D.D.N. (Deyò, Deyò Nèt) pour Ariel Henry !

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Ariel Henry en Californie après avoir quitté Porto Rico. Washington a fini par obtenir sa démission le lundi 11 mars 2024 comme Jimmy Chérizier alias « Barbecue » l’avait exigé au nom de ses camarades de « Vivre Ensemble ».

D.D.N « Deyò, deyò, Nèt » (Dehors, dehors pour toujours). Voilà une nouvelle expression qui vient de faire son entrée dans le vocabulaire du créole haïtien. Comme souvent, c’est dans les moments de crises sociopolitiques aiguës que des Haïtiens, non pas des linguistes chevronnés de la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) ou de l’Académie du Créole Haïtien (Akademi Kreyòl Ayisyen) imaginent et font d’intéressantes trouvailles.

Ce néologisme est l’œuvre linguistique des gens de la rue, ceux qui pratiquent au quotidien cette langue si riche en expressions autochtones ou indigènes. Voilà pour le côté inventif de DDN « Deyò, deyò Nèt » ! Maintenant, voyons le côté historique et politique de cette belle expression ne pouvant laisser indifférent aucun observateur politique analysant les crises sociopolitiques haïtiennes. S’il y a un point sur lequel on peut être tous d’accord avec le Dr François Duvalier, c’est sa clairvoyance, sa méfiance à l’égard du peuple haïtien à propos de sa réaction imprévisible envers les politiciens. Ce peuple est toujours là où on ne l’attend pas.

Totalement inattendu dans ses prises de décisions en ce qui a trait au comportement de ses dirigeants politiques. Il est à craindre. Radical ! Dans la mésaventure politique du Premier ministre Ariel Henry, en mars 2024, bloqué à l’extérieur du pays depuis plus d’un mois, comment ne pas penser à Dr François Duvalier, dit Papa Doc, l’un des plus féroces dictateurs que Haïti n’ait jamais connu.

Médecin, historien et politicien retors, Papa Doc a prouvé d’une part, qu’il avait une parfaite connaissance de l’histoire politique d’Haïti. D’autre part, il démontrait avec brio sa maitrise de la sociologie haïtienne tout en indiquant de quoi ses compatriotes seraient capables quand ils s’opposaient à une politique néfaste et détestaient celui qui la conduit. Les Duvalier Père et fils s’étaient fait une raison : ne jamais quitter Haïti sous aucun prétexte. En effet, en 29 ans de règne absolu, jamais les deux hommes ne s’étaient aventurés hors du territoire haïtien. François Duvalier, avant son arrivée au pouvoir, voyagea un peu, notamment aux Etats-Unis, en Amérique du Sud dans le cadre de ses études universitaires et ensuite professionnelles.

Son fils Jean-Claude, dit Baby Doc, digne descendant du dictateur, lui, faisait la fête à Paris et en Europe. Mais, une fois l’un et l’autre eurent accédé à la tête d’Haïti, méfiants et prudents, ils se sont résolus à ne plus quitter la terre d’Haïti tant qu’ils occupaient le Palais national. Les deux dictateurs recevaient les chefs d’Etat du monde entier à Port-au-Prince. Des Présidents américains à ceux du continent africain, démocrates et dictateurs comme eux, en passant par l’Amérique latine comme Anastasio Somoza Debayle du Nicaragua en 1972. Tout chef d’Etat qui voulait prendre un bain culturel, artistique et d’histoire haïtienne pouvait venir le faire sans crainte dans la Perle des Antilles. A chaque fois, comme il est de coutume dans les relations internationales et diplomatiques, Papa Doc et Baby Doc ont toujours reçu les invitations réciproques de leurs hôtes pour visiter leur pays respectif.

S’ils ne déclinaient jamais l’invitation, vous constaterez qu’ils n’ont jamais mis les pieds hors des frontières d’Haïti. Mieux, leurs homologues de la République dominicaine ont presque tous visité Haïti durant la présidence de ces deux dictateurs et ont toujours voulu les recevoir à Santo Domingo, histoire de les faire visiter leur capitale. Mais, là encore, ni François Duvalier ni son fils Jean-Claude n’ont osé traverser la frontière terrestre séparant les deux Etats. Baby Doc qui se trouvait dans le dilemme de confinement politique s’était risqué à rencontrer un Président dominicain sur la frontière, mais du côté… haïtien. Jamais ni lui encore moins son illustre père n’a pris le risque de traverser le Pont sur la rivière Massacre pour aller à Dajabon ni de la rivière des Pedernales du côté de Jimani pour se rendre en République dominicaine.

