Bertin et Maude Jean-Mary, un couple de militant consommé !

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Le couple Bertin et Maude Jean-Mary

Bertin est originaire de Saint Marc. Il a passé une bonne partie de sa jeunesse  à Port au Prince ; et c’est là qu’il a rencontré cette compagne d’exception, Maude qui, elle-même, est de cette ville.

Après avoir terminé ses études secondaires au Lycée Toussaint Louverture, Bertin continue à l’école Normale Supérieure où il fut diplômé au début des années 60. Cependant, depuis son jeune âge, il avait un goût tout particulier pour la politique ; déjà il  se  faisait membre de la Ligue de la Jeunesse Populaire (LJP), une branche du Parti Entente Populaire. Ce parti qu’avait créé l’écrivain Jacques Stephen Alexis a marqué ce temps pour la lutte acharnée qu’il livra contre la dictature naissante de François Duvalier. En tant que membre de LJP, Bertin avait participé à la fameuse grève des étudiants de 1960 contre ce régime.

A un moment donné, la répression duvaliériste était devenue tellement brutale que beaucoup de militants politiques étaient forcés de prendre la poudre d’escampette quittant le pays pour ne pas être victimes, de sorte que certains des parents qui avaient un peu d’opportunité se sont arrangés pour exiler eux-mêmes leurs enfants ; à condition que leurs noms trouvent le feu vert du régime. En ce temps là, personne ne pouvait laisser le pays si l’appareil répressif ne vous donnait un laisser passer.

A l’époque également, on recrutait des Haïtiens pour un programme d’enseignement en Afrique ; particulièrement au Congo, pays occupé en ce temps-là par la Belgique. Ainsi, dans le cadre de ce programme, Bertin avait reçu une offre qu’il avait acceptée. Après que son nom ait été approuvé, il alla à Kinshasa en 1965 pour enseigner les mathématiques. En classe, les Congolais le prenaient pour un blanc, du fait qu’il enseignait les maths avec autant d’aplomb; parce que les Belges  faisaient toujours comprendre aux étudiants  que les nègres ne pouvaient nullement assimilés la science des mathématiques.  Un préjudice qu’il finit par démanteler en leur faisant comprendre que nous les Africains nous avons autant de capacités pour la science et parfois même plus que les colons.

Entre temps Maude  entra aux Etats-Unis en 1966 et Bertin profita de l’occasion pour l’épouser. Au mois de Septembre Bertin retourna au Congo  et sa femme le rejoint deux mois plus tard.  Et de ce mariage naquirent 3 enfants.

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Sauf que les Bertin n’ont pas fait un long séjour au Congo, du fait que les professeurs belges les considéraient comme des subversifs venant insuffler l’esprit de révolte aux congolais. Pour les grandes vacances d’été 1968 le couple entra de nouveau aux Etats-Unis. A l’aéroport Kennedy, on délivra  une carte de résidence à Bertin Jean-Mary à laquelle il ne s’attendait pas. Par ce message et vu les problèmes qu’il confrontait déjà avec les Belges qui dans le journal « Étoile du Congo » qualifiaient les professeurs haïtiens de mercenaires de la plume, il résolut de ne pas renouveler son contrat et est allé à l’ambassade congolaise remettre son ticket de retour.

Ainsi il s’établit à New York, où  lui et sa femme  ont rencontré d’anciens militants de LJP qui comme eux avaient pris l’exil. Ayant toujours été attachés à la lutte contre les fossoyeurs duvaliéristes,  de concert avec d’autres camarades de leur trempe. Ensemble,  ils formèrent le Mouvement Haïtien d’Action Patriotique (MHAP) qui publiait un petit journal : le Patriote haïtien.

Comme parmi les membres de cette organisation, il y avait beaucoup  d’artistes et de musiciens, ceux-ci avaient jugé bon de mettre leur talent artistique au service du mouvement. De sorte qu’au début des années 70, ils avaient décidé de doter l’organisation d’une section culturelle, laquelle fut baptisée Solèy Leve. Maude et Bertin Jean-Mary faisaient parti de ces artistes qui nous ont laissé 3 disques.

Libération d’Haïti fut le thème de la plupart des chansons et cela causa que Solèy Leve fut élevé au rang des pionniers de la musique haïtienne engagée en diaspora. Ces chansons patriotiques nous régalent encore tellement qu’elles restent à l’ordre du jour et sont en quelque sorte une grande et riche contribution à la lutte de libération nationale.

Parmi les chansons de Solèy Leve, on peut citer : Dlo, Ayiti demen, Chimen Libète, Lakou Lakay, Latibonit, Lalam tire, Fanm Dayiti et certains poèmes de Jean-Claude Martineau (Koralen) comme Telson etc. Bien que le couple faisait partie de la chorale, Bertin lui avait eu l’opportunité de fredonner ses deux chansons «  Nan Lakou Lakay ; ainsi que Latibonit »

Solèy Leve était tellement populaire qu’à une époque donnée on le retrouvait dans presque toutes les activités culturelles et politiques tenues à NY. Alors, il ne fait aucun doute qu’il avait stimulé plus d’un à participer dans la lutte pour le renversement du pouvoir des Duvalier.

Après le départ de Jean Claude Duvalier en 1986, comme l’ont fait beaucoup de compatriotes, Bertin est retourné en Haïti pour apporter sa contribution et participer à la reconstruction politique, mais n’avait pas retrouvé la même ambiance d’antan, ni l’encouragement nécessaire. De ce fait,  il rebroussa chemin en 1988.

Mais quand même ce couple n’a jamais abandonné la lutte pour autant. L’un des points forts de Bertin et de Maude, c’est tout d’abord leur consistance, leur persévérance et leur fidélité dans la vie conjugale comme dans la lutte. Il est très difficile de voir l’un sans l’autre ; vu qu’ils sont toujours ensemble participant aux manifestations ou à n’importe quelles activités politiques ou sociales. Ce couple aujourd’hui encore, continue à donner son appui à tout mouvement progressiste pourvu qu’il se distingue par son engagement et sa dévotion  pour un changement social en Haïti.

 

 

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