire la Direction du parti et surtout chaque chef a son agenda politique. Ces deux élus soignent chacun son électorat ou défend sa chapelle. Don Kato qui n’a jamais trahi ses bases dans les bidonvilles et les ghettos depuis son élection ne pense en vérité qu’à satisfaire ces gens démunis de tous et qui lui font confiance. La stabilité institutionnelle c’est quelque chose qui vient en dernier ressort dans ses réflexions. Alors, lui parler de financement des partis politiques, c’est quelque chose d’abstrait, voire utopique. En revanche, pour le député Jerry Tardieu, il y un calcul politique derrière ce refus et son opposition, ce qu’il prônait depuis des années. Pour certains, c’est une attitude populiste et opportuniste de la part du député de Pétion-Ville sachant pertinemment que cette loi, même si elle a des faiblesses et mérite d’être améliorée, est quelque chose d’important pour la stabilité politique et institutionnelle du pays. Il faut bien que cela commence un jour. Si ce n’est pas Jovenel Moïse, ce sera quelqu’un d’autre.

C’est par ce genre d’acquis qu’on arrivera un jour à consolider la démocratie dans les Etats. L’essentiel, il faut chercher à cadrer l’exécutif pour éviter les dérives possibles dans la distribution de ces fonds publics aux partis. Mais Jerry Tardieu a eu l’honnêteté intellectuelle, comme toujours, pour expliquer que sa démission est surtout due aux conflits et aux divergences qui s’installent parmi les fondateurs de VERITE. Bref, au sein de cette plateforme politique, il règne un atmosphère que certains n’arrivent plus à supporter et que cette affaire d’argent est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Entre Génard Joseph qui accuse les frères Gué (Joanas et Jean) de vouloir accaparer le parti sans être membres de la Coordination nationale, la démission de certains élus, la position des uns et des autres sur le financement du parti, c’est bien la recomposition de cette plateforme qui se met en marche par le fait de l’application effective de la loi sur le financement des partis politiques.

Rappelons tout de même que VERITE est la deuxième force politique du moment par le nombre d’élus qu’il peut aligner face au Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) du Président Jovenel Moïse. D’autres Partis politiques sont aussi déchirés sur la question du financement public activé par l’actuel gouvernement. Tel est le cas de l’historique Coordonnateur du Parti RESPÈ, Charles-Henri Baker, plusieurs fois candidat à la présidence d’Haïti et d’Eric Jean-Baptiste, patron du Père Eternel Loto, le financier du parti Mouvement d’Action Socialiste (MAS). Là aussi les chèques du Trésor public sèment la zizanie dans les partis politiques au nom des principes qui n’ont rien à voir avec la démocratie. Le populisme et la volonté groupusculaire de certains sans aucun discernement sur l’objectif et l’impact de ce financement public sur la vie politique prennent le dessus sur l’idée de construire un avenir meilleur. Eric Jean-Baptiste et Charles-Henri Baker, tous deux, pour des raisons distinctes, démissionnent de leurs partis respectifs. Chacun explique les raisons de la discorde ayant motivé leur départ, pour l’un, du parti RESPÈ, pour l’autre, de MAS.

Aujourd’hui c’est le temps des démissions, des dénonciations et des positionnements. Demain sera forcément celui du rassemblement et du regroupement au nom d’une certaine idée de la République et de la démocratie institutionnelle.

Pourtant, contrairement aux explications données, les deux démissions diffèrent diamétralement. Pour Eric Jean-Baptiste, le Roi de la loterie populaire (Borlette) et militant du petit parti MAS, son rôle se cantonnait uniquement à financer ce groupuscule. L’ancien candidat n’a jamais été vraiment un des responsables de cette mouvance dont on connait les démêlés avec son pourvoyeur de fonds durant la présidentielle de 2015. Père Eternel Loto dépensait sans compter pour MAS alors que les vrais dirigeants de ce parti n’ont jamais reconnu Jean-Baptiste comme l’un des leurs. Celui-ci, en fait, avait seulement besoin d’une couverture légale pour soutenir sa candidature devant le Conseil Electoral Provisoire (CEP). En vérité, l’homme de Carrefour est un électron libre qui se dit de gauche. En réalité, Eric Jean-Baptiste n’est pas ce qu’on peut appeler un leader politique ni un chef de parti. Son départ officiel aujourd’hui de MAS ne changera rien ni pour l’image du parti ni pour son image. Personne en vérité n’a jamais considéré Eric Jean-Baptiste comme un politique.

Il est plutôt connu comme patron millionnaire du Groupe Père Eternel Loto. Tandis que le parti MAS s’offre au plus offrant. L’un est sans avenir politique et l’autre plutôt motivé par l’appât du gain d’où qu’il vienne. Cette subvention publique tombe à pic pour les dirigeants de MAS dont l’objectif premier a toujours été de se nourrir de leur parti. Tandis que l’autre, n’a besoin ni du soutien de MAS qui ne pèse pas lourd électoralement parlant ni des subsides de l’Etat pour survivre. Bref, le chèque du Trésor public n’a fait que servir d’alibi à une séparation qui était un secret de polichinelle. Il a servi aussi à clarifier les choses des deux côtés. Quant à Charles-Henri Baker qui en réalité avait déjà tourné le dos à la politique depuis la fin de la présidentielle de 2016, cette affaire de chèque pour le financement des partis lui a servi de pont pour confirmer ce qu’il avait déjà annoncé : prendre sa retraite politique après avoir été candidat à au moins trois élections présidentielles.

Son ex-parti RESPÈ qui souffre de manque de financement avec le retrait de son fondateur avait besoin d’argent pour poursuivre son existence dans le paysage politique haïtien. Avant de partir cette fois définitivement, Baker a eu le courage de reconnaître que son parti n’a même pas droit, selon la loi du 16 janvier 2014 au financement des partis, à cette subvention publique. L’ex-triple candidat soupçonne aussi le Président Jovenel Moïse d’avoir autre chose en tête en attribuant ces fonds à des partis politiques qui ne remplissent pas les critères requis. En tout cas, ces démissions en cascade et les tiraillements entre les dirigeants de plusieurs partis grands et petits démontrent l’intérêt de cette loi sur le financement des partis. Aujourd’hui c’est le temps des démissions, des dénonciations et des positionnements. Demain sera forcément celui du rassemblement et du regroupement au nom d’une certaine idée de la République et de la démocratie institutionnelle. Mais aussi de la nécessité de travailler en commun selon les tendances politiques, idéologiques et philosophiques et ce, au bénéfice de la population qui a du mal aujourd’hui à se retrouver dans la guerre intestine que mènent les chefs politiques au nom de leurs propres intérêts.

C.C.

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