Ce jour-là…

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Ghassan Kanafani, écrivain et journaliste révolutionnaire palestinien, dans son bureau du FPLP à Beyrouth, entouré d'icônes révolutionnaires sur le mur (Marx, Lénine, Ho Chi Minh, Che Guevara, George Habash).

Le 8 juillet 1972, Ghassan Kanafani, écrivain et journaliste révolutionnaire palestinien ainsi que sa nièce étaient tués par une bombe placée dans leur voiture par le Mossad israélien à Beyrouth, au Liban.

 Kanafani est né le 8 avril 1936 à Acre, en Palestine. Son père, un avocat, s’oppose activement à l’occupation britannique de la Palestine et à leur soutien à l’immigration juive en Palestine. Tout au long de son enfance, les Britanniques ont arrêté le père de Kanafani pour son soutien au mouvement national contre l’occupation britannique. Il a vécu avec sa famille à Jaffa jusqu’à ce qu’ils soient forcés de partir lors de la Nakba (“catastrophe” : l’exil forcé des Palestiniens en 1948), pour finalement s’installer à Damas où il a commencé à enseigner dans un camp de réfugiés de la United Nations Relief and Works Agency (UNRWA) pour aider à soutenir sa famille et à poursuivre ses études. Son expérience dans les camps se reflétera plus tard dans une grande partie de ses écrits.

Kanafani a obtenu son diplôme d’études secondaires en 1955 et est entré à l’université de Damas, où il a étudié la littérature arabe. Sa thèse portait sur la race et la religion, en particulier dans la littérature sioniste. L’université l’expulse avant d’avoir obtenu son diplôme en raison de son engagement dans le Mouvement des nationalistes arabes. 

Pendant ses études de littérature arabe à l’université de Damas, il commence à s’intéresser à la politique et rencontre George Habash, alors leader du Mouvement des nationalistes arabes (MNA), avec qui il commence à travailler. Après avoir enseigné quelques années au Koweït, où on lui diagnostique un diabète sévère,  

L’ouvrage, dans la lancée, traite de corruption gouvernementale et du défaitisme de nombreux Arabes et Palestiniens.

En 1955, Kanafani devient également rédacteur en chef du journal du Mouvement des nationalistes arabes, al-Ra’i (L’opinion). À cette époque, le marxisme devient l’un des centres d’intérêt de Kanafani. Il écrit des histoires mais n’en publie pas encore. En 1960, Habash demande à Kanafani de s’installer à Beyrouth pour écrire pour al-Huriyya (Liberté), un autre journal du Mouvement des nationalistes arabes.

En 1961, il épouse Anni Høver, une militante de gauche danoise. Ils ont eu un fils et une fille, nés respectivement en 1962 et 1966. En 1962, Kanafani entre dans la clandestinité parce qu’il n’a pas de papiers officiels pour vivre au Liban, mais il revient en tant que rédacteur en chef d’al-Muharrir (Le Libérateur), un journal progressiste. Il a également écrit la section hebdomadaire “Filastin” ou “Palestine”, et a publié sa première nouvelle, The Land of the Sad Oranges, en 1962.

Kanafani publie son premier livre, Men in the Sun, en 1963, son livre le plus connu. L’ouvrage raconte l’histoire de trois réfugiés palestiniens en Irak qui traversent le désert dans le camion-citerne vide d’un contrebandier local, pour se rendre clandestinement au Koweït, dans l’espoir de trouver du travail.  Mais le chauffeur, également un Palestinien en exil, étant retardé à un poste de contrôle, ils finissent par mourir étouffés, sans même pouvoir appeler à l’aide. L’ouvrage, dans la lancée, traite de corruption gouvernementale et du défaitisme de nombreux Arabes et Palestiniens. Dès lors, il va orienter les discussions politiques et culturelles de l’époque en remettant en question la corruption du gouvernement et en expliquant pourquoi le défaitisme était si répandu dans la société. Men in the Sun continue d’inspirer de nombreux jeunes Palestiniens et Arabes à militer dans leur société. De nombreux cours de littérature dans le monde entier enseignent Men in the Sun.  

Tout au long de sa carrière, il a été arrêté à plusieurs reprises, la dernière fois en 1971 pour diffamation et calomnie du roi Faisal et du roi Hussein dans al-Hadaf

Kanafani a continué à travailler à al-Muharrir. Il a reçu le prix de la littérature libanaise en 1966 pour son roman All That is Left to You (1966). Après la guerre des Six Jours en 1967, Ghassan Kanafani devient le rédacteur en chef du journal al-Anwar (L’Illumination) et, en même temps, il aide Habache à créer le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Il finit par devenir le porte-parole officiel du FPLP  en 1969 et quitte la rédaction d’al-Anwar pour créer un journal pour le FPLP   appelé al-Hadaf (Le but). L’année suivante, il a publié Retour à Haïfa et La mère de Sa’d. Tout au long de sa carrière, il a été arrêté à plusieurs reprises, la dernière fois en 1971 pour diffamation et calomnie du roi Faisal et du roi Hussein dans al-Hadaf. Il était dans le collimateur des agents israéliens et des gouvernements à la solde de l’impérialisme. Il a pourtant continué à travailler à al-Hadaf jusqu’à sa mort.

  Le 8 juillet 1972, Kanafani et sa nièce ont été tués par une bombe placée dans leur voiture par le Mossad israélien à Beyrouth, au Liban. Son assassinat fit suite à un attentat perpétré quelques semaines plus tôt à l’aéroport de Lod, où trois hommes armés avaient fait vingt-six morts. Le FPLP avait revendiqué la responsabilité de l’attaque. 

Affiche réalisée par Kanafani, lui-même un artiste aussi

Depuis sa mort, Ghassan Kanafani a inspiré les Palestiniens à entrer en grève et à protester pour leur liberté. Sa femme, Anni, a créé une organisation en son nom, la Fondation culturelle Ghassan Kanafani. Il n’a jamais terminé plusieurs de ses romans. Toutes ses œuvres publiées sont devenues des classiques de la littérature de résistance et incitent les nouvelles générations à agir pour leur liberté.

Les Palestiniens et les progressistes du monde entier n’oublieront pas le combat de Kanafani qui continue encore pour que vive le peuple palestinien.

 

Sources d’information :

Lindsey Penn. Ghassan Kanafani: The Novelist and Political Activist. Arab AMERICA. Sept 3, 2020.

Raffaele Morgantini. Ghassan Kanafani: Revolutionary Writer and Journalist. INVESTIG’ACTION. 21 Jul 2017.

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