Bois-Caïman : quelle éternelle résonnance !

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Quiconque est capable d’appréhender  la problématique de l’échiquier politique haïtien sait que le Congrès de la nuit du 13 au 14 Août 1791 dépasse de façon sublime et immense la politique conjoncturelle de ce temps-là pour s’inscrire dans le précieux rêve de notre futur en tant que peuple, classe exploitée et opprimée.  Le flambeau de ce passé historique ne cessera jamais d’orienter notre présent qui est espoir, leçon faite réalité,  rendez-vous permanent avec notre destin et notre première grande rencontre avec la vérité et l’unité révolutionnaires.

D’évidence, on voit à partir de cette rencontre l’alliance organisationnelle, disciplinaire  de nos ancêtres esclaves pour leur libération face au système esclavagiste et le sous-développement dans lequel la colonisation les avait plongés et nous plonge encore.

Mourir debout fut le précieux rêve des luttes de nos prédécesseurs, refusant catégoriquement de survivre à genoux, la tête baissée, dans la soumission, sans un réel objectif.

Il semblerait que nous n’avons pas appris cette leçon, puisque le respect du territoire national et la promotion de nos valeurs ne nous préoccupent point. Se peut-il que la volonté de combattre l’ennemi soit une futilité ? Seulement poser la question ferait retourner dans leurs tombes les valeureux guerriers de Vertières !

Bêtes de somme, marchandise, ouvriers sans salaires, paysans spoliés de leurs terres, n’avons-nous pas le souci de nous élever à la hauteur de nos ancêtres, de façon à briser nos chaines pour récupérer la liberté qui pour eux fut un acte impératif : Liberté ou la mort ! Le Congrès de Bois-caïman ne résonne t-il pas davantage comme un exemple  infiniment puissant pouvant nous aider aujourd’hui à sortir du carcan de domination impériale ?

Travailleurs, Ouvriers, Paysans, vous qui étiez les héroïques esclaves d’hier, vous ne sauriez suivre les pas des propriétaires fonciers sans scrupules, non plus ceux des commerçants, bourgeois compradores au service du Capitalisme, ces colons locaux qui ne visent que leurs intérêts en désorganisant notre pays, pillant nos richesses, exploitant les ouvriers-ères des usines d’assemblage à dessein d’enrichir la Métropole moderne.

Ce qui élève un homme conséquent, une femme conséquente, digne fils, digne fille de Caonabo, Mackandal,  Boukman, Cécile Fatiman, Louverture, Capois La Mort, Dessalines, ce n’est jamais les moyens économiques exorbitants, mais la personnalité et l’honneur, le sens du devoir face à l’histoire et la détermination à éveiller les peuples pour briser les barrières qui font obstacle, ouvrir les portes qui ont été hermétiquement fermées aux poussées de revendications et luttes populaires. C’est la liberté, la résistance de l’homme qui l’élève, pas sa reddition ! C’est dans la résistance que nous trouverons la victoire et comme l’a si bien dit le président Assad de l’héroïque Syrie: « le prix de la résistance est totalement inférieur à celui de la capitulation »

Travailleurs, Ouvriers, Paysans, dans l’esprit du Congrès de Bois-Caïman qui a engendré, une semaine plus tard,  le soulèvement général des esclaves, dans la nuit du 22 au 23 Août 1791,  il nous faut continuer le front haut à guetter nos ennemis de classe. L’image et l’esprit vivants de nos ancêtres révolutionnaires seront toujours à nos côtés sans nous lâcher d’un pas. Jetons donc l’anathème sur cette opposition dont le projet politique vise justement sans ambigüité aucune à la consolidation d’un système pourri ! Mais accueillons toute rupture du statu quo qui fera place à un mouvement national de libération pour l’avancement de la Nation pouvant nous permettre de reconstruire l’image du pays que nos classes dominantes corrompues ont plongé dans la corruption et le déshonneur. C’est à nous, à nous seuls, travailleurs, qu’incombe cette poussée révolutionnaire, sous l’égide d’un Grand  Parti des Travailleurs.

En dépit de toutes leurs faiblesses et de toutes leurs limites politiques, les événements du 6-7 juillet dernier nous ont fait revivre les leçons édifiantes d’une lointaine épopée historique. C’est  cette détermination, cette conviction profonde que nos ancêtres attendent de nous, face aux fossoyeurs de la liberté et à tous ceux-là qui se sont dressés sur nos chemins pour nous priver de notre reconquête de dignité et de souveraineté.

Cessons donc de marcher à reculons et croyant rêver d’horizons nouveaux ! Choisissons plutôt de nous battre ! Le colonialisme nous enseigne l’égoïsme, le «chacun pour soi» (et Dieu pour eux) sans nous soucier des autres, sans nous donner la peine de tendre la main au prochain, au voisin que la faim tenaille, là, sous nos yeux.

A l’heure qu’il est, nous devons apprendre à décider par et pour nous-mêmes. Oui, nous pouvons ! Nous pouvons reconstruire notre avenir en comptant sur nos propres forces. Armé d’une telle conviction, tant de rêves finiront par se matérialiser. Nous avons un devoir aussi bien moral que patriotique de faire revivre le feu du Congrès de  Bois-Caïman dont le serment de vivre libre ou mourir restera éternel!

 

 

 

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