Obsédé par la peur d’un coup d’Etat militaire, mystique et clairvoyant, jusqu’à sa mort tranquillement au Palais présidentiel, jamais Papa Doc ne s’est rendu à l’étranger, même pour se faire soigner. Il s’employa à faire venir des médecins de l’étranger quand il en avait besoin.

Pire, François Duvalier se méfiait tellement de l’attitude de ses compatriotes haïtiens vis-à-vis du pouvoir qu’il s’était avisé de ne jamais quitter même la capitale. Rares sont les dates où François Duvalier s’était aventuré dans une ville de province. Il se contentera de faire venir toute Haïti à Port-au-Prince au lieu de se déplacer au Cap-Haïtien sur le Site historique de Vertières ou sur la Place d’armes des Gonaïves, berceau de l’indépendance haïtienne alors même qu’il fut un patriote convaincu et un nationaliste indiscutable. Papa Doc avait certainement lu les Traités du florentin Nicolas Machiavel, relatif à l’art et la manière de conserver le pouvoir. Il en avait fait sa Bible.

Si son fils Jean-Claude profitait d’une sorte d’accalmie politique après avoir mis en déroute les « kamokins » (opposants), voyageait un peu en région, néanmoins, il se gardait bien de mettre les pieds de l’autre côté de la frontière par peur qu’elle ne se referme sur lui par un peuple très imprévisible sur le plan politique. Finalement, l’opération politique et armée dite D.D.N (Deyò deyò Nèt) dont a été victime le Premier ministre Ariel Henry, bloqué à l’étranger pour être ensuite destitué, leur a donné raison et vient confirmer leur crainte et leur appréhension vis-à-vis de leurs compatriotes. Ce peuple, pur produit des descendants d’esclaves libérés des chaînes de la servitude coloniale et des esclavagistes, il faut s’en méfier. Sans attendre, il peut porter sa colère au paroxysme. En effet, près de quarante ans plus tard, l’histoire s’est révélée exacte de ce qu’ils avaient imaginé, ce peuple haïtien est capable de tout, du meilleur et aussi du pire. Personne, depuis l’avènement de la démocratie en Haïti, il y a plus de trente-huit ans, n’aurait imaginé un sort si pitoyable pour un dirigeant politique haïtien.

Mêmes les opposants les plus radicaux ne pouvaient s’attendre à ce qu’une telle mésaventure arrivât à un chef du Pouvoir exécutif haïtien. Il aura fallu qu’un autre docteur, Ariel Henry, certes n’ayant pas la « statue du commandeur » d’un Dr François Duvalier en matière politique, voire de son fiston Jean-Claude, soit victime d’un acte aussi insensé. Il est impensable qu’un dirigeant disposant de la totalité des pouvoirs puisse être privé de la liberté de retourner dans son pays étant en voyage officiel à l’étranger. Les Duvalier étaient prévoyants. Ils n’étaient pas seulement dictateurs, ils étaient inspirés on ne sait de qui ni de quoi. D’autres diraient qu’ils étaient des démons (Djab). Un fait certain, à aucun moment de leur présidence, ils n’ont cherché à provoquer le destin. Or, les Duvalier, en dépit de leur méfiance, de leur paranoïa reconnue à l’égard de la population, verrouillaient hermétiquement toutes les frontières d’Haïti et contrôlaient tout le territoire. Les aéroports, les ports et les frontières terrestres d’Haïti étaient sous contrôle de la dictature à travers une myriade de directeurs, tous dévoués au régime et tous ayant le statut redouté de Tontons Macoutes notoires.

Le Premier ministre Ariel Henry, bloqué à l’étranger pour être ensuite destitué…

Outre les Milices du régime, les tristement célèbres Tontons Macoutes, l’armée et d’autres espions infiltraient toute la société et juraient fidélité au régime, donnaient la garantie aux deux dictateurs que le pays était sûr et qu’ils n’avaient rien à craindre. En clair, ils étaient informés 24/24 heures sur tout ce qui bougeait et de tout ce qui se passait dans leur « royaume ». Pourtant, malgré toutes ces assurances, ni Papa Doc ni Baby Doc, aucun ne s’est aventuré à laisser la terre d’Haïti même pour une demi-journée d’absence. Or, voilà un Premier ministre qui était contesté depuis des mois par des manifestations sans arrêt à travers tout le pays et qui n’avait jamais prouvé qu’il était vraiment capable de contrôler ni de gérer quoi que ce soit, pas même ses ministres, croyait qu’il pouvait, comme bon lui semble, partir parcourir le monde quand il voulait et retourner au bercail quand il le souhaitait.

