Argentine : Manifestation de solidarité avec la docteure haïtienne Daphnée Joseph !

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Justice et Réparations pour Daphnée

Manifestation devant l’INADI en répudiation des attaques racistes contre le médecin haïtien Daphnée Joseph !

Des militants de l’organisation sociale et politique OLP-Resistir y Luchar se sont rassemblés devant le siège de l’Instituto Nacional contra la Discriminación, la Xenofobia y el Racismo (INADI)

Le vendredi 3 juin 2022, peu avant le rassemblement « Pas un de moins », des militants de l’organisation sociale et politique OLP-Resistir y Luchar (Résister et Lutter) se sont rassemblés devant le siège de l’Instituto Nacional contra la Discriminación, la Xenofobia y el Racismo (INADI), pour répudier les attaques racistes subies par la docteure haïtienne (spécialisée en gérontologie) Daphnée Joseph dans deux cliniques privées de la ville d’Escobar (Hospital de Agudos Erill et Clinica Privada Fatima) où elle travaillait, et critiquer également l’attitude dilatoire de l’INAD qui tergiverse sur la plainte déposée en janvier dernier.

Alors que dans la rue, les manifestants criaient des slogans contre le racisme et en solidarité avec Daphnée Joseph, elle et une autre camarade haïtienne (Anna), ainsi qu’un militant de l’OLP-RL, ont été reçus à l’INADI par le responsable de « l’Attention aux victimes », Claudio Damián Presman, et par Emiliano Montini, directeur des affaires juridiques de l’entité qui traite théoriquement des plaintes souffrant de discrimination et d’actes de racisme.

La conversation qui a eu lieu entre ces fonctionnaires et la docteure victime du racisme et ses collègues montre bien à quel point certaines institutions fonctionnent mal. Après que Daphné ait expliqué en détail tout ce qui s’était passé (mauvais traitements répétés à son encontre par certains médecins et même par une femme de ménage dans les cliniques susmentionnées), Presman a expliqué que l’INADI, face à des cas comme celui signalé, doit parler à l’autre partie tendant à rechercher la vérité sur ce qui s’est passé et essayant de parvenir à une réconciliation. Alli a noté que depuis l’INADI elles communiquaient par téléphone avec les médecins (les mêmes qui insultaient Daphnée avec des mots racistes : « merde noire », « on ne veut pas de toi ici », « retourne dans ton pays »,) « elles se sont excusées” car selon elles “elles étaient stressées“. Cela a provoqué une grande indignation chez les camarades, car l’INADI a d’abord écouté les agresseurs et non la victime.

Solidarité avec Daphnée Joseph

Pour aggraver les choses, sont venues ensuite d’autres explications de Presman selon lesquelles ces procédures de l’INADI sont longues car il est nécessaire de vérifier de manière fiable s’il y a eu ou non un acte de discrimination, et que ce n’est qu’en septembre, au plus tôt, qu’elles y verraient résolution. Là, les camarades ont de nouveau répondu avec la colère logique de quelqu’un qui se sent impuissant face à un énième échantillon de ce qu’est la bureaucratie institutionnelle, et ont demandé : « que doit-il se passer pour qu’ils se rendent compte qu’un acte raciste a été commis, que Ça doit arriver, qu’ils nous tuent… comme ça arrive souvent ?».

À un moment de la réunion tendue, où les plaignants ont compris qu’une fois de plus rien n’allait se faire, le directeur des affaires juridiques est intervenu, leur suggérant d’essayer de raccourcir les délais et a proposé d’envoyer une note aux responsables des deux hôpitaux privés à ce que les agressions racistes cessent (puisque les mêmes, malgré le fait que Daphnée ait dû quitter son travail, tourmentée psychologiquement, se sont répétées lorsqu’elle est allée chercher un rapport dont elle avait besoin). Montini a fait remarquer que dans peu de temps., d’autres témoins seront entendus pour expliquer ce qui s’est passé.

Ce qui est clair, c’est que l’INADI est une entité qui, sachant que les cas de racisme et de xénophobie se multiplient dans ce pays, prend son temps, dialogue avec les auteurs et écoute peu les victimes. Ou quand il le fait, il propose des conciliations impossibles. Comme le disait justement le docteur Daphnée, « cela revient à demander aux Mères de la Place de Mai de se réconcilier avec ceux qui ont torturé ou assassiné leurs enfants ». Compte tenu de cela, Presman a souligné que les deux faits ne pouvaient être comparés, ce à quoi les compagnons ont répondu: « Le racisme est du racisme et il tue, physiquement et de mille façons. »

C’est précisément ce qui ne semble pas être compris. Ni plus ni moins. L’intervenante de l’INADI (Victoria Donda) peut faire des déclarations pompeuses (comme celles récemment rapportées par le journal Tiempo Argentino) que le souci du racisme est une priorité dans sa gestion, mais la réalité de la vie quotidienne montre que ce qui est vraiment manque de sensibilité pour affronter la lutte contre l’un des fléaux dont souffrent nos peuples. On sait que les ministères et institutions similaires sont des machines sans cœur, le commandant Hugo Chávez l’a déjà dénoncé à l’époque, lorsqu’il a décidé de les mettre de côté et d’armer les Missions pour que la bureaucratie soit vaincue. Ici, ce n’est pas exactement un processus révolutionnaire qui se vit, mais un gouvernement qui se réconcilie avec le FMI, avec l’extractivisme et avec toute structure coloniale mise à portée, quoi qu’il arrive. Le racisme, la discrimination et la xénophobie abondent et ne sont pas contenus. Le cas de Daphnée pourrait en être un de plus, mais pour qu’il ne passe pas inaperçu, ceux qui ont manifesté ce vendredi devant l’INADI ont dû le crier mille fois : « A bas le racisme ».

A la sortie de la rencontre, les deux compañeras haïtiennes se sont exprimées en termes clairs et énergiques, soulignant que comme toujours le vrai soutien vient d’en bas, des femmes et des hommes des quartiers, qui, sans être d’ascendance africaine, subissent aussi des actes de xénophobie, et il ne se passe pas deux jours sans qu’elles n’entendent quelqu’un ou quelque fou dire « les noirs de merde ».

Résumé latino-américain 3 juin 2022

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