Après les évènements du 13 janvier 2020, quand Jovenel Moise a dit constater la fin du mandat des députés de la 50ème législature et de deux tiers du Sénat, après la déclaration du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors d’une cérémonie au siège de l’Organisation marquant le 10e anniversaire du séisme meurtrier de 2010, le processus de dialogue a repris de plus belle selon les vœux de Washington pour consolider et renforcer le régime du PHTK que préside actuellement l’inculpé Jovenel Moise.
Lors de cette cérémonie au siège de l’Organisation Guteres insista qu’ « Aujourd’hui, l’insécurité et la faible croissance économique contribuent à l’aggravation des tensions sociales et à la détérioration de la situation humanitaire. J’exhorte les Haïtiens à résoudre leurs différends par le dialogue et à résister à toute escalade qui pourrait inverser les acquis de la dernière décennie » ; un langage à peine codé pour soutenir Jovenel.
L’ambassade américaine et son bras économique l’USAID n’ont pour leur part raté ce moment pour souligner dans un tweet de John Barsa Coordonnateur Adjoint de l’US : « Tant qu’un accord politique n’aura pas été trouvé et tant que la situation sécuritaire ne se sera pas améliorée, les Haïtiens ne pourront bénéficier pleinement des programmes de l’USAID. Les acteurs politiques haïtiens détiennent la clé de l’avenir d’Haïti. Ils doivent agir maintenant ». Cette déclaration impertinente est une illustration claire de la domination et de l’occupation du pays.
Aussi les acteurs politiques n’ont pas tardé à reprendre leur pèlerinage en se rendant à la Nonciature apostolique située à Pétion-ville pour relancer le dialogue.
Etaient présent jeudi dernier à une réunion, entre autres le dirigeant du PHTK Liné Balthazare représentant de l’Accord du Kinam, Joseph Lambert du Parti « Konbit Nasyonal » (KONA), Paul Denis de INIFÒS, Eric Jean-Baptiste Secrétaire Général du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) et Renald Lubérice le Secrétaire Général du Conseil des Ministres pour la Présidence en attendant que les autres, les signataires de Marriott les rejoignent pour la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale.
Selon les rumeurs, c’est un membre influent de l’opposition à Jovenel Moise, le sénateur Joseph Lambert qui devrait ’être oint, prochainement, Premier ministre de facto.
Le porte-parole de l’Alternative consensuelle, l’avocat André Michel dans une annonce à ses frères de classe leur prêche de ne pas aller se prostituer à la Nonciature apostolique. Mais Me André Michel semble prêcher dans le désert puisque des signataires des Accords Marriott et de Kinam ont déjà pris rendez-vous les jeudi 23 et vendredi 24 janvier pour rapprocher les deux accords en un seul.
Voici dans toute son intégralité la plaidoirie de Me André Michel :
A mes amis de l’opposition
J’appelle mes amis de l’opposition à rester cohérents en gardant leur ligne de combat. Jovenel Moïse n’a rien gagné. Jovenel Moïse n’est pas en position de force. Il bénéficie tout naturellement d’une petite période d’accalmie politique après plus de deux mois de mobilisation populaire. Je lance une mise en garde à celles et ceux de l’opposition qui seraient tentés de s’engager dans une quelconque négociation pour un quelconque partage de pouvoir en laissant de côté les revendications de base de la population, savoir : La démission du Président Jovenel Moïse, la mise en place d’un transition de rupture, la réalisation du Procès PETROCARIBE et des autres cas de corruption, la Conférence nationale Souveraine. Nous ne sommes pas des demandeurs d’emploi. L’opposition ne doit jamais oublier que Jovenel Moïse reste et demeure un chef d’Etat illégitime et définitivement rejeté par la population. L’opposition ne doit surtout pas oublier que le divorce entre la population et Jovenel Moïse est définitivement consommé.
Toute participation dans un Gouvernement d’union Nationale avec Jovenel Moïse sera considérée comme un acte de trahison politique par le peuple Haïtien. L’opposition doit continuer à accompagner la vaillante population haïtienne dans son Combat pour la satisfaction de ses revendications légitimes. La bataille pour casser le système d’exclusion, générateur de misère et de sous-développement, mis en place depuis l’assassinat du Père Fondateur de la Patrie, doit se poursuivre dans la dignité. L’opposition, moralement, ne peut pas cohabiter avec un chef d’Etat impliqué dans la dilapidation des 4.2 milliards de dollars américains du Fonds PETROCARIBE. L’opposition ne doit jamais oublier qu’ils sont plus de 300 celles et ceux qui ont été assassinés pour des raisons politiques au cours des 15 derniers mois. Pas question de cracher sur leur mémoire!! Mes chers amis de l’opposition, je reste persuadé que nous sommes dans la très bonne direction. Tenez bon. Le combat doit continuer. Souvenez-vous de tout ce que nous avons déjà fait ensemble et surtout des engagements que nous avons pris devant la nation ! Nous n’avons pas le droit de renier nos paroles et nos convictions. Le peuple a plus que jamais besoin de nous pour l’accompagner à cette phase cruciale du combat pour le triomphe d’un vrai projet démocratique et populaire. Nous n’avons pas le droit de nous prostituer en pactisant avec le diable pour arracher quelques miettes politiques. Nous devons continuer à nous battre pour nos idées. Nous devons relancer la Mobilisation le plus vite possible sur toute l’étendue du territoire national en vue de faire émerger le nouveau projet de société inclusif tant rêvé par les jeunes, les femmes, les paysans et les couches populaires. Se moun ki gen konviksyon ki fè politik.
André Michel, Avocat, Porte parole du Secteur Démocratique et Populaire