Ainsi, le matin du 25 février 2024, contrairement à des dirigeants qui avaient un réel contrôle du pays mais aussi une peur bleue de quitter même la capitale pour se rendre à Léogane à quelques kilomètres de Port-au-Prince n’ont jamais fait, Ariel Henry pour sa part a pris l’avion et est parti à la découverte du monde comme un vrai chef d’Etat. Grave erreur ! Cette imprudence prouve qu’il ne s’est jamais penché sur les appréhensions des Duvalier ni sur les raisons pour lesquelles, ceux-ci ne s’étaient jamais éloignés du Portail Saint Joseph ou de Léogane. Non seulement, le chef de la Transition ne l’a pas fait, il confirme aussi n’avoir pas compris ou remarqué que la donne politique aussi avait changé depuis quelques mois. Pour preuve, en pleine contestation populaire contre sa présence au pouvoir, il a décidé de se rendre d’une part à Guyana pour participer à une simple Session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté caribéenne (CARICOM) et d’autre part pour prolonger son périple jusqu’en Afrique, au Kenya, soit à des milliers de kilomètres des rives d’Haïti. Une folie !

Certes, il avait déjà tenté cette aventure à plusieurs reprises. Mais, la conjoncture n’était pas la même. Ne se méfiant de rien et ne se doutant de rien, Ariel Henry, sourire aux lèvres, assiste aux côtés du Président kenyan à Nairobi, à la signature d’un soi-disant « Mémorandum », un document qui n’a aucune valeur juridique ni constitutionnelle, dont le but serait de sceller des liens d’amitiés entre les deux peuples – haïtien et kenyan – et surtout de faciliter l’envoi sur la terre de Dessalines d’un corps expéditionnaire étranger pour aider son gouvernement à reprendre le contrôle de la situation sécuritaire. Pour celui qui occupait à ce moment-là le rôle de chef de la Transition, la vie était remplie d’espérance. Elle est belle et l’avenir est devant lui. Ariel Henry espérait même prolonger son bail à la tête d’Haïti jusqu’en 2026 puisque, quelques semaines plus tôt, il avait annoncé sans rire et pour la énième fois qu’il organiserait des élections générales fin août 2025. Et tout ceci à condition que la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti (MMAS) puisse être déployée sans encombre.

Du Kenya, sans se douter de rien, celui qui était encore Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Président du CSPN (Conseil Supérieur de la Police Nationale) et chef d’Etat de facto, reprend l’avion pour les Etats-Unis en vue de regagner triomphalement Port-au-Prince. Sauf qu’entretemps, la situation sociopolitique s’est détériorée sur tout le territoire. Elle ne s’était d’ailleurs jamais améliorée. Pire, elle s’est même empirée depuis le 29 février 2024. Ce jour-là, nait un nouveau mot d’ordre. Un nouveau slogan. Une nouvelle consigne. Une nouvelle expression : D.D N. (Deyò, Deyò Nèt). Ce néologisme va être le vecteur d’un soulèvement militaire conduit par l’ensemble des groupes armés (gangs) qui contrôlent la quasi-totalité de la capitale haïtienne et de ses périphéries. Prenant les autorités politiques et policières par surprise, certains disent une partie seulement, Jimmy Chérizier dit « Barbecue », le maitre d’œuvre de toute cette opération travaillant peut-être en coordination avec l’ancien chef rebelle, Guy Philippe, a décrété le siège de Port-au-Prince jusqu’à obtenir la démission du Premier ministre qui était toujours officiellement en voyage à l’étranger.

Ce jeudi 29 février 2024, ils ont fait une démonstration de force en s’emparant d’un nombre invraisemblable de Commissariats de police et d’autres institutions républicaines. Ils avaient mené aussi un assaut sur l’aéroport international Toussaint Louverture comme un avertissement. Bilan de cette attaque sur les installations aéroportuaires : un avion cubain touché et quelques dégâts matériels. Certains, dans un premier temps, pensaient à un coup médiatique de « Barbecue » et ses alliés réunis sous le label « Vivre Ensemble ». D’autres pensaient que les choses allaient vite revenir à la normale, en tout cas, en ce qui concerne l’aéroport. En apprenant la nouvelle depuis l’extérieur, certainement Ariel Henry a rigolé, bien que le neurochirurgien ne soit pas réputé pour être quelqu’un de très détendu. Mais, quelques heures plus tard, Jimmy Chérizier, annonçait la couleur. Cette attaque n’est pas un acte isolé ni anodin prévient celui qui s’est présenté comme étant le porte-parole de l’ensemble des groupes armés de la capitale, voire du pays.

