En hommage à Vilma Espin, la dernière égérie révolutionnaire cubaine

7 avril 1930 – 18 juin 2007

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Vilma Espin (à droite) et Celia Sanchez dans la Sierra Maestra

Vilma Espin Guillois est née le 7 avril 1930 à Santiago de Cuba. Elle appartenait à une riche famille de Santiago de Cuba. Son père était un des cadres supérieurs de la maison Bacardi, la principale distillerie de rhum avant la révolution.  Sa mère, d’origine française, était apparentée au socialiste Paul Lafargue,  auteur du Droit à la paresse, qui avait épousé Laura Marx, la fille de Karl Marx. Vilma Espin a suivi des études d’ingénieure chimiste à Cuba et les a poursuivies au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston.

De retour à Cuba, elle participa aux premières manifestations de rue contre Fulgencio Batista. Elle s’est jointe en 1956 à la rébellion contre le dictateur Fulgencio Batista dans sa ville natale de Santiago, éludant à maintes reprises la police de Batista. C’est dans son patelin d’un Oriente rebelle que Vilma Espin a acquis ses galons de révolutionnaire en travaillant dans la clandestnité avec Frank País, Haydee Santamaría et Celia Sanchez. Connus comme les révolutionnaires del llano (de la plaine), ces derniers assuraient la liaison avec les barbudos de la Sierra (la montagne) auxquels ils apportaient armes et autres matériels vitaux pour la guérilla castriste. Éventuellement, elle rejoignit les guérilleros dans la Sierra Maestra où elle fut une combattante remarquable de l’Armée rebelle, et où elle se lia avec Raul, le frère cadet de Fidel Castro. Vilma Espin et Raul Castro se marièrent en 1959 à La Havane après la fuite de Batista et la victoire des rebelles.

Après le triomphe de la révolution cubaine en 1959, Vilma Espin était devenue une ”première dame”, discrète toutefois, accompagnant Fidel Castro lors de voyages à l’étranger et de conférences internationales. Rôle qu’elle a conservé pendant plus de 45 ans. Femme aux grandes capacités d’organisation et révolutionnaire disciplinée, elle était parvenue au plus haut niveau de la hiérarchie communiste. Vilma Espin était présidente de la Fédération des femmes cubaines (MFC) depuis sa fondation en 1960, membre du Bureau politique    du   Parti communiste cubain de 1980 à 1991, membre du Conseil d’Etat (équivalent du gouvernement) et de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire (ANPP, équivalent du parlement) depuis 1976.

Mais ce n’est pas tant pour ses responsabilités dans les hémicycles que pour sa lutte en faveur de l’émancipation féminine que les Cubains se souviendront de Vilma Espin. Fondatrice et longtemps directrice de la Fédération des femmes cubaines (FMC), elle a été une des premières à dénoncer le machisme et les discriminations dont sont victimes les Cubaines. Aujourd’hui, sa postérité est assurée, car sa fille Mariela Castro qui dirige le Centre national d’éducation sexuelle a pris énergiquement la relève, ajoutant à son agenda de « révolutionnaire dissidente » la lutte contre un autre fléau de société: celui de l’homophobie. Elle milite activement pour les droits des LGBT.

Pendant plus de quatre décennies, Vilma Espin a exercé le pouvoir en partie en tant que présidente de la Fédération des femmes cubaines (FMC) qu’elle avait fondée en 1960 et transformée en un important pilier du régime révolutionnaire cubain. Cette organisation compte aujourd’hui 3,6 millions d’adhérentes, soit 85% de la population féminine de l’île. A travers la FMC, Vilma a créé des garderies et s’est battue contre le machisme, l’analphabétisme et les droits des enfants.

Mère de quatre enfants, Vilma Espin était l’une des trois grandes personnalités féminines les plus respectées, les plus symboliques de la révolution cubaine. Les deux autres étaient Celia Sanchez, autre ancienne de la Sierra, secrétaire personnelle et confidente de Fidel Castro jusqu’à sa mort d’un cancer en 1980; et Haydée Santamaría, ancienne guérillera elle aussi, fondatrice et directrice de la Maison des Amériques jusqu’à son suicide le 26 juillet 1980, date anniversaire de l’attaque de la Moncada en 1953 dont elle était une rescapée.

«Héroïne de la clandestinité et combattante remarquable de l’Armée rebelle, infatigable combattante pour l’émancipation de la femme et la défense des droits des enfants», énergique militante contre le machisme et les discriminations sexuelles, Vilma Espin s’est éteinte le 18 juin 2007 à La Havane. “Conformément à sa volonté”, elle a été incinérée, et ses cendres ont été déposées avec les honneurs militaires dans un mausolée à Santiago de Cuba.

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