Au nom du mouvement « Vivre Ensemble », il revendique l’attaque de l’aéroport international et celui de l’aérogare Guy Malary tout proche. Il annonce que cette attaque a pour but exclusivement d’empêcher le retour d’Ariel Henry en Haïti et que Toussaint Louverture demeurait une cible de guerre tant que Ariel Henry s’obstinerait à garder le pouvoir. Afin de démontrer que l’aéroport devienne une cible privilégiée pour ses hommes armés jusqu’aux dents, la zone s’est transformée en champ de guerre. « Barbecue » ne bluffe pas ! Le Commissariat de police dudit aéroport a été très rapidement pris par les gangs qui ne cessent de harceler les rares employés fréquentant encore l’institution. Sans compter les aéronefs qui ne peuvent ni décoller ni atterrir sans se mettre en danger eux aussi.

Devant leurs actions répétées contre les installations aéroportuaires et de tirs nourris en permanence, les autorités de l’Aviation civile haïtienne se sont rendues à l’évidence : il faut fermer purement et simplement l’aéroport afin de ne pas mettre en danger la vie des employés et des usagers. Finalement, de New-York où il faisait escale, Ariel Henry apprend la nouvelle de la fermeture de l’aéroport de Port-au-Prince. A ce moment, il commence à s’inquiéter non pas pour son pouvoir mais pour son retour dans l’immédiat. Et pour cause. Il demeure persuadé qu’il reste un dernier atout : la Communauté internationale, notamment les Etats-Unis et le Core Group qui l’avaient placé à la tête de la Transition au détriment de Claude Joseph après l’assassinat du Président Jovenel Moïse en juillet 2021.

Loin du pays, Ariel Henry n’appréhende toujours pas vraiment l’état d’esprit de la population, ni le complot qui se trame contre lui par la plupart de ses propres alliés politiques et de Washington comprenant que la messe est dite. Pire, il ne connaît pas toute la vérité sur ce qui se passe sur l’ensemble du territoire. En effet, c’est tout le pays qui l’a déclaré « Persona non grata ». Dans le Nord, la population se relaie jour et nuit devant l’aéroport du Cap-Haïtien. Idem à Jacmel, Cayes et à Jérémie, où la population se mobilise devant les aérogares. « Ariel, on n’en veut plus » crient les habitants de ces régions. Or, ses ministres, en tout cas Michel Patrick Boisvert, ministre de l’Economie et des Finances qui assure l’intérim en son absence, se garde de tout lui dire. Celui-ci, en fait, joue non seulement son avenir, mais il essaie de retourner la situation à son avantage. Michel Patrick Boisvert espérait succéder à Ariel Henry, alors il tentait de jouer sur tous les tableaux.

Des haïtiens protestent, devant l’hôtel Courtyard d’Isla Verde à Porto Rico, contre Ariel Henry

De son refuge où il se terrait, il tentait de négocier avec tout le monde dans la mesure où étant sur place, il a compris que tout était fini pour l’ancien étudiant en médecine de la Faculté de Montpellier, en France. Le ministre de l’Économie et des Finances pensait qu’il avait une carte à jouer, plus la situation devenue incontrôlable et surtout plus les jours passaient pour un Ariel Henry bloqué à New-York. Michel Patrick Boisvert demeurait convaincu qu’il avait une chance. Comprenant que la fermeture de l’aéroport Toussaint Louverture risquait de durer, dans un premier temps, Ariel Henry et quelques ministres qui l’accompagnaient dans sa tournée caribéenne et africaine avaient envisagé plusieurs scénarios pour regagner Haïti. Tout abord, il sollicite auprès du gouvernement américain un avion militaire pour le ramener à Port-au-Prince. De guerre lasse, cela lui a été sagement refusé. Les autorités américaines ont compris que pour Ariel Henry, il était temps de passer à autre chose.

Mais, celui-ci ne s’avoue pas vaincu. En absence d’avions commerciaux et après le refus catégorique de ses amis de Washington, il ne reste qu’une seule option pour ce « Roi » sans royaume qui bute sur ce fameux D.D.N « Dehors, dehors pour toujours ». Alors, il décide de rentrer par ses propres moyens. Ainsi, le futur ex-Premier ministre décide d’affréter un aéronef pouvant contenir 14 personnes. Après plus d’une semaine à New-York en train de tourner en rond dans une chambre d’hôtel, Ariel Henry et ses collaborateurs embarquent le mardi 5 mars 2024 dans un petit aéroport de New Jersey à destination de Port-au-Prince. Comme le journal Haïti Liberté de la semaine du 6 au 12 mars 2024 l’a rapporté, après  avoir décollé à 11h06 de Teterboro et après environs 3 heures de vol, l’appareil avait entamé sa descente au-dessus de la République dominicaine.

Il passe de 35000 à 25000 à pieds dans l’espace aérien de ce pays. Mais là, coup de théâtre. Brusquement, le pilote reprend de l’altitude et fait demi-tour, direction aéroport international Luis Munoz Marin San Juan, à Porto Rico. Que se passe-t-il ? Problèmes techniques ? Ariel Henry a-t-il peur d’atterrir en Haïti ? A-t-il démissionné ? C’est la panique à bord du Jet. En fait, rien de tout cela. Première humiliation pour celui qui était toujours Premier ministre haïtien et chef de la Transition. Le Président Luis Abinader, pourtant allié d’Ariel Henry, certainement à la demande des autorités américaines, vient de lui fermer l’espace aérien de son pays. L’avion transportant l’officiel haïtien n’est pas autorisé à traverser l’espace aérien de ce pays sous prétexte que l’Aviation civile dominicaine n’avait pas reçu le Plan de vol réglementaire en la matière. L’on se moque du monde. L’affaire ne s’arrête pas là.

Ariel Henry est informé par le pilote qu’il n’est pas autorisé à retourner aux Etats-Unis, mais sur l’île Caraïbes de Porto Rico. C’est à ce moment qu’Ariel Henry a compris qu’il était tombé dans un piège et qu’il ne retournerait pas en Haïti en tant que Premier ministre en exercice. C’est un fait sans précédent dans l’histoire d’Haïti. Ce coup dit D.D.N « Dehors, dehors pour toujours » s’est révélé être plus efficace que toutes les manifestations et mobilisations ayant eu lieu durant les 3 années de pouvoir de Ariel Henry et ses alliés. Il n’avait pas suivi les préceptes de son lointain collègue médecin et camarade politique, Dr François Duvalier qui disait : qui veut garder longtemps son pouvoir en Haïti ne doit jamais s’aventurer au-delà du Pont Rouge. A Porto Rico, Ariel Henry va d’humiliation en humiliation ! Arrivé à San Juan, il est immédiatement placé sous la surveillance des agents du FBI qui  ne le quittent plus. Certains à Port-au-Prince disent qu’il est prisonnier de l’Oncle Sam. Logé dans un premier temps à l’hôtel Courtyard d’Isla Verde, les autorités américaines ont dû vite le délocaliser pour le placer dans un autre endroit tenu secret.

La raison ! La communauté haïtienne de San Juan avait décidé de camper en permanence devant l’hôtel jusqu’à ce qu’il démissionne. Prise de panique, inquiète pour la réputation de l’hôtel et les conséquences économiques que la présence de celui qui est devenu indésirable dans son pays pouvait engendrer, la direction de l’hôtel a exigé qu’il s’en aille loin, très loin afin de ramener la tranquillité dans les parages.

Mis en quarantaine sur une terre étrangère et coupé des affaires haïtiennes malgré lui, Washington a fini par obtenir sa démission le lundi 11 mars 2024 comme Jimmy Chérizier alias « Barbecue » l’avait exigé au nom de ses camarades de « Vivre Ensemble » qui avaient pris le relais après la série de manifestation tenue par la population depuis le mois de février 2024. Ainsi, l’opération DDN a réussi son pari qui consistait non seulement à mettre fin au pouvoir d’Ariel Henry mais aussi à le garder loin de la terre d’Haïti pendant un certain temps.

Surtout on avait appris, au cours de cette même semaine, après la République dominicaine avec la complicité de Washington qui lui avait interdit l’accès à son territoire, que le gouvernement de la petite île Turks and Caïcos dans les Caraïbes avait pris la même décision à travers la Direction de l’immigration de ce confetti Britannique d’interdire à toutes compagnies aériennes internationales, en vertu de l’article 92-2 de l’ordonnance sur l’immigration du 13 avril, de transporter M. Ariel Henry, citoyen haïtien né le 6 novembre 1949 vers ce territoire. Une décision confirmant le statut d’exilé de l’ancien Premier ministre pour une durée déterminée, c’est-à-dire le temps que les Etats-Unis via son exécutant la CARICOM et les protagonistes haïtiens de la crise se mettent d’accord sur ce qu’ils appellent un Conseil Présidentiel de Transition (CPT), de 9 membres et l’installation à Port-au-Prince d’un nouveau gouvernement d’Union nationale. Confirmant ainsi le nouveau néologisme dans le dictionnaire du créole haïtien. D.D.N (Deyò, Deyò Nèt)!

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